Ce que je trouve absolument fabuleux c'est que la fille actuellement la plus célèbre du monde, n'est pas un modèle sexy d'Hollywood ou de Cinecittá, mais une écolière suédoise et activiste de 16 ans. Pas une beauté, mais un personnage admirable. Elle n'a pas l'allure de sa compatriote illustre et homonyme, Greta Garbo, mais elle a d'autant plus de mérites, puisque seule, partie de nulle part.
Moi, qui viens de terminer la lecture d'un livre sur les spin doctors et autres manipulateurs cyniques de la chose politique (Giuliano da Empoli "Les ingénieurs du chaos"), je suis franchement heureux de pouvoir constater que notre monde compte, tout à fait à l'opposé du spectre humain, aussi une Greta Thunberg.
Quand bien même si le problème qui l'a incité à la grève scolaire est un des plus inquiétants et graves de notre planète.
La version de l'ouvrage de Greta Thunberg que j'ai en mains est la néerlandaise, intitulée - comme la version anglaise d'ailleurs - "Notre maison est en feu". Pour une fois, j'ai grand plaisir à annoncer que la version française sort le 30 octobre prochain. Le livre porte comme sous-titre "Une famille et l'avenir de notre planète".
Ce qui est logique puisque tout le ménage Thunberg y a contribué : Greta, Malena Ernman, sa mère, Svante Thunberg, son père, et sa petite soeur Beata, de 13 ans.
Greta est née le 3 janvier 2003 à Stockholm. Sa mère, Malena, est la chanteuse d'opéra mezzo-soprano, de 48 ans, qui a défendu les couleurs suédoises au concours Eurovision de la chanson en 2009 à Moscou, où elle termina cinquième ; son père Svante, 50 ans, est gestionnaire d'art, acteur et l'auteur principal de "Scènes du coeur".
Comme le comédien français, Thierry Redler (1958-2014), et la chanteuse néo-zélandaise Ladyhawke (de son vrai nom Philippa Brown), l'enfant Greta souffre du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme, et a, à un certain moment, de sérieux troubles de l'alimentation, qui causaient à ses parents beaucoup de soucis.
C'est le 20 août 2018, qu'une gamine de 15 ans appelle, devant le parlement suédois, à une grève scolaire pour réclamer des mesures urgentes contre le réchauffement climatique. Son exemple est suivi un peu partout et les grèves scolaires se multiplient. En Belgique, une jeune flamande au nom malencontreux d'Anuna de Wever (pas relatée pourtant au président de la nouvelle alliance flamande, Bart de Wever), reprend, à 17 ans, son flambeau en organisant à Anvers, en janvier dernier, la première grève scolaire. Sur la photo de Greta à l'Élysée que j'ai rajoutée, Anuna se trouve à l'extrême droite. Chez nous, ces grèves scolaires préoccupent les autorités davantage que le réchauffement désastreux de notre planète, comme nous avons pu le constater lors de la Conférence de Katowice de décembre 2019 sur le climat, où la contribution belge a été lamentablement nulle.
Je ne suis pas un expert en matière climatique, mais il faudrait être aveugle ou de mauvaise volonté pour ne pas s'inquiéter de ce fameux réchauffement, lorsque l'on constate la disparition des glaciers au pôle Nord et Sud, les incendies forestiers... ou tout simplement les températures enregistrées, qui semblent constamment soucieuses de battre de nouveaux records. Minimaliser l'ampleur de ce phénomène, à cause des investissements colossaux qu'un combat efficace implique, revient, en fait, à répéter la fameuse boutade attribuée à la fameuse Pompadour "après nous le déluge" et est inadmissible, surtout envers les futures générations.
C'est dans ce contexte que certains députés, essentiellement de droite, se sont rendus ridicules en voulant boycotter la venue à l'Assemblée nationale du "gourou apocalyptique", comme l'a appelé l'honorable Guillaume Larrivé, où elle avait été invitée par 162 députés, membres du mouvement "Accélėrons". Son pote, l'honorable Julien Aubert, a réussi à être encore plus marrant en la qualifiant de "prophétesse en culottes courtes" et "Prix Nobel de la peur". Ces 2 petits rigolos sont tous les 2 candidats à la présidence des Républicains cette année !
J'ai apprécié par contre la réplique du secrétaire d'État à l'Éducation, Gabriel Attal, qui a remarqué "À croire que pour certains la jeunesse est un facteur disqualifiant pour s'exprimer !" (Source "Le Monde" du 22 juillet dernier).
C'est tout de même incroyable que la vérité doit venir d'une jeune fille sans grands diplômes, plutôt que des politiques sortis des instituts prestigieux, comme l'ENA ! Comment interpréter autrement sa mise en garde : "Tant que vous ne commencez pas à vous concentrer sur ce qui doit être fait, plutôt que sur ce qui est politiquement possible, il n'y a aucun espoir." Et la réaction de certains ténors de la politique : "Oui, mais...."
Le mois dernier, notre jeune militante écologiste a traversé l'Atlantique en bateau, et à son arrivée à New York, le 28 août, a lancé un appel à Donald Trump : "d'écouter la science", mais au maire new-yorkais, Bill de Blasio, elle a confié qu'elle ne croyait pas trop en une réaction positive du Président, qu'elle pourrait rencontrer le 23 septembre prochain, pour le sommet sur le climat de l'ONU. Affaire à suivre, mais je ne me fais point d'illusions sur la sagesse du Donald en matière climatique ! Le grand visionnaire s'est déjà montré tellement clairvoyant en retirant, le 1er juin 2017, son pays de l'Accord de Paris sur le climat du 12 décembre 2015, signés par 184 pays.
L'ouvrage compte 108 "scènes" et 293 pages. À mon avis, certaines scènes sont un peu superflues et ne nous apprennent rien de particulier sur la jeune militante écologique. Je dois aussi avouer que l'ouvrage n'est pas très littéraire. Je suis cependant satisfait de l'avoir lu, ne fût-ce que comme hommage à Greta Thunberg, qui par ses initiatives a prouvé que dans notre monde parfois égoïste et impitoyable, il reste de la place à l'idéalisme noble et généreux.
Commenter  J’apprécie         6721
Scènes du coeur est un livre singulier. En participant à la dernière masse critique, je m'étais laissée tenter pour la découverte des idées de la jeune fille qui fait trembler les politiciens.
Ce n'était pas un personnage qui m'attirait plus que ça. J'avoue qu'en voyant son visage "antipathique", j'avais envie de lui donner des "baffes" et je n'avais pas cherché plus que ça à comprendre ses convictions.
Bref, dans un élan de curiosité, j'ai commencé ce livre.
Tout d'abord, ce n'est pas Greta qui en est la principale autrice, ce qui peux prêter à confusion de par la couverture et le résumé. En effet, c'est sa mère qui prends la parole dans la majorité du bouquin.
Malena Ernman ne vous dit peut être rien en France mais en Suède, elle est une chanteuse d'opéra. reconnue. Elle se livre à coeur ouvert sur sa vie. C'est alors que j'apprends que Greta Thunberg est atteinte du syndrome d'Asperger, ce qui m'ouvre les yeux sur ce qui m'agaçait en elle. Oui Greta est différente des adolescentes qu'on a l'habitude de voir. Non, elle se fiche d'avoir la dernière tenue à la mode, non elle ne fera pas de caprice pour avoir le dernier smartphone sur le marché... Greta est omnibulée par une chose! le bien être de la planète Terre. de notre maison qui comme elle dit si bien brûle par notre faute.
Alors à la lecture de ces pages, j'ai honte... honte d'avoir méprisé une jeune fille si courageuse, honte de n'avoir pas le courage de faire comme Greta, et d'être du genre de dire "mon fils, j'aimerai que tu fasses de grande choses plus tard, que tu sauves la planète" , honte de jouer l'autruche, de me voiler la face sur le devenir de la planète.
Bref un livre qui donne à réfléchir.
Si la lutte pour le climat est constamment présente, il est un sujet qui le surpasse... L'autisme. En effet le combat des parents pour maintenir un équilibre dans leur vie familiale est la trame de "Scènes du coeur", Beata est aussi autiste. On vit donc le quotidien de cette famille hors du commun et pourtant si simple.
J'ai apprécié la lecture bien que ce ne soit pas de la grande littérature que certains passages sont répétitifs, voir inutiles. C'est un livre vrai et honnête. Je suis heureuse de l'avoir lu et d'avoir un nouveau regard sur Greta Thunberg.
Je remercie Babelio et les éditions Kero pour cette découverte enrichissante.
Commenter  J’apprécie         60
Un peu plus tard, on m'a diagnostiqué un syndrome d'Asperger, un trouble obsessionnel compulsif et un mutisme sélectif. Tout cela veut simplement dire que je parle uniquement quand cela est nécessaire. Comme c'est le cas maintenant.
Pour celles et ceux qui souffrent de la même chose, presque tout est soit blanc, soit noir. On ne sait pas mentir et on a peu d'intérêt pour ce jeu social que beaucoup semblent particulièrement apprécier.
Et oui j'écris mes propres discours. Mais comme je sais qu'ils vont toucher beaucoup de monde, je demande souvent conseil. Il y a quelques scientifiques auxquels je demande régulièrement de l'aide sur la manière de m'exprimer sur certaines questions complexes.
ET à bien des niveaux, je pense que nous, les autistes, sommes les "normaux" et que vous, les autres, êtes des gens plutôt étranges.
Surtout au sujet de la crise environnementale: tout le monde s'accorde à dire qu'elle est une menace existentielle, le défi le plus important de notre époque, et pourtant personne ne bouge.
Tout continue comme si de rien n'était.
Les adultes continuent de dire: « Cest notre devoir de donner de l'espoir aux jeunes. »
Mais je ne veux pas de votre espoir.
Je ne veux pas que vous soyez pleins d'espoir.
Je veux que vous paniquiez.
Je veux que chaque jour vous ayez peur comme moi.
Et puis je veux que vous agissiez.
Je veux que vous agissiez comme si vous étiez en crise .
Je veux que vous agissiez comme si notre maison était en feu.
Parce qu'elle I'est.
Tout comme personne ne parle jamais du fait que nous sommes en train de vivre la sixième extinction de masse: jusqu'à 200 espèces disparaissent chaque jour; la vitesse d'extinction est de 1 000 à 10 000 fois supérieure à la normale.
Greta Thunberg, Vanessa Nakate, Sophie Binet... Mediapart organise une soirée spéciale climat, alors que le gouvernement a prononcé la dissolution des Soulèvements de la Terre. Avec Attac et 350.org, des figures de l'activisme climatique mondial et du syndicalisme sont réunies. Comment concilier impératif écologique et social dans le monde ? Comment éviter que la transition écologique ne creuse encore les inégalités ?
Nos invité·es :
1) Fin du monde, fin du mois : comment lutter ensemble ?
Greta Thunberg, initialement programmée dans l'émission, nous a fait savoir à la dernière minute qu'elle ne pouvait être présente.
Vanessa Nakate, Rise Up Climate Movement ;
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT ;
Clémence Dubois, directrice de campagnes, 350.org ;
Léna Lazare, Youth for Climate, membre des Soulèvements de la Terre.
2) Réinventer la solidarité Nord-Sud autour du climat
Diana Nabiruma, Africa Institute for Energy Governance, défenseuse des droits humains et de l'environnement en Ouganda ;
Youlie Yamamoto, porte-parole d'Attac ;
Simon Duteil, co-délegué général du syndicat Solidaires ;
Benoît Teste, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire ;
Disha Ravi, Fridays For Future MAPA (Most Affected People and Areas) ;
Luisa Neubauer, Fridays for Future Allemagne.
Mediapart n'a qu'une seule ressource financière: l'argent issu de ses abonnements. Pas d'actionnaire milliardaire, pas de publicités, pas de subventions de l'État, pas d'argent versé par Google, Amazon, Facebook… L'indépendance, totale, incontestable, est à ce prix. Pour nous aider à enrichir notre production vidéo, soutenez-nous en vous abonnant à partir de 1 euro (https://abo.mediapart.fr/abonnement/decouverte#at_medium=custom7&at_campaign=1050). Si vous êtes déjà abonné·e ou que vous souhaitez nous soutenir autrement, vous avez un autre moyen d'agir: le don https://donorbox.org/mediapart?default_interval=o#at_medium=custom7&at_campaign=1050
+ Lire la suite