Fin novembre- 4 decembre 2023
*** Coup de coeur !
Déjà plus deux semaines que j'ai achevé ce beau récit émotionnant et sublimé d'une sacrée Batelière ...
Je me suis réjouie , émue de passer du temps avec la fière Irène, racontant sa vie combattive, plus souvent qu'à son tour dans une " mouise somptueuse" à sa petite fille, Alice...qui semble habitée comme sa "joyeuse et galopine"grand- mère par un amour inconditionnel de la Vie et des autres !
Et nous voilà embarqués avec le petit peuple des berges, et de ce monde fascinant des bateliers entre la France et La Belgique...
L' histoire D' Irène, née en 1926, au bord de la Sambre, petite-fille négligée et mal aimée par sa mère, ayant eu la chance d'avoir un père plus inspirant et positif, bien qu'illettré...
Sa double chance sera sa beauté, certes, mais aussi sa personnalité rebelle, intelligente et charismatique, en grande écoute des autres !
Irène va raconter à Alice sa vie tumultueuse, lui faire connaître sa passion de la batellerie, de leur quotidien pourtant très dur, mais aussi son amour et son existence avec le beau Calabrais, Raffaele...qui restera l' Amour de sa vie...même si leur vie commune ne "fut pas un long fleuve tranquille"...
Ce dernier, même très amoureux de son Irène, se révélera ombrageux de la vitalité et de l'énergie sans faille de celle-ci. À sa décharge, hormis la rencontre avec sa belle et fière marinière,il aura supporté beaucoup de malheurs ; entre une enfance triste d'orphelin, le travail très, très jeune, puis quitter son Italie, son soleil, se retrouver en exil dans un pays du Nord, à la grisaille ambiante, accepter le très destructeur travail de mineur, mieux payé que l'usine...
Petit peuple vaillant des bateliers, des mineurs, très dignes, vivant si mal de ces métiers difficiles, dangeureux et toxiques !
Une lecture des plus émotionnantes à plus d'un titre: le rayonnement incroyable de notre batelière , ses joies, ses peines, sa faculté à rebondir des épreuves mais Hommage aussi à tous les petits de la Planète, dont on n'entend jamais la voix !...
"Un soir, plus d'une décade après sa disparition, en retombant sur une documentation au sujet de la batellerie, j'ai revu Irène avec tant d'attachement et de tristesse que je me suis finalement déterminée à évoquer le roman de sa vie.Je me suis figurée Irène, âgée de soixante-dix ans, jouer fougueusement de l'accordéon à Charleroi, où je lui rendis visite.(...)
Je me suis représenté ce " boudoir ", avec le panorama de la Seine, témoin de nos conspirations...Ce n'est pas la durée d'une relation qui en compose l'acuité. J'aurai tenu mon engagement et détaillé dans notre livre, en outre, les moeurs baroques des mariniers d'antan !"
Titre aussi rythmique, musical qu'engageant...Ayant déjà eu le grand plaisir de lire et savourer plusieurs recueils de poésie, ainsi qu' un roman" de l'auteure
le Voyage impaisible de Pauline" , heureuse donc de découvrir le dernier-né de l'amie* Nemorino/
Maryna Uzun,...dans un univers différent, m'ayant toujours fascinée : celui des bateliers et mariniers...
Dans la transformation en mots par
Maryna Uzun, de la vie réelle de cette fascinante batelière, il y a une très belle harmonie entre prose et poésie, avec toujours une omniprésence du Beau et de l'Amour des arts !
Un régal de musique et de couleurs !
(***Parenthèses toutes personnelles que je me décide d'ajouter, juste pour exprimer que récit- roman a remué beaucoup d'émotions et de souvenirs, reliés au monde des mariniers; 1er souvenir, vraiment très petite dans le début des années 1970, je regardais sur une télé noir et blanc, un feuilleton qui me bouleversait, lequel, justement m'a fait rencontrer ce monde atypique des mariniers...il s'agissait de
" L' Homme du Picardie"...
Si on m'avait dit que très, très longtemps après, je choisirai d' habiter qq temps, après la mort de mon mari adoré, la ville de la Batellerie: Conflans- Sainte- Honorine, où nous allions souvent nous promener...et discuter avec les mariniers à quai...
Comme Marina Uzun, j'ai une vraie passion pour la Seine...qu'elle soit celle de la Capitale, des bouquinistes...ou d'ailleurs. J'ai en plus, encore la chance de l'avoir tout près de moi...au présent. Habitant dans une ville des Hauts-de- Seine, sortant d'une de mes bibliothèques, j'ai le bonheur de me retrouver sur les berges de la Seine...de m'immerger en rêveries dans le fleuve de cette Seine toujourschangeante. La magie opère encore et toujours , depuis des lustres ...)
J'achèverai par un extrait évoquant la magie infinie de Seine, si bien suggérée par l'auteure-poète:
"La folle du logis ne m'inspire pas dans mon studio qui côtoie celui d'un couple courroucé se disputant perpétuellement à grand fracas.J'ai résolu d'écrire à l'extérieur, du premier au dernier mot, à l'exemple des impressionnistes, propulsée par un besoin viscéral de lumière et de transparence.Et au préalable, m'implanter à proximité de la Seine, face aux bateaux qui m'éblouissent à leur ballet nocturne ou glissent presque insensiblement le jour.Même lorsque je me réveille aux aurores dans mon lit, mon hallucination est là : le bruit sourd d'un moteur d'une péniche ! Irène me sonne !
Je rejoins alertement ma " zone de confort", sous le pont de Grenelle. Vert, métallique, dépouillé, ce n'est pas le plus romantique.En revanche il touche une réplique de la statue la Liberté, ce qui me remplace des fioritures !
(...) Je me crois Rimbaud, le vagabond."