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Fière comme une batelière - Maryna Uzun (Nemorino) - roman - Éditions le Livre Actualité - Édité en 2023 - Dessin : Dimillimour.

"Destiné à la tribu d'Irène"

Déjà, le mot tribu me ravit, un mot qui fait penser à une nombreuse famille et là, je vais être gâtée.

Avec le titre, je comprends vite que l'histoire se déroule au bord de l'eau, pas loin de Paris où "les bateaux amarrés se dodelinent"

Irène, la septantaine, qui, pour tout le monde, est une coiffeuse retraitée, descend d'une longue lignée de bateliers.
"Mon coeur se penche sur la barge qui, dans le passé, sillonnait la Seine, elle aussi. A son bord oeuvrait la délicieuse Irène que je ne suis plus"

Irène sent qu'il est temps de laisser une trace de son passé.
Nous sommes en 1998. Alicia écoute, écrit, dessine les paroles de sa chère grand-mère, oui, elle sort d'une école d'Arts, est passionnée de voile et rêve de vivre sur une péniche.

"Mon idée (dit Alicia) d'écrire un roman à quatre mains, comme deux pianistes jouant Schubert, sachant que ses états d'âme et ses anecdotes y primeraient, l'a enchantée fortement".

Et voilà notre grand-mère égrenant ses souvenirs, sa vie sur la mignole (sorte de péniche), sa rencontre avec son "préféré" Raffaele, un calabrais clarinettiste au tempérament plutôt chaud !

L'histoire d'amour d'Irène commence au cours de la Seconde Guerre mondiale, la vie côtoie la mort ou l'inverse, mais Raffaele touche le coeur d'Irène et leur folle équipée commence, ils partent pour l'Italie, Irène la Belge et Raffaele le soldat italien. Ils auront quatre filles , Aria, Valentina, Giulia et Ramona.

Mais, au-delà de l'histoire d'Irène et Raffaele, on remonte plus loin dans le temps jusqu'aux arrière-arrière-arrière grands-parents et l'on découvre alors une extraordinaire reconstitution de cette "tribu", une fabuleuse aventure avec ses drames, ses amours, le dur travail de batelier, la vie des
ancêtres d'Irène,

Quelle épopée, quelle découverte, quelle densité dans l'écriture de Maryna Uzun, elle a un véritable don pour raconter, une plume trempée dans l'encre de la poésie, même si l'on n'utilise plus de plume depuis longtemps, j'aime cette image. Les mots se lisent dans un souffle, c'est magique,c'est prenant, c'est vivant de la première à la dernière ligne, pas de longueur, pas un instant d'ennui, lu en une après-midi.

Irène s'en est allée le 21 juillet 2010, mais son âme est dans le livre de Maryna Uzun.

"Si toute la famille s'est éparpillée aux quatre vents de la France et de la Belgique, un morceau du coeur d'Irène bat en chacun de nous"

"Irène...
Derrière ce prénom, que de ruisseaux murmurent !
Une sirène leste ou reine nonchalante
C'est elle qui se sent comme un poisson dans l'eau
Dans ma Seine irisée à l'instar du colvert !
Ses yeux bleus ont connu les larmes des départs
Qu'elle a su dépasser en fière batelière"


Alors, courez vite lire "Fière comme une batelière " et comme Alicia, vous aurez envie de vivre sur une péniche au fil des eaux.
Merci Nemorino pour cette belle lecture en ce dimanche lumineux.


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Je voulais avec cette chronique remercier Maryna pour ce magnifique cadeau, son roman « fière comme une batelière « pour tout vous dire je suis un enfant du nord et la Sambre m'a vu grandir. Mes premiers bateaux furent les péniches. du pont qui enjambe le fleuve je les voyais ces fiers bateliers s'arrêter pour ouvrir l'écluse, battant souvent pavillons belges, hollandais, bien sûr des français. C'était l'époque où un feuilleton passait sur notre télé en noir et blanc, « l'homme du Picardie « en 1968. Cette même année Irène allait tenter sa chance en Italie avec son salon de coiffure.
On pourrait commencer par « il était une fois « c'era una volta en italien parce que ce pays est lié à Irène. le parcours de cette femme autodidacte a de quoi faire tourner la tête. Irène et Alicia sa petite fille sont très proches . Alicia va écouter sa grand- mère raconter sa vie, son histoire. Des parents bateliers dans une Europe dévastée par la seconde guerre mondiale, une famille nombreuse, le travail difficile sur la péniche. Sa rencontre avec Raffaele son beau Calabrais….
Irène a cette particularité, celle de tenir à bout de bras cette smala, année après année. Sa détermination m'a fait penser à « Ma » dans le roman de Steinbeck les raisins de la colère . Cette façon de secouer ces hommes qui on peut le dire sont un peu tire aux flancs.
J'ai passé un beau moment en te lisant Maryna, des souvenirs heureux et malheureux se sont réveillés, les chemins de halages, les joutes sur la Sambre, le sauret avec ses pommes de terre, le bain du samedi dans la lessiveuse, tout ça je l'ai vécu, et c'est pour ça que je ne te remercierai jamais assez.
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Quelle idée de donner le prénom d'une de ses maîtresses à sa dernière-née ! Pour une querelle ? Pour une plaisanterie ? Que nenni ! Par ras-le-bol d'entendre cette hystérique maugréer toute la journée ! Il va priver ainsi Irène de l'amour maternel pour toujours .

Oui , il l'a engrossée alors qu'elle avait à peine dix-sept ans ; oui , il l'a enlevée mais avec son consentement , elle la jolie brunette aux yeux noisettes , si instruite grâce à sa famille de riches fermiers ; bien sûr , elle trime tout comme lui sur la mignole ; oui , c'est vrai , elle est folle de ce bel étalon aux yeux bleus hypnotiques , ce batelier inculte mais si dynamique . Elle le sera d'ailleurs , pendant soixante ans , jusqu'à la mort de son bien-aimé .
Mais la Mathilde , aussi cultivée soit-elle , est un souillon doublée d'un ronchon ; à tel point qu'un jour , de mauvais poil et excédé , Ariel lui lance une patate bouillante à la tête . Elle sera sourde ad vitam aeternam !

Voilà dans quel bourbier pousse la petite sauvageonne , onzième fruit d'un terreau fertile en graines de la passion . Elle va vivoter dans la rudesse et l'indifférence de sa génitrice qui jamais ne lui donnera la moindre instruction .
Heureusement , à la musique elle s'abandonne grâce à Rina Ketty , sa mandoline et son harmonica . Elle se sort de la norme en apprenant , par elle-même , les mots qui vont la différencier de la plupart de bateliers ; lire et écrire seront ses principaux alliés .Ses voyages à travers la France , l'Allemagne et la Belgique sur leur péniche vont lui ouvrir l'esprit et l'envie d'apprendre , de s'élever elle aussi comme la parentèle maternelle . Elle possède l'exubérance et le courage de son papa chéri ainsi que les gènes nobles d'une mère hautaine mais érudite .
Toute cette période va construire son caractère qui va la rendre exceptionnelle , surtout grâce à la foi qui est en elle et qui lui apporte ce petit supplément d'âme .

La fleur s'éclate à l'adolescence parmi les bombes et les ennemis qui contrôlent la bureaucratie et notamment les documents du bateau . Par ses voyages , elle parle allemand et se rend alors régulièrement à la Kommandantur , en remplacement de ses parents vieillissants ,mais aussi à cause de l'illettrisme de son père et la surdité de sa mère .

Et puis un jour la guerre finit . Les nazis en pagaille , la jeunesse qui braille le bonheur retrouvé ; Tout est réuni pour que la petite batelière rencontre le grand amour de sa vie .

A cause de son Italien , elle oublie , père , mère , jument et même son chien . Eternelle pérégrinante , elle prend déjà les commandes de leur devenir , ils iront à Reggio Calabre , cette ville qu'il glorifie tant , où il a grandi , beauté divine avec son ciel bleu qui se confond avec la mer et les yeux de sa belle .
Via les trains de bois , ils oublient le confort , mais ils s'aiment tellement ! Elle ne le sait pas encore mais ils sont déjà trois .

Le destin est en marche et prépare la descendance : ses filles , attachées elles aussi à ce leitmotiv , l'amour-passion qui habita Mathilde pour son Ariel , sans concession !

Je m'arrête ici à raconter cette histoire hors du commun qui pourrait continuer sans fin , mais qui mieux que Maryna Uzun pouvait vous entraîner dans les fredaines , le culot extrême de cette petite batelière .
En véritable caméléon , l'autrice pénètre parmi cette smala de farfelus avec une plume magique où elle , aussi , joue un rôle artistique dans une fiction abracadabrante digne d'un film romanesque et émouvant .
Maryna prouve ,une fois de plus , qu'elle peut s'adapter à n'importe quel scénario .
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C'est une longue saga familiale qu'Irène, la grand-mère, confie à Alicia, une de ses petites-filles qu'elle estime la plus apte à recueillir ses confidences et souvenirs pour qu'ils puissent rester le vivant témoignage de plusieurs générations.
Irène s'attarde à narrer, sans fausse pudeur, sa vie de fillette à bord d'une péniche, celle d'une très jeune femme amoureuse d'un italien quelque peu donjuan, les multiples difficultés engendrées par la guerre, la pénurie d'après-guerre, qui compliquent le quotidien, et encore plus quand on doit assumer seule ou presque une maternité et élever son bébé dans des conditions précaires.
C'est un récit réaliste, poétique, avec des anecdotes drôles, savoureuses malgré le pathétique. Les références à plusieurs domaines artistiques (musique, peinture...) illuminent la lecture. C'est la signature de Maryna, les fées lui ont accordé d'être une esthète, douée en plusieurs domaines artistiques.
Des expressions, des mots (notamment au féminin) utilisés de façon inhabituelle , témoignent que l'autrice emploie ces locutions avec sa propre culture linguistique, et c'est, la plus part du temps, charmant sans être incongru .
J'ai aimé la lente déambulation fluviale qui m'a permis de me remémorer avec nostalgie les péniches qui naviguent sur le canal de Bourgogne près de Dijon, dans la vallée verdoyante de l'Ouche (J'ai habité Dijon quinze ans)
J'ai aimé l'atmosphère brumeuse du pays de Sambre-Avesnois.
J'ai aimé "la gagne" de cette femme fragile et forte qui a su, malgré toutes les vicissitudes , réussir sa vie.

Merci Maryna pour ces belles pages fleuries et ce voyage à travers le temps et tant de contrées.
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Fin novembre- 4 decembre 2023

*** Coup de coeur !

Déjà plus deux semaines que j'ai achevé ce beau récit émotionnant et sublimé d'une sacrée Batelière ...

Je me suis réjouie , émue de passer du temps avec la fière Irène, racontant sa vie combattive, plus souvent qu'à son tour dans une " mouise somptueuse" à sa petite fille, Alice...qui semble habitée comme sa "joyeuse et galopine"grand- mère par un amour inconditionnel de la Vie et des autres !

Et nous voilà embarqués avec le petit peuple des berges, et de ce monde fascinant des bateliers entre la France et La Belgique...

L' histoire D' Irène, née en 1926, au bord de la Sambre, petite-fille négligée et mal aimée par sa mère, ayant eu la chance d'avoir un père plus inspirant et positif, bien qu'illettré...

Sa double chance sera sa beauté, certes, mais aussi sa personnalité rebelle, intelligente et charismatique, en grande écoute des autres !

Irène va raconter à Alice sa vie tumultueuse, lui faire connaître sa passion de la batellerie, de leur quotidien pourtant très dur, mais aussi son amour et son existence avec le beau Calabrais, Raffaele...qui restera l' Amour de sa vie...même si leur vie commune ne "fut pas un long fleuve tranquille"...

Ce dernier, même très amoureux de son Irène, se révélera ombrageux de la vitalité et de l'énergie sans faille de celle-ci. À sa décharge, hormis la rencontre avec sa belle et fière marinière,il aura supporté beaucoup de malheurs ; entre une enfance triste d'orphelin, le travail très, très jeune, puis quitter son Italie, son soleil, se retrouver en exil dans un pays du Nord, à la grisaille ambiante, accepter le très destructeur travail de mineur, mieux payé que l'usine...

Petit peuple vaillant des bateliers, des mineurs, très dignes, vivant si mal de ces métiers difficiles, dangeureux et toxiques !
Une lecture des plus émotionnantes à plus d'un titre: le rayonnement incroyable de notre batelière , ses joies, ses peines, sa faculté à rebondir des épreuves mais Hommage aussi à tous les petits de la Planète, dont on n'entend jamais la voix !...

"Un soir, plus d'une décade après sa disparition, en retombant sur une documentation au sujet de la batellerie, j'ai revu Irène avec tant d'attachement et de tristesse que je me suis finalement déterminée à évoquer le roman de sa vie.Je me suis figurée Irène, âgée de soixante-dix ans, jouer fougueusement de l'accordéon à Charleroi, où je lui rendis visite.(...)
Je me suis représenté ce " boudoir ", avec le panorama de la Seine, témoin de nos conspirations...Ce n'est pas la durée d'une relation qui en compose l'acuité. J'aurai tenu mon engagement et détaillé dans notre livre, en outre, les moeurs baroques des mariniers d'antan !"

Titre aussi rythmique, musical qu'engageant...Ayant déjà eu le grand plaisir de lire et savourer plusieurs recueils de poésie, ainsi qu' un roman" de l'auteure le Voyage impaisible de Pauline" , heureuse donc de découvrir le dernier-né de l'amie* Nemorino/ Maryna Uzun,...dans un univers différent, m'ayant toujours fascinée : celui des bateliers et mariniers...

Dans la transformation en mots par Maryna Uzun, de la vie réelle de cette fascinante batelière, il y a une très belle harmonie entre prose et poésie, avec toujours une omniprésence du Beau et de l'Amour des arts !

Un régal de musique et de couleurs !


(***Parenthèses toutes personnelles que je me décide d'ajouter, juste pour exprimer que récit- roman a remué beaucoup d'émotions et de souvenirs, reliés au monde des mariniers; 1er souvenir, vraiment très petite dans le début des années 1970, je regardais sur une télé noir et blanc, un feuilleton qui me bouleversait, lequel, justement m'a fait rencontrer ce monde atypique des mariniers...il s'agissait de
" L' Homme du Picardie"...

Si on m'avait dit que très, très longtemps après, je choisirai d' habiter qq temps, après la mort de mon mari adoré, la ville de la Batellerie: Conflans- Sainte- Honorine, où nous allions souvent nous promener...et discuter avec les mariniers à quai...

Comme Marina Uzun, j'ai une vraie passion pour la Seine...qu'elle soit celle de la Capitale, des bouquinistes...ou d'ailleurs. J'ai en plus, encore la chance de l'avoir tout près de moi...au présent. Habitant dans une ville des Hauts-de- Seine, sortant d'une de mes bibliothèques, j'ai le bonheur de me retrouver sur les berges de la Seine...de m'immerger en rêveries dans le fleuve de cette Seine toujourschangeante. La magie opère encore et toujours , depuis des lustres ...)

J'achèverai par un extrait évoquant la magie infinie de Seine, si bien suggérée par l'auteure-poète:

"La folle du logis ne m'inspire pas dans mon studio qui côtoie celui d'un couple courroucé se disputant perpétuellement à grand fracas.J'ai résolu d'écrire à l'extérieur, du premier au dernier mot, à l'exemple des impressionnistes, propulsée par un besoin viscéral de lumière et de transparence.Et au préalable, m'implanter à proximité de la Seine, face aux bateaux qui m'éblouissent à leur ballet nocturne ou glissent presque insensiblement le jour.Même lorsque je me réveille aux aurores dans mon lit, mon hallucination est là : le bruit sourd d'un moteur d'une péniche ! Irène me sonne !
Je rejoins alertement ma " zone de confort", sous le pont de Grenelle. Vert, métallique, dépouillé, ce n'est pas le plus romantique.En revanche il touche une réplique de la statue la Liberté, ce qui me remplace des fioritures !
(...) Je me crois Rimbaud, le vagabond."



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Merci à @Nemorino de m'avoir permis de découvrir Irène et sa tribu…

Mais qui est Irène ?
Dernière née d'une fratrie de onze enfants elle a vécu une enfance difficile au sein d'une famille de mariniers.

C'est au hasard d'une balade au bord de la Seine, qu'Alicia confie à sa grand-mère qu'elle aimerait vivre dans une péniche. Partant de là, Irène, qui a une grande complicité avec sa petite fille commence à lui raconter son histoire. Alicia lui propose alors d'écrire un livre à quatre mains…

Irène démarre son histoire à partir de la relation tumultueuse de ses parents et de leur vie sur les canaux. On y découvre la vie difficile à bord d'une péniche.

Elle raconte ensuite sa rencontre avec Raffaelo, un italien calabrais, qui va donner naissance à une histoire d'amour folle et à une vie pleine de rebondissements dans des périodes difficiles. (Guerre, travail dans les mines)…

Et puis, Irène meurt… ce qui amènera une fin de l'histoire à son image. Espiègle et presque joyeuse.

J'ai beaucoup aimé ce livre. Il nous montre que l'Amour permet de se transcender.

Irène a aimé de manière inconditionnelle sans pour autant être aimé en retour. Mal menée par une mère autoritaire, abusée par ses frères et soeurs à qui elle a toujours tout pardonné, elle a réussi à s'élever et à élever les conditions de vie de sa famille grâce à son courage et son abnégation.

Ce livre apporte également quelques éclairages historiques sur une période un peu trouble de l'après-guerre où, comme c'est encore d'actualité, les amalgames font beaucoup de mal.

Sans un être un roman philosophique, il nous donne à réfléchir…
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L'auteure nous invite à ce roman qu'elle dit "à 4 mains" et j'ajouterais surtout à 2 voix : l'une vive et pressée de vivre dans une course haletante à travers l'Europe en partant des paysages du Nord en péniche ensuite en traversant la France et l'Italie vers le sud pour se fixer autour de Charleroi en Belgique wallonne. Là se passe la majorité des aventures de la fière batelière pour prendre fin au bord de la Seine.
L'autre voix plus poétique, s'attache à la beauté des descriptions et aux détails psychologiques des personnages évoqués par le première.
C'est donc un récit de vie, de résistance d'une jeune femme, mère et enfin grand-mère qui pour sa famille traverse les temps de guerre, la misère, le mépris et telle une péniche (ou un remorqueur ?) tire non seulement sa famille mais tout son monde derrière elle.
Les deux voix donnent beaucoup de relief à ce récit parsemé de wallon ou d'italien qui nous raconte la vie en Wallonie des bateliers, des mineurs, des immigrés italiens notamment, de ce monde de travailleurs à travers le XXe siècle.
Moi qui en ai connu plus d'un de ces immigrés, mineurs ou simples mais fiers wallons, moi qui comprends encore un peu ce parler carolo mais aussi quelques rudiments d'italien, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire les aventures de la Fière Batelière.
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Aujourd'hui, petite interrogation surprise ! Savez-vous ce qu'est une « mignole » ? Personne ? Alors je vous invite à me suivre, c'est parti !

Tout d'abord, voici Alicia et sa grand-mère Irène. Quelle complicité elles ont toutes les deux, c'est magique ! Tendre Alicia qui s'est mis en tête de noter les souvenirs de sa grand-mère ; charmante Irène qui raconte sa vie et de nombreuses anecdotes, sans langue de bois. Et nous, nous écoutons bouche bée, parfois révolté(e)s, parfois attendri(e)s, mais toujours en empathie avec cette femme unique.

Et la mignole dans tout ça ? J'y viens, c'est une péniche, sur laquelle est née Irène… Ses parents sont assez mal assortis, un père un peu rustre qui a la main lourde avec son épouse et qui lève assez bien le coude, et une mère cultivée, déçue d'avoir eu un fort coup de foudre pour son époux qu'elle va suivre contre l'avis de ses parents et qui ne lui apportera qu'une flopée de gosses, des regrets et du désespoir !

Regardez l'enfance d'Irène, qui aide toute gamine au halage de la mignole, qui n'a pas le temps de s'instruire à l'école et qui va devoir se débrouiller seule, s'occuper de ses parents et souvent de ses frères et soeurs ! Une telle enfance, ça marque ! Alors, quand la belle Irène va rencontrer Raffaele, ce bel Italien qui va lui tourner la tête, est-ce que le roman familial va se répéter ? Pas vraiment, car bien que déçue par son mari, Irène, d'un caractère bien trempé va faire face à l'adversité et continuer à mener sa « barque » ; et elle saura se battre pour se faire une petite place au soleil.

Et c'est cette histoire singulière, qu'Irène, maintenant âgée va tenter de faire ressurgir de ses souvenirs pour la raconter à sa petite-fille.

Voyez comme c'est beau cette entente entre ses deux générations, deux femmes qui s'apprécient vraiment, qui s'aiment tout simplement.

Maryna UZUN a un style d'écriture incomparable, on a vraiment l'impression d'être près d'Irène et d'écouter son histoire… Parfois c'est Alicia qui parle, parfois c'est Irène ; c'est incroyable d'assister à cet échange, de revivre la vie d'Irène ; quant à la fin, elle rajoute un brin de magie et de mélancolie. Une très belle réussite.

Bref, un livre qui relate la jeunesse d'une femme âgée, dans un échange avec sa petite fille ; ça suinte l'amour, le respect ; quant à Irène, on n'a pas envie de la quitter. Sautez sur la péniche sans hésiter !

À lire à bord d'une péniche, sous un pont de Paris, ou éventuellement dans votre salon (mais c'est dommage) ; en vous régalant de tiramisu accompagné d'un verre de Prosecco. Bonne lecture !


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Irène a 17 ans, en 1943 quand la péniche familiale est soufflée par une bombe anglaise. Elle quittera bientôt cette vie d'errance, les barges hâlées à bras d'homme ou d'enfants, des frères et soeurs élevés à la dure bien que le coffre déborde d'oseille, un père inculte et brutal, une mère sans tendresse.
Une autre vie commence avec le calabrais Raffaele, séduit par ses beaux yeux couleur de méditerranée, le grand voyage vers le sud, vers une détestable et mesquine famille calabraise puis le retour, les dettes et la débrouille dans les corons de Charleroi, un mari volage qui restera son grand amour.

Maryna Uzun, que je remercie pour l'envoi de ce livre, se glisse dans la peau d'Alicia, petite-fille d'Irène qui, dans la deuxième partie et d'une superbe écriture raconte la genèse du livre et aussi pourquoi la vie d'Irène est relatée d'une façon si factuelle, un peu sèche, de petites phrases où elle intercale astucieusement quelques répliques entre Irène et Alicia.

Le récit est prenant, parce qu'il témoigne d'une époque, du courage et de la générosité d'une Irène si peu rancunière.
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Je remercie Maryna alias Nemorino de m'avoir proposé de découvrir ce roman familial qui me ramène à des lieux, des personnages et des situations faisant écho à ma propre filiation.

le roman épique d'Irène, femme de caractère et de convictions qui va vivre selon ses choix, et même si cela veut parfois dire s'effacer face aux sentiments, elle rebondira .

Un voyage entre la Belgique, la France, et l'Italie mais aussi à travers le temps avec toutes ces descriptions, ces anecdotes, cette envie de vivre qui transpire à chaque page et ces malheurs.

Une écriture romanesque, précise, érudite et détaillée sur la musique, les arts et l'histoire (j'ai appris un fait que j'ignorais sur la villa Lynwood située à Nice alors que j'ai habité à quelques kilomètres de là pendant une dizaine d'années et qui resemble de très près à "la Carlingue" de la rue Lauriston de Paris).
Si la vie d'Irène fut pleine de rebondissements, alternant entre les peurs, les larmes les joies et les rires, l'auteur en quelques 145 pages a su nous les transmettre de façon à nous identifier ou nous faire découvrir un temps révolu.
Une petite anecdote sous forme de jeu de mot intentionnel ou de hasard heureux dans cette citation, " raconter des salades à ce niçois".

Merci encore pour cette lecture et "bon vent" à votre batelière.






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