En voyant ce bouquin j'étais sceptique mais comme il est très court, je l'ai lu. Et ça a été une bonne surprise finalement. J'avais entendu parler du dudeisme sur Arte dans l'émission Tracks. Il y avait des mecs qui vouait un culte au film des frères cohen et qui imitaient le personnage joué par Jeff Bridges. Je trouvais ça un peu ridicule. le livre aussi a un côté anecdotique mais marrant avec une typologie des différents profils sociologiques des marginaux-cools de Paris, Montréal ou Berlin : le crevard, le looser magnifique, l'über-bobo... On sent que l'auteur se cherche un peu. Il a probablement des comptes à régler avec son passé et sûrement aussi quelques personnes. Ca le rend vraiment touchant surtout qu'il essaie vraiment d'être un mec bien. Ce livre est donc plus profond qu'il n'en a l'air. Je me suis vachement reconnu dans les valeurs anticonformistes présentées ici. C'est tout une philosophie à contre-courant qui prône la lenteur, la simplicité, le tout restant positif et souriant. C'est donc une réaction au déclinisme, au matérialisme et au snobisme ambiant. Et ça fait du bien. En tout cas moi ça m'a fait très plaisir de voir que je n'étais pas le seul à avoir adopté ce mode de vie de "dude".
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Le Premier des Dudes
Dans le teaser mystico-glamour baptisé Tropico, Lana Del Rey prie un drôle de Saint en la personne de John Wayne. L’acteur américain, surnommé tout au long de sa carrière « The Duke », a cassé sa pipe sans savoir qu’il était en vérité le premier Dude de la société du spectacle. Dans son dernier film au titre évocateur, Le Dernier des Géants (The Shootist), il incarne sous la caméra de Don Siegel un cow-boy de légende atteint d’un cancer alors qu’il est lui-même rongé par ce mal. Ce n’est qu’après sa mort que Wayne et sa légende héroïque ont accouché de cette complicité culottée qu’ingénieuse entre son personnage, le Duke, et celui du dude.
Historiquement, le mot « dude » a eu comme toute première signification celle du dandy de New Tork, puis celle du cow-boy inexpérimenté de l’Ouest, le « pied-tendre », avant de finalement faire échouer son vent mauvais sur le palier de n’importe quel buveur de bière. Or le Duke John Wayne, dans ce film mais aussi dans la vie, symbolise le dernier des cow-boys, un vieux mec putréfié jusqu’à la moelle et au bout du rouleau. Il se verra même trahi dans l’épilogue de ce chef-d’œuvre crépusculaire, tel Jesse James avant lui, par un affreux sucker qui lui coincera une balle dans le dos.
Quand arrive sur les écrans The Big Lebowski en 1998, soit vingt-deux ans après, deux décennies d’inconscient collectif se sont écoulées avant que ne se termine l’opération de chirurgie sémantique entre deux mots à première vue opposés : le Duke (la star Wayne) et le dude (le type quelconque). Mais après la désillusion et l’échec de l’Amérique, qui pouvait bien rechausser les santiags du fameux Duke, ce héros en fin de vie perpétuelle ? La réponse se niche dans la figure contemporaine du loser. Le film des frères Coen a complètement réactualisé le paradigme du mec coolos, ce növo-héros de l’Amérique noyée par l’obligation de réussite et aliénée par son « cauchemar climatisé ». La superbe du dude façon Big Lebowski est ainsi née pour faire (re)surgir la notion mythique du dudisme des temps post-western, et avec elle… l’envers mortifère du rêve occidental.
Mais en ces temps impitoyables où l’Amérique ne gouverne plus rien, si ce n’est notre esprit nihiliste encore fasciné par l’usine à fantasmes d’Hollywood et la légende du self-made-man, je suis venu annoncer que des solutions existent pour les quelques téméraires décidés à braver l’emprise médiatico-googlesque. Il nous faut pour cela revenir à notre lieu de vie, à notre antre, et envisager la transposition du héros du Far West dans la France contemporaine.
Ta copine-avec-qui-tu-ne-vis-pas est un poids parce qu'elle n'arrive pas à Sur-Vivre à sa propre vie et elle t'en veut ou elle te met la pression pour faire un bébé qu'elle ne veut pas réellement ? Dégage-là en bon gentleman : refile-là à un copain über-bobo. Il faut mieux vivre en Dude solitaire tel l'Ours Brun ou le Loup Blanc que mal accompagné par une hyène.
Ne travaille pas dans un bullshit job surtout si il est en open-space. Ca ne sert à rien de gagner de l'argent pour ne pas vivre ta vraie vie, du genre payer un appartement quand tu n'y habites pas parce que tu trimes toute la Sainte journée comme un esclave du Cauchemar Climatisé. C'est d'une bêtise sans nom. Si ton travail est donc un bullshit job, quitte le !
Agis quand tu es prêt et parfois attends que ça passe en jouant à un jeu vidéo qui ne te prend pas la tête ou lis les livres que tu as bien choisi. Fais des pauses, rappelle-toi de la devise du Dude : « Go slow ».
Lire tard sur son balcon,
l’enfer de la pensée frappé d’une bière glacée.