Je ne me souvenais plus de cet ouvrage de
Tomi Ungerer, un des dessinateurs les plus doués de notre temps. Ce n'est plus l'histoire d'un vilain chat qui ne veut plus des baisers de sa maman, ni de l'épopée d'un ourson tout couturé, ni d'un boa en goguette, ni des trois brigands et une petite fille qui font la joie de tous les petits enfants, les miens et ceux des autres grands-mères, mais une série de réflexions douce-amères sur le fait - la difficulté mais aussi la fierté - d'être alsacien.
Tomi Ungerer est né en 1931. Il a vécu l'annexion nazie puis le retour difficile de l'Alsace à la France. Il a conservé son accent rugueux. C'est un éternel râleur, un contestataire, un homme qui a la Justice à fleur de peau. Il donne ici une série de courts textes, des choses vues, parsemées de ses irremplaçables aquarelles pleines de tendresse et d'irrévérence.
Il invente des "mots tordus" à la manière de
Roald Dahl, qui jouent sur le chuintement du parler alsacien - ou alsachien ? - fait apparaître des images. Comme il le dit lui-même :
"Si mes textes vous écorchent les oreilles, ignorez-les, regardez les images. Elles sont attendrissantes au bossible."
C'est un beau livre, qui donne à réfléchir ...
Souvenirs, souvenirs. Que la lecture est belle !