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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
New-York, XXVème siècle. Les hommes ont peu à peu abandonné le pouvoir aux robots. L'individualisme est devenu la norme. Plus de cellule familiale, d'ailleurs il n'y a plus d'enfants qui naissent, les humains vivent seuls et les échanges sont proscrits. Au milieu de cette ville déshumanisée, dont tous les habitants sont abreuvés de tranquillisants, Paul Bentley organise une forme de résistance solitaire. Alors que tous les livres ont disparu de la circulation, Paul se met en tête d'apprendre à lire, une activité totalement interdite. Il croisera la route de Marie Lou, une autre humaine en pleine rébellion avec qui il va vivre et à qui il va apprendre à lire, deux choses absolument prohibées. Mais dans un monde sous surveillance constante, impossible de passer à travers les mailles du filet, surtout quand un robot de Classe 9, Spofforth, veille à ce que tout soit sous contrôle.

Ce roman écrit dans les années 1980 méritait bien sa réédition et une nouvelle jeunesse. C'est chose faite grâce aux éditions Gallmeister et à la traduction de Michel Lederer.

Alors que Paul et Marie Lou sortent de leur torpeur et découvrent petit à petit ce qu'est devenu le monde gouverné par des robots et l'humanité en voie d'extinction, le récit s'attache aussi au personnage de Spofforth, un robot programmé pour vivre éternellement, ou plutôt tant qu'il reste des humains sur terre. Ce robot dévoile de réels sentiments, venus du cerveau humain qui a été copié pour lui être implanté. Mais ces souvenirs ne le rendent pas heureux, bien au contraire.

Il se dégage de ce récit une profonde mélancolie et un certain désenchantement même si les personnages de Paul et de Marie Lou sont combatifs, et prêts à beaucoup pour sauver l'humanité, la transmission des souvenirs pour faire survivre le passé et l'histoire et la lecture, source de connaissance. Leur histoire permet de croire à un avenir meilleur.
Evidemment, le sujet de la disparition des livres pour des lecteurs invétérés est très attirant et ajoute à l'intérêt pour le récit. Mais les nombreux rebondissements du roman participent tout autant à cet intérêt renouvelé au fil des pages. Ainsi que l'alternance des récits entre les trois personnages.

Un auteur qui mérite décidément qu'on le (re)lise attentivement.
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec L'Oiseau Moqueur ?
"Tout m'intrigue dans ce roman : sa couverture bien sûr, mais surtout son résumé et son univers. Après avoir lu quelques avis positifs, j'ai finalement craqué. Encore."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Paul apprend à lire, cette connaissance perdue depuis des dizaines d'années, peut-être des centaines, et cela va petit à petit lui ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure, les robots, les tranquillisants, les suicides collectifs et la ville qui s'effondre doucement..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"J'ai un avis très mitigé sur cette lecture. le monde qui nous est présenté ici est effectivement extrêmement interessant, ainsi que les réflexions qu'il entraîne sur l'humanité, notre mode de vie, notre avenir... Il y a de nombreuses pistes à explorer et en ce sens, c'est réussi. J'ai bien sûr particulièrement apprécié tout ce qui se rapporte aux livres et à la lecture qui auraient ici presque complètement disparu !

Mais si le fond est bien sûr important, la forme n'est pas à négliger et le problème dans ce roman, ce que je n'ai réussi à m'attacher à aucun des trois protagonistes. Au départ, c'est compréhensible, il s'agit d'un robot et de deux humains plus ou moins sous contrôle et s'il y a bien une évolution ensuite, elle n'est pas suffisante pour que l'on prenne leur destinée véritablement à coeur. J'étais plus intéressée par celui de l'humanité à vrai dire, par les 'réparations' de ce monde à la dérive mais comme le héros le dit lui-même, il s'en fout complètement."

Et comment cela s'est-il fini ?
"J'ai bien aimé la fin, la dernière révélation et la dernière action, tout cela autour du robot, Spofforth, qui est finalement peut-être bien le plus humain des trois... Encore une donnée à méditer."
Lien : http://booksaremywonderland...
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Dans un futur peu enviable où l'assistanat des humains a pris un tour dramatique, offrant les pleins pouvoir aux robots de diverses catégories, un homme redécouvre la possibilité de lire, exhumant des bibliothèques en ruines quelques ouvrages du passé, qui lui laissent entrevoir une société bien différente de celle dans laquelle il a grandi. Alors que la race humaine périclite, que la culture a été oubliée depuis longtemps, Paul Bentley se détache de l'apathie imposée à tous à coups de drogues, de méditations solitaires et d'individualisme forcené, redécouvrant petit à petit les émotions humaines, le plaisir de la connaissance, et la félicité amoureuse, jusqu'à renverser le cours de l'histoire…

Walter Tevis, auteur également du Jeu de la Dame, signe ici un roman d'anticipation troublant, poussant à l'extrême les tendances déjà à l'oeuvre dans nos sociétés contemporaines : consumérisme, recherche de plaisirs faciles, recours aux psychotropes, éclatement des liens sociaux historiques, montée en puissance de l'individualisme, automatisation galopante – et j'en passe. Avec ce livre, c'est une réflexion plus large qu'il initie sur la nature sociale de l'être humain, sur l'ambivalence entre notre besoin de solitude récurrent et notre dépendance aux autres, notre soif de contacts, aussi bien physiques que psychologiques et intellectuels. C'est leur progressive ouverture aux émotions et aux sentiments nouveaux qui permet à Mary-Lou et Paul, nos deux héros, d'acquérir une conscience, une vision du monde et d'affirmer leur capacité de changement, leur personnalité propre. Leur naïveté est confondante et pourtant terriblement touchante, elle nous ramène à ce qui fait de nous des êtres humains : nous sommes indubitablement des animaux sociaux, comme l'a dit Aristote.

D'abord déroutée par le style d'écriture, étrangement enfantin au début du récit, j'ai fini par comprendre, à mesure que l'écriture se faisait plus riche et plus précise, que l'auteur avait voulu, à travers le texte lui-même, nous faire ressentir l'abominable éventualité d'un monde sans livres et sans lecture. A mesure que les personnages sortent de leur ignorance, qu'ils gagnent en instruction, lisant de plus en plus, l'écriture s'accorde avec ce nouveau état des choses, élargissant son vocabulaire, ses tournures de phrases, adoptant un ton plus soutenu, jusqu'à nous offrir un épilogue très poétique.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Oh qu'il m'a foutu le cafard ce bouquin… « L'oiseau d'amérique » de Walter Tevis m'a été proposé par un lecteur lors d'une conférence sur… Tolkien et la fantasy… Oui oui… Bon je ne me souviens plus du contexte. Toujours est-il que je l'avais dans ma PAL et que j'ai profité d'un voyage cet été pour me lancer, ayant soif de dystopie.

Bon pour résumer le contexte. Dans le futur, c'est clairement la fin de l'humanité. Les Hommes ne se reproduisent plus, tout foire, les sentiments ne sont plus là, bref sans amour l'être humain se meurt. Pourtant la technologie est au top et nos robots sont quasi humain… A une exception prêt… Ils ne peuvent pas se suicider.

Oui le résumé est très noir, c'est très déprimant. le résumé dépeint l'ambiance dans laquelle je me suis installé durant la lecture. Trois personnages se tirent la répliquent et ces trois personnages sont emplis de tristesse malgré toute apparence. L'espoir n'en est pas. Ça sent la fin de tout.

Alors je ne vais pas dire que la lecture fut agréable. C'est une lecture à vivre, c'est sur mais pas forcément agréable. Bien choisir son moment pour accompagner Robert Spofforth au sommet de l'Empire State Building…
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Un roman d'anticipation sombre et mélancolique, dans lequel l'humanité n'est pas belle à voir.

Une fin splendide, pleine de poésie.
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Au XXVème siècle l'humanité est devenue oisive, la robotique l'ayant totalement remplacée dans les tâches nécessaires au fonctionnement de la société. Les hommes ne s'occupent que de leurs plaisirs sexuels (mais pas de la procréation) et sensoriels (la drogue est omniprésente dans toutes les couches de la société) ; et quand quelque chose ne va pas, le gouvernement se charge de fournir en masse des tranquillisants. La contrepartie est que la population est désormais passive, ne sachant même plus lire et ayant même oublié ce qu'est un enfant ; en d'autres termes l'humanité est vieillissante et elle ne fait rien pour contrecarrer cet état de fait.
Trois êtres vont pourtant tenter l'impossible, chacun à leur façon. C'est Paul Bentley qui, en tombant par hasard sur de vieux ouvrages, va apprendre à lire et à avoir l'irrépressible envie de transmettre son savoir. C'est Mary Lou Borne, une jeune rebelle qui s'oppose depuis son enfance au système. C'est Robert Spofforth, androïde de classe 9, la plus sophistiquée, et qui détient en lui une part d'humanité que la plupart des hommes n'ont même plus. Les trois personnages vont bien sûr se rencontrer, s'affronter aussi. Reste à savoir si ce sera pour le bien de l'humanité, ou non.
L'oiseau d'Amérique est donc à ranger dans la catégorie des romans d'anticipation dystopique. Son thème n'est d'ailleurs pas sans rappeler le meilleur des mondes d'Aldous HUXLEY. Walter S. TEVIS nous y propose une parabole humaniste sur le destin de l'homme en même tant qu'un violente critique de la société moderne et de ses travers : individualisme, consumérisme, perte des valeurs morales… Et il le fait en mettant en scène des personnages attachants et complexes, et dont les contradictions lui font éviter le manichéisme que l'on pourrait craindre d'une telle thématique.
En dépit d'un rythme lent, le lecteur ne s'ennuie pas un instant et demeure fasciné par l'univers qu'il découvre peu à peu. L'oiseau d'Amérique est de ces oeuvres qui s'apprécient pour la beauté du texte, qu'il s'agisse de la prose de TEVIS, ou des références qu'il utilise. On n'écrit d'ailleurs plus guère de romans de science fiction de cette façon aujourd'hui ; alors en se plongeant dans celui-ci on ne peut que le regretter.
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Une dystopie qui paraît si lointaine et si proche à la fois :
Fin du pétrole, développement et plus grande place de l'intelligence artificielle, de la robotique et augmentation du temps passé devant les écrans.

Une histoire qui a pourtant été écrite il y a plus de 40 ans.

J'ai pris du plaisir à suivre l'évolution positive de Bentley, grâce aux livres et à ses différentes rencontres au fil de ce roman.

Un roman à lire.
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Tout a changé : la ville est remplie de psi-bus qui lisent dans les pensées des voyageurs leur destination, il n'y a ni mois ni années, mais des jaunes et des bleus, il n'y a plus de bébé, plus d'enfants, il y a des gens qui s'immolent en plein centre-ville, il y a des Détecteurs qu'on n'a jamais vu détecter quoi que ce soit, il y a des sopors et d'autres drogues. Il y a des hommes, il y a des robots et on n'arrive plus vraiment à la distinguer les uns des autres.

Et puis il y a Paul, qui, en retrouvant un livre, a appris à lire tout seul et se voit offrir un travail d'enregistrement des films muets afin que Spofforth retrouve le sens de ces lignes blanches sur fond noir. Il y a aussi Mary-Lou qui vit cachée dans un zoo robotisé et quelques communautés recluses.

Nous avons ici affaire à une dystopie, certes, mais qui n'est pas pessimiste. Au contraire, tout au long de ce texte, c'est l'espoir qui prime, une fois l'incompréhension dépassée. Il n'y a pas réellement d'ennemi, il y a juste une profonde ataraxie de tous les individus, robots et humains qui, sans s'en rendre compte, oeuvrent, différemment, dans le même but : arrêter cela. Bien sûr, tout le monde ne le fait pas de la même manière, mais c'est la renaissance de l'amitié, du respect qui rendront cette histoire possible, et finalement, cela fait du bien…
Lien : https://livresque78.com/2022..
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L'oiseau moqueur est un roman dystopique classique qui méritait amplement cette belle réédition chez Gallmeister tant ses messages restent actuels. le texte, mélancolique, est magnifique et nous propose un récit initiatique juste et puissant qui redéfinit la notion d'Humanité et de Vie. Cri d'amour pour la lecture comme source d'émancipation, rappel puissant de l'importance des relations humaines, L'oiseau moqueur est un superbe roman que je suis très heureuse d'avoir découvert.

Critique complète sur yuyine.be!
Lien : https://yuyine.be/review/boo..
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Le temps s'écoule-t-il toujours s'il n'est plus compté ? Bien-sûr, le temps est une dimension physique, mais il est aussi, pour l'Homme, une valeur relative. le monde que décrit Walter Tevis n'a plus de temps. C'est un monde du temps présent, coupé de son passé et dont le futur s'annonce sombre. le monde que décrit Walter Tevis est celui de la fin de l'humanité : bientôt elle n'habitera plus le monde, et c'est, en un certain sens, déjà plus le cas. Voici le 25ème siècle : la contraception généralisée et la stérilisation forcée ont fait baisser la population mondiale à moins de 20 millions d'individus. L'humanité ne travaille plus. Abrutie par les drogues, élevée dans des Dortoirs par des robots dans des slogans coup de poing et réducteurs, l'humanité n'a plus le goût à rien, ne trouve plus de sens de son existence. Avertissement plus que critique, le roman tâche de définir, au travers d'interrogations métaphysiques, ce qui fonde profondément l'humanité.

Le roman est structuré autour de trois personnages principaux, dont le point de vue est tour à tour adopté par Walter Tevis. le premier d'entre eux est Robert Spofforth, robot de classe 9 et, par conséquent, le plus abouti de toute la robotique. Sorte d'idéal autant physique qu'intellectuel, Spofforth a occupé les plus hautes fonctions sociales durant son existence. A New York, il est le doyen de l'université, mais son pouvoir est bien plus étendu que cela. Autorité politique, judiciaire, intellectuelle, Spofforth éprouve pourtant un sentiment bien humain : le mal-être. Régulièrement, il échoue désespérément à se suicider. Seul le vieux rêve d'un amour perdu le maintient en vie, et en équilibre. Paul Bentley se fait connaître de Spofforth en lui affirmant qu'il a appris à lire. Sorte de Champollion des temps futurs, Bentley a découvert le vieux secret des signes linguistiques, et il est d'abord chargé de traduire les bobines antiques de films muets de l'université de New York. Bientôt happé par la lecture et les mondes si divers qu'elle ouvre, Bentley fait la connaissance de Mary Lou, une jeune femme qui vit en marge de de monde. Ayant compris, quant à elle, que les robots doivent être au service des hommes et non ne les doivent asservir, elle vit dans une indépendance inhabituelle - elle ne prend aucune drogue - et va être, elle aussi, initiée aux plaisirs de la lecture. Bentley et elle finissent par s'aimer, avant que Bentley ne soit envoyé en prison par Spofforth. Ayant réussi à s'en évader, il tentera de retrouver New York et Mary Lou.


Aussi décalé que celui puisse paraître, L'oiseau d'Amérique est d'abord un roman d'amour. Certes la notion est obscure même pour les personnages. Bentley aime Mary Lou, qui l'aime probablement en retour mais se sent attirée par Spofforth. C'est bien l'amour qui pousse Bentley à s'évader de prison et à retourner à New York. Si l'amour occupe une place si importante dans le roman, c'est que ce sentiment est une partie de la définition de l'humanité, un acquis propre à l'espèce, une irrationalité salvatrice dans un monde de la raison et de l'ordre. le monde va mal, et pourtant les hommes ne sont plus obligés de travailler, la nourriture est abondante, la violence a été annihilée. Mais cela ne suffit pas. le monde va mal, car les interactions sociales n'existent plus. Ingénieurs et robots ont évalué qu'elles étaient sources de risques multiples, sans comprendre que l'homme est, d'abord, un animal social. de l'amour, Walter Tevis décrit tout : la rencontre, l'apprentissage puis l'acceptation du sentiment amoureux, la recherche permanente de l'autre enfin, sans oublier les passions charnelles ou la procréation.


Premier jalon de ce qui définit l'humanité, l'amour n'est pas le seul. Les rapports au savoir et à l'autorité - dans un sens large - sont aussi des thématiques continues dans le livre. le savoir est représenté par la lecture, savoir-faire disparu, on le suppose, aux alentours du 22ème siècle. La disparition de la lecture et de l'écriture enferme justement l'Homme dans le temps présent. Les événements ne sont plus consignés, nul ne réfléchit plus à leur portée ; plus concrètement, l'humanité perd un canal d'information universel, ce qui l'empêche, par exemple, de savoir que les sopors - pilules calmantes distribuées en masse à la population - ont aussi des effets contraceptifs, ce qui explique la baisse démographique et l'absence totale de jeunesse. Bentley, en se signalant auprès de Spofforth, propose donc une nouveauté culturelle aux allures de révolution. Romans, poésie, guides touristiques, ouvrages techniques et bien-sûr livres religieux, la découverte de Bentley ouvre des perspectives considérables à l'humanité, la raccorde à elle-même. Étonnamment cependant, on voit que l'humanité n'a pas abandonné ses aspirations religieuses. Lorsque Bentley, à son retour de prison, découvre une structure sociale familiale fondée dans un ancien abri atomique, il constate que celle-ci vit toujours selon des préceptes moraux hérités du christianisme. La recherche d'une autorité, purement morale ou aussi politique, paraît être aussi un marqueur du genre humain. La figure de Spofforth se rapporte à ce genre de thème et, à bien des égards, représente une forme aboutie et humanisée de la divinité. Personnage principal, Spofforth est le seul des trois avec lequel Walter Tevis maintient une distance, en écrivant ses chapitres à la troisième personne du singulier, alors qu'il se glisse dans la peau de Mary Lou et de Bentley en écrivant à la première personne. Spofforth est omniscient et proprement immortel - le péché moral et suprême du suicide fait partie de son logarithme de fonctionnement - et il est le garant, en tant que Détecteur, du bon respect des principes moraux enseignés dans les Dortoirs ("Pas de questions, relax", "Sexe vite fait égale sexe bien fait") et de bonne conduite (respect absolu de la vie privée, de l'intimité, de la politesse, jusqu'à isoler les individus et briser le lien social). Spofforth apparaît ainsi autant comme indispensable pour l'humanité que comme son fossoyeur. Car, sans contre-pouvoir, c'est bien sa seule bonne volonté qui, tout à la fois, maintient l'humanité et la condamne.


L'oiseau d'Amérique ne se veut pas tant une critique sociale qu'un avertissement. Ce qui a conduit l'humanité dans cet état d'abrutissement général se nomme progrès. Les armes atomiques ont dévasté le monde, la robotique généralisée a dispensé l'homme de travailler et de réfléchir. Or, l'homme sans travail manuel ni intellectuel se voue à mourir, nous dit Walter Tevis. Esclave de sa propre indigence, l'homme trouve un confort dangereux dans le fait de remettre sa propre vie dans les mains d'intelligences autres. le rapport de Mary Lou et de Bentley à la robotique en témoigne. Bentley est d'abord choqué par la façon dont Mary Lou s'adresse - vulgairement et autoritairement - aux robots, avant de comprendre que, selon les lois définis entre autres par Asimov, ce sont bien les robots qui sont au service des hommes, et non l'inverse. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", écrivait Rabelais . Walter Tevis en a fait un roman.
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