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sur 1531 notes
Peut-on s'émanciper du vide ?
On a tous lu un jour le roman d'un pauvre type, antipathique et en marge de tout, qui va essayer de se relever pour devenir responsable. On finit par s'attacher au type car la moralité l'emporte sur le méprisable. On ferme le livre, on est content cinq minutes, et on passe à autre chose. Et un jour on vous met Karoo entre vos mains.
Saul Karoo est ce qu'on pourrait qualifier de "pauvre type", avec des mots plus ou moins grossiers. En instance de divorce, refusant à son fils unique le soutien paternel, alcoolique, désabusé, méprisant, fieffé menteur... Saul Karoo vit confortablement dans son grand appartement de New York. Script doctor, il transforme des scénarios de films pour les rendre rentables, conformes au consumérisme ambiant à une époque où l'argent prend le pas sur l'art. Il se place dans une telle démesure qu'il n'est même plus capable de ressentir l'ivresse quand il ingurgite verres sur verres.
Pourtant, tout au fond du trou moral qu'il a lui-même creusé, Karoo va être hameçonné par le désir d'une vie meilleure, dans laquelle il est un bon père, un amant fidèle, un fils aimant, un homme respectable.
C'est grâce à un énième scénario à modifier qu'il va se mettre en quête de l'homme qu'il aurait pu être. Courant après le passé, essayant de recoller les morceaux, il conserve néanmoins ses armes favorites principalement aiguisées par le mensonge. Saura-t-il s'émanciper d'une vie tombée dans le néant ?
Karoo, c'est le roman du vide qui fait tout pour exister. C'est une course contre la démesure, la recherche du perdu. Mais sort-on indemne de ce raid solitaire dans l'abîme ?
La réponse est au bout des 600 pages que vous ne lacherez pas.
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Me voici plongée dans une histoire bien étrange sur laquelle je n'ai pas réussi à me mettre d'accord avec moi même quant à mes ressentis de lecture.

Saul Karoo travaille dans le domaine du cinéma. Persuadé qu'il n'a aucun talent lui même, il réécrit des scénarios, réarrange des films, bref il repasse sur le travail des autres et est grassement payé pour le faire.

Il est en cours de divorce mais son couple n'a jamais été aussi heureux que dans cette configuration. Il est le père adoptif d'un jeune homme allant à Harvard. Il est surtout imbuvable, grotesque et pathétique !

Menteur invétéré, il est incapable d'être honnête avec qui que ce soit, parfois pour des raisons honorables (mais y a t il de bonnes raisons au mensonge ?) comme épargner la douleur à autrui mais la plupart du temps uniquement par jeu ou pour se conformer à une certaine idée que les gens ont de lui.

Il passe son temps à se faire des films dans sa tête, autant qu'il en arrange dans la réalité de son métier. Mais cela va le conduire à l'aveuglement.

J'ai passé la plupart de mon temps de lecture à exécrer ce personnage. Néanmoins, sa façon de se mouler à l'image que l'on a de lui est attachante et souvent pleine de bonnes intentions. D'un autre côté, cette même attitude fait pitié, comme s'il était dans l'incapacité totale d'avoir une volonté propre à l'extérieur de sa tête. En fait c'est cela, Saul m'a fait pitié. Mon jugement a été dur et s'est quelque peu adoucit sur la fin, les événements m'obligeant à une plus grande compassion.

Il y a une importante réflexion sur le sens de la vie et l'intensité que l'on met à la vivre avec un rappel de la vivre à fond plutôt que de regretter ! C'est malheureusement quand on a tout perdu que les remords affluent et que l'on souhaite reconstruire son parcours à coups de « et si… ».

Une lecture mitigée donc, un style agréable, une histoire inédite et parfois drôle, mais un personnage qui m'a tellement irritée que mon plaisir de lecture s'en est ressenti, même si c'est cette personnalité qui en fait toute l'originalité. Haaa les contradictions !
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J'ai choisi le livre par sa couverture en miroir mais aussi car il a reçu le prix des lecteurs 2014 Points. J'ai mis près de 200 pages pour arriver à savoir qui est Leila Millar, décrite dans la 4ème de couverture. J'ai bien cru que cela n'arriverait jamais…
L'histoire m'a fortement déçue et j'ai trouvé le livre sans grand intérêt malgré toutes les bonnes critiques qu'il a reçu. J'ai eu de la peine à devoir mettre le tiers du livre pour enfin entrer dans une certaine action et au moment où on commence à s'attacher aux personnages, ils meurent.
Je n'ai absolument pas compris pourquoi le livre se termine comme ça. Mais au final, l'effet n'a pas passé pour moi.
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Je pense et à la reflexion, j'en suis même sure , que je suis complètement passée à coté... ce livre restera une énigme ; heureusement je ne l'ai pas acheté, j'aurai vraiment regretté mon argent ! le style est agréable à lire, Karoo est infect, et je n'en retire rien, rien du tout , quelle déception !
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Saul Karoo est un « réparateur » de scénario doué et très bien payé. Doté d'une solide culture, hautement diplômé, il traîne à la cinquantaine un cynisme, une paresse, une lâcheté à toute épreuve. Séparé de sa femme, Dianah, père d'un enfant adopté tout jeune, Billy, il retrouve, par hasard, vingt ans après, la mère de Billy dans un petit rôle d'un film qu'il doit « réparer ».
Il élabore un plan diabolique qui ne se réalisera pas.
La vie, les états d'âme, les épreuves de Saul Karoo sont racontés avec grande maîtrise par ST tout en retours en arrière et en changements de pied. C'est plein d'humour, d'humanité et de compassion pour un salaud en lequel chacun peut, à des degrés divers, se reconnaître. Un chef d'oeuvre.

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Ouvrage publié après le décès de son auteur, Karoo est un roman marquant, sorte de tragédie moderne dont la tension monte petit à petit au fil des pages, mettant en scène un anti-héros inoubliable. Une histoire magistrale, et une critique de la société américaine et de sa cupidité.
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Karoo est un consultant en correction de scenario très connu à Hollywood. Divorcé, alcoolique et très gros fumeur, il a une infirmité particulière : il est incapable de se saouler.

Il se retrouve à 50 ans avec l'occasion unique de se racheter, de ne plus l'homme ambitieux et sans coeur. Mais son histoire n'est qu'une chute vertigineuse.

C'est un roman difficilement classable, et même si la grande majorité des lecteurs parlent de « chef-d'oeuvre » ou de « roman culte », je n'ai pas trouvé le plaisir de la lecture à la hauteur des louanges des critiques.
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Ce roman est aussi majestueux que son personnage principal est peu recommandable. C'est toute la beauté de l'exercice. Et l'exercice est brillamment réussi. Les pages foisonnent d'irrévérence, de comportements délirants, de dollars balancés comme on jetterait des cacahouètes à des singes, de chevelures choucroutées, d'ivresse surjouée, de gueule de bois réelle, d'amour et de solitude infinis. Karoo a appris le mensonge aux arracheurs de dents. Il écrit pour ceux qui jouent des rôles. Il joue son rôle aussi. Il souffre de milles maux, de milles mots. Il est détestable, un poil misanthrope. Il souffre d'une incapacité totale à s'enivrer, quelle que soit la quantité gargantuesque d'alcool qu'il ingurgite. Il est incapable d'intimité, jusqu'à la rencontre qui va changer sa vie…mais je ne dévoile rien.
Le début au Dakota Building, m'a rappelé certains moments de Vercoquin et le Plancton de Boris Vian. C'est rarissime de trouver un ton aussi cocasse et fin.
C'est également un roman très Newyorkais ; je craignais que ce soit un travers, mais cela s'est transformé en qualité au fil des pages. le monde hollywoodien en prend aussi pour son grade.
Ce roman, qui plus est dans la belle édition de Monsieur Toussaint Louverture, est un moment de lecture lumineux, malin, intelligent, drôle, profond et léger. Un feu d'artifice. Un image simple que l'on regarderait à travers un kaléidoscope.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Et Vercoquin et le Plancton aussi…
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Un livre qui nous inspire ! Métaphore d'une maladie mentale, pamphlet contre l'alcoolisme, étude sur les dépressifs ? Nous n'en dirons pas plus. D'autant que ce livre semble être interprété de bien des manières selon les lecteurs, ce qui en fait un plaisir que l'on peut s'approprier. Nous rappelant, de loin, l'univers de Bret Easton Ellis, un mélange de Lunar Park et de Moins que zéro, Karoo de Steve Tesich est un régal que l'on dévore d'une traite, au risque de ne pas fermer l'oeil de la nuit.

Adeptes de l'ironie et de l'humour noir, vous vous régalerez, même si une petite voix dans votre for intérieur ne pourra s'empêcher de se demander : s'agit-il réellement de second degré ? Un humour grinçant, des dialogues époustouflants, un style léger mais parfaitement maîtrisé, on a envie de prendre des notes en lisant le livre, s'extasiant sur certaines phrases, si simplement écrites mais si justes, pleines de sens, d'esprit et d'humour. On est tenté d'en retenir, pour débiter des citations de ce livre et briller en soirée.

Si vous doutez de nous, passez chez votre libraire préféré et lisez les deux premières pages, vous ne pourrez plus vous arrêter !
Et allez, on vous offre une citation qui ne vous dévoilera rien : « Un des effets secondaires les plus décourageants de mon incapacité à m'enivrer n'était pas que je subissais ces ragots alors que j'étais sobre, mais que j'allais m'en souvenir le lendemain. L'amnésie était l'un des vrais plaisirs de l'ivresse. […] Chaque matin était un nouveau commencement. J'étais synchrone avec la nature. La mort le soir, la naissance et le renouveau au matin. »
Lien : https://labibliothequedechar..
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D'habitude je suis assez vite repoussée par les livres dont le personnage principal est un sale type - soyons honnêtes, ce sont toujours des types -, et surtout pas lorsque l'auteur met en scène leur saloperies avec une certaine complaisance, comme c'est le cas dans Karoo. À vrai dire, d'habitude je ne les ouvre même pas, l'histoire de la littérature regorge de ce genre d'anti-héros. Il y a bien sûr le style, d'une limpidité aride, qui m'a entraînée. Mais ça ne suffit pas à me berner. Je crois que ce qui m'a plu, ici, c'est que Saul, le pourri en question, très conscient d'être pourri jusqu'à l'os, n'est pas présenté en anti-héros. Il est bien le héros, mais pas du roman. Il est le parfait héros d'un système pourri. Et ce système pourri est ici le milieu du cinéma commercial américain, et par extension le milieu du business du divertissement américain et par extension la classe blanche bourgeoise du capitalisme spectaculaire. Voilà. Ce roman traite du mensonge, à la fois les tous petits et le très grand. Une approche assez similaire à celle de Thomas Bernhard, à mon avis.
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