Les aventures de Tom Sawyer

Cette goutte n'est-elle tombée patiemment pendant cinq mille ans que pour étancher la soif d'un malheureux humain? Aura-t-elle une autre mission à accomplir dans dix mille ans? Peu importe. Bien des années se sont écoulées depuis que le malheureux métis a creusé la pierre pour capter les précieuses gouttes. Mais ce sont désormais cette pierre, cette goutte d'eau auxquelles s'attarde le plus le touriste quand il vient voir les merveilles de la grotte MacDougal. La "Tasse de Joe l'indien" a évincé le palais d'Aladin lui-même

Entre autres choses inutiles, le village possédait un maire.

Le lundi matin, à son réveil, Tom se trouva très mal en point. Il en était d'ailleurs ainsi chaque lundi, puisque chaque lundi était le premier jour d'une semaine de travail scolaire. Tom en arrivait presque à souhaiter qu'il n'y ait pas eu de dimanche, tellement l'interruption du travail lui en rendait la reprise plus pénible.

Bientôt un immense jet de fumée blanche jaillit sur le flanc du bac et, tandis qu’il s’étalait et s’élevait tel un nuage paresseux, cette même pulsation sourde atteignit de nouveau les oreilles des garçons.
« Je sais maintenant, dit Tom; quelqu’un s’est noyé. »
« C’est ça ! dit Huck; ils ont fait pareil l’été dernier, quand Bill Turner s’a noyé; ils tirent le canon au-dessus de l’eau, et ça fait remonter le corps à la surface. Oui, et puis ils prennent des miches de pain et ils y mettent du vif-argent et ils le font flotter, et là où il y a quelqu’un qui s’a noyé, elles flottent juste au-dessus et puis elles arrêtent. »
« Oui, j’ai entendu parler de ça, dit Joe. Je me demande ce qui oblige le pain à faire ça. »
« Oh, c’est pas vraiment le pain, dit Tom; je crois que c’est surtout ce qu’ils disent au-dessus du pain avant de le lancer. »
« Mais ils disent rien du tout, dit Huck. Je les ai vus, et ils font pas ça. »
« Ça c’est bizarre, dit Tom. Mais peut-être qu’ils le disent en eux-mêmes. Évidemment qu’ils font ça. Tout le monde sait ça. »
Les autres garçons reconnurent que ce que disait Tom était plutôt raisonnable, parce que, d’un morceau de pain ignorant, non instruit par des incantations, on ne pouvait pas attendre une conduite intelligente lorsqu’on le lançait pour une mission aussi grave. » (Éditions Tristram, 2008, 135)

« Ah ah ! Tu peux toujours essayer de guérir les verrues avec de l’eau croupie d’une façon aussi idiote que celle-là ! C’est que ça va servir à rien. Il faut aller tout seul au centre de la forêt, là où tu sais qu’il y a une souche avec de l’eau croupie, et à minuit tapant, tu recules jusqu’à la souche, et t’enfonces ta main, et tu dis:
« Grain d’orge, grain d’orge, se tourne en bran,
Eau croupie, eau croupie, gobe ces verrues. »
Et puis tu t’éloignes vite, onze pas les yeux fermés, et puis tu tournes trois fois sur toi-même et tu rentres chez-toi sans parler à personne. Parce que, si tu parles, le charme est rompu. » (p. 64-65, Éditions Tristram, 2008)

La vieille dame baissa ses lunettes, regarda par-dessus et inspecta la pièce; puis elle les releva et regarda par-dessous. Elle ne cherchait jamais à regarder, ou alors très rarement, à travers ses lunettes, une chose aussi insignifiante qu’un garçon; c’était sa paire du dimanche, la fierté de son cœur, et elles existaient pour le « style », pas pour l’usage; - elle aurait tout aussi bien pu regarder à travers deux plaques de fourneau. (p. 9, Éditions Trisam, 2008)

"Qui va là ?
- Tom Sawyer, le Pirate noir de la mer des Antilles. Et vous, qui êtes-vous ?
- Huck Finn, les Mains-Rouges, et Joe Harper, la Terreur des mers."
C'était Tom qui avait trouvé ces noms-là en s'inspirant de sa littérature favorite.

Tom se retourna brusquement et dit :
« Tiens, c’est toi, Ben !
– Eh... Je vais me baigner. T’as pas envie de venir ? Évidemment, tu aimes mieux travailler.
– Que veux-tu dire par travailler ?
– Mais je parle de ce que tu fais en ce moment.
– Oui, fit Tom en se remettant à badigeonner, on peut appeler ça du travail si l’on veut. En tout cas, je sais que ce truc-là me va tout à fait.
– Allons, allons, ne viens pas me raconter que tu aimes ça.
– Je ne vois vraiment pas pourquoi je n’aimerais pas ça. On n’a pas tous les jours l’occasion de passer une palissade au lait de chaux, à notre âge. »
Cette explication présentait la chose sous un jour nouveau.
Ben cessa de grignoter sa pomme. Tom, maniant son pinceau avec beaucoup de désinvolture, reculait parfois pour juger de l’effet, ajoutait une touche de blanc par-ci, une autre par là.
Ben, de plus en plus intéressé, suivait tous ses mouvements.
« Dis donc, Tom, fit-il bientôt, laisse-moi badigeonner un peu. »
Tom réfléchit, parut accepter, puis se ravisa.
[...]
Tom, la mine contrite mais le cœur ravi, céda son pinceau à Ben.

- Ça, au moins, ça ressemble à quelque chose, parole d'homme!... C'est mille fois plus chouette que d'être pirate. Je vais retourner chez la veuve, Tom, et je resterai chez elle. Si je deviens un brigand célèbre, je parie qu'elle sera fière de m'avoir tiré de la misère.

Combien de mes lecteurs auraient le courage de retenir par coeur deux mille versets, même pour obtenir une bible illustrée par Gustave Doré?