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EAN : 9782246855828
240 pages
Grasset (14/10/2015)
3.89/5   61 notes
Résumé :
Tristan Talberg, écrivain reconnu, se voit décerner le prix Nobel. Mais… il n’en veut pas. Misanthrope, en deuil d’une épouse aimée, il est pris de panique devant le vacarme médiatique provoqué par le prix et décide de s’enfuir de Paris. Réfugié chez des amis, traqué par la police qui pense à un enlèvement et par une meute de journalistes en quête d’un scoop, il doit encore fuir vers des horizons dont il ignore tout. Sur la route de Compostelle, il retrouvera le goû... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Flânerie à Mémoire7 à Clamart, en sortant d'un moment de travail éprouvant...J'ai déniché et découvert un écrivain jamais lu, Patrick Tudoret, avec son dernier roman, "L'homme qui fuyait le Nobel"...L'histoire un peu désabusée et finalement lumineuse d'un écrivain misanthrope qui se voit décerner le prix Nobel. L'écrivain-narrateur ne désire surtout pas de tout ce tintouin médiatique...préférant sa solitude choisie depuis la mort de son épouse adorée, répondant au prénom magique... d'Yseult. Inutile de nommer notre veuf misanthrope...

Pour échapper à sa nobellisation, Tristan Talberg s'enfuit de la capitale, rejoint un couple d'amis fidèles, "inoxydables"...selon de qualificatif irrésistible choisi par l'auteur.Il reprend ensuite la route au hasard, rencontrant un jeune couple marié, entreprenant le chemin de Compostelle. La présence chaleureuse de ces deux-là va le lancer dans l'aventure, aventure que son "aimée" lui avait demandé d'entreprendre à maintes reprises, sans parvenir à le convaincre.

Cette marche de près de 1.500 kilomètres...va être source de RENAISSANCE, comme une manière vive d'être en osmose, en communion avec son épouse disparue. Ce parcours du pèlerin exemplaire... va lui offrir des rencontres étonnantes et pleines d'arcs-en ciel, dont une très jeune femme de 27 ans, au demeurant, régisseuse d'un petit théâtre à Agen... qui enchante subitement son quotidien. Mais Emilie est-elle bien celle qu'elle dit être ? Je n'en dirai pas plus !!

Un roman bienfaisant, joyeux, émouvant, empreint de drôlerie, de tendresse, de romantisme, mais aussi d'auto-dérision, de lucidité, ...où l'amour de l'écriture et l'Amour tout court occupent la plus belle place....

Au plaisir de la découverte de l'histoire, de la fluidité des mots, de la forme, s'est ajouté un troisième plaisir: l'évocation de coins du Portugal dont une petite ville ancienne, de caractère, de l'Alentejo, région que j'ai arpentée avec bonheur ce mois de septembre 2015. Une cité blanche et radieuse, évoquée: Evora. Lieu magique à plus d'un titre, puisque notre écrivain-misanthrope y a rencontré la femme de sa vie.

Ce texte que j'ai lu avec grand bonheur est éblouissant, rayonnant, autant par sa forme que par la trame de l'histoire....Ce très beau moment de lecture me donne l'envie de lire d'autres récits de Patrick Tudoret, en sachant de surplus qu'il a réalisé et publié un Dictionnaire du pays Bigouden (textes et photographies de lui-même)

Au fil de ce chemin de Compostelle, de cette Renaissance merveilleuse et communicative de notre écrivain "nobellisable", ce dernier adresse des lettres irrésistibles à Yseult, sa femme décédée, mais toujours aussi présente,et vaillant flambeau de son existence quotidienne... .



"Croire pour ne pas devenir fou. Pour ne pas céder à une vision pauvrement mécaniste du monde, désolante confrontation à ce vide où nous sommes, à ce vide que nous sommes, donner du sens à cette tragique pantomime où s'agitent des millions de pantins ! Au fond je suis loin d'être obsédé par une quelconque résurrection de la chair et j'ai encore bien du mal y croire, mais je sais que l'amour et l'esprit survivent et cela suffit à tisonner chez moi une sorte de foi retrouvée en l'homme.(...) Allez, le simple fait de vivre est déjà un bonheur fou." (p. 213)
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Parfois, les résumés sont trompeurs. Ils nous mettent sur une piste finalement bien différente de ce que sera notre lecture. Je ne sais pas pourquoi, mais en lisant le résumé, je m'attendais à une comédie légère, un brin déjantée, qui m'aurait arraché force de rires et m'aurait obligée à me cacher des regards inquisiteurs envieux de partager une telle euphorie.

J'ai eu à me cacher, mais pas à cause de mes rires. A cause de mes larmes, des larmes que je voulais garder pour moi seule tant cette lecture m'a touchée. Qu'il est difficile d'expliquer pourquoi on pleure en lisant un roman ! Un « C'est beau » semble tellement insuffisant, un « C'est triste » bien loin de la réalité, parce que L'homme qui fuyait le Nobel n'est pas un livre triste, c'est celui de l'amour, de comment vivre quand on a perdu la moitié qui occupait notre coeur, de comment on renaît porté par ce même amour. C'est un roman initiatique alors qu'on a passé l'âge des initiations. C'est le roman des livres, ces références qui nous habitent, celles que l'on tait souvent de peur de passer pour un extraterrestre perdu sur un planète inconnue, ces livres qui nous remplissent, qu'ils soient légers ou profonds, sans distinction.

« Marcher, marcher toujours. Oublier un peu ce monde, les ordures qu'il charrie, le temps d'un rire d'enfant. »

Tristan est un écrivain consacré, le Nobel vient de lui être décerné. Mais pourquoi lui ? Pourquoi lui alors qu'il n'a rien écrit depuis ce triste jour d'il y a cinq ans qui lui a enlevé son Yseult ? Pourquoi lui alors qu'il y a tant d'autres écrivains méritants ? Ces académiciens sont fous ! Il n'en veut pas de ce Nobel, et ce n'est pas un caprice de diva. Il n'en veut pas, un point c'est tout. Mais l'Académie est têtue, il le sait, et son éditeur encore plus. On va le forcer à l'accepter, contre sa volonté. On va faire de lui une star, lui qui fuit le monde et chérit l'isolement. Il ne lui reste qu'une solution, la seule et unique. Partir. D'abord retrouver ses amis et puis continuer. Jusqu'à se retrouver par hasard sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Et cette fuite en avant devient cheminement vers la renaissance, avec un constat déchirant : « L'enfer, c'est de ne plus aimer ». L'enfer, c'est d'être sans son Yseult.

Ponctuant sa narration à la troisième personne avec les lettres que Tristan écrit pour sa défunte Yseult qui est devenu son être-miroir, présente à chacun de ses pas, Patrick Tudoret nous livre un roman bouleversant qui alterne parfaitement moments graves et instants emprunts de légèreté. Tristan, à l'approche de cette Galice qui accueille Saint Jacques en son sein, « cette contrée échevelée, giflée par les vents atlantiques », apprend à se connaître et fait un bilan de sa vie au gré de ses rencontres. Il croise cette jeune femme qui l'émeut. Pas d'attirance physique non, il n'a plus l'âge et cela n'était réservé qu'à Yseult, mais un attendrissement, quelque chose qui le touche, une fragilité, une remise en question. Parce que finalement, la question n'est pas « y a-t-il une vie après la mort », mais « y a-t-il une vie AVANT la mort ? » et qu'a-t-il fait de la sienne depuis qu'Yseult n'est plus?

Inutile de dire combien j'ai apprécié ce récit aux sentences pourtant faciles mais porteuses d'une telle vérité. Cet homme et sa quête m'ont bouleversée, et j'ai aimé sentir respirer cette Galice que j'aime tant sous la plume de l'auteur.

Je terminerai cette chronique par ces mots empruntés à Tristan, il ne m'en voudra pas j'en suis sûre.

« Chez l'homme, toujours, cette fascination du gouffre, des abîmes, du mal. Oui, il est patent que le mal existe et qu'il se manifeste dans ce monde de façon obscène, mais son contrepoint est aussi à l'oeuvre : ces millions d'êtres qui, chaque jour, religieux ou laïcs, croyants ou non croyants, vouent toutes leurs forces à ouvrir les vannes de ce fleuve d'aide et d'amour qu'on appelle pompeusement le Bien. Qui en parle ? »

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Je tiens tout d'abord à remercier Patrick Tudoret pour l'envoi de son roman.
Publié en 2015 aux éditions Grasset, " L'homme qui fuyait le Nobel... jusqu'à Compostelle " est réédité en cette année 2018 aux éditions Mon Poche. Un roman qui fait sens, en ces temps de doutes. A la fois spirituel et philosophique, l'auteur nous livre une vision très humaine et tout en questionnement sur le Chemin de la vie.
" le voyageur est encore ce qui importe le plus dans un voyage. Quoi qu'on pense, tant vaut l'homme, tant vaut l'objet. "André SUARÈS
Lorsqu'il apprend qu'il est l'heureux élu du Nobel de littérature, Tristan Talberg, soixante-huit ans n'a qu'une idée en tête : FUIR ! Misanthrope, il se sent incapable de supporter l'affluence médiatique qui va se déverser sur lui. Préférant se faire oublier, sa disparition soudaine va provoquer l'inverse de l'effet escompté...
Auteur de plus de vingt cinq livres en quarante cinq ans, il fait parti de ces auteurs qui écrivent non pas pour la gloire, mais plutôt pour l'amour des mots et de la littérature, au sens le plus noble du terme. Particulièrement érudit, c'est une passion qu'il partageait avec Yseult, disparue suite à une longue maladie.
p. 18 : " Cinq ans déjà qu'elle s'était fait la belle, le plongeant dans le désarroi le plus noir."
En effet, veuf depuis cinq ans, il a cessé toute activité littéraire depuis, perdant goût à la vie, dans les méandres de la morosité.
Dans sa fuite en avant, il embarque dans le premier train direction Vendôme, chez son ami Marcilly, avec seulement douze euros et soixante dix centimes en poche ! Traqué de tout bord, il réalise qu'il ne peut se cacher ici bien longtemps, risquant d'impliquer ses proches dans ce subterfuge.  Mais bien au-delà de la fuite, c'est à sa liberté qu'il aspire, une liberté dont il s'était senti trop longtemps privé.
Il se souvient des moments partagés avec Yseult chez les Marcilly. Cet endroit regorge de souvenirs, à la fois douloureux et tendres... L'envie de lui écrire se révèle à lui. Il couche ses premiers mots depuis de longs mois. Et c'est à elle qu'ils sont destinés...
p. 32 : " Mon Amour, Qu'est-ce qui, ce soir plus qu'un autre, me pousse aussi irrésistiblement à t'écrire ? Je ne sais. Cette position instable, sans doute, où je me trouve, pris entre chien et loup, entre liberté et servitude volontaire, entre ces honneurs dont je ne veux plus et l'appel du large, comme au temps de nos voyages bénis, loin de la foule, de la folie des hommes et du vacarme panique dans lequel l'époque se replie, comme un aliéné sans soin. "
Embarquant incognito vers une nouvelle destination, il fait la rencontre de soeur Adèle. Se réclamant agnostique, il y voit malgré tout un signe, indéfini, et décide de l'accompagner pour une étape au Monastier-sur-Gazeille, en Auvergne. C'est ainsi qu'il va commencer à parcourir quelques premiers kilomètres à pied, destin faisant, au gré des rencontres.
p. 60 : " Renouer avec sa passion de la randonnée pédestre lui semblait soudain une bénédiction. "
Une rencontre inattendue va finalement le mettre sur le chemin... le Chemin de Compostelle. Ce qui de prime abord le rebutait magistralement se révèle telle une évidence.
p. 80 : " - Quand on veut faire Compostelle, il faut baliser ses étapes très à l'avance, surtout en cette saison. Ou alors, faire comme nous : s'en remettre à la providence...
-Mais qui parle de Compostelle ? se récria Talberg.
-Ah, pardon, je pensais que...
-Cela dit, reprit Talberg, si vous avez un plan pour la nuit... "
Le roman est parsemé de lettres d'amour à sa femme, sincères et bouleversantes.
Sur le chemin de la résilience, Tristan Talberg embarque le lecteur dans une suite de rencontres décisives, sur les routes escarpées menant à Compostelle.
Illustré de nombreuses références littéraires, ce roman est surtout d'une grande qualité d'écriture !

" Croire pour ne pas devenir fou ", une ode à l'amour et à la vie !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Quelle magnifique histoire d'amour...
Chaque femme aimerait qu'un homme l'aime de cette façon.
5 ans après la mort de Yseult, Tristan ne s'en remet toujours pas.
Le fait d'apprendre qu'il va recevoir le prix Nobel de littérature, alors qu'il n'écrit plus depuis 5 ans, le fait "enfin" réagir. Il s'enfuit... et se retrouve sur le chemin de Compostelle. Et par la même occasion, retrouve sa plume à travers une correspondance avec son épouse défunte.
On découvre leur histoire et la renaissance de cet homme...
J'ai aimé ce livre, même si parfois l'auteur m'a un peu perdue dans les références artistiques et un vocabulaire parfois un peu ardu.
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Tristan Talberg écrivain reconnu se voit attribuer la récompense suprême le Nobel. Sauf qu'il n'en veut pas. Depuis la mort de sa femme cinq années auparavant, il n'écrit plus et vit en solitaire. Et la médiatisation liée à ce prix l'effraie. Il n'aspire qu'à son chagrin de veuf qui le ronge chaque jour. Il s'enfuit laissant police, journalistes et son éditeur à sa recherche et trouve refuge chez un couple d'amis en pleine campagne. Mais la tranquillité est de courte durée. Arborant un visage modifié, il s'en va sur les sentiers où il croise d'abord un jeune couple en route pour Compostelle. Il s'invente une nouvelle identité et décide de poursuivre comme eux jusqu'à Compostelle car en automne, peu de monde effectue ce pèlerinage. Sous ses aspects bourrus d'ours mal léché, se cache un lettré, un homme sensible qui souffre de la mort de son épouse. Durant son périple écrit à celle qui lui manque tant, il lui raconte ses journées et lui confie ses réflexions.
Assez vite, on pressent ce qui va se passer mais ce n'est pas grave car on sourit du piquant de la verve de cet écrivain et sa douleur sincère nous émeut. Un livre, drôle, touchant et lumineux parsemé de belles citations qui conduira notre narrateur à retrouver le goût de vivre. Une lecture plaisante qui fait du bien et garantie sans guimauve!
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Alta mia,

Comme l'écrivit Cioran pour lui-même, j'ai connu toutes les formes de déchéance, y compris le succès et tu n'aimes sans doute pas le choix que j'ai fait de ne plus écrire. Est-ce un choix d'ailleurs ? mais, au fond, il y a souvent chez l'écrivain, cette tentation de l'abdication, de la soumission consentie à un ordre qui nous dispense d'héroïsme ordinaire, à une vie par procuration, si confortable, si rassurante, exercice de castration volontaire à quoi j'ai toujours répugné de toutes mes forces. Si écrire c'est vivre deux fois, encore faut-il vivre d'abord et philosopher ensuite. Une chose est sûre: j'ai, depuis que je me suis enfui, l'impression- l'illusion ?- de vivre plus. (p. 142) (p. 142)
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(....) il me faudrait arriver à une ascèse à la Géricault. On dit que, tandis qu'il commençait de peindre son "Radeau de la Méduse", il se rasa la tête pour se forcer à rompre avec le monde, pour ne pas être tenté de dilapider son art dans la stupide comédie sociale. Malgré mes grands airs, je n'ai jamais été capable d'une telle radicalité et c'est peut-être bien ce qui manque à mon œuvre. Cela dit, certains verront dans mon "équipée sauvage" une rébellion d'homme libre. Je n'y vois, moi, qu'une tangente panique. Une quête désespérée de toi. (p. 144)
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Deux jours plus tard, il était de retour à Paris, sombre, amer, maudissant ce monde, plus encore qu'il ne l'avait fait dans ses livres. Cette fois, il en était sûr, il n'écrirait plus jamais une ligne. Le voile de l'illusion s'était définitivement déchiré. A jamais. Tristan Talberg- écrivain par ennui, vivant par amour, sociable par défaut, misanthrope par instinct- était mort à ce monde qui ne l'inspirait plus, à ses leurres qui ne le divertissaient plus. (p69)
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Alta mia,
Il m’en est arrivé une bien bonne hier soir. Intégré avec Anne et Jean – et ce bien malgré nous – dans un groupe de pèlerins venus de Lannion, Côtes-d’Armor, nous avons été invités à nous joindre à eux pour le dîner, dans une vaste salle paroissiale qu’un prêtre local avait mise à leur disposition. Y était invité aussi une sorte de grand escogriffe barbu, bob vissé sur le crâne et un catogan filasse qui en dépassait à peine. Dans le cours de la journée, marchant quelque temps à mes côtés, l’air ahuri, les mollets nus, enfouis sous une épaisse jungle de poils noirs, il m’avait abruti de plaintes, de doléances diverses, allant jusqu’à déplorer que le chemin de Compostelle fût désormais une autoroute touristique envahie par les « culs bénis »…
Comme je m’étonnais de son étonnement, lui faisant remarquer que c’était tout de même sa vocation initiale et ce depuis plus de mille ans, il avait tordu le nez, accéléré le pas et s’était fendu d’une sentence qu’il voulait définitive, empruntée à Stendhal par Nietzsche (mais l’éhonté plagiaire à catogan n’a pas eu la correction de citer ses sources) : « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas. »
Le soir, après ma douche sacramentelle, nous avons retrouvé nos bons pèlerins dans l’immense salle un peu froide. (…)
Soudain, au moment où on apportait une sorte de crème dessert, il se leva comme un diable hors de sa boîte et se raidit dans une attitude martiale : « Bonsoir à tous. Je m’appelle Bernard Miosha. Je vous remercie de votre hospitalité, mais je pense utile, afin d’éviter toute hypocrisie, de vous dire que je ne crois pas en Dieu ! »
La sortie, qu’il voulait sentencieuse, se perdit dans le concert métallique des cuillers en Inox. Il y eut un bref murmure, quelques moues, beaucoup de sourires, mais aucun des pèlerins attablés ne répondit. Alors, je m’entendis soudain dire d’une voix de stentor – et j’en fus le premier surpris, moi, l’agnostique labellisé que tu as toujours supporté : « Boucle-la et demande-toi seulement si lui a quelque motif de croire en toi ! »
(…) Oh, c’était bien son droit à ce quidam de ne pas croire en Dieu. Il n’est pas le seul sur cette terre et tu m’as assez reproché d’en être, moi-même, ou du moins de m’en tenir toujours un peu trop au large… Mais tu sais, j’ai toujours eu les fondamentalistes en horreur, qu’ils fussent croyants ou athées. Leurs idées arrêtées en font des statues de sel, des cerveaux en jachère. Leurs certitudes m’emmerdent. Cette pensée enkystée me fait honte et m’effraie à la fois. Fondamentalisme athée, gonflé de prétentions rationalistes, tenant dans le plus insupportable mépris 9/10e de l’humanité pour qui Dieu et le sacré sont au cœur de tout, mais aussi fondamentalisme religieux qui nous fait le coup de la certitude « informée », fermé à toute autre forme de pensée. Mais ce qui fait la grandeur de la foi, c’est justement l’incertitude, les flux et les reflux de l’âme, le doute, non ? Cette quête sans fin d’un au-delà de soi et des hommes… (…)
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Mais ce qui fait la grandeur de la foi, c'est justement l'incertitude, les flux et les reflux de l'âme, le doute, non ? cette quête sans fin d'un au-delà de soi et des hommes. Allez, permets-moi cette conclusion: quand bien même Dieu serait une invention humaine, son ancienneté lui vaudrait bien un brevet d'existence...(p. 110)
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Vidéo de Patrick Tudoret
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/patrick-tudoret-en-marchant-53762.html
Voilà un livre qui fait un bien fou, un livre qui prend le temps, qui nous invite à l'introspection et nous invite surtout à marcher pour nous approcher de ce que nous sommes au plus profond de nous. « En marche », c'est le nouveau titre de Patrick Tudoret.
Il y eut le politologue, il y eut le chef d'entreprise, l'homme de media et puis il y a l'écrivain, l'écrivain polyformes qui s'exprime aussi bien dans l'essai que dans le roman ou la dramaturgie avec plusieurs pièces à son actifs.
Son 1er titre, « Impasse du Capricorne » sort en 1992 aux éditions de la Table ronde. D'autres titres suivront jusqu'en 2015 avec « L'homme qui fuyait le Nobl » paru chez Grasset qui lui permet d'atteindre un public plus large. A travers cet écrivain sélectionné pour recevoir le prestigieux prix et qui préfère partir sur les chemins pour s'en échapper, Patrick Tudoret nous racontait aussi une bouleversante histoire d'amour, de deuil et de résilience. Ce livre reste une référence, le genre de livre qu'on garde précieusement dans sa bibliothèque pour les bienfaits qu'il apporte mais que l'on a aussi plaisir à partager pour ses enseignements. Dans le même registre, mais cette fois-ci sous la forme de l'essai, Patrick Tudoret nous avait aussi séduits avec son « Petit traité de bénévolence » dans lequel il nous rappelait l'importance de l'ouverture aux autres.
On l'aura compris, dans notre monde d'urgence, de violence, de repli sur soi, Patrick Tudoret nous apporte par son écriture une salvatrice bouffée d'air frais.
Il le prouve cette fois-ci encore avec son nouveau livre « En marchant » paru chez Tallandier. A travers son expérience personnelle mais aussi en convoquant d'autres écrivains, il nous raconte l'importance de ces quelques pas qui deviennent des kilomètres, l'art de la marche qui nous permet de nous recentrer sur nous-mêmes, de revenir à l'essentiel tout en restant attentif à la rencontre et à l'inattendu.
Porté par une écriture douce, poétique, riante aussi, ce livre qui mêle étroitement pérégrinations pédestres, vagabondage philosophique et littéraire, souvenirs personnels et interrogations sur le sens de l'existence fait un bien fou. Que vous soyez vous-même adepte de la marche ou que vous vous disiez « un jour je m'y mettrai », emparez-vous de ce joli livre qui est avant tout un acte de vie et aussi un acte de foi.
« En marchant » de Patrick Tudoret, est publié chez Tallandier
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