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EAN : 9782268058481
158 pages
Les Editions du Rocher (11/05/2006)
3.7/5   10 notes
Résumé :
Gorō est un ancien officier des transmissions dans la marine. Vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s'échappe de l'hôpital psychiatrique dans lequel il était interné à Tōkyō. Désireux de retrouver des traces de son passé militaire, il décide de retourner sur l'île de Sakurajima. Il reste en effet hanté par le souvenir d'un ancien compagnon, le quartier-maître Fuku, disparu au cours d'une baignade. Au fil de son voyage, il rencontre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les éditions Cambourakis ont eu la bonne idée de republier un auteur japonais des années de l'immédiat après-guerre, Haruo Umezaki. Un peu oublié aujourd'hui, cet écrivain de milieu militaire a fondé son oeuvre sur les souvenirs de la guerre, avec Sakurajima, le cerf-volant fou (également republié en février 2023 par Cambourakis), et le présent Hallucinations.

Le livre est totalement centré sur Gorô, un ancien officier de la marine japonaise, qui s'est échappé de l'hôpital psychiatrique de Tôkyô, où il a probablement passé bien des années, alors que la guerre est achevée depuis vingt ans déjà. Son unique dessein est de retourner au bout de l'île de Kyûshu, sur les traces d'un compagnon de route militaire, Fuku, qui a disparu, emporté par les courants lors d'une simple baignade dans la baie de Sakurajima, près du célèbre volcan en éternelle activité. Dans l'avion, un dénommé Nio lui tient conversation. Il prétend être représentant de commerce, mais Gorô se demande s'il n'est pas là pour l'espionner, voire de la police. Rien ne se passe de plus cependant. Gorô va retourner sur les lieux du drame, se confier du bout des lèvres le temps d'une soirée à une femme qui semble avoir capté d'instinct les failles chez cet homme. Après une légère étreinte et quelques baisers, il chemine à nouveau seul, comme dans un brouillard où l'on devine encore l'effet destructeur des drogues qu'on a dû lui administrer durant des années…Fatigué, au moins autant moralement que physiquement, ses passages dans les auberges sont l'occasion de rencontres, de discussions souvent assez anodines avec ses hôtes, notamment les masseurs et masseuses dont il expérimente la diversité des techniques pour soulager ces maux et son mal-être. On devine qu'il a pu être un grand séducteur, il a notamment connu plus intimement une aubergiste d'ici mais on lui apprend qu'elle est morte, il y a déjà longtemps. Plus détaché et las, il est pris d'une nouvelle lubie après qu'on lui eut livré une lettre de Mitamura, qui apparemment est le chef du service de psychiatrie, bien décidé à le réinterner : faire l'ascension du Mont Aso. Mais les temps ont changé, le bus vous y amène désormais facilement. Il y retrouvera curieusement Nio, ce qui sera l'occasion d'un pari étrange, au bord du cratère. Nio ne serait-il pas un double de Gorô, à nouveau au bord du gouffre, en perte d'identité, en proie à la tentation du suicide ?

A dire vrai, il ne se passe pas grand-chose dans cette quête qui ne peut rien apporter de plus à Gorô. Se sent-il coupable, dans cette nuit funeste où sur le rivage, avec son autre comparse Korogi, il a laissé Fuku disparaître ? Etait-ce un accident d'ailleurs (ils avaient un peu bu), ou Fuku s'est-il volontairement laissé noyer ? Avec sa fin ouverte, ce court roman pourrait décevoir. Finalement, il n'en est rien, ou presque. Outre ce questionnement sur la culpabilité, la folie et les séquelles de la guerre, le temps qui passe, c'est le tour de force d'Umezaki de rendre ces pages agréables à lire, peut-être aidé par le traducteur. On ne s'ennuie pas car le récit est souvent parsemé de dialogues, simples sans être indigents, et d'allers-retours dans le passé de Gorô. le personnage reste énigmatique, et son devenir bien incertain…

Un livre empreint de nostalgie, quand vous revenez des années après de nulle part sur les pas de votre passé et que des êtres, des paysages et des choses connues ont disparu…
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Gorô, homme d'une quarantaine d'années, vient de quitter, sans autorisation, l'hôpital (qu'on devinera psychiatrique au fil du récit…) Tokyo : en avion, direction l'île de Kyushu et la ville de Kagoshima. Puis direction l'extrémité sud de l'île. Un représentant de film, qui lui a fait la conversation dans l'avion se joint à lui. Mais Gorô n'est pas homme à répondre facilement aux questions qu'on lui pose (« ce qui concerne les autres n'est affaire de personne »).
Il a mauvaise mine, l'air fatigué : « vous avez l'air de ne plus tenir debout » lui dit le patron d'une auberge.
De Gorô, on ne sait rien, sauf qu'il entend des choses, qu'il était soigné : «  pour se délivrer de mon angoisse et de ma tension ».
Il retourne sur ses pas : pendant la guerre il avait été soldat dans une base navale et vingt ans après il revient sur les lieux, se rappelle qu'un soir un de ses camarades soldat, Fuku, s'était noyé.
Que cherche-t-il ? : « qu'est-ce que j'ai pu croire que ça me rapporterait de reconstituer la mort de Fuku ? Ma jeunesse ? ». Il fait des rencontres, se souvient de ses années de lycée...
Sans que le récit soit morbide, la mort plane par moment sur le récit : le représentant se demande s'il n'a pas des envies suicidaires ; Fuku, le copain décédé, et les soldats tombés à la guerre ; le souvenir d'une noyée dans une rivière en crue vue lorsqu'il était enfant.
Le dénouement se passera en haut du mont Aso – le plus vaste volcan du Japon - où Gorô et le représentant se retrouvent et s'engagent dans un étrange pari : sauter ou pas dans le cratère.
C'est un roman relativement court et plaisant à lire, où l'on suit un personnage dont on ne connaîtra pas les réelles intentions.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elle lui demanda, embarrassée :
- Et vous, vous vous êtes senti responsable ?
- Responsable ? Non. L'initiative venait de lui, c'est donc lui le responsable de sa mort. Cela dit, je ne l'ai pas retenu. Et j'ai nagé avec lui.
Les yeux au ciel, Gorô entoura de son bras gauche les épaules de la femme, comme si de rien n'était. Elle tressaillit, mais ne montra aucune opposition.
- Nous sommes tous dans le même train que le hasard nous a fait prendre, voilà tout. Les premiers passagers descendent les uns après les autres , les nouveaux montent pareillement. Il y en a aussi qui descendent en route. Prenez Fuku, tiens ! Lui n'est pas descendu ; il a baissé la vitre et il s'est jeté dehors, ou quelque chose comme ça. En tant que passager du même train, je me sens responsable. Mais minute ! Est-ce que ce genre de responsabilité existe vraiment ? La solidarité, oui, je ne dis pas...
Le feu noir qu'il avait en lui jusque-là s'était emballé, attisé par la tiède rondeur de l'épaule féminine.
- Depuis, j'y ai de moins en moins cru, à cette solidarité entre compagnons de route. Ni l'alcool ni la passion du jeu n'y ont rien fait. Et j'ai fini par entrer à l'hôpital, par me faire soigner. Je sens la pharmacie, pas vrai ? J'y étais jusqu'à ce matin.
- Vous êtes sorti de l'hôpital ce matin ?
- Oui.
Gorô resserra son étreinte, attira la femme contre lui. Elle lui opposa une faible résistance.
- Vous croyez que c'est raisonnable ? fit-elle, après que leurs lèvres se furent détachées.
- Qu'est-ce que ça fait ? Nous sommes des compagnons de route, toi et moi. Il y a vingt ans, je suis bien sûr que tu m'as vu, et je suis sûr de t'avoir aperçue. Comment es-tu apparue à mes yeux ? Ça, je ne m'en souviens pas. Sans doute en pantalon bouffant, avec deux mignonnes petites nattes.
- Exactement. Encore que pour ce qui est d'être mignonne, je ne peux rien dire.
Elle porta les mains à ses joues.
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La déprime passagère d'hier soir (mais faut-il appeler cela "déprime" ?) a eu pour effet de lui laisser un sentiment de pesanteur. Il se remémore l'hôpital d'où il s'est enfui. A l'heure qu'il est, Poteau électrique, Pépé et Taishô la Langoustine sont affalés sur leur lit, pour ne pas changer. Gorô n'est peut-être même plus un souvenir pour eux. Celui que maintenant il se représente et qui excite le plus sa curiosité, c'est le patient atteint d'écholalie, qu'il croisait aux heures de consultation ou dans le couloir. L'homme est jeune, il n'a pas encore la trentaine. Si tout malade fait montre d'une certaine servilité et de timidité, celui-là, en revanche, n'en laisse pas percevoir la moindre trace. Le front haut, il arpente les couloirs.
"Il me fait envie, celui-là. Il n'a aucune responsabilité."
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Une lueur de jour subsistait, sur laquelle les deux rochers brandissaient leurs masses sombres. On eût dit deux tombeaux. Les corbeaux s'étaient tus, seul se faisait encore entendre un faible ressac.
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Repassant le pont, il parcourut encore environ deux kilomètres. Il sentait que la fatigue était là. Progresser dans le sable où le pied s’enfonce à chaque pas est une épreuve comparée à la marche sur le terre ferme.
Un gros arbre avait été rejeté sur le rivage. Il marcha jusque-là et s’y assit, en poussant un soupir de soulagement ; il resta quelques minutes à contempler la mer. A la scruter, plutôt. L’arbre semblait avoir été passablement roulé par les flots, car il avait perdu son écorce ; ses branches effrangées et la surface du bois complètement sèche offraient une blancheur défraîchie.
« Soit je continue comme ça…, pensa-t-il tout haut, et je finis par revenir à la case départ… Soit je bats ma coulpe et je retourne à l’hosto... »
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Soulevé de terre, son corps s'est mis à flotter. Un mouvement qui l'emporte peu à peu, tout en douceur, vers le front des vagues... A présent, il est Fuku, autant que le vrai Fuku pouvait l'être, et il dérive tranquillement. Une sensation fuyante : l'instant d'après, le sommeil s'est emparé de lui.
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