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3,91

sur 4228 notes
Attention chef-d'oeuvre OVNI totalement inclassable, d'autant plus que ce fut là non pas l'unique livre mais presque de l'auteur John Kennedy Toole, qui se suicida à 31 ans en 1969, après avoir essuyé de multiples refus de publication de ce livre. C'est grâce à l'obstination de sa mère que le roman fut finalement publié en 1980 dans sa Louisiane natale et, cocorico puisqu'il s'agit de l'une de mes universités, par la Louisiana State University Press. Le livre fut un immense succès et couronné du prestigieux prix Pulitzer en 1981. Le personnage principal du livre Ignatius J. Reilly est devenu une légende de sa ville, New Orleans, à tel point qu'on peut y trouver sa statue et que des fans organisent des excursions autour des lieux apparaissant dans le livre et conjecturent sur l'emplacement de sa maison, comme s'il avait réellement existé.
Je dois toutefois vous mettre en garde: ce livre n'est pas "pour tout le monde". Je dis cela non pas pour signifier qu'il serait réservé à une sorte d'élite mais bien parce que l'humour qui y est pratiqué..., eh bien je ne connais guère d'équivalent (raison pour laquelle je qualifie ce livre d'"OVNI") et aussi parce que le personnage d'Ignatius J. Reilly commencera par vous horripiler royalement - je devrais plutôt dire: "impérialement" - avant qu'un basculement se produise - ou pas - qui vous amènera à le trouver totalement désopilant et finalement terriblement attachant.
Car Ignatius est un personnage absolument repoussant: obèse, paresseux, arrogant, mythomane et, cerise sur le gâteau, souffrant de son "anneau pylorique" (tous à vos dicos !), ce qui lui occasionne flatulences et autres désagréments du même genre. Ignatius, une sorte de Don Quichotte nouvel orléanais, se croit investi d'une mission civilisatrice, perdu au milieu d'une population de gueux indigne de lui. Et il écrit, persuadé de porter en lui l'oeuvre du siècle, tout en tournant en bourrique (le mot est faible) sa pauvre mère qui se console avec la dive bouteille... Et les choses vont se compliquer lorsque Ignatius va devoir se trouver un travail car lui et sa mère vivent dans une pauvreté qui s'aggrave de jour en jour...
Quelle horreur !, me direz-vous. Oui... et non, mille fois non ! Au départ vous avez du mal. Vous êtes d'abord incrédule, indigné puis accroché un peu "à l'insu de votre plein gré" et puis, et puis, vous vous prenez d'affection pour un personnage finalement pas si absurde que ça.
La qualité d'écriture ET, c'est suffisamment rare pour être souligné, de traduction de ce livre sont proprement époustouflantes. Le style ampoulé-imagé de Ignatius est un véritable poème permanent de rosserie, qui donne envie de le baffer et de l'embrasser à tout moment. Une jouissance râpeuse d'écriture telle que je ne l'ai jamais connue avec un autre bouquin.
Vous adorerez ou vous détesterez. Mais si vous aimez c'est le genre de bouquin que vous voudrez emporter dans la tombe afin de pouvoir continuer à vous gausser dans l'au-delà de la stupidité tragique du genre humain...
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Voici un roman singulier à au moins deux titres. le premier c'est sa genèse : écrite au début des années soixante, l'oeuvre n'est pas publiée, ce qui conduit son auteur au suicide en 1969 ; c'est finalement sa mère qui y parvient en 1980 par le biais d'une petite maison d'édition universitaire ; et contre toute attente le roman obtient le prix Pulitzer l'année suivante. le second c'est son histoire, John Kennedy TOOLE mettant en scène un personnage grotesque à bien des égards mais doté d'une intelligence rare.

A 30 ans Ignatius J. Reilly est remarquablement érudit en littérature médiévale. Il vit à La Nouvelle-Orléans en véritable pacha chez sa mère arthritique et alcoolique. Il abhorre son époque et s'obstine à vivre en décalage constant avec le reste de la société, ce qui lui permet d'exprimer son mépris envers ses contemporains dans tous les actes de sa vie quotidienne. Il est d'ailleurs particulièrement odieux et égocentrique et rêve d'un monde libéré des « dégénérés » et « mongoliens » qui le peuplent. Il aime d'ailleurs parler de sa vision du monde dans son journal, sa seule véritable occupation. Or Ignatius se voit bientôt contraint de trouver un emploi pour la première fois de sa vie ; au-delà de l'horreur de la situation, c'est peut-être aussi l'occasion de rendre la société conforme à ses attentes.

C'est sur cette intrigue que TOOLE nous propose une peinture surréaliste de la Nouvelle-Orléans et de ses habitants, de nombreux personnages hauts en couleur croisant la route d'Ignatius Reilly. C'est par exemple Myrna Minkoff, l'étudiante contestataire convaincue que les problèmes de notre héros sont sexuels, Jones le balayeur noir d'un bar louche tenu par une patronne dictatoriale, Mr Levy qui ne pense qu'à une chose, se débarrasser des Pantalons Levy créés par son père, ou encore l'agent de police Mancuso, incompétent notoire qui arpente les rues de la ville dans les déguisements les plus improbables.

Tout ce petit monde prend vie dans le cadre d'une véritable farce qui joue à merveille du contraste entre la préciosité du langage et des idées d'Ignatius, et le langage populaire des personnages qui gravitent autour de lui ; on peut d'ailleurs saluer à ce niveau le travail de traduction effectué pour les lecteurs francophones. Et au-delà de la farce, le roman est structuré de la même façon que la Consolation de la philosophie de Boèce, philosophe latin du VIème siècle qui dialogue avec sa Muse au sujet de sa condition de prisonnier politique de Théodoric le Grand, roi des ostrogoths. C'est d'ailleurs le livre favori d'Ignatius J. Reilly et la preuve que La conjuration des imbéciles est une oeuvre à lire à des degrés multiples.

Ce qui demeure à la fin de cette lecture c'est néanmoins le caractère comique du roman. TOOLE sait parfaitement nous montrer les contradictions du monde moderne grâce à un sens de la dérision hors norme, les situations cocasses se succédant à un rythme effréné et le lecteur riant bien volontiers de situations plus absurdes les unes que les autres.
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Quelle lecture !! Et quelle histoire !!

Ignatius est un gros bonhomme, énorme et gigantesque, un anti-héros au possible. Il vit avec sa mère à moitié alcoolique, qui lui demande de trouver un travail suite aux ennuis qu'il a eus avec la police. On se trouve face à une famille qu'on jugerait "en tuyau de poêle" et c'est drôle... et grinçant. de situation rocambolesque en quiproquo loufoque, Ignatius crée chez son lecteur un dégoût et une curiosité aussi grande que son anneau est capricieux.
Il est compliqué de rédiger un résumé de ce livre, tant il se passe de choses dans ce livre où on ne s'ennuie pas une minute. On rit, on s'exclame, on est presque effrayé de tant d'aventures complètement cocasses et décalées.

Quel dommage que l'écrivain se soit donné la mort : avec un tel talent proche de celui de John Fante, sans le dédain de ce dernier, on se serait tellement régalé...
La traduction est très bonne aussi, l'accent de la Nouvelle-Orléans très bien rendu. On s'y croirait. Et finalement, on y croit.
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Don Quichotte obèse et érudit coiffé d'une casquette verte ,totalement barré , Ignatius erre dans la Nouvelle-Orléans pourfendant allègrement les valeurs américaines (travail, famille, sexe …) , vitupérant le siècle , polémiquant avec sa Dulcinée new-yorkaise et activiste multicarte , et créant partout le chaos. Un livre unique et totalement réjouissant !!
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Je ne serais pas sorti de ma thébaïde pour d'autres raisons que celle de faire plaisir à mon très grand ami français Christian Jacques Attard. En vous concédant quelques nouvelles ici, sur un site qui me parait brasser tous les topos d'une littérature mondiale exsangue, je dois bien avouer me faire une atroce violence.
Bien que s'appelant pompeusement Babelio, ce fatras de banalités consternantes manque singulièrement de décence, de théologie et de géométrie.
Depuis que ce cher Toole a décidé d'en finir avec ce champ de foire, de honte et de douleur, les temps ont bien changé. Incrédule lorsqu'il porta en littérature mes modestes écrits biographiques et prophétiques, mes aspirations apocalyptiques ont pourtant bien eu lieu. Ne voit-on pas, comme je le prédisais, les sodomites aux armées, et un pale et blondinet imitateur de ma considérable personne diriger la Nation, n'a-t-on pas souffert la faillite de Dr Nut ?

Ma pitoyable génitrice s'en est allée rejoindre son créateur en espérant qu'il la pourvoirait en moscatel, je ne l'ai jamais revue après son mariage avec ce grabataire fachisant. de même qu'elle n'assista pas au mien avec la douce Myrna Minkoff, pas d'avantage à la naissance d'Anitius et de Manlius. Myrna dirige une ONG de reclassement pour déviants de couleurs variées quant à moi, je travaille à réorganiser mes cahiers et divers écrits dans la finalité probable d'une édition intégrale et non expurgée qui s'arrachera violemment lorsqu'elle paraîtra. La roue de la fortune semble définitivement bloquée pour moi au beau fixe jusqu'à ce que la divine providence en ôte son pied gracieux.

Jusqu'au revoir.
Ignatius Jacques Reilly
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Bon : encore un roman "culte" qui ne le sera pas pour moi!

Ok, il est marrant cinq minutes le méchant bouffi.

Mais là j'en suis à 150 pages lourdissimes à tourner, qui enquillent les scènes sans vie, dans un style fifties complètement daté qui écorche les oreilles voire qui pique les yeux (le "ticheurte"... no comment).

J'ai failli aller jusqu'au bout du livre, en zappant toutes les scènes sans le gros Ignatius (me taper jusqu'au bout les personnages secondaires, j'aurais clairement pas pu).

Mais en fait non: à la lecture des critiques des babéliotes qui ont mis moins de 3 étoiles à cette "Conjuration des imbéciles" et s'en sont justifiés avec beaucoup d'humour et de bons arguments, c'est décidé : j'arrête les frais!
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Roman-culte des années 80, aussi connu pour son affreux personnage central, l'infâme Ignatus J. Riley que pour le destin tragique de son écrivain : John Kennedy Toole n'a que 32 ans quand en 1969, il se suicide, persuadé qu'il vaut mieux être un écrivain mort qu'un écrivain raté. Sa mère n'aura de cesse de promouvoir son texte auprès des maisons d'édition et lorsqu'il sera enfin publié en 1980, ce roman que l'auteur considérait comme son chef-d'oeuvre lui vaudra effectivement la reconnaissance, et finalement le prix Pulitzer en 1981!

Le roman de Toole brille d'abord par son personnage, l'imposant colosse aux yeux jaunis et à l'éternelle casquette verte, l'éloquent et cradingue Ignatius J. Riley. C'est lui que l'on suit à travers une série d'aventures pas brillantes, de ratages flamboyants, de défaites superbes. C'est un loser en somme, un intellectuel asocial, en complet décalage avec son époque dont il dénonce la frénésie, l'obsession du gain, la productivité et la vulgarité. A ses côtés, Toole s'amuse à composer une galerie de personnages complètement baroque : mère desespérée, policier raté, serveuse idiote, petit employé inepte, jeune délinquant fallot,...Toole nous régale et fait un portrait peu reluisant de l'Amérique des années 60 touchée par une décandence certaine. Et puis chez Ignatius, ses éructations et son anneau pylorique, ses tentatives avortées de roman dans ses cahiers Big Chief, éternel incompris, on a parfois l'impression de deviner le jeune écrivain qui se sentait si peu reconnu.

On saluera évidemment la grande variété et drôlerie du langage de chacun des personnages, entre le registre précieux et recherché d'Ignatius et la vulgarité et l'ignorance des autres personnages qui ne parviennent pas à faire une phrase sans erreur. On rit franchement aux dialogues et aux situations sorties de l'imagination décalée de Toole. Et on admire le travail titanesque du traducteur pour parvenir à rendre le langage inventif et coloré de l'écrivain américain parti décidemment trop tôt.

Un roman-culte oui, inoubliable et démesuré, et si on frôle parfois l'overdose, on se laisse toujours surprendre par les projets loufoques et la tendresse inattendue que l'on éprouve pour l'un ou l'autre personnage! Mention spéciale pour le personnage de Burma Jones, portier aux "Folles Nuits", éternelles lunettes de soleil sur le nez et conscience aigüe de son statut de noir exploité, c'est le seul personnage qui réfléchit avec justesse et réussit à sortir du stéréotype dans lequel la société tente de l'enfermer. Ouah – oh!
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Attention chef d'oeuvre !

Ignatius est à la fois Don Quichotte et Sancho Panza : il est fou , plein de panache et (très) gros.
Poussé à travailler par une mère -au bord de la crise de nerf-, le voilà parti à vendre des vêtements, puis des hot-dogs qu'il ingurgite les uns après les autres ( les hot-dogs, évidemment :-)
Ce massif anti-héros du pays des Marvel compte bien régler ses comptes avec une société qui peine un peu à prendre la mesure de son génie.
C'est drôle, décalé, loufoque et ça se lit tout seul. On ne lâche plus le bouquin en se demandant vraiment où les déambulations du pachydermique révolutionnaire vont nous mener.
Ne comptez pas sur moi pour vous le dire.
Allez donc plutôt faire un tour dans les rues de la Nouvelle -Orléans.
Vous ne pourrez pas louper Ignatius; il est déguisé en pirate!
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Toutes ces imbécilités, ce monde dans lequel nous vivons. Ces indignités distribuées au compte gouttes, John Kennedy Toole ne s'épargne rien dans ce puissant roman. Ignatus, le jumeau cérébral de l'auteur, cet insupportable déjanté ce comique parfois agaçant, l'imbuvable personnage aux prises avec la société bien pensante considéré irrécupérable, ce fou ordinaire avec pour seule camisole ses fringues ragoûtantes, sa puanteur, sa feignantise notoire, il déambule allègrement sur 449 pages. Ignatus hors les clous, chat de gouttière extravageant, méprisant et arrogant, répétitif, parfois rasoir, le fait- t- il exprès pour ne pas rejoindre le troupeau obéissant avec ses turpitudes provocatrices? L'auteur s'en donne à coeur joie, vexant, exaspérant parfois le lecteur par ses traits de caractère spécifiquement porter sur la nature humaine. Aujourd'hui le foisonnement de la conjuration des imbéciles est totalement à la mode.
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Suite à la lecture de « Comment tout peut s'effondrer : Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes » j'ai enfin fait le deuil de l'avenir que j'avais imaginé depuis bien longtemps pour moi-même et mes proches (cf. ma critique). Il me fallait donc un sacré remontant…

Deux options : la cuite ou le culte. Etant plus proche actuellement de la modération que de la consommation d'expédients en tout genre, je m'oriente vers quelques recommandations Babéliennes pour trouver la perle rare qui allait me donner un coup de fouet… au sens figuré !

Clac et déclic ! Un livre avec ses critiques clivantes, attire mon attention, et miracle, il m'attend dans ma PAL. J'ai choisi mon flacon d'ivresse. Ca sera « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole avec un personnage hors-norme, rabelaisien et ubuesque comme je les adore.

Ignatius Reilly, personnage égocentrique et hypocondriaque obsédé par son pylore, est une sorte de Diogène reclus chez sa mère. Avec sa grande culture médiévale il réinvente un monde, en réaction à celui dans lequel il vit et qu'il déteste par-dessus tout en dénonçant la « décadence » des moeurs américaines. Ses interactions saugrenues ou maladroites avec ses congénères quand il daigne aller travailler ou sortir de la maison de sa mère se concluent à chaque fois par des catastrophes et des réactions en chaîne.

Est-ce que ça en fait un roman plein d'humour irrésistible comme annoncé ? Eh bien non ! Je n'ai pas ri de tous ces imbroglios en cascade. Mes zygomatiques sont restés bien sages et ont clairement fait place à une irritation de plus en plus présente face au comportement d'Ignatius. Ce n'est pas un personnage naïf qui prête à sourire mais bien un personnage réactionnaire, égocentrique qui n'agit que pour son propre intérêt.

Est-ce que cela en fait une satire sociale et politique de l'Amérique des années 60 ? Eh bien non ! Ignatius n'est pas ce Don Quichotte américain annoncé, naïf et drôle qui critique et analyse la société dans laquelle il vit. Ignatius reste pour moi un réactionnaire, misogyne, raciste, homophobe dont la lâcheté devant les conséquences de ses actes est son seul moteur de survie jusqu'à la toute dernière page.

Je suis un lecteur obstiné et malgré tout j'ai failli abandonner au bout de 150 pages. La découverte du personnage, le style particulier de l'écriture, le cadre narratif ont laissé place à de l'agacement contre le personnage et finalement contre l'auteur. John Kennedy Toole ne m'a jamais convaincu dans ce qu'il voulait raconter ou dénoncer si ce n'est sa propre aigreur ou amertume de ne pouvoir s'inscrire dans ce monde en pleine mutation et aux libertés nouvelles des années 60. Ignatius (auteur ?) est un inadapté de son époque.

Je suis peut-être passé au travers de ce roman mais je me joins à la conjuration des imbéciles, Ignatius est loin d'être un génie visionnaire.

Je tiens toutefois à souligner le travail du traducteur qui n'a pas du être chose simple.

En conclusion, je n'ai pas eu ma cuite, mais j'ai bien eu la gueule de bois en fermant ce livre.
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