AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
L'Évangile tel qu'il m'a été révélé tome 1 sur 10
EAN : 9788879870511
286 pages
Centro editoriale Valtortiano (01/07/2005)
4.36/5   14 notes
Résumé :

L' uvre de Maria Valtorta a été écrite de 1944 à 1947 et publiée en Italie en 1956. Depuis, l'édition a été continuellement réimprimée et diffusée dans le monde entier. Tome 1 - La préparation

Que lire après L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai décidé de lire les 10 tomes. J'en suis au tome 2.
Je ne crois pas qu'il soit possible d'apporter une critique. C'est une oeuvre magistrale. j'ai fais des recherches sur Maria Valtorta pour comprendre cette femme et l'expérience qu'elle a vécu. C'est une auteure mystique.
La profondeur d'écriture m'a saisie, une vitalité d'écriture, une écriture qui invite le lecteur à vivre pleinement l'histoire, la sentir, la pénétrer, la faire sienne... Et quelle histoire, il s'agit là de la vie de Jésus !


Je ne suis pas une exégète, ni une théologienne, seulement une femme en quête qui cherche au détour de quelques lectures à approfondir un peu de connaissance.
L''évangile de Maria Valtorta nourrit l'affamé, rempli l'assoiffé. Cette écriture profonde, fouillée, vivante, touche au coeur.… Elle permet de traverser les évangiles avec une autre intériorité. Les évangiles, je les avais lu, là je les ai vécu.

Ce texte fait rencontrer une femme, proche de la sainteté, une Marthe Robin italienne qui ne quitte pas son lit à partir de l'âge de 43 ans et qui reçoit des visions, sous la dictée de Jésus. Elle écrira 15000 pages dans des petits cahiers d'écoliers, (de 1943 à 1947) en 4 ans et sans aucune rature tout en vivant des souffrances et des douleurs violentes dans le corps.

Elle a des visions et devient l'auteure du descriptif de ce ressenti. Elle décrit ce qu'elle voit, entend ou ressent avec ses propres mots, mais l'origine de la vision est inspirée. Jésus lui demande de n'omettre aucun détail : il les juge importants. Ce sont ces détails qui ont permis à Jean-François Lavère, et à d'autres, d'authentifier scientifiquement ces descriptifs. Parce qu'entre nous, du fin fond de son Italie, elle ne connaissait ni Jérusalem, ni la Gallilée et offre des descriptions précises. Ce sont également ces détails qui rendent la lecture si vivante et si touchante. Dans les dictées, elle ne fait que consigner ce que lui dicte d'abord Jésus ou Marie, puis, au fil du temps, Dieu le Père, L'Esprit-Saint, les anges ou les saints. Ce sont leurs mots que nous lisons, compris et traduits par Maria Valtorta. Elle n'avait manifestement pas les capacités ou les connaissances pour traiter les sujets qu'elle aborde.

Mais qui est cette femme qui reçoit cette grâce ?

Maria Valtorta est une lettrée, une fille unique éprise de littérature, d'histoire et de Dieu.
Très tôt, elle se distingue par un caractère fort, de remarquables qualités et une extraordinaire ouverture spirituelle. Pour autant « elle sait qu'elle doit jouer dans le monde et non dans le cloître » confie t'elle.

Elle naquit en 1897 à Caserta en Italie, d'un père militaire qu'elle chérit et d'une mère qui ne l'aimait pas beaucoup et lui a fait sentir tout au long de sa vie.
A deux reprises, sa mère rompit par des moyens indignes et avec brutalité des fiançailles sérieuses. Dès lors, elle comprit que Dieu la voulait pour lui tout seul !
Très jeune elle a un dialogue intime avec le Christ. A partir de l'âge de 25 ans, elle ne lit que les évangiles et Saint Thérèse de Lisieux.
Elle s'engage dans l'action catholique féminine où elle ne tarde pas de donner des conférences et diriger la réflexion spirituelle. Son auditoire est de plus en plus nombreux.
Pendant toutes ces années, Maria Valtorta mène une vie d'âme victime. Elle subit tentations, brimades, calomnies et assauts de souffrances, mais elle confie avoir fait un pacte solennel avec Jésus : chaque crise qui la saisit lui vaut le rachat d'une âme. On vient la consulter de plus en plus sans qu'elle sache qui envoie ces personnes.

Elle confie à ce propos :
"Je me rends compte, depuis des années, que c'est Dieu qui agit en moi. Depuis des années, c'est-à-dire depuis que j'ai supprimé mon moi humain et que je me suis faite reconstruire par Dieu, en m'oubliant moi-même et en n'ayant en vue que lui. Même mes propres perceptions si perspicaces de ce qui advient dans le coeur d'autrui, n'ont rien qui vient de moi. Car par moi-même je serais plus sourde qu'une taupe à toutes les ondes sonores qui émanent de mes âmes soeurs. Mais une force, très supérieure à la mienne, me rend capable de deviner les besoins des créatures. Parfois je reste la bouche ouverte en m'apercevant qu'en parlant de la sorte, presque sur la suggestion d'un tiers, je mets vraiment le doigt sur une plaie. Et j'avoue à moi-même : C'est vraiment Dieu qui agit pour nous lorsque nous sommes abandonnés totalement à lui".

Sa vie bascule lorsqu'un jour dans la rue, un anarchiste frappe violemment Maria aux reins avec une barre de fer, et lui brise les reins. C'est cet accident qui va petit à petit la paralyser et la clouer au lit. En 43, le jeudi Saint, après 9 ans d'infirmité, elle reçoit sa première vision :
"Tout à coup, écrit-elle, j'ai vu, mentalement, un terrain très pierreux et aride, entouré d'un vaste horizon. Tout au sommet, un plant de violettes avait poussé. Une seule violette était complètement éclose. …Je vis alors une grosse planche enfoncée dans le sol... À un mètre et demi du sol, peut-être moins, je vis deux pieds transpercés. du sang coulait le long des talons, jusqu'au sol. D'autres gouttes ruisselaient des orteils sur la touffe de violettes. C'est donc vers cela que se tournait la violette, unique touffe de verdure en cette terre stérile : vers ce sang qui la nourrissait. …/…
"…De sa parole muette, Jésus me dit que ma place est plus que jamais au pied de la croix. Je ne dois tirer ma vie que de son Sang. Mon seul devoir est d'être l'encens au pied de son trône de Rédempteur. L'encens n'exhale son parfum qu'en brûlant et en se consumant : c'est ce que je dois faire. La vision me dit aussi que la fleur peut attirer d'autres regards vers la croix … en acceptant de vivre, à cette fin, dans un désert aride, seule avec la croix".

C'est son oeuvre majeure, « l'évangile tel qu'il m'a été révélé » , en dix volumes. Elle présente les caractères et les situations avec cette profonde introspection. Elle expose les faits comme un témoin présent relatant ainsi toute la vie de Jésus. Elle sait informer sur des points de détails, des ambiances, des usages, des rites et des cultures. Tout en gardant son lit, elle écrit d'un seul jet le jour ou la nuit…

Les dernières années de sa vie sont douloureuses, Elle s'éteint le 12 octobre 1961. Vingt mois auparavant, elle avait vu, l'oeuvre mise à l'Index. Selon les directives de Jésus, sa publication devait être posthume ; En guise de testament spirituel, Maria Valtorta laisse comme souvenir, la phrase suivante: "J'ai fini de souffrir, mais je continuerai à aimer".
D'emblée l'ouvrage est interdit à sa publication en 1949 par la congrégation pour la doctrine de la foi. le livre est néanmoins publié en 1956 par un imprimeur indépendant. Mis à l'index par le vatican, en 1966 l'index est aboli. En 1992, Roman Danylack, évèque canadien, théologien et docteur en droit canonique après avoir étudié l'oeuvre réfute les critiques et affirme la totale conformité de l'oeuvre avec l'orthodoxie catholique romaine.

Dans cette vie faite de sacrifices, elle se différencie par sa plume. J'ai cherché longtemps ce qui caractérise cette écriture, dans laquelle je me suis plongée avec tant de délectations. Aujourd'hui nous dirions, elle a une écriture journalistique. Voilà, c'est ça. Les faits sont donnés, les mots font vibrer, et pour autant l'essentiel et le message pur sont conservés. Avant gardiste dans l'écriture… Malgré les dix volumes, chaque chapitre se lit comme un article de journal qui relate cette actualité de Jésus et des apôtres… Parce qu'en fait, 2000 ans après, on ne parle que de ça … C'est d'une actualité débordante !







Commenter  J’apprécie          202
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Grâce à Maria Valtorta et à ses visions, nous rentrons directement dans l'intimité des grandes figures de l'évangile. C'est avec beaucoup de tendresse que M.Valtorta parle de l'amour de Marie pour Jésus ou encore le soutient de Joseph pour eux. On se retrouve dans leur maison, beaucoup de détails nous sont offerts. les paysages sont tellement bien décrit que je me suis retrouvée avec eux, me baladant à Nazareth, sous l'ombre des oliviers pour me protéger de la chaleur. Nous ne sommes pas en face de personnages biblique lointain, inabordable mais au contraire nous sommes intimement liés à eux. Marie nous montre son amour pour Jésus, ses craintes, ses appréhensions pour l'avenir et en même temps son amour immense et sa promesse à Dieu.
A la fin du tome, je me suis sentie tellement plus proche d'eux, comme si je les découvrais d'un regard neuf. C'est vraiment un livre poétique, magnifique!
Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tome 1/10

8. Marie accueillie au Temple. Dans son humilité, elle ignorait qu’elle était la Femme pleine de Sagesse.

Le 30 août 1944.

8.1 Je vois Marie marcher entre son père et sa mère dans les rues de Jérusalem.

Les passants s’arrêtent pour regarder cette jolie petite fille toute vêtue d’un blanc de neige et enveloppée dans un tissu très léger. Ses motifs de feuillage et de fleurs, plus foncés sur le fond pâle, me font penser que c’est celui qu’Anne portait le jour de sa purification. Seulement, alors que, sur Anne, il ne dépassait pas la ceinture, pour Marie – si petite – il descend presque jusqu’à terre et l’enveloppe d’une espèce de petit nuage vaporeux et lumineux d’un charme rare.

La blondeur de ses cheveux épars sur les épaules ou, plutôt, sur sa nuque délicate, transparaît là où il n’y a pas de damassure sur le voile, juste le fond très léger. Ce voile est maintenu sur le front par un ruban d’un bleu très pâle, sur lequel sa mère, vraisemblablement, a brodé de petits lys en fil d’argent.

Comme je l’ai dit, ce vêtement, très blanc, descend jusqu’à terre, et c’est tout juste si, à chaque pas, on aperçoit ses pieds chaussés de sandalettes blanches. Ses mains ressemblent à deux pétales de magnolia qui sortent d’une longue manche. Hormis le cercle bleu du ruban, il n’y a pas d’autre couleur. Tout est blanc. Marie paraît vêtue de neige.

Joachim porte le même vêtement qu’à la purification, tandis qu’Anne est vêtue d’un violet très sombre. Même le manteau qui lui couvre la tête est violet foncé. Elle le porte baissé très bas sur les yeux. Ce sont deux pauvres yeux de maman, rouges pour avoir trop pleuré, qui voudraient bien ne pas pleurer et, surtout, ne voudraient pas qu’on les voie en larmes, mais qui ne peuvent s’en empêcher sous le couvert du manteau. Cette protection vaut pour les passants, mais aussi pour Joachim dont les yeux habituellement serein sont d‘ailleurs rougis et brouillés de larmes déjà versées ou qui coulent encore. Il marche en se tenant très courbé sous un voile disposé comme un turban dont les ailes latérales descendent le long du visage.

Il fait très âgé en ce moment, Joachim. A le voir, on pourrait le prendre pour le grand-père ou l’arrière-grand-père de la petite fille qu’il tient par la main. Le chagrin de la perdre donne à ce pauvre père une démarche traînante, une allure lasse qui le vieillit de vingt ans. Son visage semble, non seulement celui d’un ancêtre, mais même celui d’un malade tant il est accablé et triste. La bouche tremble légèrement entre deux rides, aujourd’hui très prononcées de chaque côté du nez.

Ils essaient tous les deux de dissimuler leurs larmes. Mais s’ils y parviennent à l’égard de beaucoup de gens, ils ne le peuvent avec Marie. En raison de sa petite taille, elle regarde de bas en haut, et quand elle lève la tête, son regard se porte tour à tour sur son père et sa mère. Eux s’efforcent de lui sourire d’une bouche tremblante, et ils augmentent l’étreinte de leur main sur la petite main de Marie chaque fois que la fillette les observe et sourit. Ils doivent penser : « C’est bientôt son dernier sourire que nous allons voir ! »

8.2 Ils marchent lentement, doucement. Ils donnent l’impression de vouloir allonger le plus possible leur route. Tout leur est prétexte pour faire halte. Mais une route a forcément une fin, et celle-ci est sur le point de se terminer. Voilà, au sommet de cette dernière montée, les murs d’enceinte du Temple. Anne pousse un gémissement et serre plus fort la main de Marie.

« Ma chère Anne, je suis avec toi », dit une voix qui sort de l’ombre d’une arcade basse à un croisement de routes.

Elisabeth, qui l’attendait sûrement, la rejoint et la serre sur son cœur. Comme Anne est en larmes, elle lui propose :

« Viens, viens un moment dans cette maison amie, puis nous partirons ensemble. Zacharie est là, lui aussi. »

Ils entrent tous dans une pièce basse et sombre où brille un grand feu. La maîtresse de maison, certainement une amie d’Elisabeth, mais inconnue d’Anne, se retire par politesse pour laisser le petit groupe tranquille.

« Ne crois pas que j’ai changé d’avis, ou que je donne à regret mon trésor au Seigneur, explique Anne entre ses larmes, mais c’est le cœur… Oh, comme mon vieux cœur souffre de retrouver sa solitude de mère sans enfant ! Si tu le sentais…

- Je le comprends, mon Anne… Mais tu es bonne et Dieu te réconfortera dans ta solitude. Marie priera pour que Dieu donne la paix à sa mère, n’est-ce-pas ? »

Marie caresse les mains de sa mère et les embrasse, elle se les passe sur le visage pour en être caressée, et Anne serre ce petit visage dans ses mains, et l’embrasse, encore et encore. Elle ne s’en rassasie pas.

Zacharie entre alors et salue :

« La paix du Seigneur soit sur les justes.

- Oui, répond Joachim, demande pour nous la paix, car notre cœur tremble de l’offrir. C’est comme l’offrande d’Abraham lorsqu’il gravissait la montagne, et nous ne trouverons pas d’autre offrande pour racheter celle-là. Nous ne le voudrions pas, d’ailleurs, parce que nous sommes fidèles à Dieu. Mais nous souffrons, Zacharie. Toi qui est prêtre de Dieu, comprends-nous et ne t’en scandalise pas.

- Jamais ! Bien au contraire, votre douleur sait ne pas dépasser les bornes de ce qui est permis et vous porter à l’infidélité, et cela m’apprend à aimer le Très-Haut. Mais prenez courage.

8.3 La prophétesse Anne aura grand soin de cette fleur de David et d’Aaron. C’est actuellement le seul lys de sa descendance sainte que David ait au Temple, et on s’en occupera comme d’une perle royale. Les temps touchent à leur terme et les mères de sa lignée devraient avoir souci de consacrer leurs filles au Temple – puisque c’est d’une vierge de la souche de David que sortira le Messie. Mais les places réservées aux vierges dans le Temple sont vides, à cause du relâchement de la foi. Il y en a trop peu au Temple, et aucune de la descendance royale depuis que Sarah, fille d’Elisée, en est sortie pour se marier, voici trois ans. Il est vrai qu’il manque encore six lustres pour arriver à la date fixée, mais… Eh bien, espérons que Marie sera la première de nombreuses vierges davidiennes devant le Voile sacré. Et puis… qui sait ?... »

Zacharie n’ajoute rien, mais il regarde Marie d’un air pensif. Il reprend :

« Je veillerai moi aussi sur elle. Je suis prêtre et j’ai mes entrées. J’en profiterai pour ce petit ange. Et Elisabeth viendra la voir souvent…

- Oh, certainement ! J’ai un grand besoin de Dieu et je viendrai le dire à cette enfant, afin qu’elle le dise à l’Eternel. »

8.4 Anne a repris courage. Pour la réconforter un peu plus, Elizabeth lui demande :

« N’est-ce-pas ton voile d’épouse ? Ou bien as-tu filé de nouveaux byssus ?

- C’est bien le même. Je le consacre au Seigneur avec elle. Je n’y vois plus guère… et puis nos ressources ont bien diminué à cause des taxes et à la suite de revers de fortune… Il m’était impossible de faire de grosses dépenses. J’ai seulement préparé un riche trousseau pour son séjour dans la maison de Dieu et pour après… parce que je pense que ce n’est pas moi qui l’habillerai pour ses noces… et je veux que ce soit toujours la main de sa maman, même froide et inerte, qui la pare pour son mariage et lui file ses linges et ses vêtements d’épouse.

- Oh ! Pourquoi ces tristes pensées ?

- Je suis déjà âgée, ma cousine. Je ne l’avais jamais autant ressenti que maintenant… et maintenant… la douleur de la perdre souffle sur ces dernières forces et les dissipe.

- Il ne faut pas dire cela, ne serait-ce que par égard pour Joachim.

- Tu as raison. Je tâcherai de vivre pour mon mari. »

Joachim, attentif aux paroles de Zacharie, a fait semblant de ne rien entendre, mais il a entendu, et il pousse un profond soupir, les yeux baignés de larmes.

« Nous voici entre la troisième et la sixième heure. Je crois le moment venu d’y aller » dit Zacharie.

Tous se lèvent pour remettre leur manteau et partir.

8.5 Mais, avant de sortir, Marie s’agenouille sur le seuil, bras ouverts. C’est un petit chérubin qui implore :

« Papa ! Maman ! Votre bénédiction ! »

Elle ne pleure pas, la courageuse petite. Mais ses lèvres tremblent et sa voix, brisée par un sanglot retenu, ressemble plus que jamais au gémissement tremblant de la tourterelle. Son petit visage est plus pâle et son regard révèle une anxiété résignée. C’est ce même regard que je verrai au Calvaire et au Sépulcre, en plus fort, jusqu’à devenir insoutenable, non sans en souffrir profondément.

Ses parents la bénissent et l’embrassent, une fois, deux fois, dix fois. Ils ne peuvent s’en rassasier… Elisabeth pleure en silence et Zacharie, bien qu’il ne veuille pas le montrer, est profondément ému.

Ils sortent, Marie entre son père et sa mère, comme auparavant, et Zacharie avec sa femme à l’avant. Les voici à l’intérieur des murs du Temple.

« Je vais chez le grand-prêtre. Vous, montez à la grande terrasse. »

Ils traversent trois cours et trois porches superposés. Les voici au pied d’un vaste cube de marbre couronné d’or. Chaque dôme, convexe comme une énorme moitié d’orange, luit au soleil de midi qui tombe à pic sur une grande cour entourant un édifice majestueux et envahit la vaste esplanade ainsi que le grand escalier qui mène au Temple. Seul le portique qui lui fait face, le long de la façade, est à l’ombre ; par contraste avec tant de lumière, la gigantesque porte de bronze et d’or paraît encore plus sombre et solennelle.

Marie semble encore plus comme neige sous ce grand soleil. Elle arrive au pied de l’escalier, entre son père et sa mère. Comme leur cœur à tous trois doivent battre! Elisabeth se tient à côté d’Anne, mais légèrement en retrait, d’un demi-pas.

8.6 Une sonnerie argentine de clochettes, et la porte tourne sur ses gonds. On dirait le timbre d’une cithare pendant que la porte pivote sur ses sphères de bronze. L’intérieur du Temple apparaît, avec ses lampes tout au fond. Un cortège s’
Commenter  J’apprécie          30
Tome 1/10

6. Purification d’Anne et offrande de Marie, la petite Fille parfaite pour le Royaume des Cieux.

Le 28 août 1944.

Je vois Anne et Joachim, en compagnie de Zacharie et d’Elisabeth, sortir d’une maison de Jérusalem – certainement une maison d’amis ou de parents – et prendre la direction du Temple pour la cérémonie de la purification.

Anne porte dans ses bras l’enfant, bien emmaillotée et même enveloppée dans une couverture de laine légère qui doit être douce et chaude. Avec quelle précaution et quel amour elle porte et surveille sa petite fille ! De temps à autre, elle soulève le bord du tissu fin et chaud pour voir si Marie respire bien, puis elle l’en recouvre pour la protéger de l’air vif d’une belle, mais froide journée de plein hiver.

Elisabeth tient des paquets. Joachim traîne par une corde deux gros agneaux tout blancs, des moutons déjà plus que des agneaux. Zacharie ne porte rien. Il est bien beau dans son vêtement de lin, qu’un lourd manteau de laine, blanche elle aussi, laisse entrevoir. Un Zacharie beaucoup plus jeune que celui que j’ai déjà vu à l’occasion de la naissance de Jean-Baptiste, en pleine force de l’âge. De même, Elisabeth est une femme d’âge mûr, mais elle garde une certaine fraîcheur. Chaque fois qu’Anne regarde le bébé, elle se penche sur le petit visage endormi en s’extasiant. Elle aussi est très belle dans son vêtement d’un bleu qui tend vers le violet foncé, la tête couverte d’un voile qui lui tombe sur les épaules et sur le manteau, plus sombre que la robe.

Pour ce qui est d’Anne et Joachim, leurs habits de fête leur donnent un air solennel. Contrairement à son habitude, Joachim ne porte pas sa tunique marron foncé, mais un long vêtement d’un rouge très sombre – nous le qualifierons aujourd’hui de « rouge saint Joseph »-, et les franges de son manteau sont toutes neuves et jolies. Lui aussi porte sur la tête une sorte de voile triangulaire entouré d’un cercle de cuir. Tous ces vêtements sont neufs et fins.

Quant à Anne, il n’est pas question d’habit foncé aujourd’hui ! Elle porte une robe d’un jaune très pale, presque couleur vieil ivoire, serrée à la ceinture, au cou et aux poignets par une bande qui semble d’argent et d’or. Elle a la tête couverte d’un voile très fin qui paraît damassé, lui aussi retenu sur le front par une lame mince mais précieuse. Elle a mis un collier de filigrane au cou ainsi que des bracelets aux poignets. Elle ressemble à une reine, ne serait-ce que par la dignité avec laquelle elle porte son vêtement et surtout son manteau, d’un jaune pâle bordé d’une grecque en belle broderie, teinte sur teinte.

« J’ai l’impression de te voir le jour de ton mariage. Je n’étais alors qu’une fillette, mais je me rappelle encore comment tu étais belle et heureuse, dit Elisabeth.

- Mais je le suis d’avantage aujourd’hui… et j’ai voulu mettre cette même robe pour cette cérémonie. Je l’avais gardée pour cela… et je n’espérais plus la mettre pour un jour pareil.

- Le Seigneur t’a beaucoup aimée, soupire Elisabeth.

- C’est pour cette raison que je lui offre ce que j’aime le plus : ma fleur.

- Comment arriveras-tu à l’arracher de ton sein quand ce sera le moment ?

- Je me rappellerai que je ne l’avais pas, et que c’est Dieu qui me l’a donnée. Je serai toujours plus heureuse maintenant qu’à cette époque là. Quand je la saurai au Temple, je me dirai : « Elle est toute à lui. Lorsque les deux heureux vieillards qui l’ont reçue du ciel ne seront plus, lui, l’Eternel sera encore son Père. » Crois-moi, j’en ai la ferme conviction, cette petite fille ne nous appartient pas. Je n’étais plus bonne à rien… C’est lui qui l’a déposée dans mon sein, comme un don divin pour essuyer mes larmes et affermir notre espérance ainsi que nos prières. C’est pourquoi elle est à lui. Nous en sommes, nous les heureux gardiens… qu’il en soit béni !! »

Ils parviennent aux murs du Temple.

« Pendant que vous allez à la porte de Nicanore, je vais prévenir le prêtre. Je vous rejoindrai ensuite » annonce Zacharie. Il disparaît derrière une arcade qui donne accès à une grande cour entourée de portiques.

Le groupe continue à traverser les terrasses successives. En effet – je ne sais pas si je l’ai précisé – l’enceinte du Temple ne se trouve pas sur un terrain plat, mais elle monte par paliers successifs de plus en plus hauts. On accède à chaque palier par des marches et chacun d’eux comprend des cours, des portiques et des portails magnifiquement travaillés, en marbre, en bronze et en or.

Avant d’atteindre le lieu du rendez-vous, ils s’arrêtent pour sortir des paquets ce qu’ils ont apporté : des galettes, me semble-t-il, larges, plates et bien beurrées, de la farine blanche, deux colombes dans une cage en osier ainsi que deux grosses pièces d’argent ; certaines pièces étaient en effet très lourdes mais, heureusement, les poches n’existaient pas à cette époque, car elles en auraient été trouées.

Voici la belle porte de Nicanore, un chef d’œuvre de broderie en bronze massif laminé d’argent. Zacharie est déjà là, aux côtés d’un prêtre en vêtement de lin somptueux.

Anne est aspergée d’une eau que je suppose lustrale, puis reçoit l’ordre de s’avancer vers l’autel du sacrifice. L’enfant n’est plus dans les bras de sa mère. Elisabeth l’a prise, et elle reste au-dehors.

En revanche, Joachim entre derrière sa femme, tirant derrière lui un malheureux agneau bêlant. Moi… je fais comme pour la purification de Marie : je ferme les yeux pour ne pas le voir égorger.

Anne est désormais purifiée.

Zacharie dit quelques mots à voix basse à son collègue, qui acquiesce avec un sourire. Celui-ci s’approche ensuite du groupe recomposé et, félicitant le père et la mère pour leur joie et leur fidélité aux promesses, il reçoit le second agneau, la farine et les galettes.

« Cette fillette est donc consacrée au Seigneur ? Que la bénédiction de Dieu soit sur elle et vous ! Voici venir Anne, ce sera l’une de ses maîtresses : Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Viens, femme : cette petite est offerte au Temple en hostie de louange. Tu seras sa maîtresse, et elle croîtra en sainteté sous ta protection. »

Anne, fille de Phanuel, aux cheveux déjà tout blancs, cajole la petite fille, qui s’est éveillée et regarde de ses yeux innocents et étonnés toute cette blancheur, tout cet or qui brille au soleil.

La cérémonie doit être achevée. Je n’ai pas vu de rite particulier pour l’offrande de Marie. Peut-être suffisait-il de le dire au prêtre, et surtout à Dieu, auprès du lieu sacré
Commenter  J’apprécie          20
16. L’Annonciation.

Le 8 mars 1944

16.3 La tenture bouge plus fort, comme si quelqu’un faisait un courant d’air par derrière ou la tirait pour l’écarter. Une lumière aussi blanche qu’une perle associée à de l’argent pur éclaire les murs légèrement jaunes, avive les couleurs des tissus, rend plus surnaturel le visage levé de Marie. Dans la lumière, et sans même que la tenture se soit ouverte sur le mystère qui s’accomplit – d’ailleurs, elle ne bouge plus, elle pend, bien droite sur ses montants, comme s’il s’agissait d’un mur qui isole l’intérieur de l’extérieur-, l’archange se prosterne.

Nécessairement, il lui faut prendre une apparence humaine, mais elle transcende l’humain. De quelle chair est formée cette figure superbe, éclatante ? De quelle substance Dieu l’a-t-il matérialisée pour la rendre perceptible aux sens de la Vierge ? Dieu seul peut posséder de telles essences et les utiliser de manière aussi parfaite. Ce sont bien un visage, un corps, des yeux, une bouche, des cheveux et des mains comme les nôtres, mais sans notre matière opaque. C’est une lumière qui a pris la couleur de la chair, des yeux, des cheveux, des lèvres, une lumière qui bouge, sourit, regarde et parle.

« Je te salue, Marie, pleine de grâce, je te salue ! »

La douce musique de sa voix ressemble à des perles lancées sur un métal précieux.

La Vierge tressaille et baisse les yeux. Elle tressaille encore plus lorsqu’elle voit cet être éclatant agenouillé à un mètre d’elle environ, les mains croisées sur la poitrine, qui la regarde avec une infinie vénération.

Marie se dresse sur ses pieds et se serre contre le mur. Elle pâlit et rougit tour à tour. Son visage exprime stupeur et effroi. Inconsciemment, elle serre les mains sur son sein et les rentre dans ses longues manches. Elle se penche presque pour cacher le plus possible son corps, en un geste de douce pudeur.

« Non, ne crains pas. Le Seigneur est avec toi ! Tu es bénie entre toutes les femmes. »

Mais Marie a encore peur. D’où vient cet être extraordinaire ? Est-ce un envoyé de Dieu ou du Trompeur ?

« Ne crains pas, Marie, répète l’archange. Je suis Gabriel, l’ange de Dieu. Mon Seigneur m’a envoyé à toi. Ne crains pas, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Tu vas concevoir un fils dans ton sein, tu l’enfanteras et tu lui donneras le nom de ‘Jésus’. Il sera grand, on l’appellera Fils du Très-Haut (ce qu’il sera effectivement) ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. Toi, la sainte Vierge bien-aimée du Seigneur, sa fille bénie, toi qui es appelée à être la mère de son Fils, comprend quel Fils tu vas engendrer.

- Comment cela peut-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? Est-ce que le Seigneur Dieu n’accueille plus l’offrande de sa servante et ne veut pas que je sois vierge par amour de lui ?

- Ce n’est pas par l’action d’un homme que tu seras mère, Marie. Tu es la Vierge éternelle, la Sainte de Dieu. L’Esprit Saint descendra en toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi celui qui naîtra de toi sera dit saint et Fils de Dieu. Tout est possible au Seigneur notre Dieu. Elisabeth, la femme stérile, a conçu dans sa vieillesse un fils qui sera le prophète de ton Fils, celui qui lui préparera le chemin. Le Seigneur a levé son opprobre et son souvenir restera uni à ton nom parmi les peuples, comme le nom de son enfant à celui de ton Fils saint ; jusqu’à la fin des temps, les nations vous diront bienheureuses en raison de la grâce du Seigneur qui vous a été accordée, et tout spécialement à toi, ainsi qu’aux nations par ton intermédiaire. Elisabeth en est déjà à son sixième mois, et le poids qu’elle porte fait monter en elle la joie, et plus encore quand elle connaîtra la tienne. Rien n’est impossible à Dieu, Marie, pleine de grâce. Que dois-je dire à mon Seigneur ? Qu’aucune pensée ne te trouble. Il veillera sur tes intérêts si tu lui fais confiance. Le monde, le ciel, l’Eternel attendent ta réponse !»

A son tour, Marie croise les mains sur sa poitrine, s’incline profondément, et dit :

"Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon sa parole."

L’ange étincelle de joie. Il adore, parce qu’il voit sûrement l’Esprit de Dieu s’abaisser sur la Vierge, prosternée pour donner son accord. Puis il disparaît sans faire bouger la tenture, qu’il laisse bien tirée sur ce saint mystère.
Commenter  J’apprécie          20
Tome 1/10

5 . Naissance de Marie. Sa virginité dans la pensée éternelle du Père.

Le 26 août 1944.

Je vois…

5.3 Une femme passe en courant et s’écrie :

«Joachim ! Il va naître ! Tout est facile et heureux !», et elle disparaît avec une petite amphore dans les mains.

5.5 Les femmes surviennent, toutes joyeuses, tenant un poupon rose dans les linges blancs.

C’est Marie, la mère de Jésus ! Une marie toute petite qui pourrait dormir dans les bras d’un enfant, une Marie pas plus longue que le bras, une petite tête d’ivoire teinté de rose pâle et des lèvres rouges qui déjà ne pleurent plus, mais tentent instinctivement de téter, si petites qu’on ne voit pas comment elles pourront saisir l’extrémité du sein, un petit bout de nez entre deux bonnes joues bien rondes ; et quand on la chatouille pour lui faire ouvrir les yeux, deux morceaux de ciel apparaissent, deux points bleus et innocents qui regardent sans voir, entre de fins cils d’un blond presque rose à force d’être blond. Sur sa petite tête ronde, les cheveux eux-mêmes ont la teinte rose-blond de certains miels ambrés.

Pour oreilles, deux petites coquilles roses et transparentes, parfaites. Et comme mains… qu’est-ce que ces deux petites choses qui s’agitent en l’air puis vont à la bouche ? Fermées, comme en ce moment, elles ressemblent à deux boutons d’églantine qui ont fendus les sépales verts et présentent leur soie de rose pâle : ouvertes, comme maintenant, on dirait deux joyaux d’ivoire ou d’albâtre à peine rosés, avec cinq ongles grenat clair. Comment feront donc ces mains, pour essuyer tant de larmes ?

Quant aux pieds… où sont-ils ? Pour l’instant, ce ne sont que deux petits petons cachés dans les langes. Mais voilà que la parente s’assied et les découvre… Oh, les petits pieds ! Ils ont quatre centimètres de long, leur plante est une coquille couleur de corail, le dessus en est une autre couleur de neige veinée de bleu, les orteils sont des chefs-d’œuvre de sculpture lilliputienne, couronnés eux aussi de petites écailles grenat clair. Comment trouvera-t-on des sandalettes quand ces pieds de poupée feront leurs premiers pas ? Comment se tenir debout sur de si petits pieds ?

Et comment permettront-ils de faire un chemin si rude et de soutenir une telle douleur sous une croix ?

Mais aujourd’hui, on l’ignore encore, et on rit, on sourit en regardant s’agiter et gigoter de belles jambettes bien tournées, des cuisses minuscules potelées au point de faire des fossettes et des replis, un petit ventre, une nuque renversée en arrière, un petit thorax parfait. Sous la soie blanche, on voit le mouvement de la respiration et si, comme l’heureux père le fait maintenant, on y pose la bouche pour faire un bisou, on entend sûrement y battre un petit cœur…, le plus beau que la terre ait porté au cours des siècles, l’unique cœur humain immaculé.

Et le dos ? On la retourne, et on peut voir la courbure de ses reins, puis ses épaules potelées et sa nuque rose ; elle a déjà de la force car voilà que la petite tête se lève sur l’arc des minuscules vertèbres : On dirait le tête d’un oiseau qui scrute le monde nouveau qu’il découvre ; elle pousse un petit cri pour protester qu’on la montre ainsi aux yeux de plusieurs personnes, elle, la toute-pure et chaste, elle qu’aucun homme ne verra plus jamais nue, la toute vierge, sainte et immaculée. Recouvrez, recouvrez ce bouton de lys qui ne s’ouvrira jamais sur terre, mais qui produira une Fleur plus belle encore qu’elle, tout en restant bourgeon. Ce n’est qu’au Ciel que le lys du Dieu trine ouvrira tous ses pétales car il n’existe plus, là-haut, aucune poussière de faute susceptible de profaner involontairement cette pureté. Car il faudra accueillir là-haut, à la vue du Ciel entier, le Dieu trine qui, dans quelques années, habitera en elle, Père, Fils et Époux.

La voilà de nouveau enveloppée de linges et dans les bras de son père de la terre, à qui elle ressemble. Pas maintenant. Pour le moment, elle n’est qu’une ébauche d’être humain. Je veux dire qu’elle lui ressemblera une fois devenue femme. Elle n’a rien de sa mère. De son père, elle tient la couleur de la peau et des yeux, et sûrement aussi des cheveux qui, s’ils sont blancs aujourd’hui, devraient être blonds, comme l’indiquent les sourcils. Elle a les traits de son père, en plus parfait et plus fin puisqu’elle est femme, et cette femme-là. Elle a encore le sourire, le regard, les gestes et la taille. En pensant à Jésus, comme je le vois, je trouve qu’Anne a donné sa taille à son petit-fils ainsi que son teint plus ivoire foncé. En revanche, si Marie n’a pas la prestance d’Anne – un grand palmier souple -, elle a la grâce de son père.

Les femmes, qui parlent encore de l’orage et du prodige de la lune, de l’étoile, de l’immense arc-en-ciel, entrent avec Joachim dans la chambre de l’heureuse mère et lui rendent son bébé.

Anne sourit à ses pensées :

«C’est l’étoile, dit-elle. Son signe est dans le ciel. Marie, arc-en-ciel de paix ! Marie, mon étoile ! Marie, lune pure ! Marie, notre perle !

- Tu l’appelles Marie ?

- Oui. Marie, étoile, perle, lumière, paix…

- Mais ce nom veut aussi dire amertume… Tu n’as pas peur que cela lui porte malheur ?

- Dieu est avec elle. Elle est à lui avant même d’exister. Il la conduira sur ses sentiers et toute amertume se changera en miel paradisiaque. Maintenant, tu es chez ta maman… dans un peu de temps, tu seras toute à Dieu.»

Et la vision s’achève sur le premier sommeil d’Anne mère et de Marie son enfant.
Commenter  J’apprécie          00
Tome 1/10

4. Anne annonce sa maternité par un cantique.

Son sein porte l’âme immaculée de Marie.

Le 24 août 1944.

Je revois la maison de Joachim et Anne. Rien n’a changé à l’intérieur, si ce n’est une multitude de branchages en fleurs disposés çà et là dans des amphores et qui proviennent certainement de la taille des arbres du jardin, tout en fleurs. C’est une nuée de bouquets dont la couleur varie du blanc neige au rouge de certains coraux.

Le travail d’Anne, lui aussi, est différent. Sur un métier plus petit que l’autre, elle tisse de belles toiles de lin et chante, en marquant de son pied le rythme du chant. Elle chante et sourit… A qui ? A elle-même, à quelque chose qu’elle voit à l’intérieur d’elle. Son cantique est lent et pourtant joyeux. Je l’ai écrit à part pour le suivre, car elle le répète plusieurs fois en y trouvant une sorte de béatitude. Elle le chante avec toujours plus de force et d’assurance, comme si elle en avait trouvé le rythme dans son cœur. Elle commence par le murmurer en sourdine puis, plus assurée, elle le chante sur un ton plus haut et plus rapidement. Je le retranscris parce qu’il est si doux dans sa simplicité…

« Gloire au Seigneur tout-puissant qui a aimé la descendance de David. Gloire au Seigneur !

Du ciel, sa suprême grâce m’a visitée.

Une nouvelle branche a jailli du vieil arbre, et j’en suis heureuse.

Pour la fête des Lumières, l’espérance a jeté sa semence ;

L’air embaumé du mois de Nisan la voit germer.

Ma chair au Printemps ressemble à l’amandier en fleurs.

Au soir de sa vie, elle sent qu’elle porte son fruit.

Cette branche porte une rose, un fruit des plus doux,

Une étoile qui scintille, une jeune vie innocente.

C’est la joie de la maison, de l’époux et de l’épouse.

Louange à Dieu, à mon Seigneur, qui a eu pitié de moi.

Sa lumière me l’a annoncé : « Une étoile viendra vers toi ».

Gloire, gloire ! C’est à toi qu’appartiendra le fruit de cette plante,

Le premier et le dernier, saint et pur comme un don du Seigneur.

C’est à toi qu’il appartiendra ; que la joie et la paix vienne sur terre par lui.

Vole ma navette. Ton fil tisse la toile de l’enfant.

Il va naître ! C’est vers Dieu que, avec allégresse, s’élève le chant de mon cœur. »

4.2 Joachim entre au moment où elle va répéter son chant pour la quatrième fois.

«Tu es heureuse, Anne ? On dirait que tu es un oiseau qui annonce le printemps. Qu’est-ce donc que ce cantique ? Je ne l’ai jamais entendu de personne. D’où vient-il ?

-De mon cœur, Joachim.»

Anne s’est levée et se dirige vers son époux, tout sourire. Elle paraît plus jeune et plus belle.

«Je ne te savais pas poète», dit son mari en la regardant avec une évidente admiration.

On ne croirait pas de vieux époux. On lit dans leur regard une tendresse de jeunes mariés.

«Je viens du fond du jardin parce que je t’ai entendue chanter. Cela fait des années que je n’avais plus entendu ta voix de tourterelle amoureuse. Veux-tu me répéter ce cantique ?

- Je te l’aurais répété même si tu ne me l’avais pas demandé. Les fils d’Israël ont toujours confié au chant les cris les plus vrais de leurs espérances, de leurs joies, de leurs peines. Moi, j’ai confié au chant le soin de me dire et de te dire une grande joie. Oui, de me la redire à moi aussi, car c’est une si grande chose que, bien que j’en sois désormais certaine, cela me paraît encore irréel… »

Elle reprend son cantique mais, arrivée à ce passage : «Cette branche porte une rose, un fruit des plus doux, une étoile… », sa voix vibrante de contralto devient tremblante puis se brise. Avec un sanglot de joie, elle regarde Joachim et, levant les bras, elle s’écrie :

«Je suis mère, mon bien aimé !»

Et elle se réfugie sur son cœur, entre les bras qu’il lui tend et qu’il resserre maintenant autour de son heureuse épouse. Ils s’embrassent de la façon la plus chaste et la plus heureuse que j’aie jamais vu depuis que je suis au monde. C’est une étreinte à la fois pudique et ardente dans sa chasteté.

Puis vient ce doux reproche à travers les cheveux grisonnants d’Anne :

«Et tu ne me le disais pas ?

- C’est que je voulais en être sûre. A mon âge… me savoir mère… Je ne pouvais vraiment pas le croire… et je ne voulais pas te causer une déception plus amère que tout. C’est depuis la fin de décembre que je sens un renouveau à l’intérieur de moi et la poussée, comme je le dis, d’un nouveau rameau. Mais maintenant, c’est sûr, ce rameau porte un fruit… Tu vois ? Ce linge est déjà pour celui qui va arriver.

- N’est - ce - pas le lin que tu as acheté à Jérusalem en octobre ?

- Si je l’ai filé dans l’attente et l’espoir…
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Maria Valtorta (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maria Valtorta
Biographie de Maria Valtorta
autres livres classés : religionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (48) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1833 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}