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EAN : 9782709663465
200 pages
J.-C. Lattès (16/01/2019)
3.95/5   22 notes
Résumé :
Voici l'histoire d'une famille et d'un domaine : une grande ferme carré de Wallonie dominant la plaine de Waterloo dont l'origine remonte au VIIIe siècle. Détruite durant la Seconde Guerre mondiale, amputée de ses terres agricoles, elle va revivre peu à peu sous les mains de bâtisseur de Bernard Tirtiaux qui la rachète à sa famille et la reconstruit brique après brique, pour y créer son atelier de maître verrier ainsi qu'un centre dédié aux arts.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bernard Tirtiaux est un homme de verre et de mots.
Cet artiste belge rend notre paysage plus lumineux, paysage de la nature, des consciences et de la beauté.

Cette autobiographie nous dépeint son histoire familiale, ancrée à la ferme de Martinrou, dans le Hainaut en Belgique. Vendue à la mort de ses parents, il n'a eu de cesse de se la réapproprier, de la transformer, de la rénover. Il en a fait un lieu d'accueil pour l'Art, accessible à tous, y compris aux enfants.
Il l'a embellie par ses sculptures de verre, par ses vitraux de lumière.
La première partie de son écrit porte là-dessus, et à vrai dire, cela « ronronnait » un peu.

Il nous raconte également la genèse de ses romans, que j'ai tous lus, « Aubertin d'Avallon », « le puisatier des abîmes », « le passeur de lumière », « les sept couleurs du vent », « pitié pour le mal »…
J'aime beaucoup cet auteur, et je suis tout à fait d'accord avec son père qui avait écrit au dos d'un souvenir pieux lors de sa communion : « Que je sois un porteur de clarté qui pénètre les âmes ».


Mais peu à peu, son histoire personnelle se fait jour, et il nous révèle la mort tragique de sa grand-mère Hermine, une femme forte et énergique qui a eu 10 enfants qu'elle n'a guère choyés, préférant s'adonner corps et âme à l'association Caritas accueillant des enfants en danger.
Sa grand-mère le hante, et il insère dans son écrit des sortes de lettres qu'il lui adresse.
Cette hantise est assez mystérieuse…Pourquoi donc lui faut-il tout le temps lui parler ? Nous l'apprendrons peu à peu, car un drame se cache derrière tout cela et il s'y sent relié, étrangement relié.
Et c'est avec émotion que je quitte cette autobiographie au style poétique et aux émotions sincères.

« Une vieille tristesse séjourne en moi depuis toujours et de façon permanente. Certains diront que cet état charbonneux de mon être a rapport avec les outrages incessants que l'humain inflige à ses semblables et à la vie terrestre dans sa multiplicité. le paradis est bel et bien perdu et, pour m'en consoler, je m'applique à recueillir les pépites de lumière qui me courtisent. Mon défi quotidien consiste à raccourcir l'ombre portée, l'ébrancher, que j'en vienne un jour à me baigner dans le nu, le transparent, le limpide, épouser la source ».
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Parfois, je voudrais être poète pour trouver les mots justes qui décrivent l'enchantement d'une lecture. Quand Bernard Tirtiaux écrit son métier, on est assis sur un nuage qui vous emporte doucement au gré du vent comme des mots. Il a touché à de nombreux domaines qui requièrent un don des mains avant de trouver sa voie dans le verre. Ses compagnons de travail et de vie sont ferronnier, menuisier, tailleur de pierres.
Il a racheté le domaine familial, une ancienne exploitation agricole qui commençait à tomber en ruines et lui a redonné vie, au fil des années, en y installant son atelier, en y créant un centre culturel toujours en activité aujourd'hui. Musique, pièces de théâtre s'y relaient car l'auteur est persuadé que ce n'est qu'à travers la culture que l'homme évitera de se perdre.

Parfois je voudrais être peintre pour, de simples traits, pouvoir donner des images fortes qui dénonceraient la noirceur d'un monde devenu fou.
Car ce domaine qui appartenait à ses grands-parents, au fur et à mesure de sa renaissance, l'entraîne dans une quête, une recherche de vérité sur la vie d'Hermine, sa grand-mère, qu'il a mal connue, qu'il a méconnue.
Comme si son fantôme le hantait et duquel il ressentait une colère sourde. Il pensait que c'était lié au domaine. Mais non. Et l'auteur nous dévoile un pan de la vie d'Hermine durant la guerre 40.
A travers une organisation humanitaire, Hermine s'est dévouée corps et âme pour les orphelins de guerre et a appris, quelques années plus tard, qu'une centaine d'entre eux avait été livrée aux allemands, dont un seul survécu.

Ce livre m'a fait comprendre que la mémoire humaine, autrefois transmise verbalement, n'existe plus ou si peu, à moins qu'elle ne soit écrite. Comme si elle n'avait plus de valeur. Malheureusement, avec le numérique et les moyens technologiques, absolument tout peut être transformé et les vérités dérangeantes, simplement gommées.

Je suis allée faire un tour sur le site de Bernard Tirtiaux. On y voit son domaine, la salle de spectacle, ainsi que des photos de ses créations de vitraux et de ses sculptures de verre qui sont sublimes. C'est assez époustouflant.
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L'artiste se livre.
L'homme se dévoile.
Avec pudeur, avec lucidité, avec amour, Bernard Tirtiaux homme confie à Bernard Tirtiaux écrivain, tout ce qui le bâtit, lui, le maître-verrier, le poète, le fou des arts, le bâtisseur.
Il nous convie et nous raconte « Martinrou », le lieu de tous les possibles et des impossibles vaincus.
Un lieu qui lui colle à la peau depuis toujours et qui sera à jamais marqué par sa présence, quoi qu'il en dise.
On le suit dans la genèse et les cheminements de ce qui constitue l'homme-artiste, du travail du verre aux mots qui se bousculent.
Les époques se succèdent. Il s'attarde particulièrment sur l'une d'entre-elles en la personne de sa grand-mère qu'il n'a pas connue (une personnalité en opposition avec la sienne, un caractère, une croyance chrétienne indéfectible).
Et nous remontons le temps avec lui jusqu'à la « clé » du livre que je ne dévoilerai pas ici.
Ce secret édifiant qu'il démonte petit à petit avec cet acharnement qui lui est propre nous met, nous lecteurs, face à l'Horreur dont certains hommes furent capables pendant la seconde guerre mondiale. Une de plus…
Deux vies sont tirées de l'anonymat et parviennent à nous porteuses d'espoir en ce que l'homme peut offrir de meilleur.
Un hommage bienveillant à cette grand-mère hors du commun.
Un hommage sensible à la souffrance d'un homme brisé.
Un hommage à la beauté et à la nécessité des arts.
Une restriction tout à fait personnelle, les « présences » ressenties heurtent mon esprit : tout est affaire de savoir ou de croyance. Chacun y répondra en son for intérieur.
Un livre lumineux.
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Je découvre Bernard Tirtiaux en même temps que ce livre et c'est un coup de coeur.
Nous assistons à la reconstruction d'une ferme familiale qui fut détruite durant la guerre et plus l'auteur avance dans sa construction, (c'est son autobiographie), plus il s'interroge sur le passé de sa famille, particulièrement de sa grand mère : Hermine dont il sait peu de choses.
Il va alors entamer un voyage dans le temps en retournant vers le passé grâce à des témoignages, lettres, archives, rencontres etc...
Et sa curiosité va se trouver nourrie ainsi que la nôtre tout en suscitant émotions et interrogations.
Récit conté subtilement avec plein d'authenticité et de finesse et se déroulent un à un les fils qui mènent aux révélations finales.
Très belle écriture, je lirai d'autres ouvrages de cet auteur, agréable découverte.
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Deux personnages et un lieu, voilà à quoi se résume ce récit autobiographique de Bernard Tirtiaux. Homme de lettres, il a écrit là son récit le plus intime, le plus touchant, le plus véridique sans doute aussi. En tant que narrateur, Bernard Tirtiaux est l'un des personnages de ce récit. le deuxième personnage est sa grand mère Hermine, dont on découvre les traits, le caractère et la vigueur à travers les lettres que lui écrit Bernard Tirtiaux. Enfin, le lieu , c'est Martinrou, omniprésent tout au long du livre, cette demeure ancestrale, familiale que l'auteur nous décrit à grand renfort d'adjectifs est sans conteste un lieu, peut être même un personnage ... A certains moments, on pourrait la croire vivante.
Bien sûr, un secret de famille bien enterré se dévoile au fur et à mesure de la lecture, mais je n'en dirai pas plus!
C'est un récit très bien écrit, qui a le mérite de renvoyer le lecteur à sa propre histoire, à ses ancêtres, à ses origines. c'est un très bel hommage que rend là l'auteur à sa grand mère et à sa famille en général ! Pourtant, les descriptions sont parfois longues. On reconnaît là l'homme de passion, l'homme de patience, le bâtisseur !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas à proprement parler un athée. Je suis de ceux qui donneraient un oeil pour que Dieu sorte de son absence. Je ne repousse rien. Je guette le signe que d'aucuns ont perçu sans équivoque et qui m'a échappé jusqu'ici.

Plus j'avance en âge, plus j'ouvre mon champ d'investigation. Le divin ne m'est pas apparu dans la tempête ni, du reste, dans le souffle d'une brise légère. Par contre, quelques manifestations s'en rapprochant sont arrivées jusqu'à moi dans l'incongru, le décalé, le hasardeux. Je vis avec l'impression récurrente que des messages me bombardent en permanence pour me parler de l'existence d'un univers parallèle auquel personne de ce côté-ci n'a réellement accès.
Je raconte volontiers le témoignage d'une guide-nature de mes amies qui promène des classes d'enfants. Elle leur fait découvrir la faune et la flore mais aussi des histoires locales. Ce jour-là, sur la place du village de Vierves, elle évoque le destin tragique d'une jeune femme convaincue de sorcellerie au XVIIe siècle et condamnée à être brûlée vive. Le groupe entoure la conteuse à l'exception d'une petite fille qui se tient à l'écart. Pointant l'enfant du doigt, la guide précise :
- Le bûcher a été monté à l'endroit exact où se tient votre condisciple. La sorcière immolée avait pour nom : Marguerite Piret.
La fillette, ébranlée, répond d'une voix ténue :
- Je m'appelle Marguerite Piret !
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Dans la palette des matières, on encense le bois pour sa chaleur, le métal pour sa robustesse, la pierre pour sa docilité aux outils du sculpteur, la terre pour sa plasticité sensuelle. Depuis que je privilégie le verre dans mon travail, il s'est toujours trouvé quelqu'un pour relever que ce matériau était froid, dur et cassant. Je n'en crois rien et je dis vivant, nu et apeuré !
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La où certains ont besoin de s'envoler et d’atterrir pour se sentir en vacances, je me contente de mon jardinet pour assouvir ma soif d'évasion et de bien-être. Heureux, je gamberge. Dans ma tête, je me balade aujourd'hui à Rhodes, à Chypre en Crète.
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Du mortier et des pierres pour assurer les fondations, du verre pour pénétrer du regard la matière, des mots, enfin, pour sortir des limbes ces enfants de personne arrachés à votre cœur par la voie du sang.
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J'interroge la pigmentation des photos pour percer tout ce que mon père ou ma mère auraient pu me dire à l'oreille.
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Videos de Bernard Tirtiaux (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Tirtiaux
Inauguration du vitrail de l'église de Ghlin, le 20 décembre 2015
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