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sur 909 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce livre, tu vas partir en voyage dans les monts des Sudètes, à la frontière entre la Pologne et la République Tchèque, plus précisément. Où tu vas faire la connaissance de Janina Doucheyko, une femme âgée, passionnée d'astrologie, qui vit seule dans un hameau isolé. À la suite de la découverte du corps sans vie de son voisin, d'autres morts suspectes vont survenir dans la région. Janina est persuadée qu'il s'agit d'une vengeance des animaux sauvages contre les hommes. Elle va alors mener sa propre enquête, en se heurtant à l'indifférence et au mépris des autorités locales.

Alors ce fut une excellente lecture pour ma part, mais mon coeur balance, car j'hésite à le mettre dans mes coups de coeur, à la vue du point négatif que j'ai pu relever. J'ai été subjuguée par cette plume pleine de poésie et d'humour. J'ai eu totalement de l'attachement et de l'empathie pour Janina, cette femme qui a su me toucher par sa force de caractère, ses valeurs, et qui se bat pour ses convictions. J'ai aimé être dans sa tête et dans son univers, tout a été réuni pour que cela soit un kiff. L'ambiance qui m'a fait penser à “Seul les bêtes” dans la façon de présenter ses personnages, le fait d'être dans ces lieux sauvages et magnifiques, les thèmes que l'auteure aborde et mène avec brio, comme la condition animale. Idem pour la psychologie du personnage principal. Un livre qui se veut engagé pour la cause animale, mais fait de manière intelligente, sans être moralisateur. J'ai aimé apprendre de nouvelles choses, et l'auteure a su me faire me questionner sur les thèmes qu'elle aborde tout au long de son récit. Pour le point négatif, c'est qu'au niveau de l'enquête, je n'ai pas été subjuguée par la révélation finale. Car j'ai compris assez tôt dans le récit qui était le coupable et pourquoi. Et je pense honnêtement que ce n'est pas pour l'enquête qu'il faut lire ce livre, mais plutôt pour l'atmosphère et le personnage principal. Je pense également que ce livre ne pourra pas plaire à tout le monde, car il faut adhérer au style de l'auteure et à son propos. Mais je ne peux que le recommander et je compte suivre de près cette auteure. Bien sûr, ça reste mon avis personnel et subjectif.
Donc si tu aimes les livres du genre thriller écologique, avec une plume originale et un personnage attachant, ce livre est fait pour toi !
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C'est chez Clément que j'ai découvert ce roman. Séduit par sa couverture ainsi que son résumé, ce dernier a fini par me convaincre de craquer pour celui-ci si tout à la fois et je dois bien admettre que nos avis se rejoignent totalement face à cette grande oeuvre.

Présentée comme une fiction policière, j'ai été plus que surpris et totalement émerveillé de la richesse des nombreuses thématiques abordées par Olga Tokarczuk. Cette dernière ne se contente pas seulement de conter une simple enquête et s'offre le privilège d'offrir un écrit débordant de critiques et constats en tous genres. En passant les portes de cette bourgade polonaise, je ne m'attendais pas à découvrir un univers si froid et hostile à la fois mais tout aussi poétique et parfois même onirique. C'est incroyable comme découvrir le quotidien de ces campagnards s'est révélé exaltant et stimulant. J'ai pris un incroyable plaisir à découvrir le dur labeur des habitants du plateau au Courant d'air et bien qu'isolés de tous, ceux-ci ne manquent nullement d'action ces derniers temps. En effet, une série de meurtres a lieu depuis la découverte du corps sans vie de Grand Pied, le voisin et braconnier de notre chère et attachante vieille narratrice, Jennina. Cette dernière décide alors en quelque sorte d'enquêter tant la police ne semble pas se soucier du destin des habitants et encore moins des animaux de cette campagne profonde. S'en suit alors une véritable et une profonde critique quant aux méfaits de la chasse et du braconnage. A travers Sur les Ossements des Morts, l'auteure prend la parole à la place de faune locale et j'ai été plus que réceptif au message habilement et finement dévoilé au cours de cette lecture. Celle-ci offre une véritable ode à la nature et j'ai adoré ce doux moment d'évasion, contrastant totalement avec la sombreur et la froideur du décor implanté avec minutie. Mieux encore, Olga Tokarczuk offre un roman à multiples lectures grâce aux nombreux et variés sujets abordés tels que l'isolement, le vieillissement et ses conséquences physique et psychologique sur la personne, mais aussi la solidarité, la spiritualité, l'ésotérisme et tant d'autres encore. A tel point qu'une seule lecture ne peut suffire à cette oeuvre pour la comprendre dans son entièreté et l'interpréter comme il se doit. D'autant plus que l'auteure dépeint une oeuvre d'ambiance magistrale et pleine de sensibilité tout en démontrant une plume des plus engagée qu'il soit. Son style est quant à lui des plus accessible, bien que parfois fortement aérien, et se déguste avec délice tant il se veut fin gourmet.

Mon voyage n'aurait pu être aussi vif et susciter autant d'entrain sans le merveilleux personnage qu'est Jennina. Je me suis très vite attaché à cette veille dame faible et solide à la fois. A elle seule, elle est la gardienne de cette terre sacrée et de ses environs. Tantôt mégère, tantôt professeure ou bien encore astrologue et parfois sénile, cette dernière se dévoile construite avec finesse, subtilité et profondeur. Malgré sa courte durée, Olga Tokarczuk est parvenue à donner une véritable âme à son héroïne et dévoile un personnage entier et des plus humain qu'il soit. Entre ses railleries, son intelligence et son altruisme, ce personnage à multiple facettes n'a pas fini de vous surprendre et de vous séduire comme j'ai pu moi-même l'être. Sorte de huit-clos, chaque autre protagoniste dévoilé dans ce récit se veut tout aussi finement élaboré et quand bien même certains ont très rapidement découvert les secrets que ceux-ci peuvent cacher, je me suis laissé surprendre par la tournure des événements. Ainsi, la finalité m'a plus qu'étonné et surpris tant je peux me montrer parfois bien naïf et ne me méfier de l'eau qui dort. Néanmoins et si je devais quelque peu chipoter, j'avoue que les nombreux surnoms donnés aux différents protagonistes par notre narratrice m'ont souvent fait perdre la tête tant j'ai eu parfois du mal à identifier qui était qui.

Ainsi et un tantinet d'ambiance, onirique, initiatique ou critique, Sur les Ossements des Morts est un fin mélange de toutes ces caractéristiques, faisant de cette oeuvre un véritable ovni mais surtout une véritable réussite. J'ai aimé me perdre au fin fond de ses landes froides et sauvages, accompagné d'une héroïne sans pareil et des plus attachante possible. La plume de l'auteure se dessine à la fois poétique et engagée et son style aérien et fluide à souhait. Je ne peux que vous recommande ce délicieux voyage au coeur de la Pologne.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Shiny Summer Challenge – 2022 : Menu Eté ensoleillé – Catégorie Mort sur le Nil
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Ils ne sont que trois à vivre dans ce petit hameau perdu en Pologne à la frontière de la Tchéquie.
Aussi lorsque Matoga vient frapper en pleine nuit à la porte de Janina Doucheyko, la narratrice, pour lui dire que leur voisin qu'elle a surnommé Grand Pied est mort, elle ne peut que consentir à aller avec lui s'occuper du mort.
La police va vite conclure à un accident stupide, Grand Pied s'est étranglé avec un os en mangeant du ragout de biche qu'il avait braconné.
Oui mais Janina (qui déteste son prénom) et voue une véritable passion pour l'astrologie n'en est pas si sûre.
Et elle va même jusqu'à exposer sa théorie à qui veut l'entendre, c'est une vengeance des animaux qui ont tué le braconnier.
Puis un autre homme meurt, et encore un autre.
Ce sont tous des chasseurs.
Ce qui conforte la thèse de Janina, les animaux se vengent, d'ailleurs le thème astral de chacun de ces morts qu'elle réalise le confirme.
Un joli plaidoyer pour la nature et le monde animal, avec en toile de fond quelques poèmes de Blake que l'un des anciens élèves de Janina, devenu professeure d'anglais pour les élèves de l'école primaire de son village, traduit à ses heures perdues en sa compagnie.
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Ce livre porte dans le titre une phrase d'un vers du poète et peintre anglais William Blake…Conduis ta charrette par dessus les ossements des morts…Et chaque chapitre va s'ouvrir sur une phrase sortant d'un vers de William Blake.

C'est le premier livre que je lis de cette auteure et je dois dire que je suis restée sous le charme du début à la fin; j'étais si heureuse en lisant que je ne voulais pas que le livre se termine, je pense que c'est ma meilleure lecture dernièrement…C'est un livre, en plus, qui se lit assez facilement, avec un argument fort qui capte l'intérêt du lecteur et qui réunit plusieurs genres littéraires : mystère, thriller écologique, écologie, poésie, fantastique et beaucoup d'humour pince-sans-rire, décalé. C'est une oeuvre qui m'a paru très originale avec un personnage principal, Janina Doucheyko, que j'aurai du mal à oublier ; sous un extérieur de femme excentrique, il y a un personnage féminin si intense, si réfléchi, si drôle, si farouchement indépendante et luttant pour ses positions, si clairvoyante parfois en ce qui concerne son entourage, si comiquement procédurière. Elle nous fait penser qu'il n'y a pas qu'une seule façon de voir la vie et les choses.

Lisant entre les lignes, le texte laisse quelque peu transparaître le passé communiste de la Pologne et quelques souvenirs de l'époque sous influence allemande.

On dit de l'auteure qu'elle possède une écriture fragmentaire, un mode de composition qui se présente comme un collage structuré. C'est le cas ici mais cela ne m'a pas gêné pour la compréhension de l'histoire. C'est un conte-fable avec quelque chose de visionnaire, une espèce d'ode qui prône le respect envers tous les êtres vivants, notamment envers les animaux.

Cette histoire se situe dans les Sudètes, à la frontière de la Tchéquie, dans un petit hameau qui porte en allemand, le nom de « courant d'air » parce que balayé par les vents et isolé 6 mois de l'année par la neige et par le gel. Vit dans cet hameau Janina, autrefois ingénieur de Ponts et Chaussées, mise à la retraite pour des raisons de santé. Elle vit seule et donne quelques cours d'anglais aux petites classes du bourg le plus proche. le hameau est quasi désert l'hiver, en dehors de deux voisins mâles avec lesquels Janina n'a pas trop de contacts. En revanche, elle gagne un peu d'argent en faisant le gardiennage des maisons avoisinantes; elle fait le tour des maisons avec Samouraï, le nom qu'elle a donné a sa petite et loqueteuse voiture. Parce que Janina, entre autres dons, a le chic pour affubler les gens et les choses de sobriquets qui sont vraiment trop drôles.

Autre aspect du livre qui m'a séduit, c'est l'analyse permanente à laquelle se livre Janina, ce qui donne au livre un petit air de roman philosophique avec une touche de fantastique.

Parmi les autres excentricités de cette Janina, il y a celle de vouloir établir le thème astral des gens, avec des prédictions qui ne sont pas toujours bonnes à entendre. Autre manie est d'écrire, à la moindre occasion, des lettres à l'administration parfaitement étayées pour dénoncer toutes sortes d'anomalies, spécialement lorsque on s'attaque aux animaux. Elle pense que ces animaux victimes sont parfaitement capables de rechercher une vengeance sur les humains, ce qui provoque l'hilarité générale et quelques quolibets assez méchants à son encontre. Elle fait la guerre aux chasseurs, mais quand le curé du coin est l'aumônier des chasseurs et chasse lui même…

Dans ce petit bled vont se produire quelques morts suspectes, elles paraissent naturelles, mais tout de même, trop c'est trop. Il y a des scènes très cocasses, d'autres d'une rare violence. La police ne lève pas le petit doigt…et se moque ouvertement de Janina qui est très-très en colère.

Oui, Janina embête beaucoup de monde, certains la traitent de folle, de femme négligée. Il n'empêche que pendant la durée du récit (un an), elle aura deux demandes en mariage; ce n'est pas mal pour une « vieille femme toquée », tel qu'on nous la décrit.

Le livre porte un joli message enveloppé dans beaucoup de dérision tout en gardant les distances. C'est un chouette roman écoféministe.

Oui, quel bon livre. On sent, derrière l'engagement de Janina Doucheyko, le propre engagement de l'auteure qui milite activement pour les Verts depuis 2004. Elle a reçu des menaces de mort pour avoir émis quelques opinions dans un débat télévisé et il lui a fallu des gardes du corps pendant un certain temps, payés par ses éditeurs… Encore, son admiration pour William Blake est de notoriété publique, et elle le cite longuement ici. Sa formation de psychologue ressort aussi dans une constante réflexion sur la chose humaine.

Un échantillon de l'humour de Janina Doucheynko…"je suis à présent à un âge et dans un état de santé tel que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d'aller me coucher, au cas où une ambulance viendrait me chercher en pleine nuit".
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Subversive et humaniste telle semble être Olga Tokarczuk.
Ma première incursion dans son univers m'a beaucoup plu. Je ne suis pas un lecteur assidu de polar mais sous cette forme, j'en redemande. C'est surtout une grande fable écologiste. Et puis surtout une voix, la voix unique d'une protagoniste inoubliable. Madame Doucheyko, vous resterez dans ma tête !
Je comprends que cette autrice soit censurée par le gouvernement actuel de la Pologne, Olga Tokarczuk écrit pour ouvrir les esprits, éclairer les mentalités, lutter contre toute forme de pensées uniques. Elle fait un pas de côté par rapport à la religion et nous interroge sur la place que nous occupons dans l'univers. Brillant !
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C'est une lecture originale et agréable.
Une plongée dans l'univers froid, humide et isolé d'un hameau polonais limitrophe de la frontière tchèque.

On s'attache vite au personnage principal, une dame excentrique, passionnée entre autre par l'astrologie, dont on devine assez vite les agissements, sans pour autant en deviner la cause.

Le livre est très bien écrit et touchant. Révoltant parfois.
On y sourit aussi !
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Excellent livre que Sur les ossements des morts, que j'ai découvert comme beaucoup, ainsi que son autrice, à l'occasion de la réception du Prix Nobel. Le roman vaut d'abord pour sa personnage principale, une vieille enseignante, gardienne de maisons vides en hiver et astrologue à ses heures perdues, dont on ne sait si elle est la plus folle ou la plus lucide de tous les personnages.

Il vaut ensuite pour sa vision sans fard de l'humanité, parfois cynique, désabusée, mais toujours honnête, une des plus belles qualités de la littérature d'Europe de l'Est. On n'a pas besoin, là-bas, de "créer de l'empathie" : elle se pose naturellement sur cette galerie d'êtres claudicants, d'âmes égarées.

Il plane enfin sur le récit une atmosphère de fin du monde, ou plutôt de fin de civilisation car les plantes, les animaux et les astres se portent bien, eux, à quelques rares exceptions près. C'est dans cette lumière crépusculaire que les crimes se dessinent, dans des herbes humides, à la lisière des sous-bois.

Un petit bémol : le twist final, qu'on voit arriver de très loin et qui m'a semblé réduire l'ampleur du récit plutôt que de l'augmenter (qu'on m'excuse pour cette chute un peu absconse, difficile d'en dire plus sans dévoiler l'intrigue !)
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je ne peux pas commencer autrement, j'ai absolument aimé ce livre. Tout. D'abord son écriture, vraiment. Précise, efficace, sensible, percutante aussi, agréable, douce et lisse.
Ensuite, Janina qui nous emmène dans ce roman, est un personnage absolument magnifiquement humain, dans ses colères, ses convictions qu'elle vit à fond et au delà des conventions, en ce sens elle m'est adorable, car elle, elle ose.
Les paysages et ce qu'en décrit l'auteur avec sa frontière entre la Pologne (pas belle) et la Tchéquie (l'eden) sont de toute façon magnifiques. Elle les décrit de telle façon que moi, je m'y suis vue. le concept de la frontière est génial et remet en place, un peu, cette histoire de ce territoire, trop souvent partagé, l'auteur nous le rappelle avec beaucoup de tendresse et d'humour.
Quant au rapport à la nature et à l'animal, j'ai complètement adhéré. Ah si cela pouvait être vrai... cela m'a rappelé (dans un tout autre registre mais quand même) Tom Sharpe qui faisait châtier des humains assez infects par là où ils avaient été infects. Ici ce sont les chasseurs qui seraient punis, assassinés, par les animaux. Mais pourquoi pas ? Est-ce que l'humanité ne risque pas de disparaître de ne pas avoir su respecter la nature et donc l'animal ? Ce livre est une sorte de fable. J'ai exulté lorsque Janina (quel prénom affreux) crie aux chasseurs "assassins".
Bref j'ai aimé infiniment cette lecture, qui m'a fait rire, sourire, encore rire et encore sourire, mais avec beaucoup de tendresse et de compassion. J'ai adoré.
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S'il fallait classer ce roman d'Olga Tokarczuk, le rayon polar lui conviendrait sans doute. Cependant Sur les ossements des morts fait partie de ces récits un peu touche-à-tout propice à amener le lecteur hors de sa zone de lecture habituelle, en l'occurence à amener la récalcitrante au polar que je suis à la lecture d'un polar et, qui plus est, à l'apprécier.

Sur les ossements des morts se déroule dans la montagne polonaise, près de la frontière tchèque. Les hivers dans ce lieu sont particulièrement rigoureux, le réseau téléphonique aléatoire, les habitants saisonniers. Seuls Matonga, Grand-Pied et Janina Doucheyko, la narratrice, vivent à l'année dans ce hameau reculé. Une nuit, Matonga toque à la porte de Janina inquiet pour leur voisin commun dont la lumière reste bien tardivement allumée, son chien hurlant desespérément. le contexte de découverte d'un premier cadavre est posé. Les autres suivront...

Tout au long du roman, le lecteur suit les pensées de Janina Doucheyko, vieille dame solitaire, passionnée d'astrologie, gardienne des demeures voisines en l'absence de leurs propriétaires, convaincue que les animaux sont responsables des accidents meurtriers qui se succèdent dans la forêt. Ce défilé de pensées d'une femme isolée dans son chalet de montagne en Europe de l'Est me rappelle dans un premier temps le mur invisible de Marlen Haushofer. Progressivement, les portraits de chaque narratrice se distinguent radicalement. Là où Marlen Haushofer dépeint une femme d'une extrême lucidité, le personnage d'Olga Tokarczuk navigue entre excentricité astrologique et bon sens montagnard, la frontière est floue entre lucidité et folie, jusqu'au dénouement de l'enquête. Alors que le lecteur s'attache de plus en plus nécessairement à la personnalité de Janina, il comprend progressivement, par les conversations qu'elle entretient avec ses voisins, par certaines réactions de ces mêmes voisins que la narratrice n'explique pas, que l'image qu'elle renvoie d'elle-même ne correspond pas nécessairement à celle qu'elle a d'elle-même... Au delà du roman, ce jeu psychologique force la réflexion et invite à regarder les relations humaines avec un oeil nouveau. J'adore !
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Voilà un livre qui est à l'image de son auteur, dont on sait que les sympathies vont plus à l'altermondialisme qu'à la morale bourgeoise ou qu'à la société réactionnaire polonaise. Dans ce roman, les chasseurs sont de sombres brutes, les hommes politiques locaux sont véreux et les policiers ripoux. Les seuls personnages positifs et qui éveillent notre sympathie sont des marginaux. Ce manichéisme pourrait être un peu gênant et pourtant.....dans quel style magnifique tout cela est-il écrit, combien sont belles les descriptions de la nature et des saisons. La puissance littéraire qui souffle dans ce texte a emporté mes réticences, l'incipit qui claque comme un étendard en tête du cortège des phrases, m'a conquis d'entrée. Je me fais un plaisir de le citer ici: "Je suis à présent à un âge et dans un état de santé tels que je devrais penser à me laver soigneusement les pieds avant d'aller me coucher, au cas où une ambulance viendrait me chercher en pleine nuit." Ça c'est de la littérature !!! et Olga T. est un grand écrivain.
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