[…] chaque fois que je n’avais pas la possibilité de me représenter clairement ce qui m’arrivait, je le dessinais. Pour en rire, pour en faire rire, ou tout simplement pour ne pas oublier l’immense colère que je ressentais. Le dessin m’a permis de ne pas renoncer à la perception du monde qui était la mienne. Je ne le regrette pas.
C’est de ce parcours dont je parle ici, avec quelques dessins réalisés entre 1965 et 1995. Beaucoup de questions qui les ont motivées n’ont rien perdu de leur actualité. Par exemple : pourquoi vouloir faire sortir de leur chronicité des gens qui s’y trouvent très bien, et en quoi les thérapies qui prétendent purger la société de sa folie sont-elles les plus cruelles ? Ou encore : en quoi le racisme des gens de gauche égale-t-il celui des gens de droite, ou comment les mouvements syndicaux et féministes modifient-ils la conception du soin ? Ou plus inattendu : quelles bonnes raisons y a-t-il d’écouter attentivement quelqu’un parler une langue que l’on ne comprend pas ? Sans oublier bien sûr la dénonciation de l’effarante bêtise des systèmes qui prétendent tout expliquer, hier en psychanalyse et aujourd’hui en neurosciences !
(p. 7)
1975 : Une thèse en BD
Mes copains n’y croyaient pas ! Et moi, j’y croyais si peu que j’avais dans ma sacoche, le jour où j’ai pris contact avec un possible président du jury, une thèse de remplacement sur l’immigration. Mais mon désir était clair : expliquer l’histoire de la psychiatrie aux infirmièr(e)s, aux secrétaires, aux médecins qui ne liraient jamais de livres savants sur la question. Car comment comprendre ce qu’est la psychiatrie sans connaître les enjeux qui l’ont faite, des enjeux qui sont non seulement scientifiques, mais aussi sociétaux et politiques.
Et puis j’avais une autre idée, dont je ne parlais à personne. Démontrer par un exemple comment le fait de remplacer un moyen d’expression par un autre (ici le texte par le dessin) change le contenu du message. Je décide donc d’inventer un une autre histoire, ni plus vraie ni plus fausse que celle des livres dont je m’inspire, mais différente. Et comme ce sont les corps qui sont les sujets principaux du dessin, je mets au centre de mon « histoire » la façon dont les enthousiasmes, les trahisons et les déceptions les transforment. Je traduis dans leur déformation les passions qui les habitent, les impératifs politiques et économiques qui les agressent, les compromis qui les déforment, et la relation de pouvoir absolu que les aliénistes, puis les psychiatres, ont imposé à leurs patients.
Roland Barthes et Michel Foucault me félicitent… mais plusieurs membres de mon jury se déclarent incapables de lire en même temps des textes et des images. Heureusement, le monde évolue. Depuis 2019 l’université de Sherbrooke au Canada développe l’utilisation de la bande dessinée dans trois directions complémentaires : former les élèves aux sciences, rendre les connaissances scientifiques accessibles au grand public et promouvoir de nouveaux formats pour les publications dans les revues spécialisées. Il était temps !
(p. 72)
État des lieux et enjeux
Avec la participation de Nora ABED, Gisèle APTER, Angélique BELMONT, Stéphane BOUCHARD Dana CASTRO, Nele DE WITTE, Bénédicte DEFONTAINES, Naomie DESIREE, Emmanuel DEVOUCHE, Haddia DIARRA, Philippe DRWESKI, Capucine DUBOIS, Quentin FRULEUX, Sara GABRI, Carlo GALIMBERTI, Richard GNASSOUNOU, Sarah HAMMAMI, Marianne JOVER, Gilbert LACANAL, Fredi LANG, Alice LECOQUIERRE, Andra LUNGU, Carine MILCENT, Sylvain MISSONNIER, Gladys MONDIERE, Clotilde PERREVE, Virginie PICCARDI, Fanny REDLINGER, Bertrand SCHOENTGEN, Serge TISSERON, Emmanuelle TRUONG-MINH, Inès UTRILLA, Tom VAN DAELE, Ilaria VERGINE, Xanthie VLACHOPOULOU
Un état des lieux sur les pratiques psychologiques à distance, en France et ailleurs, piloté par des acteurs majeurs de cette discipline.
Cet état des lieux des pratiques à distance des psychologues, en France et au niveau international, a pour objectif de nourrir les réflexions et les pratiques des professionnels et des chercheurs. En effet, les récentes et rapides évolutions de ces modes d'intervention facilitées par l'usage des TIC (technologies de l'information et de la communication) génèrent des débats éthiques et méthodologiques qui s'inscrivent dans les transformations du champ de la santé. Ainsi la télépsychologie, discipline encore assez nouvelle, est amenée à se développer de façon structurée grâce aux résultats de la recherche et aux apports des professionnels de terrain.
Si la pandémie COVID-19 en a généralisé l'utilisation pour permettre le maintien d'un lien ou d'une écoute dans une situation alors particulièrement anxiogène, elle a révélé la nécessité d'une meilleure formation des psychologues pour cerner les problématiques pratiques, techniques, méthodologiques, théoriques et déontologiques. Certains cadres existaient avant la crise dans le contexte scientifique plus large de la cyberpsychologie mais ils restent à enrichir voire à construire dans une démarche collective pour les inscrire dans le champ social, institutionnel et réglementaire. Les auteurs, acteurs majeurs de cette discipline, y contribuent.
Dans la collection
Cybercultures
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