Poursuivant ma découverte de cet auteur aux idées d'avant-garde, je pars avec lui dans les forêts de Nouvelle-Angleterre, et je me laisse envahir par le spectacle réservé aux habitants d'Amérique du Nord, pendant cette période qu'on appelle l'Eté Indien.
Pour Thoreau, les feuillages flamboyants qu'il admire, de début septembre à fin octobre, n'ont rien de mélancolique. Ils sont une preuve de vitalité et une promesse d'abondance.
Avec beaucoup de finesse et d'intelligence, il décrit le cycle biologique des arbres, et le rougeoiement qui précède la chute des feuillages est une véritable apothéose.
Il accorde autant de prix à cette abondante chevelure des arbres qu'aux récoltes automnales de pommes, de noix et de raisin.
"Plus que les simples graines et semences, voici la grande moisson de l'année.Les arbres restituent à la terre avec intérêt ce qu'ils lui avaient emprunté. Ils lui font une escompte, se préparant à ajouter l'épaisseur d'une feuille à son terreau. Nous somme tous enrichis par cette décomposition. Cette récolte m'intéresse plus que l'herbe anglaise et le maïs. Elle prépare le terreau vierge d'où sortiront les champs de blé et les forêts."
L'arbre est prodigue aussi de beauté, il enrichit la palette des couleurs, il répand à nos pieds un somptueux parterre que nous foulons légèrement. L'arbre en lui-même est un ornement pour le paysage, et il remplit nos yeux de sa grâce ou de sa force. Ormes, érables ou chênes écarlates, ils offrent à chacun un feu d'artifice "qui ne coûte aucune poudre à canon".
Thoreau est un éveilleur de consciences, ses textes sont courts, écrits simplement, mais il sait nous faire part de ses observations et de sa réflexion avec justesse. Les textes écrits au milieu du XIXè siècle n'ont rien de naïf ou de sottement romantique. Ils plaident pour une activité humaine qui respecte la nature, au lieu de la détruire.
C'est un dissident, qui critique la société mercantile et esclavagiste de son époque.
Prophète, philosophe, voyageur, ermite parfois, mais jamais indifférent au sort des plus humbles, il reste très moderne.
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Le "nature writing" est très intéressant en lui-même, mais encore plus repositionné dans le contexte de l'auteur. Lire pour cela la dernière partie du texte : "Thoreau essayiste". Passionnant !
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Les objets échappent souvent à la vue, non pas tant parce qu'ils sont en dehors de notre champ de vision que parce que notre esprit n'est pas disposé a les voir.
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