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3,84

sur 1531 notes
Quel ennui !
Un empilement de scènes tirées en longueur et des dialogues creux. Par exemple le dialogue avec le chauffeur de taxi asthmatique ; ou alors l'amas de détails sur l'assurance santé. Ou alors la lettre du fils mal-aimé, cette lettre me semble fabriquée.


Pourtant, sur les premiers chapitres, j'ai aimé ce narrateur cynique, son humour noir et son autodérision.
Lecture abandonnée après 150 pages, sans états d'âme.


Je tiens à signaler un détail curieux. Karoo, le narrateur cynique, gagne son pain en tant que script doctor : il élague les scénarios des auteurs débutants en leur donnant du mordant, pour le grand bonheur des producteurs rapaces. Eh bien, à mes yeux, Tesich aurait dû commencer par couper dans les longueurs de son propre oeuvre ! D'autant plus qu'il nous explique le mode opératoire.
Découvert en livre sonore. La qualité de l'interprétation n'est pas en cause, elle est sans reproche.
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J'ai découvert ce livre presque par hasard, grâce au petit coeur apposé par le libraire sur la couverture brillante. Heureux hasard car il n'y a pas que la couverture qui est brillante !!
On l'adore, on le déteste, on le prend en pitié, on peut parfois se retrouver en lui parfois, bref, Karoo ne peut laisser personne indifférent. On dévore ce pavé.
Ce Karoo, moults adjectifs peuvent lui convenir même si chaque lecteur peut le voir différemment. Il est arrogant, cynique, méchant, ironique, réaliste, isolé, solitaire, comique, égoïste (voir narcissique), alcoolique, malheureux, riche, doué dans son métier...
L'auteur a parfaitement construit la vie de Karoo, mettant en contraste sa réussite professionnelle et son échec familial. Il amène également des personnages haut en couleur et très bien caricaturés, des reflets cyniques mais réalistes de notre société.
Aucun temps mort tout au long de roman avec ce(s) surprenant(s) personnage(s) avec une fin des plus réussies.
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Une lourdeur dans le style qui m'a presque empêché de continuer au delà de la 200e page... Et puis une intrigue qui se met en place et nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Malgré quelques longueurs et certains passages ennuyeux, cette tragédie est ô combien originale ! le personnage de Karoo est aussi attachant que détestable. A lire donc, sans honte de sauter quelques lignes de temps en temps.
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C'est vrai je suis avare en 5 étoiles mais là il faut dire que ce livre resté trop longtemps dans ma PAL les mérite amplement. C'est bien simple il regroupe tout ce que j'adore dans la littérature américaine. Un personnage misérable mais tourmenté. Un anti-héros névrosé et médiocre dont l'auteur fait de la vie une farce avant de basculer dans la tragédie. J'ai d'abord pensé à Ignatus Reilly de la conjuration des imbéciles en moins cintré néanmoins puis j'ai décelé des éléments me laissant penser au Rabbit de la tétralogie de John Updike... avant que Teisch ne s'impose! Parfois drôle ou ridicule, parfois touchant et finalement émouvant quand notre héros enfin lucide contemplera avec fatalité l'immensité de son propre vide... Un livre à lire et à relire pour mieux le mettre en perspective avec la propre vie et trajectoire de l'auteur et sa quète paternelle entre autre.
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Karoo qui comme Ulysse… ?

Saul Karoo est un "script doctor" talentueux et riche qui excelle à remettre d'aplomb des scenarii bancals.

Karoo est aussi un menteur forcené.
Il ment à sa future ex-femme, à son fils, à ses amis, à ses ennemis…Parfois, il se ment aussi à lui même.
Mais Karoo est un menteur sincère.

Au delà de l'oxymoron, il y a une réalité, car Karoo ment aussi pour faire plaisir. Il passe sa vie à se conformer à l'image que les autres ont de lui : un alcoolique mondain cynique, velléitaire à temps plein…pour les mettre à l'aise.

Pourtant, comme il est aussi terriblement lucide, il souffre, sait qu'il est meilleur au fond de lui et il cherche une rédemption.

L'occasion semble se présenter le jour où on lui confie un chef d'oeuvre incompris qu'on lui demande de remanier.
A cette occasion, il fait une découverte importante issue de son passé, mais en s'improvisant démiurge et en cherchant à réécrire sa vie comme un scenario, sur le point de dire enfin une vérité, il va connaître la chute.

Roman brillant, original, drôle et fort avec un personnage principal auquel on s'attache vraiment. Tout n'est pas parfait sans doute et certains passages sont un peu alanguis. Mais le récit comporte des moments poignants, comme celui de son séjour chez sa mère vieillissante ou encore ce voyage en voiture où Karoo sent que le scenario qu'il a échafaudé ne se réalisera jamais et parle, parle, pour ne pas entendre la vérité qu'il pressent.

Karoo est un Ulysse qui ne parvient pas à retrouver son Ithaque. A la fin de son voyage, alors qu'il pense s'être trouvé, plus personne ne le reconnaît.
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C'est parce que la maison d'éditions Monsieur Toussaint Louverture a eu la bonne idée de rééditer, en édition limitée, le dernier roman de l'écrivain Steve Tesich, que j'ai voulu me faire plaisir. Et plaisirs, il y a eu. Un magnifique livre-objet dans sa pochette cartonnée, une histoire prenante du début à la fin, une très belle écriture, le tout enveloppé d'une magnifique couverture illustrée de Frédéric Bézian, comme les illustrations intérieures représentant des décors en perspective. Vous me direz, que de superlatifs ! Mais réellement, ce livre est le cadeau idéal à se faire ou à offrir.

Karoo. Saul Karoo se raconte. Quel personnage emblématique celui-là ! Il ment comme il respire et même, il ment pour respirer. La cinquantaine bedonnante, en procédure de divorce depuis deux ans, aimant un fils qu'il refuse pourtant de voir, alcoolique sans jamais parvenir à être ivre, Karoo réécrit des scénarios de films.

Nous sommes en 1990 et nous le suivons dans les grandes villes des Etats-Unis, comme dans les cinq parties du livre. Ecrivaillon de scénarios, comme il se définit, chaque film est pourtant une réussite commerciale. L'origine de leur succès vient également du producteur, Cromwell, personnage élégant, qui cultive autant son apparence et ses relations que sa soif de pouvoir sans limite. Mensonges et perversions unissent ces deux protagonistes.

La relation que Karoo entretient avec son épouse Dianah est tout aussi ambiguë. Dianah se lâche et l'insulte sans cesse, tout en gardant un air protecteur, il en rit et laisse faire, voulant lui laisser ce plaisir. Quant à leur fils adoptif, Billy, il se cramponne à l'idée de passer du temps seul à seul avec son père. Jusqu'au jour où une fameuse enveloppe jaune arrive dans les mains de Karoo, avec une proposition de réécrire le chef d'oeuvre d'un grand du cinéma, où y apparaît une serveuse de restaurant au rire inoubliable.

La vie de Karoo aura été une tragi-comédie. Voulant complaire à tous et le mensonge en entraînant un autre, il n'occasionne que rancoeur et sa vie ne sera qu'un imbroglio d'erreurs. Malgré tous les aspects négatifs de la personnalité de chacun, je n'ai pu en détester aucun. Ils sont tellement humains avec leurs mauvais et leurs bons côtés. La psychologie des personnages est extrêmement fouillée, sans que ce soit rébarbatif, bien au contraire. On plonge dans leur vie autant que dans les coulisses du cinéma.
Une lecture intéressante, jubilatoire, avec des scènes d'une grande intensité, comme celle fort humoristique de la visite médicale, et celle très triste des appels téléphoniques dans les cabines de Manhattan.

Je ne connaissais pas l'auteur. Karoo est le dernier roman de Steve Tesich, paru deux ans après sa mort survenue en 1996. Romancier et dramaturge, il a également été scénariste d'un premier film « La Bande des quatre », dont le succès lui a ouvert les portes d'Hollywood… C'est pour ça qu'il en parle si bien.
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Saul Karoo est bien étrange : insensible à l'alcool alors qu'il voudrait tellement être ivre, fermé et malgré tout plein d'humour, aimant son fils mais ne supportant pas le voir en tête à tête, détestant l'homme qui lui procure son travail mais lui passant ses quatre volontés…J'arrête ici, je ne veux pas dévoiler cette histoire sidérante.

Ce type bourré de contradictions nous mène en bateau pendant 592 pages. En tout cas, moi, malgré son air cynique aux yeux de tous, je l'ai trouvé attendrissant, surtout face à sa harpie d'ex-femme.
J'ai adoré suivre sa vie dans ses méandres les plus tortueux : car quand le producteur de cinéma (qu'il déteste, n'oublions pas) lui propose un travail crapuleux, il va tomber sur des écueils de taille, à commencer par l'amour.

On a comparé Steve Tesich à Philippe Roth, je vais lire Philippe Roth.
J'ai été plongée au coeur de l'Amérique, de ses faux-semblants, de son hypocrise et de ses mensonges.
Steve Tesich n'est pas tendre avec ses contemporains, non. Et pourtant, j'ai l'impression qu'il les aime, quand même.

Vous ne me croyez pas ? Eh bien lisez ce roman éblouissant, jusqu'à la dernière ligne.
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C'est un ovni littéraire, un livre qu'il est difficile de classer et qui m'a demandé un peu de temps à digérer après avoir tourné les dernières pages.
Saul est un personnage haut en couleurs et rempli de contradictions malgré l'image que les autres perçoivent de lui. Dianah en revanche est un personnage que j'ai très vite pris en grippe par sa suffisance et sa condescendance. Elle est insupportable ! Billy et Leila sont deux personnages que j'ai apprécié plus pour ce qu'ils apportent à l'histoire que pour leur personnalité elle-même.
Chaque partie installe un peu plus l'histoire. Si, pour la 1re, on reste sur du “contemplatif”, on voit très vite où l'on va avec la 2e. Les 3e et 4e parties qui développent la tension et la 5e qui “cloue” le spectacle. Si j'ai senti la tension monter et que la 5e partie est prévisible, la chute finale m'a laissée très perplexe !
C'est un livre incroyable sur la profondeur psychologique de ce personnage si ambivalent mais qui pèche un peu sur sa fin sortie de nulle part !
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Dès le début du livre, j'ai eu en tête la critique au dos du roman d'Italo Svevo « La conscience de Zeno » : « C'est une réussite incroyable. Il n'en existe pas quatre de cet acabit par siècle ». Par siècle ! C'est là bien exagéré. « Par décennie » serait plus approprié. Mais cette exagération n'est pas déplacée, car elle témoigne de l'enthousiasme suscité par la lecture du livre, de la fascination qu'il a exercé sur vous, jouant avec vos émotions, les avivant pour mieux en faire naître d'autres, tantôt la gaieté tantôt la crispation, la douleur même que vous partagez avec l'auteur parce que qui est décrit y est trop bien décrit pour ne pas avoir été vécu. Oui, 4 par siècle c'est exagéré mais ça rend bien compte de votre sentiment de tenir un chef d'oeuvre dans vos mains.

Et bien, avec Karoo, c'est exactement ça. Dès les premières pages, le lecteur se trouve emporté par le rythme de l'auteur. Comme sur des rapides, il ne maîtrise plus rien. le voilà emmené par le flot fougueux de phrases courtes et percutantes, cyniques et drôles, envoyé à droite puis à gauche, tantôt émerveillé par tant de maestria, tantôt amusé par les velléités du héros, tantôt irrité par son égoïsme, sa suffisance et, malgré tout, son implacable lucidité, tantôt tendu, soucieux, grave, peiné même, devant le réalisme, l'intensité de scènes d'une méchanceté inouïe ou de la souffrance de Saul Karoo, puni alors qu'il tentait d'être bon (ô cette crise lors du huis clos dans la voiture près de Pittsburgh !). Et, ainsi bringuebalé, le lecteur tourne, tourne les pages, sourire aux lèvres ou sourcils froncés, entièrement plongé dans l'univers de Saul Karoo, rewriter de scénarios reconnu par ces pairs, (« Doc » Karoo, qu'on imaginerait aisément en Dany de Vito, acerbe et jouisseur), et de ses pensées amères.

Karoo est un roman fort, intemporel, avec une histoire originale et terrible. le style très personnel de l'auteur – ces phrases sèches (mais qui n'excluent pas des notes de couleur, des images surprenantes et justes), ce débit rapide, ces répétitions comme un jeu de baguettes sur des cymbales ou une caisse claire – lui confère un ton unique. Steve Tesich a disparu peu avant la parution du livre. Une perte pour la littérature.
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Qui est, en définitive, Saul Karoo ?

Est-il la représentation du dernier stade en date de l'évolution humaine ? Stade auquel l'individu, soumis aux diktats d'une société de l'image et de la réussite sociale, aurait annihilé en lui toute faiblesse sentimentale, toute propension à l'émotion ?
Est-il la victime d'un environnement que la combinaison des éléments (familiaux, sociaux, professionnels) aurait rendu émotionnellement déficient ?

La seule certitude, c'est que Karoo est malade. Malade parce qu'il a un vide en lui, qui finit par le dévorer... le roman de Steve Tesich est en quelque sorte le récit d'un homme qui, parti en quête de ses profondeurs, en est revenu bredouille, et ne l'a pas supporté !

A première vue, tout va bien, pourtant, pour ce quadragénaire américain installé dans un somptueux appartement New-Yorkais. Cet écrivaillon sans talent a fait fortune et s'est rendu célèbre dans la réécriture de scenarii pour le cinéma. Il transforme en succès commerciaux les oeuvres soumises à sa plume. Son patron lui fait totalement confiance. Il ne s'est jamais aussi bien entendu avec sa femme que depuis qu'ils se sont séparés, et qu'ils n'en finissent pas de discuter les termes de leur divorce. Son fils adoptif, Billy, jeune homme beau et intelligent, l'adore.
Certes, ses proches le considèrent comme un menteur aux vaines promesses... Il est cynique, de mauvaise foi, et c'est de surcroît un alcoolique notoire. Et puis il est affligé d'une sorte de répulsion envers l'intimité qui l'empêche d'avoir des rapports profonds et sincères avec ses proches, notamment avec son fils.
Mais Karoo semble accepter avec philosophie cette image de lui, dont il joue d'ailleurs lui-même, avec une désinvolture étudiée. C'est en effet tellement plus facile, plus confortable, de se conformer à l'image que les autres ont de vous, et que vous avez d'ailleurs contribué à construire. Cela dispense des remises en questions...

Et puis arrive un jour où l'alcool n'a plus aucun effet sur lui, quelle que soit la quantité absorbée. Mais il continue de simuler l'ébriété. Il réalise qu'il a pris du poids, que ses cheveux sont ternes et son teint terreux. Mais il fait celui qui n'en n'a cure.
Et puis arrive un jour où un problème de conscience se pose à lui, lorsqu'on lui demande de remanier le film d'un talentueux cinéaste sur le point de mourir, qui s'avère être un chef-d'oeuvre. Mais sa conscience va rapidement se taire : par habitude, par confort, toujours, il choisit de faire ce que l'on attend de lui. Pourtant, c'est un élément de ce film qui va lui donner, croit-il, l'occasion de faire enfin quelque chose d'utile et d'altruiste. Mais cette occasion ne va faire qu'accélérer sa chute...

"Karoo" est une farce, mais une farce sinistre, désespérée, teintée de cet humour que l'on utilise pour sauver la face, alors qu'on sait pertinemment que tout va mal.
C'est l'épopée tragicomique d'un homme qui semble pris d'une abyssale terreur de vivre. Pas de vivre au sens commun du terme, mais au sens d'exister. Saul est incapable d'être en accord, en paix avec lui-même, car il ne sait pas qui il est. A force de jouer un personnage, il l'est devenu. Il n'est quasiment plus qu'une sorte d'enveloppe vide, qui dissimule son vague malaise intérieur derrière des masques conformes à ce que les autres voient en lui. Son incapacité à supporter l'intimité avec autrui s'étend aussi à lui-même.
Il a beau être conscient de certains de ses défauts, il met en place des barrières de mauvaise foi et de bonne conscience pour se dédouaner, évitant ainsi de devoir y remédier.

Ce mélange de lucidité et de complaisance est bien à l'image de la société dans laquelle il évolue, où l'individu ne sait plus que se donner en représentation. Il perd de vue l'essentiel (la spontanéité, la sincérité), et finit par se perdre lui-même.
C'est, bien sûr, glaçant, mais "Karoo" est aussi un roman réjouissant, grâce à l'écriture enlevée, percutante, de Steve Kesich, et à l'humour qu'il y distille, même si c'est un humour... noir !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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