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EAN : 9782916355412
459 pages
Editions Intervalles (19/06/2010)
4.4/5   43 notes
Résumé :
En 1976, à Hong Kong, Tiziano Terzani rencontre un devin qui le met en garde : « Ne prends surtout pas l’avion en 1993 ! » Seize années plus tard, le 31 décembre 1992, il décide de respecter la prophétie.
Pendant un an, il voyage en train, en bateau, en bus ou à dos d’éléphant, et redécouvre une Asie que le voyageur pressé ne connaît plus.
Cette année sans prendre les airs est le prétexte pour brosser l’un des tableaux les plus riches et les plus vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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La prophétie d'un vieux devin chinois au printemps 1976 va changer la vie de Tiziano Terzani, (qui était) journaliste et correspondant du Spiegel, Corriere della Sera et de la Repubblica en Extrême-Orient. Vu son travaille qui nécessite moult voyages en avion sur longues distances, le voyant lui prédit que prendre l'avion durant l'année 1993 lui sera fatal. Une prophétie qui en outre de lui faire vivre une année (celle de 1993)unique et sans précédent, va aussi lui sauver la vie. C'est ce qu'il nous raconte dans ce livre, parcourant le Laos, la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonesie, le Cambodge et son voyage annuel Bangkok-Florence aller-retour, en train, bateau,bus et taxis. “Dopo una vita sensata, all'insegna della ragione, mi permettevo ora una decisione fondata sulla più irrazionale delle considerazioni e mi imponevo così un limite senza senso.”(Aprés une vie sensée, passée sous l'insigne de la rationalité, je me permettais une décision fondée sur une considération des plus irrationnelles, m'imposant des limites n'ayant aucun sens”).

En Orient et L'Extrême-Orient , l'occulte fait parti de la vie quotidienne. Ce qu'on appelle en occident “superstitions “, fait partie de leur logique, leur culture, leurs coutumes, leurs croyances, bref de leurs vies. On va voir un voyant, ou personnage du même genre doté de pouvoirs occultes, comme on va chez le médecin. On ne prend aucune décision importante sans les consulter. Une fois le verdict tombé tout n'est pas finit, il faut encore marchander avec là-haut pour détourner le destin; le marchandage dépendant des divers croyances,animistes,bouddhistes,hindouistes
....qui gèrent le quotidien.

Un livre foisonnant d'anecdotes extraordinaires, de coutumes, de croyances...de la vie quotidienne de ces pays, racontés avec moult réflexions et beaucoup d'intelligence. Des attrape-morts de Bangkok, aux prisonniers politiques birmanes construisants des routes les chaînes aux pieds, des amulettes de bouddha qui doivent être rechargées, aux fascinants marchés birmanes aux divers costumes bigarrés des divers ethnies, des Wa coupeurs de têtes ( groupe ethnique de Birmanie) inséparables de leurs couteaux, à la Birmanie gouvernée par la prophétie, des thaïlandais qui ne quittent jamais leurs maisons sans amulettes portées sur leurs corps ( par ex. tatouages, un très spécial pour trouver un mari puissant et riche , ref .le texte :) ), aux “barber shops”, appelé aussi “Sexy barber”de Betong (Thaïlande ), de la secte des vierges végétariennes du Sumatra, qui lisent le destin sur les pétales de marguerite au sourcil de Bouddha à Phnom Penh.....
Un livre intéressant et passionnant, pleine de nostalgie. Durant cette année sabbatique où il va en profiter pour ralentir, observer, réfléchir, et faire le tour des devins, “dukuns”, de chaque ville où il se rendra, outre son vécu, les ressentis de Terzani avec ses doutes, ses remises en question, son exaspération face au destin et au déclin de ces civilisations de l'extrême-orient sous le joug du matérialisme et de la “modernisation “, sont émouvants. Un livre qui à travers un discours profond sur l'occulte, nous rappelle l'importance vitale des forces de la nature et par conséquent celle de nôtre propre force intérieure inée,délaissée et négligée au profit d'un monde de plus en plus concentré sur le matérialisme, le superficiel, l'apparence....une belle leçon de vie, pour qui veut encore prendre le temps de se poser et de réfléchir sur le but de la vie et l'essence du “bonheur” et de la paix intérieur dans ce monde déchaîné dont l'unique dieu est l'Argent.


Il cavallo di Troia è la «modernizzazione».........«Fermate il mondo. Voglio scendere!»
( le cheval de Troie est la modernisation....”Arrêtez le monde. Je veux descendre !”)
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Un devin m'a dit en 1976 à Hong Kong :

« Attention ! En 1993, tu cours le risque de mourir. Cette année là, ne prends pas l'avion. Jamais ». Puis en guise de consolation, il ajouta : « Si tu survis à un incident d'avion, tu vivras heureux jusqu'à l'âge de quatre-vingt-quatre ans ». « A ce moment là, je vivais en Asie depuis plus de 20 ans ; d'abord à Singapour, puis à Hong Kong, Pékin, Tokyo enfin à Bangkok ; je pensais alors que la meilleure façon d'affronter cette prophétie était la manière asiatique : ne pas s'y opposer mais s'y plier ».


Tiziano Terzani est journaliste et comme tout correspondant, il passe sa vie dans les avions, toujours pressé par l'immédiateté de l'information. de surcroît, c'est un journaliste de renom influent, du der Spiegel. Qu'à cela ne tienne, plus par défi que par conviction, celui-ci va alors trouver un accord avec son employeur.

Pendant toute une année qui va devenir pour lui la plus exceptionnelle de toute sa vie, Tiziano Terzani va parcourir l'Asie que ce soit par mer ou par terre. Il ne reculera devant aucun mode de transport. Il redécouvrira ainsi ses semblables asiatiques, toutes ces personnes que l'avion ne fait que survoler avec cette impression d'abolir les distances.

Mais surtout, il y a des passages extrêmement jubilatoires comme se le représenter brinquebalant dans une charrette ou en s'imaginant avec lui en train de descendre le Mékong. Cela procure une véritable sensation de dépaysement.

Cette prophétie aura été pour lui comme pour nous, lecteurs, l'occasion de prendre le temps de poser un regard sur l'Asie. Cette Asie si lointaine, si mystérieuse qui fascine par sa différence. Ce voyage impromptu qui peut s'apparenter à un voyage initiatique, lui permet de véritablement s'imprégner de l'âme de ce continent qui en cherchant à ressembler à l'Occident, perd peu à peu son identité et où, la disparition sournoise des traditions délitent les liens doucement.

Que c'est triste cette uniformisation, cette mondialisation. Auparavant, les voyages apportaient un véritable déracinement. Aujourd'hui, le voyageur trouve, dans toutes villes, les mêmes enseignes. Où sont passés les magasins authentiques qui étaient le reflet du mode de vie de nos hôtes ?

C'est passionnant, c'est vivant, c'est érudit, c'est très agréable à lire. le lecteur est projeté dans un temple entouré de moines à la robe safran dès le début de l'aventure, enfin, en visitant le Tibet, j'y étais!

Tiziano cherche surtout l'humain, beaucoup de rencontres dans ce livre, beaucoup d'échanges au cours de ces rencontres. Chaque pays visité, au travers de ses habitants, livre une part de lui-même, de ses traditions, de ses croyances, de ses atrocités aussi car l'histoire du pays n'est jamais oubliée, de ses réalités sociales et politiques.

Curieusement, Tiziano qui jusqu'à présent, ignorait tout ce qui concernait de près ou de loin les sciences occultes, se met à compléter son périple par une visite chez un devin, un mage, un sorcier dans chaque contrée visitée. Qu'est ce qui peu bien pousser cet homme pressé, à consulter un devin, serait ce en réalité une quête spirituelle, une recherche ?

Alors si vous aimez l'aventure, découvrir d'autres cultures, d'autres traditions, d'autres relations au mysticisme, aux croyances, ce livre est fait pour vous.


Je termine mon commentaire en pensant à tous mes amies et amis très proches, originaires du Cambodge qui ont fui lors de l'arrivée des khmers rouges dans Phnom Penh où Tiziano était présent :


« J'avais plutôt été impressionné par les temples où l'oeuvre de l'homme semblait côtoyer le divin. Il y a des endroits au monde où l'on se sent fier d'appartenir à l'espèce humaine. Angkor est un de ces endroits. Derrière la beauté sophistiquée et conceptuelle d'Angkor, il y a quelque chose de profondément simple, archétypal, naturel qui va droit au coeur. En chaque pierre se trouve une valeur intrinsèque et l'on emporte le souvenir de cette grandeur ».

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c'est le 1er l'ivre de cet auteur que je lis. Ce livre a été traduit par Isabel Violante. Il est né le 14 septembre 1938 à Florence. Ah Florence! Pour moi ça avait l'air d'une malédiction.
Mai pour moi, l'avions ne vole jamais.deux fois. Voila le devin. le vieux chinois de Hong -kong. me parla. La meilleure façon de m'y opposer est de ne rien faire. Il évoque Siddharta de Hermann Hesse où le passé et le présent le futur sont toujours présents comme le fleuve. Les pii sont à contenter. Merci à mes fidèles lecteurs et lectrices.
Je faisais l'amok. je cherchais un oracle.
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« Dans la vie, il se présente toujours une bonne occasion. le problème, c'est de savoir la reconnaître et parfois ce n'est pas facile. La mienne, par exemple, avait tout l'air d'une malédiction. Un devin m'avait dit : "Attention! En 1993, vous courrez un grand risque, celui de mourir. Cette année-là, ne volez pas, ne prenez jamais l'avion." Cela s'était passé à Hong Kong. J'avais rencontré ce vieux Chinois par hasard. Sur le moment, ces mots m'avaient frappé, évidemment, mais cela ne m'avait pas tracassé. Nous étions au printemps de 1976, et 1993 me semblait encore très loin. Toutefois, je n'avais pas oublié cette échéance. Elle était restée dans mon esprit, un peu comme la date d'un rendez-vous auquel on n'a pas encore décidé si on ira ou non. »

Terziano Terzani décide de suivre les prédictions l'oracle et ne prendra pas l'avion pendant une année. Bon prétexte pour renouer avec l'Asie qu'il a connue quelques années plus tôt, qu'il aime. Il en voit le changement, la « modernisation », autrement dit l'occidentalisation.
Une année, non pas entre parenthèse, mais une année de flânerie, de méditation, de réflexion, de poésie, de rencontres, de retrouvailles… bref, une année très riche. le Journaliste, correspondant en Asie de l'hebdomadaire allemand der Spiegel redécouvre le plaisir des voyages lents, la vie quotidienne « Tous les endroits se ressemblent quand on les atteint par l'avion, sans un effort minimum : de simples destinations séparées entre elles par quelques heures de vol. »
Dans chaque ville, chaque village, chaque pays où il séjournera il demandera l'adresse d'un voyant. Les résultats ne sont pas toujours à la hauteur, mais… il y a toujours un petit quelque chose. Est-ce l'art divinatoire, est-ce l'habitude d'observer leur « client », est-ce de la psychologie, est-ce son besoin d'y trouver quelque vérité. En occident, officiellement, on se gausse des personnes qui consultent, « En Asie, en revanche, la sphère occulte sert encore aujourd'hui pour expliquer les faits divers, au moins autant que l'économie et, jusqu'à une époque récente, l'idéologie. ».
Avec ce voyage tout en lenteur il redécouvre la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam… Ce qu'il y voit ne lui plait pas trop. En effet, une occidentalisation (une américanisation) à marche forcée fait disparaître toutes les vieilles habitations, les vieux quartiers et, même, la spiritualité asiatique. Les villes ne respirent plus, aucun courant d'air frais ne vient rafraîchir les habitants, étouffés par les tours, autoroutes construites sans schéma (cela me fait penser à ses autoroutes françaises construites dans des couloirs d'orages, de neige, avec tous les désagréments)
Terziano Terzani nous fait découvrir l'autre face du « progrès », de la modernisation de l'Asie. Ce livre, biographie, carnet de voyage, grand reportage ; un peu roman d'aventure, philosophique, spirituel ne se lit pas d'une traite. Comme l'auteur décide de prendre son temps pour voyager, j'ai fait des escales qui m'ont permis de réfléchir à ce qui est écrit. Oh ! Je vous vois venir ! Non, ce n'est pas barbant du tout, au contraire.
L'écriture, classique, est belle. Je pense que la traduction lui a gardé cette beauté. J'ai aimé ce voyage dans le monde asiatique des sciences occultes. Ce que l'auteur dit sur la destruction de la spiritualité asiatique est plus inquiétant car il me semblait que c'était la base de leur civilisation.
Une pépite qui se déguste sur la longueur. La 4ème de couverture est un très bon résumé. e ne suis pas certaine d'en avoir bien parlé, mais j'aimerais vous avoir donné l'envie de le lire.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Mon 1.000è billet sur Babelio est un très gros coup de coeur lu à la fin du confinement pour un livre qui m'attendait depuis longtemps.

« Un devin m'a dit » est le récit d'une année dans la vie de Tiziano Terzani, journaliste italien installé en Asie depuis longtemps.
En 1976 un devin à Hong-Hong lui recommande de ne pas prendre l'avion en 1993.
Fin 1992, il décide de respecter ce conseil et pendant un an il va continuer son métier de journaliste en Asie mais en utilisant tous les autres moyens de transport.

Prendre le train, le bus ou le bateau va l'éloigner des circuits touristiques et lui faire découvrir ou redécouvrir ces pays qu'il connait pourtant bien : Thaïlande Cambodge, Viet-Nam, Laos, Birmanie, Chine, Mongolie.
Il va être à l'écoute de ces civilisations en rencontrant toutes sortes d'habitants, des plus humbles aux plus importants.
Il va ressentir l'écartèlement de ces pays entre leurs cultures ancestrales riches et humanistes, et la mondialisation qui balaie tout sur son passage.
Certaines villes ne sont plus que des passages obligés pour touristes ou des centres d'affaires internationaux.

Pendant cette année, il va également, dans chaque ville, essayer de rencontrer le devin le plus apprécié.
Commencé comme un jeu, ce rituel va aussi lui confirmer que chaque homme veut savoir s'il va être riche et aimé, quel que soit le pays !

En me renseignant sur l'auteur, j'ai vu que cette année aura été importante pour lui car à la fin de 1993 il s'initie à la méditation en Thaïlande, et ensuite, alors qu'il s'installe en Inde, toujours comme correspondant de presse, il va peu à peu s'intéresser à la méditation jusqu'à en faire sa raison de vivre.

Pour moi ce récit est à mettre au même niveau que « L'usage du monde » de Nicolas Bouvier, tant il est empreint d'humanisme et d'ouverture aux autres. Terzani a écrit quelques autres livres que je vais m'empresser de découvrir… 
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Da sempre l’uomo ha cercato di dare un senso al mistero della propria vita, di trovare una chiave del futuro, e ha sperato di poter influenzare il proprio destino. Spesso lo si dimentica, ma il cinese, come lingua scritta, è nato non come mezzo di comunicazione fra gli uomini, ma come modo di consultare gli dei. «Debbo o non debbo fare la guerra allo Stato vicino?» «Vincerò o non vincerò la battaglia?» faceva scrivere un re su un osso piatto, nei cui fori veniva poi passata una punta di ferro infuocata. La risposta divina veniva dalle incrinature prodotte dal calore. Si trattava di saperla leggere. Quelle ossa con quegli ideogrammi di tremilacinquecento anni fa sono i primi «manoscritti» cinesi che si conoscono.
( Depuis toujours l’homme a cherché à donner un sens au mystère de sa propre vie, à trouver la clé du futur, en espérant de pouvoir controller son propre destin. On l’oublie souvent, mais le chinois comme langue écrite, est apparu non comme mode de communication entre les hommes , mais comme moyen pour consulter les dieux. Un roi faisait écrire sur un os plat, des questions, “Dois-je ou non faire la guerre à mon état voisin ?”, “Gagnerais-je ou non la bataille?”, sur les trous duquel on passait par la suite le bout d’un fer incandescent, et les fissures crées par la chaleur donnaient la réponse.Il fallait juste savoir la lire.Ces os aux idéogrammes anciens de 3500 ans, sont les premiers manuscrits chinois connus de l’histoire.)
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A parte gli assassinati e i suicidi, i candidati più ovvi a diventare spiriti vaganti sono le vittime degli incidenti stradali. Per questo le associazioni buddhiste posizionano i loro furgoni nei punti più pericolosi delle strade e per questo i loro uomini, sintonizzati sulle radio della polizia, sono sempre in agguato, pronti a precipitarsi sui cadaveri. Davvero precipitarsi, perché questo tipo di attività è diventato così redditizio che le associazioni caritatevoli sono in concorrenza fra loro e ognuna cerca di portar via più cadaveri dell’altra per poi ottenere dal pubblico maggiori donazioni.
(À part les assassinés et les suicidés, les candidats les plus enclin à devenir des esprits errants sont les victimes des accidents de la route. C’est pour cela que les associations bouddhistes garent leur fourgons aux endroits les plus dangereux de la route, et leur personnel en syntonie avec la radio de la police , sont toujours à l’affût , prêt à se précipiter sur les cadavres. Vraiment se précipiter, car ce genre d’activité est devenu si lucratif que les associations caritatives font la compétition entre eux et chacun essaie d’emporter plus de cadavres que les autres, afin de pouvoir recevoir le plus de donation possible).
P.s.Bangkok/ Si un cadavre est morcelé, décapité.....son esprit devient errant donc maléfique.Ces associations caritatives les assemblent pour qu’ils aillent en paix au l’au- delà.
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A peine sorti de Betong, on a déjà l'impression de ne plus être en Thaïlande. Les villages sont dominés par les mosquées, les hommes portent le sarong et la calotte musulmane, des dizaines de chèvres paissent le long des routes et s'allongent sur l'asphalte et le taxi doit veiller à ne pas leur rouler dessus. La Thaïlande se dissipe lentement, de manière pacifique, sans barrages de police, sans contrôles. Ensuite commence la Malaisie, d'abord par une barrière de fil de fer barbelé, puis par une autre puis par des grillages ; après quelques centaines de mètres de terre dégagée, comme un no man's land où l'on peut faucher un ennemi qui avance, par les bâtiments blancs et bleu clair de la police des frontières et de la douane.

Je dus franchir les grillages à pied et me présenter devant un guichet de verre derrière lequel m'observait avec malveillance une femme emmitouflée dans un voile bleu claire sur lequel étaient posées d'épaisses lunettes. Polie mais froide, elle me demanda où j'allais et combien de temps je voulais rester. Elle me donna un visa de deux semaines. L'atmosphère étaient inquiétante. "Peine de mort pour les transporteurs de drogue" menaçait un grand panneau surmonté d'une tête de mort avec les tibias croisés.

Où était la Malaisie d'il y a vingt ans ? Les femmes en sarong avec leur soutien-gorge qui semblait trop petit d'une taille, avec leurs blouses de dentelle si moulantes, la richesse des couleurs et la joie des corps qui semblaient refléter la joie de la nature. Balayées par le rigorisme islamique ? Dans la Malaisie des années 1970 que j'avais connue, la religion était un phénomène marginal. Les Malais avaient leurs mosquées et les Chinois, leurs temples. Les uns mangeaient leurs chèvres, les autres leurs cochons. Puis les Malais, pour se défendre de la puissance économique des Chinois et de leur culture matérialiste, ont commencé à prendre appui sur l'islam : ils ont voilé leurs femmes, leur ont retiré le sarong pour le remplacer par des uniformes, ils se sont renfermés dans la citadelle de leurs mosquées en soulignant les valeurs spirituelles. Voilà le résultat!
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L'animal de l'année de naissance a une influence énorme sur la personnalité et le destin : celui qui naît dans l'année du rat, par exemple, devra se garder toute sa vie de tomber dans le piège ; celui qui naît dans l'année du lapin sera toujours timide et craintif ; celui qui naît sous le signe du coq devra toujours gratter la terre pour se nourrir . Les femmes nées pendant l'année du cheval sont indomptables donc des épouses difficiles ; celles qui sont nées sous la conjonction du cheval et du feu - ce qui arrive tous les soixante ans - sont sauvages et dangereuses donc presque impossibles à marier. 1966 fut une de ces années - là et en Asie de très nombreuses femmes enceintes ont préféré avorter plutôt que de mettre au monde des filles qui probablement ne trouveraient pas de mari. A Taïwan, en 1966, les naissances ont diminué de 25 %.

En revanche, les mâles qui naissent pendant l'année du dragon sont destinés à être forts, intelligents et heureux. Puisque 1988 était une année du dragon et que de surcroît, le double huit est pour les Chinois un symbole de double bonheur, de nombreux couples ont voulu avoir un enfant dans cette période. Pour que l'enfant soit encore plus heureux, beaucoup de mères ont cherché à le faire naître le huitième jour du huitième mois, si bien qu'à Singapour, Taïwan et Hong Kong, tous les lits des maternités étaient réservés par des femmes disposées à accoucher par césarienne pour faire naître leur rejeton en ce jour faste : 8.8.1988.
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La nuit, Turtle House était splendide. Les gratte-ciel qui poussaient autour de nous enlevaient chaque jour un peu plus de soleil mais quand le soir tombait et que Kamsing, le jardinier , allumait les lampes cachées parmi les arbres, les lanternes autour de l'étang et les lampes à huile au pied des statues de Ganesh et de Bouddha dans le jardin, la maison retrouvait la magie tropicale, chaleureuse et paisible qui nous avait attirés en Thaïlande, après cinq années passées dans la froideur et l'austérité déprimantes du Japon. A notre arrivée, avec Angela, nous avons travaillé pendant deux semaines comme des fous pour donner une place à chaque meuble chinois, chaque statue, chaque vase, chaque dieu, chaque rouleau , chaque abat-jour tendu de cette soie jaune pâle qui fait l'atmosphère d'une pièce. Ensuite, nous n'avons plus rien fait mais la maison s'arrangeait toujours mieux autour de nous. Elle était comme nous : vieille et ayant vécu, pétrie de ce que nous étions devenus après tant d'années en Asie. De chaque objet nous ne garderions que son histoire et de l'objet lui-même, nous n'étions que les gardiens temporaires.
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