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EAN : 9782330183653
208 pages
Actes Sud (10/01/2024)
3/5   3 notes
Résumé :
Films, livres, presse, réseaux sociaux, jeux vidéo, musique, spectacles, expositions… éveillent notre joie, notre curiosité, notre réflexion, mais peuvent aussi induire un effet de serre périlleux pour nos cerveaux.
Si le réchauffement climatique constitue un véritable danger pour la vie, celui des esprits doit aussi retenir toute notre attention. Trop de stéréotypes, de discours de haine ou de désinformation agissent comme des polluants, nuisibles à l’épano... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Réchauffement des esprits, la responsabilité sociétale des industries culturelles, est un livre technique qui se développe en 3 grandes parties.
Tout d'abord un diagnostic est posé sur les méfaits et les erreurs commises aujourd'hui par (et dans) le monde de la culture : désinformation en ligne, harcèlement, dénigrement, stéréotypes, manque de diversité, etc... Les répercussions sociales et psychologiques de ces méfaits sont également présentées, avec moult sources et statistiques.
La seconde partie est quant à elle dédiée aux réponses qui y ont été apportées jusqu'ici, mais surtout à leurs limites. le manque d'engagement et de réelle motivation à répondre aux défis qui sont posés par l'industrie culturelle et par les institutions est ainsi décrypté.
Puis pour en terminer avec son essai (si on peut qualifier le livre ainsi), Pascale Thumerelle ouvre un troisième et dernier chapitre consacré aux solutions nouvelles que l'on pourrait envisager face à ces défis qui ne sont pas nouveaux mais qui ont explosé au cours des dernières années. Les enjeux sont nombreux : protection des individus (notamment des enfants), stabilisation des démocraties, limitations des risques liés aux addictions, meilleure répartition de la richesse, pluralité de l'offre culturelle, amélioration de l'accès à une information crédible, ...

L'enfer est pavé de bonnes intentions. Voilà le résumé de ma pensée après avoir parcouru cet ouvrage. Car oui le diagnostic est plutôt cohérent, et à ce titre l'ouvrage présenté ici soulève une liste de problèmes réels auxquels nous sommes tous confrontés. Abrutissement des masses, nivellement par le bas, difficulté d'accès à la culture pour les classes sociales les moins privilégiées, primauté de l'opinion individuelle sur les faits, souffrances multiples liées aux dérives récentes, mais aussi accès trop facile à la pornographie, intimidations en ligne sous couvert d'anonymat, dénigrements, rétrécissement de l'offre culturelle, manque de pluralisme dans les médias, dangers de l'hyperconcentration des pouvoirs des GAFAM : la liste est longue et non exhaustive. Jusqu'ici je suis tout à fait d'accord avec le contenu de l'ouvrage, et des oeuvres ont d'ailleurs contribué à alerter sur certains de ces sujets. Je pense notamment à des films comme Les Nouveaux Chiens de Garde ou Idiocracy. Là où le bât blesse, à mes yeux, c'est sur le parti pris idéologique de l'auteur. On sent à la lecture de ce livre qu'un certain progressisme de centre-gauche est à l'oeuvre. Si les critiques peuvent tomber sans concession à l'égard d'un Hanouna, d'un Zemmour, ou d'un Trump (à juste titre), on sent qu'il est beaucoup plus difficile pour Pascale Thumerelle de critiquer l'autre bord de l'échiquier qui n'est pourtant pas en reste. Par exemple, écrire que Zemmour utilise une rhétorique guerrière surprenante et mal avisée sur de trop nombreux thèmes est bienvenu. Mais dès lors, afin d'avoir une vision non partisane des choses, il aurait été bienvenu de souligner que d'autres le font tout aussi facilement (je pense au fameux "nous sommes en guerre" répété plusieurs fois à l'antenne par Emmanuel Macron lorsqu'il parlait des mesures à mettre en place contre une épidémie). Idem pour le dénigrement et le harcèlement : on ne peut pas critiquer les individus lambda qui s'y adonnent et ne pas évoquer les personnalités publiques qui ont humilié et traîné dans la boue ceux qui, pourtant peu nombreux, et pour en revenir à cette période récente, choisissaient en toute légalité de ne pas se faire vacciner : si on ne peut pas tolérer le harcèlement de manière globale, alors on ne peut pas accepter qu'un Président annonce vouloir emmerder une partie de son peuple, ou que les médias traitent pendant des mois toute pensée différente de complotiste dans une distorsion simpliste de la réalité. En résumé ce qui me dérange en partie dans ce livre c'est une sensation d'avoir encore une fois à me confronter à un deux poids deux mesures, à une indignation sélective, trop visible pour que je n'en parle pas dans ces quelques lignes. Si les problèmes soulevés (encore une fois à juste titre) dans Réchauffement des esprits sont si importants, alors on ne peut pas se défausser uniquement sur une partie du spectre des institutions/personnalités/entreprises qui en sont responsables : c'est trop facile.
Par ailleurs j'ai un désaccord profond avec Pascale Thumerelle quant au rôle de protecteur alloué aux institutions nationales. Oui le rôle de l'État est de protéger ces citoyens. En revanche l'accumulation de lois de plus en plus contraignantes ne peut en aucun cas être l'unique solution. L'État doit en effet pouvoir participer au développement d'un esprit critique chez ses citoyens : c'est la meilleure arme contre tout type de manipulation ou d'injustice. "Ne me donne pas de poisson, apprend moi plutôt à pêcher". Là, le bon fonctionnement de l'école devient primordial. le bien-être des parents également. Et bien évidemment, en parallèle, poser des règles contraignantes aux entreprises culturelles (jeux vidéo, cinéma, magazines, plateformes en ligne, etc) qui abusent.
Finalement j'ai l'impression que Réchauffement des esprits est assez symptomatique d'un mal qui ronge nos sociétés modernes : les têtes pensantes, celles et ceux qui se considèrent comme les détenteurs de la connaissance (ou pire, de la vérité), essayent tant bien que mal de s'attaquer aux symptômes de la maladie, mais pas à ses racines. Ils ne voient pas (ou plus) que les dérives actuelles sont la conséquence logique d'un monde capitaliste/darwiniste/individualiste/consumériste où les entreprises en quête de profits exponentiels trouveront toujours des moyens ingénieux pour contourner les règles, s'en absoudre même, et continueront à abêtir et à asservir le plus d'individus possible. On remarquera d'ailleurs les réponses fades, lisses, et sans saveur, de compagnies comme Netflix ou Disney, qui aseptisent le monde pour répondre aux critères définis par les institutions. En voulant déresponsabiliser les individus, en en ayant fait de simples consommateurs égotiques, en restreignant sans cesse le cadre d'expression, je crois que nos décideurs ne font que dépeindre de mieux en mieux l'image du serpent qui se mord la queue. Dommage également de ne pas voir plus de place accordée dans ce livre aux nouveaux canaux d'informations indépendants (Elucid, Thinkerview, Blast, etc) plutôt que de se focaliser sur les organes de presse classiques, même s'il faut bien concéder à l'auteure qu'elle met en garde contre la concentration trop forte des journaux et des médias de l'information aux mains d'oligarques/milliardaires qui influencent indéniablement le contenu de l'information ou du divertissement proposés.

Voilà pour mon retour sur Réchauffement des esprits, par Pascale Thumerelle. Je suis très mitigé, c'est mi-figue mi-raisin à mes yeux. Pas inintéressant mais son contenu me semble dépassé à bien des égards, même si certains postulats de départ sont justes et bien présentés. Cela me fait même un petit peu peur au final, car j'ai l'impression que nous avançons dans un monde où l'on va continuer de déresponsabiliser les parents, où l'on va continuer d'amoindrir les capacités cognitives des individus (et donc leur esprit critique), où l'on va continuer de mettre à mal la tradition au profit de la bien-pensance, où l'on va continuer de poser des sparadraps sur une hémorragie qui pourrait devenir fatale. Voilà pourquoi j'ai écrit que l'enfer est pavé de bonnes intentions : à trop vouloir faire le Bien, on finit parfois par faire le Mal sans même s'en rendre compte.

Merci à Babelio et à Actes Sud de m'avoir fait parvenir un exemplaire de cet ouvrage à la suite d'une Masse Critique.

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Je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Actes Sud de m'avoir sélectionné et attribué un exemplaire de l'ouvrage de Pascale Thumerelle, "Réchauffement des esprits : La responsabilité sociétale des industries culturelles" à la suite d'une Masse Critique.

En premier lieu, l'objet de la réflexion menée n'est pas courant, l'autrice étant en la matière une pionnière de la responsabilité sociétale des industries culturelles, et elle a reçu dans ce cadre les éloges par «The Economist» en 2015. Elle a par ailleurs fondé en 2018, Respethica, un cabinet de conseil en création de valeur durable qui accompagne des entreprises dans leur démarche de responsabilité sociétale. Autant dire qu'elle maitrise son sujet, qui est par ailleurs devenu un enseignement à l'ESCP Business School et à Sciences Po.

Pascale Thumerelle nous explique ainsi les dangers pour le vivre-ensemble que les différents acteurs des industries culturelles et autres créateurs de contenus (aux supports désormais multiples) peuvent générer. Alors que les entreprises sont interrogées et jugées sur leurs actions en matière de réchauffement climatique, enjeu dorénavant incontournable, le secteur des industries culturelles, pour sa part, s'avère peu questionné sur ses responsabilités sociétales.
Et cela est dorénavant à mettre en exergue car à l'instar de l'empreinte carbone, une empreinte cérébrale se génère avec comme l'on peut s'en douter, des effets néfastes : ainsi , il faut bien prendre en considération que l'influence exercée par ce secteur (qui représente au bas mot 48 millions d'emplois et plus de 3 % du PIB) qui crée, produit et distribue des biens et services culturels est tout sauf neutre. Ces multiples acteurs sont en effet en capacité de transmettre des idées, de semer des représentations, de façonner des imaginaires, et par la même occasion, modeler nos pensées, ou encore limiter notre libre arbitre ou bien au contraire renforcer notre capacité de jugement. Cela peut s'entendre au final d'un effet d'"emprise".

Dans cet essai, l'auteur dresse un bilan honnête de la situation, la culture devant par principe éveiller à toutes les sensibilités et s'adresser à tous les publics et propose des pistes intéressantes à l'heure où il apparaît que certaines productions culturelles mettent en avant sinon valorisent des discours de haine, font la promotion ou recourent à des stéréotypes sur les femmes notamment, représentent des dangers pour les enfants ou encore partagent de la désinformation. La vigilance doit donc être de mise en permanence et de nombreux garde-fous instaurés sinon renforcés pour que l'esprit critique demeure.
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Un livre très intéressant sur les médias culturels et leur responsabilité. le formatage des esprits et leur implication dans la désinformation et si j'osais, je dirais même la création d'un crétinisme ambiant ! Les productions culturelles sont de plus en plus vides de sens, et on peut s'interroger sur l'avenir de l'esprit critique et la raison.

Mais ce livre n'arrive-t-il pas trop tard ? Cette envie de lutter contre ces sociétés en les mettant face à leur responsabilité est louable, mais encore faudrait-il réellement vouloir lutter contre ceux qui rapportent l'argent !

D'un autre côté, renvoyer l'entière responsabilité à ces sociétés, déresponsabilise les parents qui ont aussi une responsabilité face aux choix culturels de leurs enfants. Même si l'impact est beaucoup moindre à l'adolescence, si les bases ont été posées, on pourrait s'attendre à une génération plus critique, moins prompte à entrer dans un moule préfabriqué où le cerveau n'est plus qu'un objet malléable.

Le parallèle entre réchauffement climatique et réchauffement des esprits est assez intéressant, car en fin de compte, tout le monde dit qu'il faut faire quelque chose, mais personne ne fait rien, tellement cela semble impossible à surmonter.

Pourtant, nous avons les clés, mais avons-nous envie d'ouvrir les portes vers un avenir salvateur ? Les médias, les politiques... N'ont-ils pas, au contraire, intérêt à ce que nous soyons tous des moutons, pour mieux nous dominer ?
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La cohabitation de microentreprises ou entrepreneurs individuels avec de grands industriels complexifie l’analyse de la chaîne de valeur du secteur. La diversification des métiers brouille également les périmètres de plus en plus perméables entre les différents contributeurs : artistes, créateurs, journalistes, techniciens, opérateurs, investisseurs, émetteurs, diffuseurs, développeurs… À l’opposé des microentreprises figurent des mastodontes. Ainsi, parmi les dix‑sept plus grandes capitalisations boursières mondiales en 20221, six entreprises consacrent une part croissante de leurs investissements à la création, la production et la distribution de contenus. Les trois premières places sont occupées par Apple, qui diversifie son portefeuille d’activités dans la musique, la presse, les jeux vidéo, Microsoft, qui a racheté le géant des jeux vidéo Activision Blizzard, et encore Alphabet (Google), très investi dans la culture ou le patrimoine. Suivent Amazon, qui a procédé au rachat de la major du cinéma hollywoodien Metro Goldwyn Meyer, Meta (Facebook), qui révolutionne les réseaux dits “sociaux”, et encore le Chinois Tencent, de plus en plus gourmand en jeux vidéo. À l’exception de cette dernière entreprise, les autres finalistes du classement
des champions des capitalisations boursières dans le secteur des médias
sont américains.
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Les industries culturelles sont peu questionnées sur leur responsabilité
d’entreprise et leur impact vis‑à‑vis de la société. Si le réchauffement climatique constitue un véritable danger pour la vie, le réchauffementdes esprits doit aussi retenir notre vigilance. Les créateurs, producteurs et distributeurs de contenus sont concernés au premier chef. Films, livres, presse, réseaux sociaux, jeux vidéo, musique, spectacles, expositions... éveillent notre joie, notre curiosité, notre réflexion, mais peuvent induire un effet de serre périlleux pour nos cerveaux. Trop de stéréotypes, de discours de haine ou de désinformation agissent comme des polluants, nuisibles à l’épanouissement individuel et à la cohésion sociale. Cette fièvre est oubliée par les citoyens et par les acteurs de ce secteur si influent, tant par les revenus qu’il génère que par les emplois créés, près de 8 millions en Europe, soit deux fois plus que la construction automobile.

Ce livre veut prendre la température, établir un diagnostic et proposer des remèdes pour que les responsabilités industrielles, collectives et individuelles se rejoignent. Chacun doit prendre sa part. L’enjeu est de préserver nos valeurs démocratiques et les droits humains tels la liberté d’expression, la promotion de la diversité culturelle, la protection des enfants. Notre travail vise à sensibiliser celles et ceux qui ont un lien avec ces entreprises : collaborateurs, investisseurs, ONG, consommateurs,
artistes et pouvoirs publics. Il décrit de bonnes pratiques. Y sont présentées des pistes d’action pour que les parties prenantes, mues par une exigence de transparence, puissent mesurer l’influence et l’engagement des industries culturelles et prennent conscience de leur rôle de vigie, d’alerte pour combattre ensemble le réchauffement des esprits.

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE), qui évalue leur contribution au développement durable, s’est imposée dans le débat public. Mais elle franchit difficilement le seuil des industries culturelles.
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