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EAN : 9782081461512
162 pages
Flammarion (17/04/2019)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Depuis Première apparition avec épaisseur (1986), Esther Tellermann a publié l’essentiel de son œuvre poétique chez Flammarion. Elle est également l’auteur d’essais et de récits.
Le Prix Max Jacob lui a été attribué pour Sous votre nom (Poésie/Flammarion, 2015).
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ayant emprunté à une bibliothèque le recueil récent « Un versant l'autre » (Flammarion, 2019), quelle ne fut pas ma déception, car c'est le modèle parfait d'une poésie qui fait dire aux gens qu'ils n'y comprennent rien, d'une poésie qui se dérobe sans doute volontairement à la poésie comme porte ouverte à un sens, le plus simple soit-il, celui d'une projection de sentiments intérieurs à l'âme de l'écrivain, auteur des textes.

Or, j'ai lu de bout en bout ce recueil d'environ 150 pages, et impossible de m'arrêter une seule fois, en me disant : ça y est je peux m'identifier, saisir un fil de sens, etc… Ici, même le titre est incompréhensible. Pour moi, c'est presque de l'anti poésie, ou de la poésie muette, déficitaire, une incapacité à quitter le miroir narcissique. Certains auteurs sont incompréhensibles car trop complexes. Ici, c'est plutôt une volonté d'échapper à tout sens, comme pour en rester au signifiants purs, dénués d'intériorité, sans qu'on puisse en comprendre la raison, puisqu'elle est ostensiblement retenue.

J'ai observé un cas intéressant, celui du mot « Dieu ». Il est toujours écrit avec une majuscule, souvent au pluriel, et jamais sous la forme simple de l'épiphanie du divin avec lequel le croyant ou même l'incroyant désire ou peut désirer lui parler, communiquer avec lui, entrer en dialogue ou même rester dans un monologue.

Bref, "Dieu" est ostensiblement évité, comme le sens… Je note, comme une litanie, ces expressions alambiquées, page 19 : « l'oubli du Dieu », page 25 : « des souvenirs tressés de Dieux » , page 26 : « le Dieu », page 65 : « Dieux », page 146 : « les Dieux ».

Pour moi, on a là la marque de l'évitement d'un signifiant si riche de sens qu'il obligerait l'auteur d'aborder la « Terre d'un sens », bref de s'approcher un peu des autres, dont le titre de son recueil semble vouloir pourtant être le témoin, mais selon moi, avec un ratage total, complet, exaspérant…

C'est dommage d'être déçu ainsi par un recueil de poésie, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé d'y trouver un poème...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Voyage et te ceins…


Voyage et te ceins
d'ombres
épouse l'inclinaison
que racines
t'oublient.
On a pu dire
il y eut un jardin
poussière de nuit
à la commissure
en nous
s'épandaient
les vallées
  et peut-être
univers assourdissaient
la fièvre et
ne se fit entendre
  ce qui
  appelle.

p.33
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chaque soir j’attendais
  des lacs tièdes
et l’au-delà des soirs
des nuages qui
confondent
les abîmes.
De votre mot
montait
  le rien
poème
  l’horizon
derrière vos yeux.
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Que racines nous /oublient et…


Que racines nous
oublient et nos
desseins   ne soient
qu'écume
mais tant fûmes
chaux vive
    chaque fois
    plus près
du principe   voulions
aviver l'azur.
Ô que pleuve sur
les bitumes les
âmes   elles attendaient
au centre de l'encens
  l'oracle.
Que l'absence soit
  tissu de souvenirs.

p.32
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Quoi encore
dans le chant
désaccorde veut
bâtir par
embrasements
  des intervalles ?
Voyagerons déferons
ensemble l’écriture
  et l’attente
serons deux rives
  deux orages
  deux fissures
nous seront arrachés
  l’image
    et le
    marbre

  serons prêts.
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Que racines nous /oublient…


Que racines nous
  oublient.
Eût-il fallu
désemplir les cratères ?
Attacher les Orients ?
Rassembler les éboulis
ou laisser les versants
  nous recouvrir ?
Avions accroché
à la roche des
berceaux enduits
  de fables
pigments retenant le
  sel
disposaient les
    figures.

p.31
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Videos de Esther Tellermann (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Esther Tellermann
CARTE BLANCHE À BERNARD NOËL - LA PLACE DE L'AUTRE Avec Bernard Noël, Jean-Luc Bayard, Léonard Novarina-Parant, Jean-Luc Parant, Laurine Rousselet, Esther Tellermann & autres invités
Né en 1930, Bernard Noël signe son premier livre Les Yeux chimères, en 1953 et en 1958, Extraits du corps. Ce n'est que dix ans plus tard qu'il publie son troisième ouvrage, La Face de silence. La publication de ces poèmes lui ouvre alors les portes de l'édition où il travaille comme lecteur, correcteur et traducteur. À partir de 1971, Bernard Noël prend la décision de se consacrer entièrement à l'écriture. Il compose ainsi une oeuvre majeure, où s'exprime une révolte contre toute tentative de “sensure” - oeuvre couronnée du Prix National de la Poésie en 1992, du Prix Max Jacob en 2005, du prix international de poésie Gabriele d'Annunzio.
Salué par Aragon, Mandiargues et Blanchot, son oeuvre, immense par son engagement et son exigence, compte près d'une centaine de titres (dont le Château de Cène, roman érotique qui lui vaut d'être l'un des derniers écrivains français à subir un procès pour outrage aux bonnes moeurs), ainsi que de très nombreux livres d'artistes.
Dans le cadre de la Périphérie du 36e Marché de la Poésie
À lire - Bernard Noël, le poème des morts, Fata Morgana, 2017 - La Place de l'autre, Oeuvres III, P.O.L., rééd. 2013 - Comédieintime, Oeuvres IV, P.O.L., rééd. 2015.
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