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sur 1531 notes
"Karoo" de Steve TESICH nous amène au coeur d'une descente intimiste aux enfers.

Saul Karoo a 50 ans, une femme dont il "divorce depuis déjà quelques années" et qui n'en reste pas moins la seule relation au foyer, là où l'homme revient après son travail.
Il est réparateur de scenarii de films. Écrivaillon il se serait bien vu écrivain mais est trop lucide sur ses capacités, alors il reprend la trame des autres, mutile ici, rajoute là, met dans chaque originalité une touche de conformisme et de succès assuré. Jusqu'à présent, cela lui va. Pas tant parce qu'il aime ce métier mais bien par mollesse.

Et puis lui vient cette maladie, non non, pas l'alcoolisme dont il est victime depuis des années, pas non plus ce début de gras autour de la taille: il n'a plus aucun symptôme de l'ivresse. Plus d'état second, plus de prétexte à la maladresse ni d'amnésie le lendemain.
Saul, le lucide, le clairvoyant, voit sa vie défiler et regarde ses relations se désagréger par sa faute.
Alors oui, il y a bien cette assurance santé à changer, cette "annulation" santé de sa personne. Et surtout, son fils, le seul et unique, Billy. Ce fils adoptif qu'il aime par dessus tout lui demande de l'attention, de la présence, de l'intimité, afin d'enfin pouvoir s'engager de son côté. Et puis il y a ce film, cette cassette dans la pochette jaune. Cette fois-ci c'est un chef d'oeuvre, et pourtant Saul va le dénaturer.
Mais pourquoi?

Saul est un personnage antipathique et pourtant nous le suivons avec passion. Au fil des pages, il décortique sa vie, ses faiblesses, ses angoisses et ses choix. Mais justement. La perte d'ébriété est le début de ce malaise. A chaque instant, il est le maître de ses actions, il est comme un acteur de son scénario. A chaque pas, il se croit en phase de rédemption et chaque pas est au final un de plus vers la sortie de route.
Il s'éloignait de toute intimité avec ses proches. Il les aime, à foi en la famille et pourtant les proximités ne lui plaisent que s'il peut y donner un sens en étant en représentation, devant public. Et pourtant il va chercher à se faire pardonner, à réinventer une vie de famille. Lui le clairvoyant, va enfin prendre plaisir, avoir des émotions. Mais ses actes s'accumulent et ne lui laissent que peu de chance.
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Assurément un grand animal ! Et quel animal… Saul Karoo, la cinquantaine bien tapée, le sale type : d'un égoïsme crasse, le mariage en ruines, paquet de clopes sur paquet de clopes, plus d'alcool que de sang dans les veines, à niquer sa santé comme les minettes qu'il arrive encore à mettre dans son lit. Qu'il est tentant de le détester ! Mais…

Mais Karoo, c'est cet homme brillant qui voit dans chaque scénario de film qu'il retape les mérites et les manques. Il transforme la boue en or, en dollars sonnants et trébuchants. Cet homme qui démystifie toute la complexité des rapports humains, il porte en lui ce truc quasi-extralucide. Il sait instinctivement le vrai, l'oeuvre, l'essence des hommes.

Mais Karoo, c'est cet homme prisonnier d'un rôle sur le plateau de cinéma de la vie. À simuler l'ivresse pour tenir son jeu d'alcoolique notoire, à rendre la réplique à sa femme dans leurs joutes verbales qui ne sont que des mises en scène publiques. Il tient vaillamment le personnage que les autres veulent qu'il soit, et il se regarde faire, spectateur de son propre jeu.

Mais Karoo, c'est cet homme qui voudrait être capable d'aimer, de se racheter auprès de son fils. de réécrire son histoire et celle toute cabossée de Leila dont le rire sur une pellicule fait tout basculer. Il veut changer leurs vies comme il répare les scénarios. Cet homme qui, en jouant les apprentis sorciers, oublie que la réalité n'a rien d'un happy-end à la sauce hollywoodienne et conduit ainsi son petit monde au drame.

Enfin Karoo, c'est cet homme qui vous touche terriblement, malgré ses travers, car ce n'est finalement rien qu'un humain. Capable de médiocrité comme de grandeur. Et sa chute est aussi spectaculaire que tragique.
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En plus d'être un objet toujours aussi beau et agréable à lire, ce livre est un pavé digeste en compagnie d'un loser magnifique aux réparties à mourir de rire. Autant dire qu'il est le mariage parfait d'un Grands Animaux MTL.

En rencontrant Saul Karoo, consultant en réécriture de scénarii pour Hollywood totalement désabusé (il faut dire à sa décharge que notre énergumène ne ressent plus l'ivresse quelle que soit la quantité d'alcool absorbée - Enfer et damnation !), légitimement désabusé donc par le cinéma, le travail, l'amour, je ne m'attendais pas à vivre une telle épopée romantique avec lui.
J'ai complètement adoré ce texte brillamment écrit, drôle et cynique. Les quelques longueurs (qu'on s'attend de toute façon à trouver) ne gâchent rien et sont l'occasion de s'immerger toujours plus profondément dans l'esprit tordu de ce héros mythomane et hypocrite.
Ce roman aborde également la question plus sérieuse de la place que chacun doit trouver dans le monde. Avec plus ou moins de réussite, de hasard, de choix, de destin.

Bref, j'en ressors totalement conquise avec déjà en tête la question de savoir quel sera le prochain Grand Animal à me faire craquer !


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Nom : Karoo
Prénom : Saul
Profession : Scénariste, remanie des scenarii et des premières moutures de film
Taille : 1m80 mais 1m78 après visite médicale
Poids : 99 kilos mais 120 kilos après visite médicale
Signe distinctif : Incapacité notoire à gérer une relation à deux, notamment avec son fils Billy.
Alors qu'une nouvelle décennie commence, Saul Karoo anonne Tcha-ou-chess-kou dans des soirées entre amis, et se rend compte que, peu importe le nombre de verres bus, il ne parvient plus à être ivre.
Est-ce cette incapacité à imposer un état à son corps, l'habitude d'être tout puissant sur les histoires des autres, ou les mensonges qu'il se raconte et qu'il raconte aux autres depuis des années ? Toujours est-il que Saul décide de jouer à Dieu...
Un héros sympathétique et désabusé, voilà comment je qualifierai Karoo, même si l'aspect pathétique a largement pris le pas sur le côté sympathique à mes yeux.
Le propos est ironique, lucide et impertinent. Billy ou encore Laurie, personnages purs et poignants, font le contrepied au cynisme du milieu dans lequel Karoo évolue.
Les chapitres sont courts, le rythme est rapide, et même si j'ai déploré quelques redondances vers le milieu de l'histoire, ce roman de plus de 600 pages se lit vite et agréablement.
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Le groupe facebook À l'assaut des pavés et ses lectures communes me donnent l'occasion de lire des romans que j'ai depuis un certain temps, ET-ÇA-FAIT-DU-BIEN de découvrir qu'on peut avoir des super bonheurs littéraires dans ses étagères !!!

Saul Karoo est script doctor, son métier consiste à dénaturer des chefs-d'oeuvre, ou des scénarios problématiques, pour les aligner sur les canons hollywoodiens.
Et bien évidemment il évolue au milieu des amitiés factices du cinéma.
J'ai adoré ce mec, ses raisonnements à la noix et son côté tête à claques qui le rendent attachant et drôle. C'est un loser magnifique !
Ce mec est dingue et c'est drôle ! Sa tournure d'esprit est complètement délirante...
Mais j'avoue que peu à peu il m'est apparu comme une larve immonde, un pauvre mec qui un jour sera vieux sans jamais avoir été adulte. le comble du pathétique de mon point de vue, parce qu'il est lâche, égoïste, menteur et immature.
Mais bon, il reste attachant malgré tout, du moins parce qu'il est un personnage de fiction.

De A à Z c'est que du bonheur, une écriture qui coule toute seule, des réflexions sur la vie, le monde, la connerie aussi ainsi que la superficialité de certains milieux.
Des travers tels que l'hypocrisie et le cynisme y sont très bien décortiqués, sans complaisance, du moins tant que ça concerne les autres. Quand il est questions de lui-même, Saul se trouve une multitude d'excuses toutes plus convaincantes les unes que les autres.
Il sait pourtant qu'il fait du mal à tout le monde par couardise. Et puis un jour il croit trouver une occasion de se racheter auprès de quelqu'un à qui il pense devoir beaucoup.

Alors que la première partie m'a donné l'impression d'un voyage intérieur dans la tête de Saul, sa vie, sa personnalité, la deuxième partie m'a paru plus vivante avec l'arrivée de Leila et donc plus agréable.
La construction de ce roman, l'histoire de Saul, m'a évoqué le travail d'un maçon qui monte un édifice brique par brique.
J'ai énormément aimé !

L'auteur sait terriblement bien disséquer les non-dits, les pensées, les événements de la vie.

Il semble que Steve Tesich n'ait écrit que deux romans et ça c'est bien dommage parce que c'est un véritable coup de coeur pour moi !
Lien : http://mechantdobby.over-blo..
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Quelle découverte! Merci le passage des livres... j'ai failli abandonner à 150 pages ayant compris qui étaient les personnages... mais peu importe l'intérêt de ce superbe roman est au-delà d'une bluette dramatique. On est happé et plus on avance plus on est fasciné, attrapé par une écriture incroyable à la fois simple et originale, fine et compréhensible sans bavardage. C'est avec regret que je l'achève et lâche la main de ses personnages regrettant que ce soit l'unique roman de cet auteur décédé
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Drôle de type que ce Saul Karoo dont l'auteur nous inflige avec force détails une année de l'existence. Et j'utilise intentionnellement le verbe infliger, car ce curieux personnage, non seulement n'attire pas la sympathie, mais horripile très vite le lecteur !
La cinquantaine prospère, écrivain raté mais scénariste au talent reconnu, une épouse bien chiante avec laquelle il n'en finit pas de divorcer, un fils qu'il dit aimer, mais dont il évite la présence, incapable d'exprimer ses sentiments et de prendre des décisions, fuyant les échanges, vivant dans le déni, le mensonge et "le confort facile qu'il y a à être une image plutôt qu'un être humain", comme il le dit lui-même, Saul Karoo, outre ces tares pratique une hygiène de vie très malsaine, fumant cigarettes à la chaîne et buvant comme un trou, sans pour autant pouvoir se saouler, l'alcool ne lui faisant strictement rien.

Malgré ce portrait peu engageant, cet homme n'est, pour autant, pas franchement haïssable. Outre qu'il apparaîtrait plutôt comme un pantin, ce qui prête surtout à rire, il est avant tout, qualité de premier choix, doté d'une remarquable lucidité. Il analyse impitoyablement et avec justesse le monde qui l'entoure, se sachant incapable d'y intervenir convenablement et, même si les sentiments qu'il éprouve à l'égard des autres le poussent à faire du rentre-dedans, il ne met évidemment rien en oeuvre ! faute d'une réelle envie ? de courage ? d'autre chose ? Tout chez lui reste à l'état de vague projet !

Saul Karoo a pleinement conscience de vivre dans un monde d'apparences où "maintenant ce sont les mensonges que nous racontons qui, seuls, peuvent révéler qui nous sommes"
.... jusqu'au jour où tout va changer, à la suite d'un incident qui va bouleverser sa vision de l'avenir et où le meilleur va côtoyer le pire. Comme il devient alors humain et fragile et croyant en un futur meilleur !

Le talent de Steve Tesich est de mettre à jour toutes les fêlures de l'être humain, de nous donner envie d'en rire, car il n'y a rien d'autre à faire, d'exprimer nos peurs des vérités, d'insister sur les excuses que nous nous inventons, bref de mettre l'humain face à ses carences, petitesses et autres bassesses !
Cela peut énerver ou stupéfier le lecteur, oh, que oui ! Surtout dans le cas de Saul Karoo qui ne fait rien à moitié ... Mais comme cela est édifiant et comme cela donne la preuve de la misère de la condition humaine.

Et quel dommage que cet ouvrage soit le chant du cygne de Steve Tesich.
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Un Ulysse des temps modernes, lancé dans une quête vaine, celle d'une rédemption qui ne viendra jamais : telle est la tragédie vécue par Karoo, le personnage du roman éponyme de Steve Tesich, publié chez Monsieur Toussaint Louverture, puis en poche aux éditions 10/18. Karoo est un vieille égoïste cynique, aux innombrables maladies, affublé d'une ex-épouse ne cessant de le blâmer et d'un fils adoptif qu'il ne parvient à aimer. Pas de quoi rendre le personnage très sympathique.
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Ecrivain raté devenu script doctor, il se lance dans la réécriture - le massacre - d'un chef-d'oeuvre dans lequel joue la mère biologique de son fils. Dès sa rencontre avec la jeune femme - Leila, actrice systématiquement coupée au montage, le roman connaît un tournant : Karoo veut finalement devenir quelqu'un de bien et aider son prochain. Mais le destin en a décidé autrement, et d'Ulysse, on passe à Oedipe. A travers l'épopée de ce personnage médiocre, l'auteur offre un récit drôle et désespéré.
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Si la période des fêtes n'a pas été propice à une avancée rapide dans ce roman, j'ai aussi pu reprocher en cours de lecture quelques scènes qui me semblaient assez peu nécessaires. Et pourtant il faut lire jusqu'à la dernière ligne pour que toutes les pièces du puzzle s'assemblent. Malgré son côté déplaisant, Saul Karoo m'a plu, énormément même. Mais c'est très certainement un récit à double tranchant : on adhère ou non ! le ton n'a pas été sans me rappeler celui de la Conjuration des imbéciles de John Toole. Il me tarde en tout cas de lire Price du même Tesich que j'ai acheté à la suite de ma lecture de Karoo.
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Karoo est un grand roman américain. À travers l'histoire singulière d'un homme chargé de simplifier des scénarios de film, Steve Tesich nous livre le portrait d'un homme en quête de sa propre subjectivité. À travers un récit burlesque, une belle réflexion sur le néant de nos stratégies narratives.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Voilà une oeuvre qui dépote! Saul Karoo est un "script doctor", il est chargé de réécrire des scénarios pour Hollywood afin d'en faire des films commerciaux, quitte à dénaturer un chef d'oeuvre. c'est un alcoolique plein de névroses et de cynisme envers ses contemporains. Il a un fils qu'il aime profondément adopté tout bébé mais qu'il néglige. Mais il va croiser le chemin de Leila Millar qui a un petit rôle dans le dernier film d'un grand cinéaste. Leila n'est pas n'importe qui pour Saul. il va la protéger et la prendre sous son aile.
Les trois quart du roman sont vraiment brillants. le personnage de Saul est détestable mais pitoyable. Il vit dans un monde de faux semblant mais regarde ce monde vivre sans vraiment réagir que de se noyer dans l'alcool; L'étude psychologique est remarquable, très fouillée avec une grande profondeur de réflexion. J'ai beaucoup moins aimé la fin du livre. Cela traîne en longueur et l'auteur s'est perdu dans des délires..
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