Lorsque j'ai constaté la présence de ce roman dans la dernière opération Masse Critique de Babelio, je n'ai guère hésité, m'intéressant beaucoup à l'Histoire de la France et appréciant les romans de
Chantal Thomas. Historienne de formation,
Chantal Thomas m'avait régalée avec
Les adieux à la reine et je souhaitais ne pas rester sur la note plus moyenne ressentie à la lecture du Testament d'Olympe. Pourtant, les premiers avis recueillis lors de l'annonce de cette lecture m'ont inquiétée : plusieurs lectrices disaient ne pas avoir apprécié ce roman, son mode narratif, son histoire...
Pour ma part, je vais encore une fois me démarquer, mais j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture que j'oserai presque qualifier de passionnante. Mais il faut pour cela accepter de rentrer dans ce qui ressemble plus à un essai, voire à une biographie qu'à un roman véritable. Cette sensation m'a été donnée par l'insertion très régulière de courriers et d'extraits de la Gazette, le journal relayant les faits et gestes des grands de l'époque. Il faut aussi se rappeler que
Chantal Thomas est historienne de formation : c'est donc une quasi spécialiste qui nous parle... Alors certes, le style parait parfois décousu, sautant d'un personnage à l'autre, mais style qui donne à l'ensemble une impression de chronique de cour...
Là où la déception peut poindre, c'est si l'on imagine que la vie des princes et princesses d'alors était faite de paillettes, de dorures et d'ors à gogo... La description que
Chantal Thomas fait de Versailles lorsque Louis XV y revient est bien loin du Château que les touristes se pressent de visiter, mais s'avère réelle : oui, Versailles fut un gouffre financier, mal isolé, trop grand, trop mal entretenu, voulu par un mec mégalo. On peut aussi se trouver choqué par l'histoire en elle-même et le portrait que
Chantal Thomas dresse de l'époque. On y voit quatre enfants de moins de douze ans, dont une de quatre, mariés entre cousins. On les place dans des rôles d'adulte, on simule un mariage, voire même on officialise en Espagne la chose par une présentation du couple d'enfant dans une couche commune... Oui, les pratiques peuvent choquer, mais il faut aussi se rappeler que Louis XV devient roi et monte officiellement sur le trône à l'âge de treize ans. Pas encore un adulte, déjà plus un enfant, à peine pubère...
L'échange des princesses est un récit quasiment tragique, qui montre combien les manipulations et manigances politiques pour rester à la tête du pouvoir sont anciennes et dénuées de sentimentalisme. Les enfants jouent aux adultes, si tant est qu'ils jouent... Car au final, cette petite reine ne fait que reproduire ce qu'on lui a inculqué depuis sa naissance... Encore une fois, sous le couvert de l'Histoire royale,
Chantal Thomas livre une version de l'histoire de bien des gens préféreraient sans doute oublier... Mais pas moi, j'en redemanderai presque ! ;-)
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