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Pierre Château (Traducteur)
EAN : 9782070430932
Gallimard (08/12/1972)
3.74/5   88 notes
Résumé :
Sitôt sorti de prison, Doc McCoy programme avec son épouse Carol un hold-up dont le butin doit leur permettre d'éponger leurs dettes. Si Doc et Carol nourrissent l'un pour l'autre une grande passion, ils n'en sont pas moins des gangsters sanguinaires, comme en témoignent le complice qu'ils éliminent, les malheureux qui croisent leur route ou le juge que Carol avait corrompu pour faire libérer son mari. Une violence exacerbée par leur longue séparation, et que la par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Rivages à l'horizon dans ma médiathèque municipale… impossible de dire non à une nouvelle traduction intégrale !

Au début des années 2010, François Guérif, dirigeant alors la collection Rivages/Noir, réussit à récupérer les droits des romans publiés dans la Série noire. Afin de faire renaître de nombreux chef d'oeuvre maltraités par leur traduction à l'époque, Guérif tente le pari de les rééditer dans des versions intégralement nouvelles et sous le titre original. Pourquoi faire simple quand d'autres ont fait compliqué ?

Il y a un an environ, au cours d'une conversation au sujet du « Démon dans ma peau » de Jim Thompson avec un bibliothécaire de ma commune, j'avais semé le doute dans la tête de mon interlocuteur au sujet des nouvelles traductions aux éditions Rivages.

Et voilà qu'un an plus tard, je récolte les fruits de ma plaidoirie en tombant nez à nez sur « L'échappée » de Jim Thompson, la réédition du « Lien conjugal ».

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce nouveau titre va comme un gant à cette fuite en avant, à la vie à la mort, de ce couple intrigant, tantôt se repoussant, tantôt s'attirant, tel des aimants virevoltants changeant de face à chaque événement imprévu.

Et n'essayez pas de faire tomber le i des aimants car cet homme et cette femme sont déjà mariés ! D'ailleurs, je vous les présente…

Lui, Doc McCoy, croupit en prison pour seulement quelques jours encore car il va en sortir grâce à Jack Benyon, un juge influant, qui lui avance en prime une coquette somme d'argent pour obtenir sa libération. Bizarre, bizarre...

Elle, Carol, une femme plutôt jolie et plus jeune que McCoy, prépare déja le braquage d'une banque qui pourra définitivement changer leur vie d'escrocs de seconde zone (1).

Mais une fois le braquage commis sans encombre avec son mari et un certain Rudy, le plan millimétré élaboré pour la suite des opérations vole littéralement en éclats. Pour le bonheur du lecteur… et le malheur des pauvres individus qui tenteront de s'interposer sur la route de Doc et de Carol.

Après un début de roman pas forcément évident à comprendre, l'échappée devient palpitante sous la plume d'un Thompson impitoyable avec ses personnages. Dans un style intemporel, l'auteur américain nous conte la folle poursuite de ce couple de gangsters à travers les Etats-Unis.

Comparé aux grands romans de Thompson comme « Rage noire » ou « L'assassin qui est en moi », «L'échappée » se situe un ton en dessous mais reste un excellent cru pour les fans de l'auteur.

Une nouvelle traduction à découvrir sans modération…


(1) Jetez un coup d'oeil à la couverture et aux jambes de Carol pour vous donner une idée de son allure !
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Des noms claquants comle une menace, Carol et Doc Mc Coy, couple de hors la loi assumés, un minutieux braquage, la fuite à travers les States, la chasse par l'ex-complice rancunier, les morts qui s'accumulent , la galerie des personnages satellites atypiques, paumés, les grains de sables imprevus dans les rouages, les graines du doute...
Le tout, assemblé par l'immense Jim Thompson, un des père du roman noir américain, accouche d' un road trip sanglant, une fuite en avant désespérée où seule la survie, animale, guide les protagonistes. Un livre assez représentatif de son style.
Son écriture nerveuse, sèche, directe, plonge son encre dans l'Amérique des loosers, petits bourgeois et laissés pour comptes, anti-héros ordinaires veules ou violents, victimes ou bourreaux, et écrit une facette de son Amerique décrite avec une tendresse toute personnelle, sans jugements ni empathies excessives.
Tel Faulkner, Jim Thompson est un véritable sociologue de l'Amérique profonde en plus d'être un formidable conteur.
Duplicité à tous niveaux, complicité puis déterioration par petites touches au sein du couple Mc Coy rythment ce roman, jusqu'à une conclusion atypique, à la fois amorale et redoutable, l'illusion de la fin de la cavalcade effrénée ayant un prix financier et humain lourd...L'enfer c'est les autres ?

Mais mon avis ne pouvant être objectif rapport à l'écrivain, pour tout lecteur potentiel la consultation d'autres critiques plus neutres est recommandable avant lecture.
Je concéde que, certes, mon enthousiasme va plus à l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur, que cet agréable récit n'est pas un roman thompsien majeur, mais qu'il a tout de même enfanté un classique du cinéma de Peckinpah ( "guet-apens").
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Poursuivant mon exploration de l'oeuvre de l'immense Jim Thompson, je referme L'échappée -traduit par Pierre Bondil- avec un tout petit peu moins d'enthousiasme que d'habitude, c'est-à-dire avec une légère nuance à ma satisfaction qui reste néanmoins intacte.

La trame est simple et classique : Doc McCoy, un gangster aguerri qui végète en taule, parvient par l'intermédiaire de sa femme, la belle Carol, à soudoyer le juge Beynon pour obtenir sa libération anticipée. Sitôt dehors, un braquage millimétré va lui permettre de restituer au magistrat le prix de sa corruption. Mais 2-3 péripéties et impondérables plus tard, soldés par autant de cadavres, et vient l'heure de la cavale à travers le sud des États-Unis.

Le rythme est soutenu, les dialogues gouailleurs à souhait et les portraits hauts en caractères, mais le sel de ce livre provient de l'approche psychologique du couple Doc / Carol, poussée assez loin par Thompson. Habitué à une totale maîtrise de leur vie et de leurs (mauvais) coups, ce couple fusionnel se fragilise peu à peu face à l'instabilité de la cavale, passant de la confiance absolue à la suspicion grandissante de l'un envers l'autre. Et vice-versa.

Tout cela fonctionne bien comme d'hab' chez Thompson, avec cependant une vague impression de redites lorsque Doc ou Carol s'interroge sur ses sentiments changeants, créant de fait quelques longueurs contreproductives dans cet opus à lire d'une seule traite. Mais redisons-le, je suis ici dans la nuance et ne tarderai pas à me jeter sur mon prochain Jim Thompson.
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Tout juste sorti de prison, Doc McCoy, braqueur alliant intelligence, bagout et une singulière absence de pitié à l'égard de quiconque se mettrait en travers de son chemin, organise avec sa femme, Carol, le hold-up d'une banque dans une petite ville du sud des États-Unis. Rudy, le complice qu'ils se sont adjoint n'entend pas partager le magot. Doc et Carol non plus. Et, de fait, Rudy va devoir rester sur le carreau et Doc et Carol se lancer dans une folle échappée qui va distendre les liens entre eux et créer un profond climat de suspicion et de paranoïa au sein du couple.

Avec cette seconde – après L'assassin qui est en moi – nouvelle traduction intégrale d'un livre de Jim Thompson, les éditions Rivages ont choisi de s'attaquer à un roman sans doute moins connu de l'auteur malgré ses adaptations au cinéma (Guet-Apens, de Sam Peckinpah, avec Steve McQueen et Ali MacGraw, et son remake des années 1990 avec Alec Baldwin et Kim Basinger). Mais nul doute que cette Échappée, pour méconnue qu'elle soit, méritait amplement cette nouvelle édition.
Monument d'efficacité, ce roman allie une action littéralement haletante (pour une fois, l'adjectif n'est pas usurpé) et l'instillation vénéneuse d'une tension qui atteindra son comble dans une fin ambigüe et ouverte qui laisse présager du pire… mais pour qui ?
Entre temps, on aura vu l'amour fou céder peu à peu la place, à mesure que les obstacles s'amoncellent sur le chemin, à une méfiance confinant à la paranoïa qui atteint un sommet dans une éprouvante scène de claustrophobie menée de main de maître par un auteur qui sait se montrer redoutablement efficace avec une impressionnante économie de moyens.

De ces deux personnages dont le désir de paraître comme des rebelles coupant avec les règles communes de la société dissimule bien mal de nets penchants psychopathes, Jim Thompson fait deux héros tragiques dépassés pour l'un par son hubris, et pour l'autre par une réalité bien moins romantique que ce qu'elle l'avait imaginé au moment de quitter sa morne existence d'insignifiante bibliothécaire pour embrasser la vie de bandit de grands chemins. Cette rupture entre ce que Doc et Carol croient être (ou voudraient être) et la moins reluisante réalité les amènera chacun à rejeter plus ou moins consciemment la faute sur l'autre et à craindre de plus en plus la trahison de cet alter ego dans le regard duquel ils ne se reconnaissent plus.
Cette insidieuse et imparable montée de la tension qui va de pair avec l'échec de plus en plus patent d'une fuite qui ne leur laisse aucun répit fait de L'échappée un somptueux et redoutable roman noir.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Doc McCoy sort de prison et programme immédiatement un hold-up avec l'aide de son épouse Carol et d'un complice. S'il voue une véritable passion à la première, le second n'est qu'une nécessité imposée par le côté pratique de l'opération. C'est d'ailleurs pourquoi Doc tente de l'éliminer dès que l'affaire est entendue. Car Doc et sa femme ne sont pas que des petits truands ; ils sont aussi des gangsters sanguinaires qui éliminent froidement tous ceux qui se placent, volontairement ou non, en travers de leur route...

Tel est le point de départ d'un road movie haletant dans lequel Jim THOMPSON prend le temps de bien analyser la psychologie de ses personnages, en tout cas celle de Doc et de Carol. Plus que l'action ou l'intrigue, c'est d'ailleurs cette psychologie qui est la force du roman, ses deux personnages principaux étant complexes et véritablement humains, en dépit de leurs actes de violence. Doc est intelligent, posé et prévoyant ; Carol est une femme amoureuse qui est prête à tout pour l'homme qu'elle aime. L'un et l'autre se vouent une véritable passion, laquelle se voit exacerbée par la séparation qu'ils viennent de subir.

Mais la tension générée par leur cavale va quelque peu gripper cet amour total et c'est de manière sourde que la méfiance s'installe à mesure que les coups du sort s'accumulent. A ce niveau aussi THOMPSON montre sa fine capacité d'analyse psychologique.

De plus cela ne nuit en rien au rythme du récit et au déroulement de l'intrigue. On sortira même de cette lecture avec quelques scènes durablement inscrites dans nos mémoires. Reste l'ultime chapitre, pour le moins troublant, presqu'onirique, et qui ne peut qu'interpeller le lecteur et laisser libre cours à son interprétation personnelle.

Notons enfin qu'à l'instar de L'assassin qui est en moi le roman bénéficie lui aussi d'une nouvelle traduction intégrale.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
On se dit que c’est un mauvais rêve. On se dit qu’on est mort, soi-même, pas les autres, et qu’on s’est réveillé en enfer.

Mais on sait bien que c’est faux. Les rêves ont une fin, et là, il n’y en a pas.
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Doc était fait pour le crime, pour les entreprises de grande envergure auxquelles il en arriva rapidement. personne n'avait la faculté de s'adapter aux particularités d'un coup aussi facilement que lui, personne n'était capable de planifier avec autant de perspicacité, personne n'était aussi impavide et imperturbable.
Il aimait son métier. Abordant à l'âge de vingt-cinq ans une lourde peine de prison, il n'en était pas moins demeuré fidèle à son engagement. Son butin, au cours des cinq dernières années, s'élevait à plus de cent mille dollars par an. Pour une somme pareille, on pouvait se permettre de prendre patience un certain temps. Il pourrait mettre à profit son inactivité forcée pour se défendre, nouer de nouveaux contacts, améliorer sa connaissance du monde criminel et planifier de nouveaux coups.
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Avec une amabilité pleine de gravité, il versa du whisky à plein goulot dans le verre de Carter "Doc" McCoy. Puis il remplit le sien et se mit à pincer les lèvres avec commisération en voyant Doc repousser son verre de côté.
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T'as qu'à jouer franc-jeu avec moi et t'auras pas plus à t'en faire qu'une puce dans une fourrière pleine de clebs.
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Les Santis étaient des habitants des collines, des rebelles et des hors la loi plus que des criminels au sens commun du terme. Jamais ils n'oubliaient un service rendu ni ne pardonnaient une offense. Ils représentaient cette chose rare dans le monde du crime, des gens qui possédaient un réel sens de l'honneur. A une autre époque, ils auraient pu être pirates...
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Videos de Jim Thompson (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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