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sur 2958 notes
Je suis déçu de ce livre, qui pourtant me paraissait racoleur. La traversé s'est faite au pas de course. On passe du massif central au bocage en vingt pages. L'histoire est racontée comme un recueil d'anecdotes, de pensées, de réflexions. Et même si j'admire la prouesse, il m'a laissé sur ma faim.
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En écoutant Sylvain Tesson dans son intervention lors de l'émission de la Grande librairie, je me suis fait une fête d'apprendre la parution de son dernier ouvrage : Sur les chemins noirs. D'une part il y évoquait, une fois n'est pas coutume de sa part, un périple en notre hexagone. D'autre part, et plus attendu par moi, il nous promettait un ouvrage d'exploration tant de ce qui subsiste de sentiers pittoresques en notre campagne profonde - à son grand regret revue et corrigée par le remembrement et l'urbanisation débridée - que l'exploration de ses chemins intérieurs. J'escomptais alors quelque introspection philosophique intimiste de la part de qui, après un accident dont les séquelles visibles ne sont certainement pas les plus traumatisantes, avait entraperçu l'éblouissement de la nuit éternelle.

Mais les chemins noirs sont restés obscurs. Ô pudeur quand tu nous tiens ! L'homme est resté aussi impénétrable que les ronciers qui lui ont barré la route. Vivre est-il une joie ou une souffrance pour ce boulimique du temps et de l'espace, je ne saurai le dire. Il ne sait que trop bien se dissimuler derrière son formidable sens de la formule et les confidences attendues le sont restées. le périple intérieur s'est transformé en un inventaire des balafres infligées au temple sacré de la Nature. Une profanation pour qui ne cherche pas son dieu dans la voute céleste mais dans les replis de la terre. Car lorsqu'on parle de nature avec Sylvain Tesson, il faut y mettre un N majuscule. "Il avait Dieu, je me contentais du monde". Fallait-il qu'il aille le saluer ce dieu végétal et minéral, audible et respirable, le remercier du sursis consenti après cette chute qui aurait dû le tuer.

La France en diagonale ne vaut que 150 pages. Et la qualité n'a pas compensé la quantité. Après un stress hydrique de plusieurs mois pour ce cep suceur de cailloux, on espérait une concentration en sucres, littéraires ceux-là. Mais il a fallu recourir à la chaptalisation, et là ça été l'overdose. Cela donne un ouvrage sans chaleur, le distillat d'un esprit ensauvagé contraint à une course grimaçante dans des espaces domestiqués. Une convalescence de rouleau compresseur opiniâtre qui refuse de se laisser dicter sa conduite par une colonne vertébrale brochée.

L'instinct de conservation est quand même là. Il écoute les recommandations de la faculté de médecine au point de préférer le viandox à la bière ou à la vodka. La frustration est palpable. Cela présage de l'attente fébrile d'un autre départ dans les épaisseurs de la taÏga ou autre aridité à dos de chameau. du sérieux que diable !

Voilà un ouvrage hexagonal qui témoigne aux yeux de son auteur de la place de notre vieux pays, lifté comme une vieille actrice de cinéma, dans le concert des nations. Cela reste quand même une formidable répartie de bout de plume dans lequel les rencontres humaines ne servent malheureusement qu'à la relance de l'inspiration pour la chaîne de montage des bons-mots.

La convalescence, certes active, du corps a été à mes yeux aussi celle de l'inspiration pour cet auteur qui m'avait séduit sur les traces des grognards de Napoléon ou dans la cabane au bord du lac Baïkal. A moins que ce ne soit notre pays qui n'inspire plus ?
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Autant j'ai adoré "Dans les forêts de Sibérie", que je reste sur ma faim pour ce livre. J'ai trouvé que cette traversée de la France du sud-est au nord-ouest était un peu expédiée. Au final cela fait peu de pages au nombre de kilomètres parcourus.
Je reste par contre respectueux de cette prouesse et suis en adéquation avec sa vision générale.
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Épigraphe :
Je vais sortir. Il faut oublier aujourd'hui les vieux chagrins, car l'air est frais et les montagnes sont élevées. Les forêts sont tranquilles comme le cimetière. Cela va m'ôter ma fièvre et je ne serai plus malheureux dorénavant. (Thomas de Quincey, Confessions d'un mangeur d'opium.)

Ce livre de Thomas de Quincey qui l'accompagne sur les chemins noirs, Sylvain Tesson en fera cadeau à l'une de ces rencontres, Lucien l'ermite qui s'est établi en retrait près de la Chapelle Notre-Dame de Lure.

C'est en regardant la télé allongé sur son lit d'hôpital, où son plus fidèle compagnon est un arbre qui, "par la fenêtre lui insuffle sa joie vibrante", qu'il va entendre parler d'un rapport sur les départements hyper-ruraux restés à l'écart que n'atteint pas le réseau internet, "une France protégée de "l'aménagement" qui est la pollution du mystère". Il se fait une promesse "Si je m'en sors, je traverse la France à pied".
A partir de ce rapport qu'il se procure, il va établir un plan de fuite qui lui fera prendre, en diagonale, des chemins non balisés partant de l'extrême sud, la vallée de la Roya proche de la frontière italienne d'où il partira un 24 août pour atteindre un 8 novembre "le bord de la Carte et la fin du territoire", le sémaphore de la Hague, le point le plus septentrional du Cotentin. Il va fuir les médecins qui "dans leur vocabulaire d'agents du Politburo recommandent de se rééduquer ". Sa rééducation, il choisit de la poursuivre lui-même en s'en allant par "les chemins cachés bordés de haies, par les sous-bois et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés."
Il y souffrira mais s'il fait allusion à ses souffrances c'est en passant, sans s'y arrêter. Ces notes sont aussi pleines de belles rencontres inattendues et d'amitié, celle de Cédric Gras, Arnaud Humann, Thomas Goisque, sa soeur qui l'accompagneront momentanément ainsi que des écrivains aimés : Giono, Karen Blixen, Jean Henri Fabre, René Fregni qui a écrit un roman intitulé "Les chemins noirs" qui raconte sa cavale, et d'autres...

Ce petit livre est une bouffée d'air dans notre monde de plus en plus formaté et uniformisé. Il nous montre que nous pouvons exercer notre liberté de dire non et faire un pas de côté pour rejoindre la "Confrérie des chemins noirs". Et ces chemins "dessinés sur la carte et serpentant au sol, ils se prolongeraient en nous-mêmes, composeraient une cartographie mentale de l'esquive".

On sait en lisant les mots qui suivent que Sylvain Tesson a pleinement réussi sa rééducation, même si des douleurs persistent ainsi que les nuits d'insomnies :
"Tout corps après sa chute -- pour peu qu'il s'en relève -- devrait entreprendre une randonnée forcée. L'effort, depuis le Mercantour, faisait son office de rabot, ponçait mes échardes intérieures. Je demeurai ce soir-là assis sur un banc de pierre contre le mur d'une maison, devant les prés salés. En face, la ligne de côte de Cancale. Au nord, la brume gazeuse de la mer et du ciel. Au sud, une lumière de tableau italien. C'étaient le moment de faire mes dévotions à la marche, à ma mue, à ma chance."
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Il y a déjà quelques mois que j'avais entendu parler de cette "randonnée" rééducatrice entreprise pas S Tesson suite à sa chute.
Je m'étais donc mis dans un coin de la tête l'info "livre dont la publication ne devrait pas tarder - à suivre"
Et c'est quand j'ai appris la venue prochaine de l'auteur chez mon libraire favori que j'ai découvert le livre... Arf. .. je ne pouvais pas aller à la rencontre d'un auteur sans avoir lu son récit. .... j'ai donc un peu bousculé ma PAL pour faire arriver ce petit volume en haut de la pile.
Et me voilà me jetant sur ce petit essai dès le jour de sa sortie.... pour d'autres c'était Harry potter.... Chacun son truc.
Dès les premières pages, la carte de l'itinéraire... Pfff. .. pour un "convalescent" c'est impressionnant.... et en 2 mois et demi... Moi, il me faudrait 6 mois pour faire une telle "promenade" (en étant en pleine forme).
Ensuite c'est une centaines de pages plus ou moins intéressantes selon les jours, réflexion sur la transformation de la France rurale ou sur les conséquences de son dérapage mal contrôlé sur un toit.

Ses descriptions de paysages aussi simples soient elles font rêver. Il y a ces endroits que l'on connaît et que l'on reconnaît dans ces quelques mots en se disant "mais c'est exactement comme ça que j'aurais voulu en parler".
Il y a ces autres endroits encore inconnus et qu'on a alors envie de découvrir....
Et aussi ces quelques endroits qu'on ne souhaite pas connaitre, comme vers le Cher pour croiser autoroute-Tgv-rivière.... tout en se rendant compte en voyant la date, qu'à quelques jours près on aurait pu faire un signe de la main à ce marcheur regardant passer les voitures depuis un pont.

Mais c'est aussi une invitation à prendre son sac à dos et partir soi même en virée... pas besoin de chasser le pokemon pour sortir de chez soi. Il suffit de chasser ces petites lignes noires sur un grand morceau de papier.
Et sur ce : je me sauve sur les chemins "rouges".... compte tenu de mon sens de l'orientation je préfère trouver une petite flèche m'indiquant la direction à chaque carrefour....

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Il y était monté pour faire des réparations.
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