Comme une respiration...

Il y a des jours où en classe je me sens bien seule.
Les élèves ne sont pas réveillés, jouent avec leurs stylos, bâillent à s'en décrocher la mâchoire et moi, je suis là, devant eux, à tenter de capter leur attention, à m'essayer à quelques pointes d'humour, à chercher désespérément la petite étincelle dans le regard de ces chers bambins, à déambuler dans la classe avec de grands gestes mélodramatiques, à questionner encore et encore :
" Oui, mais encore ?"
En vain, la réponse attendue n'arrive jamais..Il y a des jours comme ça mais heureusement, ce n'est pas tous les jours.

Jean..c'était plutôt une bonne idée ce recueil de nouvelles, cette respiration qui s'annonçait merveilleusement bien avec cette maison bleue même pas bleue...mais là, tu vois, après avoir enchaîné ces historiettes les unes après les autres, j'ai bien envie de te dire aussi :

"Oui, mais encore... ?"

Mitigée pour Fleur de tonnerre, j'avais zappé Héloïse ouille ! parce qu'un peu lassée de ces textes un peu glauques.
Et puis j'ai entendu Jean Teulé à la radio parler de son nouveau livre, et j'ai beaucoup aimé sa bonne humeur, son nouvel état d'esprit.
Alors voilà. Effectivement, plus rien à voir avec ses autres écrits, sauf l'humour, toujours présent. Plein de très courtes nouvelles, mignonnes, rafraîchissantes, souvent tendres. Plein de lieux différents. C'est très agréable à lire, surtout avec les illustrations qui accompagnent certains textes.
D'accord, si ça avait été le premier Teulé que je lisais, je n'aurais certainement pas trouvé que c'est un grand auteur original, comme le Teulé que je connais.. Mais il a bien fait d'écrire ça, ça repose un peu entre deux de sa part un peu plus étoffés et délirants.

Mais que s'est-il passé?!
Qu'est devenu le Jean Teulé que je connais?
L'exercice de la nouvelle est toujours difficile, mais ces quarante histoires m'ont vraiment parue peu abouties.
Je ne conserve pas grand chose en mémoire dans l'ensemble, hormis trois situations que j'ai trouvées tendres, ironiques et mordantes :
"Le petit compagnon de madame Verbeque", où on jubile devant le cynisme d'un taxidermiste;
"Chevreuil à tribord!", lors du sauvetage d'une chevrette s'égarant, affolée par une partie de chasse, dans la Manche;
enfin "Lui", avec un petit garçon qui découvre son prénom à l'école.

Malgré ces préférences, je reconnais que le style Teulé demeure et comprends que l'auteur ait eu envie d'écrire à travers ce livre des tranches de vie, des moments passagers, des émotions quelconques...
Mais peut-être eut-il été plus sage de se concentrer sur moins de nouvelles et plus de personnages et de situations construits.

Difficile de faire une critique sur ce livre que j'ai très moyennement apprécié.
Pourtant j'aime bien Jean TEULE avec le Montespan, Darling, le magasin des suicides.
Ce livre est présenté comme un recueil de nouvelles, si tel est le cas, l'auteur ne maîtrise pas l'art de la nouvelle. Je n'aurai pas qualifié ce livre de nouvelles, en effet, les nouvelles méritent un peu plus de longueur, elles dont trop courtes dans ce livre à mon goût.
Mais j'ai quand même retrouvé avec plaisir le style de l'auteur, quelques nouvelles sont sympathiques.

Fini il y a bientôt deux semaines, j'ai déjà oublié une grande partie de ces petits textes qu'on peut difficilement qualifier de nouvelles.
Cela m'évoque plutôt ces petites notes qu'on gribouille dans un carnet.
Très inégaux, certains de ces textes sont plus travaillés et charmants, on y retrouve par ci par là ce style si propre à Jean Teulé et qui me plait vraiment. D'autres sont sans queue ni tête, et justifient sans aucun doute le titre de recueil: légers, évanescents, et qui ne laisseront pas de trace dans ma mémoire.
Pas grave, je suis en vacances...

Quelques "nouvelles" de Jean Teulé.
Celles qui m'ont le plus touchées sont :
-" Cui Cui" la maison aux oiseaux,
-" Petite fleur" la dame fanée qui danse sur cette magnifique musique en se rappelant sa jeunesse à St Germain des prés,
-" Vanessa dans le métro" qui fait les stations les plus jolies après avoir fumé un joint,
-" Chevreuil à tribord" où des pêcheurs "font la nique" aux chasseurs en sauvant la chevrette qu'ils pourchassaient,
-" Glux" la palombe fil d'ariane entre deux êtres,
-" L'arbres" conifère âgé de huit siècle qui abrite un merisier et le nourrit,
- "Lui" tellement touchant,
-" Low cost" assez drôle, jusqu'où va l'amitié,
- "Une enveloppe" le destin change de main grâce à un prof qui croit en son élève ; l'école des arts plutôt que mécanicien auto,
- "Une bonne blague" comme quoi une connerie ça a parfois du bon,
-" Sophie" jolie fin pour Sylvie apaisée.

Quelle bonne surprise que ce petit recueil de nouvelles! J'ai beaucoup apprécié les illustrations, l'humour tendre, la justesse et la sincérité de ces petites tranches de vie (s). Effectivement, ça change de la plume cynique, grinçante et cruelle à laquelle Jean Teulé nous avait habitués. Cela me fait plaisir de retrouver cet auteur dont j'ai aimé les livres, mais que j'ai délaissé au fil du temps parce que je trouvais parfois que c'était trop! de ce style d'ouvrages, Monsieur Teulé, on en redemande!

Quel titre bien choisi !
Presque toutes les histoires nous offrent une respiration. D'autres sont plus glauques et m'ont moins plu.
Le style inimitable de Jean Teulé est toujours bien là, mais dans un élan beaucoup plus gai que d'habitude.
Un bon moment de plaisir !

Peut-être en panne d'idées ou voulant publier une série de courts récits, certains difficiles à nommer nouvelles, Jean Teulé qui m'a régalé avec le Montespan, Mangez-le si vous voulez, Charly 9 et Fleur de tonnerre, offre une respiration avec quarante petits morceaux assez inégaux.

Impossible, bien sûr, de tout passer en revue mais il faut citer le petit compagnon de madame Verbesque avec ce taxidermiste qui vend aussi des appâts pour la pêche. C'est excellent car l'on y retrouve la verve de l'auteur.

Dans Chevreuil à tribord, il nous livre une belle histoire. le viaduc de Dinan, c'est pas mal. Dans Lui, c'est la belle histoire d'Arthur et de l'animatrice qui réussit à sortir un enfant de la DDASS du puits de l'anonymat dans lequel il est maintenu.

Joli-Thorax aux commandes nous plonge dans le monde des sous-marins où « un connard à barrettes » est incompétent et dangereux. Éric, 18 ans, bon mécanicien naval, va demander sa mutation car il ne veut plus « de ce destin de sardine en boîte dirigé par un taré comme Joli-Thorax. »

Vive la mariée fait bien sourire… sauf Jean-Pierre qui devait épouser Sylvie. Il est suivi de Joyeux Noël, un petit conte sur les urnes funéraires puis d'Une préface où l'auteur constate : « D'une religion l'autre, oh les empêcheurs d'aimer en rond. C'est la revanche des cons. »

Enfin, Canard + se passe « à l'intérieur d'un monde de vapeur tiède aux parfums de sel, de chlore », dans cette piscine où l'auteur a bien du mal à comprendre toutes les subtilités de l'organisation des cours afin de « copatauger en bonne intelligence. »

Comme une respiration… mérite bien son titre car cela permet de passer de bons moments de détente mais il faudra attendre pour que Jean Teulé nous livre un nouveau livre méritant vraiment le détour.


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Ô Jean, mon Jean ! Me voilà prise entre deux feux. Ou plutôt entre deux mots. L'antonyme me submerge. le haut et le bas. le sourire et la grimace. La respiration lancinante et monotone et l'hyper-ventilation d'une émotion aussi intense que surprenante. Évidemment, je reconnais votre plume et votre humour qui m'ont parfois donné un coin de sourire.
Ce livre est un concentré de petites histoires tantôt touchantes, tantôt drôles, mais j'ai dû parfois y chercher la magie de l'écriture et de l'intérêt dans d'autres. Comme une inhalation forcée. Comme si vous aviez tiré aux dés des mots pour en faire une histoire. Car certaines chutes ne m'ont pas surprise. Ou alors, avais-je trop respiré que mon souffle n'a pu être coupé ?
A défaut de cette grande respiration, j'ai inhalé ces bribes de mots d'histoires parfois trop légères, trop courtes. Suis-je exigeante ? J'ai l'impression de punir le professeur. Pardonnez-moi Monsieur Teulé.
Mais ouf, la littérature c'est comme l'Amour. On peut parfois être déçu de temps en temps, sans que cela nous empêche d'aimer.
Je garderai en revanche de cette oeuvre, l'histoire touchante de Léandre. le succulent échange entre Pierre et Dominique grâce à Glux, et la truculente offrande à la vie de l'insolite Noël de Mauricette et Georges.
Oui, je l'admets, re-feuilleter le livre et laisser poser mes yeux sur vos mots m'ont quand même rendue nostalgique de ce livre. Car il a votre empreinte, indéniablement, mais j'en aurais voulu plus.