AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 4227 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Surprenant et génial. Une comédie grinçante dont le héros, désagréable au possible, nous pousse à lire avec une attention soutenue ce gros roman car derrière chaque rire se cache une critique en règle de la vie moderne, du travail et du monde tel qu'il va. Faut dire qu'on lit avec d'autant plus de curiosité ce livre que c'est l'unique chef d'oeuvre d'un écrivain suicidé à 33 ans.
Commenter  J’apprécie          81
Critique publiée initialement sur le site Critiques Libres (2006)

Ce livre publié après le suicide de son auteur est une bien étrange recette, je vous assure. Aussi étrange que cela puisse paraître, mon avis rejoindra celui de Walker Percy, l'écrivain qui, persuadé par la mère de Toole onze ans après sa mort, fit publier son ouvrage. Dans sa préface, il indique qu'au début de la lecture, il était intrigué et mitigé, mais pas assez déçu pour stopper la lecture ; puis qu'ensuite l'oeuvre s'est relevée à lui, imposant parfois quelques fou-rires.

Dans les premières pages de la lecture, nous faisons connaissance avec ce personnage haut en couleur et répugnant qu'est Ignatus Reilly, obèse, sale, mal habillé, psychotique un brin paranoïaque, érudit sans emploi, vivant chez sa mère. Ignatus est fascinant, et le lecteur suit ses folles aventures d'un scandale sur la voie publique, jusqu'a, ses frasques de vendeur de Hot-Dog déguisé en pirate en passant par la case des Pantalons Levy et du parti de la paix.

L'oeuvre ne ressemble à aucune autre, tout y est savoureusement désordonné, et l'on passe d'une émotion à l'autre avec une facilité déconcertante, ou l'on en arrive à éprouver de la haine ou de la répulsion avant de partir dans un fou-rire nerveux. Parce que ce roman est avant tout et surtout un roman très drôle, à prendre avec beaucoup de distance et de second degré, sur un personnage décalé et un peu fou.

Je ne sais pas s'il méritait le prix Pulitzer, mais il méritait au moins deux choses très sûres : être publié, et être lu.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai bien aimé l'absurdité de l'histoire, très bien ficelée et partant d'un rebondissement à l'autre. J'aime bien les néologismes et écarts à la langue donc j'ai également été servie (une pensée pour le traducteur ^^) même si j'avoue qu'au début, le côté pédant du personnage qui se sentait également dans la narration ne m'a pas forcément aidé à décoller. Mais plus on avance et plus on se demande ce qui va se passer après, comment cela va bien pouvoir terminer...

Je comprends qu'il soit un succès.
Commenter  J’apprécie          70
Une réjouissante comédie: Ignatius Reilly, un éléphant erratique dans un magasin de porcelaines ou plutôt dans notre monde absurde. Comédie certes (par les situations et par la forme surtout: ah! les dialogues...) mais également drame de la sclérose des comportements dans la société-vampire, écrasant les humains sous son joug.
Commenter  J’apprécie          70
C'est la biographie de l'auteur qui m'a donné envie de lire ce livre. Une histoire tragique bien sûr puisque l'auteur s'est suicidé en 1969, mais après tout la citation de Swift qu'il a placé au début de son livre : "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui." ne pouvait que s'appliquer à lui aussi. Et s'il n'a pas trouvé d'éditeur de son vivant, il faut croire que c'est parce qu'il était en avance sur son temps (Prix Pulitzer 1981).

Mais qu'en est-il du contenu ? Une histoire quelque peu particulière et originale, des protagonistes qui ne le sont pas moins ! Un personnage principal insupportable, Ignatius Reilly, qui vous fera très certainement rire tellement il est grotesque, tellement toutes ses entreprises tournent mal, mais après tout il vous fera très certainement réfléchir sur le genre humain. Tous les personnages décris dans ce roman sont particuliers, ont des bons et mauvais cotés,... sont humains en somme. J'ai pris un plaisir certain à lire les aventures de ses habitants de la Nouvelle-Orléans, en particulier les mésaventures de Mme Levy, sa psychologie, son rapport de force avec son mari,... Chaque facette des personnages vous fera réfléchir mais après tout ce roman est aussi un excellent divertissement, "drôlissime" à souhait.
Commenter  J’apprécie          70
Nouvelle Orléans, années 50. Une Amérique profonde, pas au sens d'élévation culturelle ou artistique, mais bien profonde comme un gouffre dans tout ce qu'une nation peut proposer de bassesse et de vulgarité.
Faisons la connaissance de Ignatius Reilly, sorte de Pantagruel moderne, affublé de toutes les tares : obèse sirotant et grignotant sans arrêt, entretenant avec sa mère des rapports conflictuels qui auraient enchanté le docteur Freud, rechignant à trouver un boulot à l'âge respectable de 30 ans et quand il en décroche un, harcelé par sa pov' môman, c'est pour semer le chaos le plus complet, d'abord en tant qu'archiviste dans une fabrique de pantalons sur le déclin où l'on va croiser une vieille dame au rebut et un couple, les Levy (ça ne s'invente pas !), se déchirant eux aussi à qui mieux mieux. Il finit bien entendu par se faire lourder pour se retrouver vendeur de Hot Dogs affublé d'un déguisement de pirate à deux cents. Ignatius entretient une correspondance acharnée avec une amie (ex amante ?) où chacun prend plaisir à s'envoyer des insultes récurrentes. On pourrait du reste penser qu'Ignatius est un brin masochiste : s'il ne manque jamais une séance de cinéma, c'est pour mieux critiquer le jeu des actrices, la mise en scène poussive, les décors immondes et, d'après sa propre philosophie, les idées nauséabondes véhiculées sur grand écran.
Suit alors une galerie de personnages tous plus savoureux les uns que les autres.
Un policier, trop gentil pour arrêter des suspects, dont sa hiérarchie l'affuble de déguisements divers jusqu'à ce qu'il ramène un prévenu. Cela aboutira à un beau coup de filet, au-delà de tous les espoirs.
Un cabaret où se trafiquent de drôles de commerces, à commencer par une écervelée désirant proposer un numéro de strip-tease avec un partenaire plutôt extravagant, une patronne qui cache bien son jeu, sans oublier le noir de service, sous payé pour passer un coup de balai (nous sommes dans le sud) et constamment entouré d'un nuage de sa propre éructation fumeuse.
Et tout ce petit monde s'entrecroise dans un ballet iconoclaste, aux accents sudistes. Une jubilation à tous les instants et à tous les niveaux. Présenté comme roman humoristique, je suis aux regrets de vous dire qu'on ne se tord pas en deux. Je parlerais plus volontiers de cocasserie, une loufoquerie allant jusqu'à l'absurdité.
Pourtant, comme sous les pavés la plage, sous ce vernis grossier, voici qu'une certaine philosophie se dégage. Et celui qu'on prenait pour un rebut de l'humanité se révèle pétri de perspicacité. Ignatius, ce degré zéro de toute compassion, est le seul de tout le roman à s'exprimer correctement – c'est du reste le seul reproche que l'on peut faire à la patte de Toole : voulant faire couleur locale, les dialogues des personnages sont quasiment incompréhensibles , à la façon qu'ont certains auteurs d'écrire en langage sms ou en verlan pour « faire banlieue » et on frémit à l'idée d'aborder cette « conjuration » en langue originale.
Ca ferait un joli film. Si le second roman de Toole fut porté à l'écran, en revanche pas d'adaptation pour cette foisonnante chronique. On aurait aimé que les frères Cohen s'y mettent !
Reste une énigme. Quel est donc cet anneau pylorique dont Ignatius souffre intensément ? Google renvoie systématiquement au roman. Un désordre stomacal, comme si ce brillant individu sous des dehors grossiers ne pouvait digérer le monde dans lequel il vit et que, pour parvenir à surmonter cette vie sans but, il devait se fondre dans la masse des imbéciles en devenant ce personnage grossier et imbuvable.

Après ce joli coup de maitre, on serait tenté de poursuivre cette oeuvre. Peine perdue. J.K. Toole écrit son roman probablement au début des années 60. Les renvois systématiques du manuscrit le persuade qu'il n'a aucun talent et il se suicide en 1969. Sa mère, plus persévérante, mettra dix ans à faire accepter le roman par un éditeur. Il recevra le prix Pulitzer en 1981.
Commenter  J’apprécie          60
Critique dispo en podcast, lien en fin, si ça fonctionne...

Lisez-vous les préfaces et avant-propos des livres ? Moi, oui.

Légèrement psychorigide en la matière, je me fais un devoir de lire un livre de la couv' à la quatre de couv' en intégralité, dans l'ordre et sans rater un caractère. Exception faite des numéros de pages.

A chacun ses tocs, j'imagine.

S'il m'arrive souvent de pester à la lecture d'un avant propos - pour sa propension à gâcher quelques climax, à influencer ou imposer une lecture particulière de l'oeuvre - je dois reconnaître que le plus souvent, les bénéfices contextuels l'emportent largement sur les menus désagréments d'un long soliloque tout universitaire. Pour ce qui est de la conjuration des imbéciles la préface a d'autant plus de sens qu'elle relate la genèse de l'oeuvre ainsi que le destin tragique de John Kennedy Toole.

Déjà, on y apprend que l'auteur tenait en haute estime ses travaux dont le résultat ne pouvait, logiquement et selon lui même, n'être qu'un chef d'oeuvre. Ensuite, on découvre que le dit chef d'oeuvre a encaissé un nombre insultant de refus catégoriques de tous les éditeurs du pays. Finalement, que le poids de ces refus et camouflets ont fortement pesé sur une âme à vif et aussi pleine d'exubérance que celle de Toole. L'orgueil et la fragilité faisant rarement bon ménage, c'est par ces excès que l'auteur fut poussé au suicide. Il faudra tout l'amour d'une mère et sa ténacité, confinant au harcèlement de l'écrivain Walker Percy, pour que le manuscrit soit édité 11 ans après la mort de l'auteur. Ironiquement, il deviendra le succès et monument de la littérature américaine que souhaitait Toole. Ce même succès couronnée d'un prix Pulitzer qui, lui ayant été refusé 11 ans plus tôt, l'a conduit au désespoir fatal.

Life's a bitch, disent les anglo-saxons.

Une fois n'est pas coutume, vous avez dû attendre 2 minutes avant que je parle vraiment du bouquin. Mais, comme en avant-propos, ma contextualisation s'avérait nécessaire pour appréhender cette lecture aussi plaisante qu'irritante, grandiose qu'imparfaite.

La conjuration des imbéciles est le récit parfaitement comique, et passablement exaspérant, de la quête d'emploi d'Ignatus J. Reilly. Personnage en tout point détestable, tout en Ignatus est fait pour révulser. Pseudo-intellectuel hargneux et moralisateur, lâche incompétent persuadé de son génie, plus fainéant que procrastinateur mais jamais avare en avis définitifs et sentencieux sur la marche de la société et ce que devrait être les moeurs selon lui. Un "Y'à qu'à" prodigue en solution aberrantes et allergique aux responsabilités. Obèse morbide, hypocondriaque et paranoïaque servi d'un complexe de supériorité maladif. Ignatus est un Don Quichotte encore plus halluciné (si cela est possible) bien que mauvais, vivant dans un monde vu de lui seul, condensant le pire d'un orgueil bouffi d'importance, d'un manque de reconnaissance venimeux, dédaigneux devant l'éternel et d'un mépris condescendant de tout ce qui lui est inférieur : tout en ce bas monde, vous l'aurez compris.

Il est difficilement possible d'éprouver une quelconque sympathie pour le bonhomme, quoique, Donald Trump soit devenu président des Etats-Unis armé du même bagage (et du même physique). Quand la fiction est en deçà de la réalité, on en vient à douter des deux.

Un tel personnage ne peut exister seul, vous vous en doutez, la ménagerie l'accompagnant n'est pas piquée des vers et ne se refuse aucun cliché - mais n'oubliez pas que les clichés viennent bien de quelque part à la base. Toole dresse un portrait des humbles et des mal-lotis, de ceux que la vie a cabossée dès le premier lancé de dés divin de détermination des avantages, dés qui leur seront jetés au travers de la gueule plutôt que de les doter de quelques qualités. Il y a là, dans une Amérique des années 60, des idiots et des simplets, des patrons indolents et des veuves apathiques, hippies par trop moderne et flics à la masse, des danseuses de cabaret qui se pensent artistes bien que n'étant qu'entraîneuses, des vagabonds insolents n'ayant pour seule malice que la mauvaise couleur de peau, des universitaires révoltés prompt à pervertir toute philosophie contestataire pour exister dans la contestation, puis à la brocarder une fois devenue mainstream, des vieux cathos réacs et anti-cocos, parce que pourquoi s'emmerder à penser plus loin quand on nous a dit que "nous" c'est bien, "eux" c'est mal...

Lâchez le pachyderme égocentrique qu'est Ignatus dans ce zoo, dotez-le d'une quête aussi simple que celle de s'intégrer à la société en faisant comme tout le monde (à savoir trouver un job) et profitez du spectacle du misérable sans misérabilisme. Toole s'éclate dans sa caricature d'humanité, d'Amérique abrutie par son orgueil au ras des caniveaux.

Là où la préface sert, c'est qu'on retrouve pas mal des aspirations et expériences détournées de Toole dans ses personnages. La haine de son époque, de la modernité, l'orgueil et le génie supposé d'Ignatus font échos à celui de l'auteur (Ignatus étant lui beaucoup trop imbu de lui même et lâche pour reconnaître quelque faillibilité et envisager de se retirer de l'humanité). Ça brocarde sec sur le genre humain et ne laisse que peu d'espoir quant son élévation civilisationnelle. On retrouve surtout la Nouvelle Orléans qu'aimait passionnément l'auteur. La conjuration des imbéciles brille par ses longues descriptions de la ville, de sa réalité physique à ses émanations spirituelles multiples et s'il se répand, souvent, en détails c'est pour mieux dresser une scénographie du réel tranchant tout net avec l'absurde des actions et protagonistes.

Publié de manière posthume, refusé par les éditeurs du vivant de l'auteur, ceux-ci n'ont pu l'accompagner dans le fignolage d'un récit qui se vautre, trop souvent, dans quelques complaisances et redondances lourdingues. C'est là que le bât blesse quant à ce monument de la littérature américaine : un manque de rythme accentué par la présence de trous ou redites qui, en dehors de l'exaspération et de l'augmentation d'un cran au score de détestabilité et d'agacement quant à Ignatus, risquent de faire tomber le livre des mains. C'est dommage, vraiment par ce que ce serait se passer de saillis drolatiques d'anthologie et de moments de grâces misanthropiques des plus inspirés.

Parce que malgré tout, aussi exécrable qu'il puisse être, Ignatus nous rattrape toujours et nous fascine fatalement. Dans le pays de tous les possibles, il aurait peut-être fait un bon président, assurément.
Lien : https://anchor.fm/aymeri-sut..
Commenter  J’apprécie          62
OYEZ OYEZ BRAVES GENS
Lisez tous les aventures picaresques d'Ignatius Reilly flanqué des problèmes (entre autres et entre autres) de son anneau pylorique.
Personage Oblomovien de la dérision, Don Quichotte de la bétise, que l'on peut résumer en "il y a vraiment du mal de fait"
Un livre à la fois drôle et angoissant de tant de stupidités et la fin n'est pas pour nous rassurer (à découvrir)
un livre sorti d'une imagination délirante
la seule réserve est qu'il y a parfois des longueurs
Commenter  J’apprécie          62
j'ai trouvé ce livre complètement loufoque ! Surtout j'imagine très bien Ignatius avec un cacatoès et un vendange sur l'épaule… Je l'imagine poussant sa charrette
à vendre des divisés . Je l'imagine aussi un très bien entrain de mettre la pagaille dans son bureau chez les pantalons Lévy e et fonçant dans un balcon qui s'écroule avec sa vieille plimouth toute déglingué
Et souvent on se plaint que la couverture est surchargée mais là ça reflète très bien l'ambiance du roman.
Commenter  J’apprécie          50

Un roman graphique et fantastique aux personnages farfelus de la Nouvelle-Orléans dominé par un ignoble et attachant personnage, Ignatus Reilly, le fantasque idéologue cultivé et vindicatif, beuglant et éructant contre toutes les facettes et les représentations de la modernité. Écrit dans les années 60, Prix Pulitzer 1981, pouvant toujours être lu en 2020 par les imbéciles se prenant pour des importants.

Lien : https://www.quidhodieagisti...
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (11844) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur la Conjuration Des Imbéciles

Comment se nomme le personnage principal?

Ignatius J. Reilli
Ignatius J. Railly
Ignatius J. Reilly
Ignatius J. Reily

10 questions
278 lecteurs ont répondu
Thème : La conjuration des imbéciles de John Kennedy TooleCréer un quiz sur ce livre

{* *}