LA Montespan, tous ceux qui s'intéressent un tantinet à
L Histoire - ou juste aux histoires de coucheries royales - en ont entendu parler. La très belle Françoise, dite Athénaïs, de Montespan, dont les formes exquises et l'esprit acéré détournèrent
Louis XIV de la plus sage
Louise de la Vallière, et qui finit à son tour détrônée par la Maintenon après une sombre histoire d'empoisonnements et de messes noires, avait toutefois un époux, que l'on connait beaucoup moins. Il fut pourtant, lui aussi, un sacré personnage !
Quand la plupart des hommes de France rêvaient de mettre leur femme dans le lit du monarque pour en tirer les avantages subséquents, ou du moins n'auraient pas songé à protester face au caprice royal, le marquis de Montespan, lui, fit un scandale.
Et pas petit, le scandale. Eperdument amoureux de son épouse - quel mauvais goût ! - il ajouta de gigantesques cornes à son carosse et à ses armoiries pour parader en cocu inconsolable, et entreprit une véritable guerre contre son tout puissant souverain, allant jusqu'à tenter de contracter les pires saloperies vénériennes pour les lui refiler par Athénaïs interposée. Offres sonnantes et trébuchantes, menaces, emprisonnement, exil, tentatives d'assassinat, rien n'y fit : le tout puissant resta impuissant face à tant de rogne incorruptible et
le Montespan, pardonnez-moi le jeu de mot facile, le fit royalement chier jusqu'au bout.
Belle idée, donc, que de faire revivre en roman cet extravagant personnage, pour lequel une plume iconoclaste était particulièrement indiquée. le résultat, toutefois, est loin de m'avoir enthousiasmée, et je ressors assez partagée de ma lecture.
D'un côté, il y a l'humour, le style et l'esprit auxquels je n'accroche guère... voire carrément pas du tout.
Humour très farcesque, très caricatural et très en dessous de la ceinture, du genre que je trouve plus consternant que drôle. Style qui a ses réussites, mais qui oscille généralement entre l'assez plat et le péniblement tarabiscoté, avec des dialogues qui sonnent souvent faux, des recherches linguistiques qui se justifieraient mieux dans un poème que dans un récit et tombent la plupart du temps, à mes yeux, complètement à plat. Esprit que je trouve assez franchement vulgaire, avec cette manière de se focaliser sur la pisse, la merde, le cul et la connerie des contemporains. Oui, bien sûr, c'était crade, Versailles, en ce temps-là, le rapport au corps et à ses insanies n'était pas le même qu'aujourd'hui, les moeurs étaient sans doute passablement dépravées et la flagornerie avait rang de vertu de la Cour à Paris. Mais tout de même. L'insistance est pénible, lourdingue et réductrice, d'autant plus que je n'accroche ni à l'humour qui sous-tend tout ça, ni à la supposée poésie qui parfois le contrebalance.
Et pourtant, lorsqu'il n'est pas trop occupé à se rendre ridicule en amoureux transi ou en cocu hystérique, il ne manque pas de panache, ce Montespan, tel que le décrit
Jean Teulé. le panache de celui qui ne cède jamais à l'intérêt ni à la menace, le panache du héros solitaire défiant la foule, les rires, la moquerie, les bonnes manières, et le pouvoir d'un maître tout puissant devant lequel le monde entier s'incline. le panache de celui qui a mis son honneur dans son amour, et ne laisse rien, pas même l'absence, l'abandon, la trahison, corrompre ses sentiments.
Lorsque l'auteur cesse de vouloir être drôle, il peut devenir assez touchant, et toute la fin du récit m'a considérablement plus acrochée que le reste. Sans pour autant me donner grande envie de me pencher sur les autres livres de
Teulé, même si celui-ci a la fâcheuse tendance d'écrire sur des sujets qui m'intéressent, et que je suis parfois tentée de lire un peu tout et n'importe quoi sur un sujet intéressant, ne serait-ce que pour comparer les points de vue.
Il n'est pas impossible, en revanche, que je me laisse tenter par une véritable biographie du Montespan !
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