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EAN : 9782012358591
212 pages
Hachette Littératures (13/09/2006)
4.05/5   28 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Hachette Littérature - 09/2006)


Le livre commence et finit par un bal. Le premier fut annulé. C'était en 1994 : la guerre venait de toucher Orekhovo, petit village tchétchène d'où est originaire Milana Terloeva. Le second eut bien lieu. C'était en 2006 : après trois ans en France, la jeune femme retrouvait son village et dansait avec ses proches, par-delà les souffrances et les fantômes.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Notre société faite de médiatisation à outrance, semble bien souvent pécher par omission dans le traitement de l'information et la Tchétchénie en est un parfait exemple. Notre silence d'occidentaux à l'existence confortable doit lui sembler fort assourdissant !

Quelques initiatives, tel l'appel de André Glucksmann, dans le Monde en 2006, nous réveillent parfois de notre somnolence !
Malheureusement, le pays, fermé aux ONG et aux journalistes, la censure imposée par le pouvoir autocratique de Moscou, nous laissent en absence totale d'informations et la valeur d'un témoignage comme celui de Milana Terloeva est inestimable.

Milana décrit la réalité de son pays de manière factuelle et avec une grande simplicité de ton : les ravages humains et matériels de la guerre, la souffrance des populations civiles subissant le meurtre, le viol, la torture, les enlèvements et les disparitions, les destructions des villes et villages. le raffinement de l'horreur est indicible: les camps de filtration, les « fagots humains », les tueries de femmes et d'enfants.

Comment vivre dans un tel monde d'horreurs quotidiennes, comment imaginer y faire des projets, des études, envisager d'y avoir des enfants, de garder une petite flamme d'espoir ? .…Au nom de quelle politique accepter un tel manque d'humanité ?
L'Histoire se répètera donc toujours dans sa réalité la plus noire ?


Milana a eu un parcours de chance : chance de ne pas être tuée, de pouvoir faire des études à l'étranger, de garder intact en elle la puissance de son courage, de sa volonté de vivre et d'espérer, de se battre pour son peuple, si ce n'est pour son pays de plus en plus inexistant.
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un livre qui raconte le quotidien,la réalité de la Tchétchénie entre 1994 et 2006. La guerre. Les atrocités( les fagots humains!!!!!). La faim.La peur.Les départs précipités. Les attentes angoissées.
En Tchétchénie fin 90 les jeunes filles pouvaient se maquiller et porter des collants résille.Qu'en est il aujourd'hui? Force est,en ce qui me concerne, d'avouer que je ne connais rien de ce pays que les massacres à Grozny et que l'alibi poutinien ( empêcher les islamistes radicaux d'étendre leurs pouvoirs)pour " expliquer" l'invasion du pays. Or quand on lit ce livre,on se rend compte ( pour autant fait il le tour de la réalité ?) que cette menace était inexistante au début de l'invasion russe mais a depuis pris de l'ampleur. Ce livre me déroute énormément,car nous avons très peu de renseignements sur ce qui se passe actuellement en Tchétchénie ( je veux dire dans l'organisation du quotidien,quelle place prend le pouvoir russe et quelle place les islamistes,quelle place laissée aux femmes,à l'éducation,qu'en est il de la culture tchétchène ? ) et pourtant ce ne sont pas les moyens d'information, d'investigation,qui manquent. Nous fermons les yeux et nous avons l'oubli facile.
Quand je dis" nous" je parle pour moi ,je viens de me prendre une grande claque dans la figure.
Merci à Milena Terloeva pour ce récit de vie...et de mort...de combat et d'espoir.
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Voici un livre qui mériterait d'être beaucoup plus mis en lumière. Un récit qui se lit comme un roman, plein d'humanité :
Milena Terloeva raconte à travers son histoire familiale et son enfance l'Histoire de son peuple : domination tsariste puis sovivietique, déportation,  camps, torture, guerre d'anéantissement. (Encore) un peuple martyr, un peuple qui a eu la malchance de s'établir sur une terre gorgée de ressources convoitées.
Elle raconte de sa hauteur d'adolescente ce qu'elle a vécu, son quotidien tant de fois détruit et reconstruit à l'image de leurs maisons, de leurs villes, de leur pays. Puis ses études en France, son choix de témoigner, malgré la conscience que cela ne changerait pas grand chose. Celui de repartir dans son pays malgré le danger augmenté par son témoignage.

Ce qui me frappe c'est le point auquel l'information concernant la partie contemporaine m'est peu parvenue . Entre 1994 et 2006 je vivais, comme beaucoup, centrée sur mon nombril.
L'histoire de la Tchétchènie n'est pas sans rappeler celle de l'ukraine, et ce recit contient de nombreuses clés pour comprendre ce qui se passe aujourd'hui (à ceci près qu'aujourd'hui l'Ukraine est soutenue. La Tchétchènie en son temps ne le fut pas) .

Durant ses études de journalisme à science Po, Milena a visité le camp d'Aushwitz, un rescapé juif et une rwandaise survivante du génocide Tutsi y échangèrent  les paroles suivantes :
"- Cela (retouner à Aushwitz) me rend malade. Chaque fois. Mais témoigner est un devoir .  Non pas pour rendre le monde meilleur. Juste pour faire vivre la mémoire de tous ses enfants morts que je porte en moi, Que le souvenir de tous ces petits anges me survive.
- Au Rwanda c'est le sens de nos cérémonies de rescapés  où nous répétons jusqu'à épuisement le nom de nos proches disparus.  Parce que  les oublier serait les tuer une seconde fois."
La journaliste conclu : " Pour ne pas sombrer dans la folie mon peuple doit connaître la souffrance des autres actuelle passée ou éternelle .[...] À travers l'histoire doit se tisser une solidarité des persécutés des gens dont la mort n'émeut pas le reste du monde.

Si votre fibre humaniste est touchée par ces mots lisez le récit de Milana Terloeva afin de permettre à ces sacrifiés de rester vivants dans nos mémoires.

"A travers l'histoire doit se tisser une solidarité des persécuté " . À travers l'histoire ne devrait il pas  se tisser une solidarité de tous envers les persécutés?
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Une autobiographie bien menée par Milana Terloeva qui retrace sa jeunesse dans les deux conflits Russo-Tchétchène durant les années 90/2000.
Un récit politique, un récit déchirant sur les conditions de vie à Grosnie, un récit poignant et triste, un récit barbare, mais malgré tout cette fille est toujours restée courageuse et ne s'est jamais laissée abattre.
Très intéressant.
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Témoignage intéressant et poignant sur la tragédie du peuple tchétchène face au "monstre" russe.. La jeunesse de l'auteure excuse le manque de maîtrise de l'écriture.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Après les premiers bombardements sur Grozny, nous avons suivi le mouvement. heureusement que nous sommes partis car, trois jours plus tard, les colonnes de réfugiés sont devenues les cibles privilégiées de l'aviation russe. Un vieil homme debout devant les cadavres des enfants du village interpella un général russe qui passait à sa hauteur :
- C'est ça les bandits que Poutine t'a dit de tuer ?
- Ce sont de futurs bandits, lui répondit l'officier.
L'armée fédérale envoyée en Tchétchénie prétendument pour combattre le " terrorisme international ", commençait sa grande oeuvre civilisatrice en bombardant les civils armés de balluchons. Et en laissant en paix le chef des wahhabites...Nos voisins nous ont raconté qu'environ une semaine après notre départ, l'islamiste jordanien Khattab prit ses quartiers quelque temps dans une grande maison près de chez nous. certains anciens se sont réunis et ont décidé d'informer les militaires russes de sa présence dans le secteur. Ils détestaient les fédéraux et n'auraient jamais fait cela pour un Tchétchène, mais ce Khattab battait des records d'impopularité. Les militaires ont promis de régler le problème rapidement.
Mais rien ne s'est passé. Sans être inquiété une seconde, Khattab a pu quitter les lieux, libre comme l'air. deux heures après son départ, les hélicoptères sont arrivés et ont pilonné le quartier.
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Au bout de quelques jours, les généraux russes annoncèrent l'ouverture d'un passage pour permettre aux civils de quitter la ville. Il fallait se décider dans l'heure. la plupart des habitants de la cave ont choisi de partir. Ma mère pouvant profiter de ce " corridor humanitaire " pour faire le chemin inverse et nous rejoindre, quelqu'un devait l'attendre. après une longue négociation, j'au réussi à faire céder ma grand-mère, que je m'étais promis de ne plus quitter et qui ne voulait pas bouger. je suis donc restée avec elle et Raïssa.
Nous avons attendu de longs moments dans la rue, le regard fixé sur la colonne de réfugiés qui s'éloignait. Enveloppés dans un silence de mort, au milieu des maisons en ruine et d'arbres mutilés, nous étions comme des ombres incapables de quitter leur théâtre. nos yeux étaient las, nos bouches muettes. Jusqu'à ce que le reprise des tirs nous extirpe de notre torpeur. Nous sommes redescendues dans notre trou.
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je le dis sans haine et sans mépris la Tchétchénie n'est pas la Palestine, l'Afghanistan ou l' irak. c'est un pays aux confins de l'Europe, et ce qui se joue chez nous n'est pas assimilable aux grandes problématiques du monde arabo-musulman. Le drame de la Tchétchénie relève d'abord des volontés impérialistes russes et des soubresauts du post- soviétisme, à l'instar de l'Ukraine ou de la Biélorussie, avec une violence infiniment plus grande évidemment. s'il faut comparer notre souffrance à celle d'un autre peuple, comparez la à celle des Bosniaques, victimes d'un post-communisme teinté de nationalisme exacerbé .
à cette différence que Poutine est plus puissant que Milosevitch et que l'OTAN ne viendra pas nous sauver
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de plus en plus de combattants tchétchènes s'infiltraient dans le village pour organiser sa défense. ma grand-mère les embrassait en pleurant .souvent très jeunes, ils auraient pu fuir comme autant d'autres, faire leur vie ailleurs, reprendre leurs études, trouver un travail et fonder une famille. personne ne le leur aurait reproché. ils choisirent de se battre . pour nous, pour nos maisons, pour notre liberté. alors, quand des gens bien au chaud les qualifient, aujourd'hui, de terroristes ou les mettent dans le même sac que les soldats russes, renvoyant tout le monde dos à dos, cela me met hors de moi. moi je les ai vu marcher vers la mort, l'air grave ou en souriant. certains ont dévié vers le fanatisme le plus abject, mais l'écrasante majorité de ceux qui se sont battus et se battent encore aujourd'hui le font pour notre survie. pour eux, il n'y a eu ni tombe, ni requiem, ni hommage, ni indignation . rien, strictement rien .alors, au moins, ne les insultons pas.
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je crois que, paradoxalement, c'est pendant la guerre qu'on a le plus répété cette phrase:" nous avons de la chance". la chance est une notion toute relative . à Grozny, la chance est d'abord celle de rester en vie, de rentrer chez soi après une journée d'études ou de travail et de retrouver autour de la table, au dîner, le même nombre de personnes qu'au petit-déjeuner, de se réveiller le matin ailleurs qu'en prison ou au Paradis. une infinité de nuances, jusqu'au fond de l'enfer, distingue les chouchous du destin des autres.
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