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« A l'esprit dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs. »

Lorsque Sylvain Tesson s'exprime, que ce soit par écrit ou oralement, je me transforme en statue. Je n'ai strictement rien à dire. Je l'écoute béatement. Je le lis attentivement, religieusement .C'est la raison qui m'a poussée à le citer abondamment .Je ne sais pas mieux faire.

Cet homme aux connaissances nombreuses précises et variées, ce voyageur infatigable, ce funambule, cet amateur de situations extrêmes et parfois extrêmement risquées semble aller chercher tellement loin ses ressentis, ses émotions qu'il me semble superflu d'ajouter ma patte.

Sylvain Tesson et Notre-Dame de Paris ont vécu des heures et des heures dans la plus stricte intimité. Ils se connaissent. Ils s'apprécient. Mieux ils s'aiment. Cet ouvrage donne vie à la cathédrale. Elle semble le confirmer.

L'auteur qui de sa fenêtre plongeait directement sur la cathédrale se souvient de « ses pitreries » lorsqu'étudiant il s'amusait à escalader cette fameuse flèche. En 2014 il est tombé d'un toit et ce grave accident a nécessité patience courage, espoir et volonté.
C'est en montant tous les jours l'escalier étroit en colimaçon qui permet d'acceder aux tours de Notre Dame que Sylvain Tesson a choisi d'effectuer sa rééducation. Il disait alors qu'il ressemblait à une gargouille. Il dit aussi devoir sa vie à Notre-Dame.

Très attaché à ce monument, à ce « vaisseau de pierre », il lui semblait sans doute évident de publier un livre (7euros) dont les bénéfices seront reversés à la Fondation du Patrimoine. La cathédrale lui a sauvé la vie, il fait ce qu'il sait si bien faire. Il écrit, il l'évoque, il l'a met à l'honneur. Il lui rend hommage. Il aide à sa reconstruction en vendant ses livres comme elle l'a aidé à la sienne en lui offrant son escalier.

La cathédrale sera sauvée. Aussi. Sa remise en état demandera beaucoup de temps de patience, de courage, d'espoir et de volonté (s). Aussi. L'histoire d'un homme intimement mêlée à l'histoire d'un édifice. Notre Dame de Paris Ô reine de douleur. C'est cette histoire que Sylvain Tesson est venu nous raconter.
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Dans un ouvrage précédent, Une très légère oscillation, Sylvain Tesson avait nommé Notre-Dame de Paris : Notre-Dame du bon secours. Il évoquait déjà ses folles escapades jusqu'au beffroi, jusqu'aux gargouilles, jusqu'à la flèche. C'était celle qui l'avait aidé plus tard en 2015 à se relever, lorsqu'il avait fait une chute terrible d'un toit, accident qui aurait pu lui être fatal, lui cabossé tel un Quasimodo bourlingueur, agité d'azur, assoiffé de vertige, ivre de toits et d'espace. C'est dans l'ascension de ses quatre cent-cinquante marches qu'il avait alors entrepris sa lente rééducation, Notre-Dame de Paris l'avait aidé à se reconstruire, à se redresser dans cette obsession de la verticalité, se donnant un rendez-vous rituel avec ses tours. C'est beau un homme qui se relève.
Par solidarité, la disgrâce des gargouilles semblait alors le consoler peu à peu.
Il a fallu qu'un certain 15 avril 2019, la belle dame brûle pour que des millions de gens soit tristes, sidérés, pour que Sylvain Tesson se rappelle à la gratitude du bel édifice et publie ce livre intitulé Notre-Dame de Paris Ô reine de douleur, composé de trois textes, dont un écrit le soir même du grand brasier.
Comme il le dit, avec toujours un brin de détachement et d'ironie, ce petit livre permettra peut-être d'« apporter sa pierre à la restauration de l'édifice ».
Sylvain Tesson dit son amour et sa douleur, comme évoquant presque une compagne meurtrie.
Chacun de nous se rappelle sans doute avec précision ce qu'il faisait, où il était ce soir-là, apprenant la nouvelle sidérante. Je n'étais pas très loin de Paris, à Bray-et-Lû, en vacances dans un vieux moulin restauré datant du dix-huitième siècle, sans le moindre poste de télévision, dans l'impossibilité de capter la moindre connexion internet dans cet endroit de campagne. Durant l'après-midi, nous avions admiré les très beaux jardins de Monet, à Giverny. Ce n'est que le lendemain que nous avons appris la nouvelle par la radio de la voiture. Les images sont venues après...
Le temps des cathédrales n'est pas le temps humain. Il n'est pas le temps présidentiel, ni le temps olympique. Encore moins le temps des réseaux sociaux, immédiat et futile. Cela, Sylvain Tesson nous le rappelle ici encore comme dans tant de ses livres, un peu comme une litanie et nous ramène, que l'on soit petit ou grand, à l'humilité.
Entre le ciel et la terre, se dresse ce roman de pierre et de bois, de huit cent cinquante-six ans d'âge. Tout comme Sylvain Tesson, je ne crois pas en Dieu, mais j'aime entrer dans les chapelles, les églises et les cathédrales. Tout juste agnostique, je suis épris d'un doute à la fois joyeux et terrible, croyant peut-être encore à des forces invisibles, mystérieuses. Et c'est follement grisant !
D'où me vient alors ce goût qui me pousse à franchir les portes de ces édifices religieux ? Le même sans doute qui me pousse à entrer dans une forêt, ou à regarder l'océan durant des heures. Rien d'autre que cela, loin du bruit dérisoire du monde.
Les cathédrales sont des îles perdues au milieu des jungles urbaines.
A l'instar du peuple de Paris, éphémère et grouillant que nous faisait découvrir Victor Hugo, - la fameuse Cour des Miracles au pied de ce royaume gothique -, ici Sylvain Tesson évoque sa passion de toujours qu'il a longtemps partagée avec des amis ou des inconnus, ces grimpeurs de la nuit, escaladeurs de toits, de corniches et de gargouilles, funambule des gouttières et des faîtages, princes des chats... J'ai découvert un mot que je ne connaissais pas : la stégophilie, l'amour des toitures.
C'est une ode liturgique au vertige, ce sont des instants magiques au bord de l'équilibre précaire, que nous livre ici l'auteur.
Tiens, comme c'est étrange, Sylvain Tesson m'apprend aussi qu'on nomme forêt la charpente de Notre-Dame de Paris.
Une cathédrale brûle, des forêts brûlent... Est-ce que cela produit le même chagrin ?
Sylvain Tesson nous dit l'humilité qu'il y a derrière la construction de cet ouvrage. Qui saurait dire un nom qui se dresse derrière cette œuvre d'art ? Ou même dix noms d'artisans... Bien sûr il y a la fameuse flèche dessinée par Viollet-le-Duc. Non, c'est une communauté grouillante de compagnons comme une fourmilière qui a œuvré ensemble, d'une seule et même voix harmonieuse, à la construction de l'édifice.
Dans le bruit dérisoire du monde, Sylvain Tesson nous rappelle que les cathédrales sont plus grandes que nous, elles nous permettent peut-être de faire ce pas de côté, que ce soit sur les parvis, sous les ogives, sur l'arête des coursives, en équilibre, que l'on soit croyants ou non-croyants.
Brusquement, au détour d'une page, le tourbillon d'un vol de pigeons autour du beffroi sud saisit notre regard. Ici un buisson pousse au pied de la flèche, la vie faite de lichen, de lierres, d'herbes folles et de mousse, s'incruste dans les interstices de la pierre, comme la préfiguration d'un règne végétal prêt à reconquérir le monde et la cité en premier.
C'est un sentiment éperdu de liberté.
Comme c'est beau sous la plume de Sylvain Tesson ! Nous sommes presque aux confins de la terre, au bord d'une autre terre, aux confins de nos rêves, à quelques battements d'ailes de ce que nous sommes peut-être réellement et que nous avons perdu quelque part en chemin...
J'aime les auteurs qui me rappellent cela, qu'ils soient anciens ou contemporains.
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Lire ces textes magnifiques de Sylvain Tesson deux ans après l'incendie de Notre-Dame de Paris est une sorte de réconfort car il trouve les mots justes pour faire partager son vécu, sa philosophie de croyance personnelle, son agacement devant cette "triste laïcité qui refuse toute autre chose qu'elle-même".

En trois courts textes, il présente sa relation aux cathédrales et aux mystères de la chrétienté, toujours avec cette écriture parfaite, cette peine qu'il ressent devant la dévastation de cette cathédrale qu'il aime et vénère pour l'avoir admirée depuis les quais de Seine, parcourue au fil des gargouilles et des arêtes de zinc, s'être hissé au sommet de cette flèche et avoir visité la "forêt", aujourd'hui anéantie. Ainsi, sur "l'océan de notre immense peine", il aborde la nécessité de fixer notre regard, de déchiffrer le message pouvant être transmis par cet effondrement. J'aime bien qu'il ait pensé à citer les voix des "indignés permanents" qui refusent l'émotion générée par cette destruction.

Son premier texte, "Sur les vaisseaux de pierre", développe toutes les ascensions qu'il a réalisées, hors montagne, sur de très nombreuses églises de France. Que ce soit au Mont Saint-Michel, à Strasbourg, Sées ou Chartres, et bien sûr des dizaines de fois à Notre-Dame, il a effectué toutes ces escalades interdites sans jamais rien détériorer, en flirtant avec les gargouilles et les cloches. Il donne également quelques détails savoureux sur toutes ses escalades urbaines, se risquant même à une cotation des difficultés comme en alpinisme. On monte très haut avec Sylvain et, s'il a fait une chute, son lecteur, lui, ne peut tomber dans la déception ou l'indifférence car il le porte vers les sommets.

Ensuite, un petit texte sur sa rééducation après l'accident, sans kinésithérapie, mais en montant tous les jours les 450 marches de la tour sud. Et là, c'est l'émerveillement devant l'invisible, ce que l'on ne regarde pas assez de chez soi. Ainsi, on peut respirer avec lui l'odeur de la pierre, proche de celle des grottes karstiques des calanques de Cassis. On peut admirer le spectacle de Paris, compter les clochers, les flèches, trouver nos racines, rencontrer Quasimodo ou mieux, Esmeralda, parmi les gardiennes.

Et enfin, cette douleur du 15 avril 2019 avec l'effondrement de cette flèche, les souvenirs de Sylvain qui la regardait chaque matin -- je fais la même chose lorsque je suis dans ma ville natale, touchant presque de mes fenêtres la dentelle du gothique flamboyant à 87 mètres de hauteur -- donc ses souvenirs mais aussi son scepticisme à l'encontre du christianisme, ce qu'il appelle sa conversion, sa réflexion sur le sens de cet effondrement, sur ce glas de Notre-Dame qui sonna après l'attentat de Charlie Hebdo.

Et une très belle conclusion sur nos attitudes pour l'avenir au point de se demander si "la flèche a bien fait de se retirer".





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"Une cathédrale est un instrument de musique. Mais aussi une arme de jet, un arc qui bande sa flèche vers le ciel. Les cathédrales escaladent le ciel. Nous escaladions les cathédrales". (p. 37)

Un ouvrage que je souhaitais acquérir par intérêt pour la plume de Sylvain Tesson, mais aussi pour apporter une très, très modeste participation pour le Patrimoine et la restauration de Notre-Dame !

Et un concours de circonstances m'a fait l'acquérir... Je raccompagnais ce dimanche 6 octobre 2019..une petite cousine à la gare, nous traversions le pont d'Austerlitz... Je la vois subitement s'arrêter et me demander si au loin c'est bien la Cathédrale Notre-Dame... avec une émotion des plus palpables... je l'ai laissée au train, ai été fouiner à la librairie de la gare, suis tombée sur le texte de Sylvain Tesson; je lui ai choisi, l'ai lu, et lui ai aussitôt expédié.

Ce petit volume, qui est en réalité constitué de la réunion de textes déjà publiés dans "Petit traité sur l'immensité du monde" et "Une très légère oscillation", ainsi que le dernier récit "ô reine de douleur", publié une première fois dans l'hebdomadaire, "Le point"...

Lignes émotionnellement très fortes...en sus de la tragédie du feu qui a frappé la sublime cathédrale, immortalisée par le grand Victor Hugo...Sylvain Tesson habite tout près du monument...elle représente infiniment pour l'écrivain... qui l'a escaladé... puis le vénérable vaisseau de pierre l'a sauvé... puisqu' après son accident, en 2014, ses escaliers furent le terrain béni de sa rééducation, l'ont aidé à guérir et l'ont ainsi sauvé une nouvelle fois ...! !

"Le deuxième texte raconte comment la cathédrale m'a sauvé. Après une chute très grave, j'étais allé me ressourcer dans la beauté de Notre-Dame, gravissant les escaliers des tours pour commencer ma rééducation. Notre-Dame m'avait relevé, moi qui m'amusait jadis sur ses gargouilles. (p. 21)"
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Ce petit livre rassemble quatre courts textes de Sylvain Tesson, dont un inédit, et les bénéfices iront intégralement à la restauration de la cathédrale Notre-Dame et à celle du patrimoine.
Deux bonnes raisons pour moi d'acheter l'ouvrage :
1) l'idée de contribuer, même très modestement, à la réhabilitation de notre patrimoine me plaît.
2) j'aime Sylvain Tesson dont j'ai suivi de nombreuses interventions télévisées, mais n'ai encore jamais rien lu de lui, c'est donc l'occasion idéale de le découvrir.
15 avril 2019, Notre-Dame de Paris brûle.
Je suis certaine que vous n'avez pas oublié ce que vous étiez en train de faire lorsque vous avez appris la nouvelle et vu les terribles images.
La sidération qui s'est emparée de vous.
Comme vous, comme moi, comme des millions de Français et d'étrangers, Sylvain Tesson a été ébranlé quand il a vu la cathédrale en flammes, puis lorsque la flèche s'est effondrée.
En vérité, pas tout à fait : Sylvain Tesson a été bien plus fortement touché que beaucoup d'autres.
Parce que Notre-Dame représente quelque chose de très spécial pour lui.
Il habite tout près du célèbre monument, et celui-ci a joué un rôle capital après son accident de 2014 qui l'a laissé lourdement handicapé.
En 2015, il a raconté sa façon très particulière de conduire sa rééducation : en montant chaque jour tout en haut de l'édifice. Il a décrit les difficultés des premières ascensions, les efforts, les progrès, les joies, et son attachement grandissant pour le monument qu'il connaît intimement.
Ce court récit, le troisième du livre, m'a émue, parce que l'auteur s'y montre sans fard. Il expose ses faiblesses, et ne craint pas de se montrer faillible.
Sylvain Tesson ne pouvait pas rester muer face au drame qui a frappé Notre-Dame.
Dans la nuit qui suit l'incendie, il rédige un article pour un hebdomadaire. Titrées "Ô reine de Douleur", ces lignes écrites à chaud le sont avec le coeur et les tripes. Avec spontanéité et lyrisme.
Elles sont fortes, elles sont belles. Elles me touchent. Elles constituent la dernière partie du livre.
La vision de Sylvain Tesson fait du bien, et dans notre monde bien laid, la beauté de ce qu'il écrit apporte un peu de lumière.
Je ne peux que vous recommander cet ouvrage : vous ferez un petit geste pour notre patrimoine, et profiterez d'un court mais très bon moment de lecture.
Je ne compte pas en rester là avec cet auteur, ce petit aperçu m'a donné terriblement envie de lire ses romans.
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Un homme atypique, écrivain et toitophile singulier rend un vibrant hommage à une très vieille dame saluée et connue dans le monde entier : la cathédrale Notre Dame de Paris. Sylvain Tesson l'a côtoyé de près, elle l'a même aidée à sa reconstruction personnelle après un accident qui lui a imposé de la rééducation...il continue de la fréquenter, admirateur inconditionnel, une relation presque charnelle s'instaure avec ce monument. Il compare son visage déformé aux gargouilles qu'il croisent là-haut au sommet de la flèche , là où l'on domine tout Paris...
Texte émouvant empreint de lucidité et d'un amour particulier qui le lie à cet édifice emblématique. La plume et la sensibilité de Sylvain Tesson sont toujours au rendez-vous. le témoignage sincère d'un homme passionnément attaché à son histoire.
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Sylvain Tesson et les éditions Equateurs (présentes en préface) ont eu l'excellente idée de réunir trois textes de l'auteur globe-trotter dans un petit livre de 96 pages, en hommage à Notre Dame universelle*.

La grandiose cathédrale et « l'Homme pressé» sont mis en miroir dans un parallèle de reconstruction et de persévérance, d'ode à la vie et à l'espoir.

Du monte-en-l'air équilibriste sur les plus hauts toits de Paris (ou d'ailleurs) pour la beauté de l'exploit, à l'homme accidenté qui rééduque un corps fracassé en grimpant chaque jour les escaliers à vis des tours, jusqu' au spectateur de la tragédie du grand incendie, Sylvain Tesson nous incite à savoir regarder, à prendre le temps d'admirer, à chercher les âmes du passé dans les pierres et les gargouilles, à retrouver nos racines chrétiennes de société, indépendamment de la spiritualité.
Un retour à l'essentiel pour prendre du recul et savoir se déconnecter.

L'écriture est toujours un bonheur, support d'un regard très personnel sur notre temps qu'il raconte avec son savant mélange de bons mots, d'élégantes formulations et d'érudition.
Je conseille vivement.


*les bénéfices de cette édition participent à la reconstruction de la cathédrale
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"...Ô Reine de douleur"...Athées ou croyants, rares sans doute, sont ceux qui sont restés insensibles à la destruction d'une partie de Notre-Dame de Paris.
La douleur de voir partir en fumée une flèche, une charpente cette forêt "mikado de châtaigniers" comme le rappelle Sylvain tesson, réalisée sans un clou, sans une cheville...douleur de voir une oeuvre d'art détruite à jamais. Peut-être à cause d'une négligence. On est en droit de s'interroger !
4 petits textes pour nous faire partager sa peine et ses souvenirs, des souvenirs de bonheurs.
Certains événements resteront gravés à jamais dans nos mémoires...Chacun se souvient de ce qu'il faisait quand il apprit la destruction des Twin-Towers à New-York, chacun saura dire "Quand Notre-Dame de Paris a brûlé, je faisais...ou j'étais..."...l'impensable restera à jamais inscrit dans un coin de notre tête.
"Ce feu dévorant est aussi un jugement sur ce que nous faisons de nos vieilles pierres : nous les abandonnons comme les personnes âgées en ce siècle XXI. Misérables que nous sommes"...Que rajouter ? Un point de vue de Sylvain Tesson en début d'ouvrage sans doute partagé par nombre d'entre nous.
J'ai été élevé dans cette foi catholique. Je suis maintenant devenu un "dubitatif profond", et au fil des ans, de plus en plus profond. Je ne me souviens plus qui employa ces mots, Desproges je crois, mais j'ai conservé les valeurs d'humanité, les valeurs d'écoute des autres qui me furent inculquées, des valeurs d'attachement et d'intérêt pour le travail et la peine d'autrui.
Né d'un père artisan menuisier, j'ai un attachement tout particulier pour le bois, pour ces escaliers biscornus, pour ces fenêtres que mon père réalisait en réfection de monuments anciens et historiques pour certains. Les fenêtres industrielles étaient encore inconnues !
C'est sans doute pourquoi cette nuit du 15 avril fut une nuit blanche, une nuit ou j'ai pleuré. Certaines émotions sont impossibles à retenir. Surtout quand elles vous renvoient à d'autres émotions personnelles.
Des hommes bâtirent, générations après générations, Notre-Dame et toutes ces cathédrales, mûs par un idéal et une foi, bien plus forts que nos engins modernes hydrauliques. Ils nous renvoient d'une certaine façon à une certaine forme de notre faiblesse, à la superficialité de notre siècle...à la vitesse qui guide notre vie, aux cinq ans qu'il faudra pour réparer...le temps seule valeur en réponse à ce drame. Ne parlons pas des capitaux...
Cinq ans qui sans doute verront s'affronter bien des conceptions techniques sorties comme autant de projets de nos ordinateurs...de nos logiciels experts.
"Ce bluff technologique" mots repris par Sylvain Tesson à Jacques Ellul.
Ce petit livre est avant tout un livre d'amour de Sylvain Tesson pour Notre-Dame...Et comme tout bon livre d'amour il évite toute niaiserie, toute superficialité. Blessé par une chute il eut la possibilité de se reconstruire et se rééduquer en montant au petit matin, avec autorisation et laisser-passer, chaque jour, les 450 marches des tours de la cathédrale...Il découvrit également avec d'autres ses toitures et gargouilles en escaladant le toit de plomb "Grimper sur le dos d'une cathédrale, c'est avancer dans une terra encore un peu incognita"...écrira-t-il!
Lui, le grand voyageur nous fait partager ses émotions face à un inconnu que nous n'approcherons jamais, des émotions comparables à celles qu'il connues quand il partit en Mongolie, en Sibérie.
Un petit livre, avant tout d'émotions et d'informations également, sur cette cathédrale, sa conception, sa toiture, ses gargouilles....toutes choses que nous ne pouvions contempler que de loin, que nous ne pouvons pas connaître depuis le plancher des vaches que nous arpentons... Et que jamais plus personne ne verra non plus.
7 € de papier, quelques heures de lecture, 7 € dont les bénéfices iront à cette reconstruction. Une goutte d'eau sans doute, mais indubitablement, un signe fort d'intérêt et de passion pour ces vieilles pierres, pour notre passé, pour le travail effectué par ces anonymes il y a plusieurs siècles.
"Peut-être un peuple va-t-il se porter au chevet de sa reine ? Peut-être va-t-il se souvenir qu'il n'est pas né hier ? Mais peut-être rien ne changera-t-il et continuerons-nous à nous espionner les uns les autres, à nous haïr, à nous conspuer. Alors, on se dira que la flèche a bien fait de se retirer."

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Les éditions Équateurs s'associent à l'auteur Sylvain Tesson pour rendre un hommage mérité à l'édifice de Notre-Dame de Paris dont la charpente, la forêt ont été victimes des flammes le 15 avril dernier, par négligence, il semblerait...C'est assez effrayant de réaliser que nous sommes aujourd'hui incapables d'assurer rénovation et conservation d'un tel patrimoine.
Colère, tristesse, résignation...
Sylvain Tesson avait déjà mis, avant l'incendie, des mots sur l'amour qu'il porte à cet emblématique monument, il nous les offre, ici, dans ce recueil ainsi qu'un inédit nous en expliquant les raisons. Ces raisons ne sont qu'amour et poésie. Un corps à corps salvateur, inspirant, ressourçant.
Une ascension pour prendre de la hauteur, renouer avec l'intime, avec le vrai, avec le pur.

Des mots vibrants d'émotion pour nous conter l'effroi, l'effondrement d'une vie, l'immense peine, l'espoir.
Belle initiative, maigre contribution. Elles rejoignent celle de Ken Follet. Des mots pour réparer les maux.
Merci Anne, un grand merci. Lu et contribué grâce à toi.
« On découvre trop tard ce qu'on a sous les yeux. La vie passe, on ne remarque pas l'évidence. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Edité à la suite de l'incendie de Notre-Dame de Paris, ce recueil rassemble 3 textes rédigés par Sylvain Tesson dont un original. Les bénéfices des ventes seront reversés à la Fondation du Patrimoine.
L'écrivain voyageur, voisin et fou de Notre-Dame, dit dans son premier article sa passion pour ses escalades nocturnes et illicites. Quelle jouissance d'avoir les gargouilles pour soi, découvrir la vie animale de la cathédrale alors que la foule des visiteurs a déserté le navire !
Dans le second texte, Notre-Dame devient l'outil de reconstruction d'un homme alors brisé en mille morceaux par la chute d'un toit. Durant sa convalescence, Sylvain Tesson escaladera les centaines de marches d'une de ses tours en lieu et place de kinésithérapie. Notre-Dame, comme support de douleur et de résurrection ! Enfin, le dernier écrit laisse libre court à la stupeur, l'effroi face à l'incendie. Il évoque également les souvenirs heureux et les moments passés à jamais perdus dans un bâtiment parti en fumée.
Pour agaçant que le personnage puisse parfois être, la plume de Tesson est ici particulièrement lyrique et poétique. Elle donne envie de se transformer en lutin pour sautiller sur les hauteurs de Notre-Dame.
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