Lewis Trondheim remet le couvert ; il nous sert un nouveau récit, une espèce de tome 2 des nouvelles aventures de Lapinot sans vraiment l'être, appartenant à une nouvelle collection et où Lapinot s'appelle Boris. Hommage au cinéma de genre tout pourrave, parodie des blockbusters et des romans-feuilletons, on n'en sait trop rien, c'est pour
quoi une BD lue par un néophyte comme moi devait vite m'envoyer en plein milieu du monde anarchique et bigarré de L'Association.
Rappelez-moi, quelle souris répugnante possède un bon paquet de milliers de planches où elle collectionne des aventures improbables et pas toujours cohérentes entre elles ? (Indice : elle a posé un lapin à Oswald.) Dieu merci, un autre rongeur est passé par là, il est français, et depuis il reprend tout : animaux anthropomorphes, pseudo-sciences, humour, mais en mieux, en tellement mieux. Trente pages A6 de savants fous tournés en dérision, ça ne paye pas de mine vu comme ça, mais quand c'est Lapinot-Boris qui est l'espion chargé de les neutraliser, qu'ils habitent tous deux en face en voulant chacun détruire le monde chacun de leur côté tous seuls comme des grands et que notre héros est obligé de faire la navette entre les deux, cela nous donne quelque chose d'infiniment jubilatoire. L'auteur enchaîne les péripéties, et sait enchaîner sur autre chose dès qu'on commence à en avoir marre de son schéma ; la fin est un partage en banane qui sait quand s'arrêter, avec une ou deux révélations et une ironie mordante, ainsi qu'une chute prévisible mais ô combien attendue. Moi qui me posais pas mal de questions sur L'Association, voilà un petit ouvrage à 6€ seulement qui donne envie de s'y plonger allègrement ; juste la durée qu'il faut, un format extrêmement facile à transporter, et autant d'humour là-dedans que dans un 48-pages standard.