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EAN : 9782711200139
420 pages
Les Arènes (23/01/2019)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Antonia Mattéi vit recluse depuis la mort de son mari, une figure du milieu corse. Sans argent,
elle élève ses deux fils, Joseph et Ours-Pierre. Un matin d’été, les garçons partent à la chasse et la tragédie recommence.
Les morts s’accumulent. L’ancien associé de son mari réapparaît. Une policière perspicace entre dans le jeu. Antonia aura-t-elle la force de contrer le mauvais œil ? La vengeance, la prédestination et l’orgueil.
Une histoire de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cinq ans après Petite louve, Marie van Moere nous invite une nouvelle fois en Corse avec ce Mauvais oeil longtemps attendu.
Encore une fois, c'est avant tout une histoire de femmes et de familles que raconte la romancière : d'un côté Cécile Stéphanopoli, commissaire de police à Ajaccio en pleine rupture et chargée du poids de la notoriété d'un père auquel elle a succédé, de l'autre Antonia Mattéi, recluse dans un village de l'arrière-pays depuis la mort de son mari, ancien dirigeant d'une bande qui avait la mainmise sur une partie de la région.
Antonia vit avec ses deux fils, Pierre-Ours et Joseph, dans la maison de son père, ancienne figure du mouvement nationaliste, cloué dans un fauteuil roulant depuis les événements d'Aleria, et véritable tyran domestique. le retour de Toussaint, l'ancien associé de son mari, au moment même où se produit un nouveau drame familial représente peut-être l'espoir d'une renaissance pour cette famille brisée et même d'une revanche.
Marie van Moere revient donc cependant à ses thèmes de prédilection dans un cadre géographique et sociologique qui constitue une riche matière pour le roman noir. Après le presque huis-clos en paysage ouvert qu'était Petite louve, Mauvais oeil se veut plus ample et fait intervenir toute une galerie de personnages aux intérêts bien entendus divergents quand ils ne sont pas tout simplement amenés à se heurter violemment. Au milieu de cela les personnages de Cécile et Antonia émergent et s'opposent : la première lutte avec la dernière énergie contre les poids qui la tirent vers le fond et les courants qui sapent l'autorité qu'elle est censée avoir, la seconde joue activement de sa passivité dans l'espoir que les événements se plieront au destin dont elle espère bénéficier. Mais cela ne peut se faire sans la destruction au moins partielle de ce qui les entoure et de ce qu'elles sont.
Derrière l'intrigue assez classique dans le genre – corruption, racket, menaces et vengeances – c'est bien la tragédie qui se joue autour d'Antonia et le combat presque désespéré de Cécile qui font le sel du roman de Marie van Moere qui, par ailleurs, arrive faire d'une grande partie des personnages qui évoluent dans ce roman plus que des ombres : Pierre-Ours, Ottavi, Lagadec, Schiavassé, Blaise, Toussaint, Idris, Élisa ou même le mutique Fernand prennent chair et constituent autant de points d'appui et de révélateurs autour de ces deux femmes. Il en va de même d'au moins deux lieux, la maison du cimetière et la ferme piscicole, qui acquièrent à leur manière un statut de personnages à part entière qui pèsent sur l'histoire.
C'est là la réussite de Mauvais oeil, cette manière de tisser une tragédie à la trame serrée autour de personnages forts qui prend sa véritable ampleur dans une deuxième partie plus tendue qui ne souffre pas des mêmes défauts que la première, où la caractérisation des personnages passe parfois par des descriptions un peu emphatiques et où la profusion de notes de bas de page due à la volonté de l'auteur de s'ancrer dans le réel au risque de se perdre dans les détails techniques. Ces réserves posées, Mauvais oeil demeure tout de même un roman recommandable.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Envie de découvrir la Corse, en dehors des sentiers battus, sans la foule des touristes, juste aux côtés d'Antonia Mattei et de sa petite famille, des notables d'Ajaccio, des indépendantistes et de quelques têtes du grand banditisme ? N'hésitez pas ce livre rempli un incroyable cahier des charges. Les thèmes principaux en sont la vengeance, froide c'est encore meilleure, la trahison, la mort, l'orgueil et la tradition qui prédestinent la future génération.
Antonia élève ses deux fils et s'occupe de son père acariâtre suite à la mort de son mari il y a une dizaine d'année. Elle s'est retirée de la grande vie qu'elle menait à ses côtés et vit en recluse. Mais la tragédie n'a pas fini de frapper à la porte des Mattéi. L'ancien associé de son mari réapparaît, une partie de chasse entre ses deux garçons qui se termine mal et c'est comme si le destin reprenait la main sur une vie mise entre parenthèse. Un véritable talent pour faire vivre ses personnages en dehors de tous les clichés que nous pourrions avoir en tête. Une tragédie annoncée que nous allons suivre au rythme des marées. L'auteur dépasse les préjugés pour nous proposer une enquêtrice homosexuelle, c'est suffisamment rare pour être salué, malheureuse en amour et possédant une grande intuition et une finesse d'esprit en total contradiction avec son physique de camionneuse. La Corse est aussi un personnage à elle toute seule, on y découvre la mer, les bateaux, les petits villages perdus, le maquis et les îles sanguinaires, ça c'est pour la géographie et les descriptions quasi poétiques ne manquent pas. Mais la Corse c'est aussi et surtout son peuple et Mauvais Oeil est parfait pour nous faire toucher du doigt les us et coutumes ainsi que l'identité de ce peuple insulaire au passé historique pour le moins complexe. L'enquête défile sous nos yeux sans qu'on voit les pages se tourner, c'est palpitant et incroyablement plaisant lorsque la résolution se profile et qu'encore tout n'est pas dit. Oh j'oubliais si vous aimez les histoires, celle de la langouste, de la murène et du poulpe devrait vous plaire. Bonne lecture.

Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Poiscaille poissarde

En 2014, Marie van Moere publiait « Petite louve », roman bouleversant aux accents sombres d'une Corse vengeresse. Toujours en gardant la Corse en toile de fond, Marie van Moere reprend son bâton de pèlerin dans les sentiers escarpés de sa terre de prédilection : le roman noir avec pour fil conducteur la vengeance.

La loi du talion n'est pas qu'un concept pour Marie van Moere, elle est ce qui tient les acteurs du drame debout, malgré les vicissitudes de la vie, malgré les actes criminels de chaque protagoniste car aucun d'entre eux n'est innocent.

A commencer par Antonia Mattéi, veuve d'Attilius, plus connu pour ses activités mafieuses et violentes que pour sa bonté d'âme, disparu en 2007 et dont le corps n'a jamais été retrouvé. A continuer par Ours-Pierre, un des fils d'Attilius et Antonia, coupable de la mort de son frère et de son grand-père. A continuer par Toussaint, ancien associé d'Attilius, de retour au pays pour chercher vengeance et coupable lui-aussi. A terminer par les responsables de la mort d'Attilius dont nous tairons l'identité.

Et tout cela, Marie van Moere nous donne à le découvrir à travers l'enquête d'une commissaire « fille de » d'un ancien commissaire à la retraite qui, 10 ans plus tôt, avait échoué à dénouer les fils retors de la disparition d'Attilius.

Marie van Moere, culpabilisant chaque protagoniste, évite de sombrer dans tout manichéisme mais d'un autre côté prive le lecteur d'une réelle empathie vers telle ou telle autre figure de son histoire. Ceci étant dit, cela ne gâche en rien ni le talent de Marie van Moere pour mettre en scène ces querelles, qui partout ailleurs seraient de voisinage et qui sont ici de vendettas, ni le plaisir de lecture même si on distingue avant la commissaire l'endroit où se situe le noeud de l'affaire et comment la résoudre.

Marie van Moere inscrit ses personnages et ses histoires dans des environnements où l'honneur prime sur la morale, la vengeance sur la justice, la fin sur les moyens. Cela lui donne des libertés dont elle profite parfaitement pour mener à bien son récit, sans oublier de développer la psychologie de ses personnages dans l'ensemble assez trempés et entiers dans leurs caractères. Les seuls personnages qui bénéficient de plusieurs facettes à géométrie variable sont finalement ceux qui sont du côté de la loi en cela qu'ils doivent enfreindre certaines de leurs propres règles quand les parties adverses ont les mains libres en toute illégalité.

Si tout le monde a sa part de culpabilité dans ces histoires, le tout reste encore de savoir qui a fait quoi et à qui… Bref ce jeu de dupes dans un panier de crabes mérite votre attention.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Très bon polar.
Bien présenté; bien mené (même si l'on est parfois un peu perdu dans la profusion de personnages).
Ceci étant, les profils sont parfaits pour l'histoire développée, une histoire qui tient la route avec ses flics en mode féminin, ses voyous rangés des voitures (mais pas des bateaux) et sa trame impeccable.
Les séquences y sont courtes, incisives et la Corse omniprésente. Quant aux Corses, ils sont eux-même, contrastés et fiers, marin et montagnards, pétris à part égale de circonvolutions et de droitures.
Bref, une TRÈS agréable parenthèse polar, de celles qui prouvent que pour notre plus grand bonheur de lecteur, le "policier" se conjugue parfois aussi avec "littérature".
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Direction la Corse avec ce roman noir de Marie van Moere. J'avais adoré « Petite louve », le premier roman de l'autrice (récemment réédité chez La Manufacture de livres avec une superbe couv') et je n'ai pas été déçu non plus avec celui-ci. « Mauvais oeil » est sorti en janvier 2019 dans la jeune collection Equinox chez les Arènes. Au passage cette collection sort régulièrement de très belles trouvailles, n'hésitez pas à vous pencher sur le catalogue.

Dans ce roman noir, on retrouve une histoire de mafieux, de rivalités et de vengeances avec le passé qui refait surface pour plusieurs personnages. Que ce soit la commissaire de la PJ à Ajaccio Cécile Stephanopoli ou Antonia Mattéi, ancienne mafieuse qui a par le passé eu une grande influence sur le milieu corse. Antonia régnait sur la région. Malheureusement cette époque a pris fin brutalement à la mort de son mari, une autre figure de la mafia corse.
Au début du roman, Toussaint Galéa un proche des Mattéi, revient des années plus tard sur l'île pour solder une dette envers Antonia et c'est à partir de là que tout refait surface.

Les deux personnages féminins sont très bien amenés je trouve et marquants pour le lecteur. Cécile et Antonia sont sous le joug du pouvoir masculin de différentes manières et cela ne va pas leur faciliter les choses face aux nouveaux évènements qui viennent secouer l'île. Pourtant elles vont avancer d'une manière ou d'une autre. Ce n'est pas souvent que l'on croise des personnages féminins de cette envergure dans le polar. Ce roman noir est aussi une histoire de famille et les deux enfants d'Antonia (Joseph et Ours-Pierre) ne sont jamais loin de l'intrigue tout comme le père de Cécile (ancien commissaire qui a enquêté par le passé sur l'affaire dont il est question). Je vous conseille sans hésiter ce polar, une réussite tout du long.

PS : Et il y a une référence à Dave Grohl dedans ^^
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Enfermée dans sa chambre, Antonia ouvre le tiroir de sa coiffeuse. Elle évite de se regarder. Le grand miroir ovale lui renvoie une image qui l’effraie. Une étrangère à elle-même. Le tiroir sort de ses gonds, Antonia le pose sur le plancher. Au fond, scotchés sous la tablette, Antonia saisit un téléphone à carte, un chargeur de batterie et un pistolet. Elle démonte l’arme debout, un Glock 26 offert par Attilius. Elle fouille derrière les romans d’amour de sa bibliothèque. Le chargeur et les munitions rejoignent l’arme démontée. Antonia se décide à tout jeter à la poubelle. Elle se rassoit, branche la batterie et le téléphone. Dans le répertoire, un seul numéro. Celui de Toussaint. Vingt minutes avant d’oser appeler, sept minutes de conversation à mots couverts. Quand Antonia raccroche, elle est en colère. Elle remonte nerveusement le Glock 26. Toussaint a « quitté la nourrice pour la capitale, puis j’ai traversé, je suis avec des amis, non, je ne peux pas te rejoindre de suite, il faut attendre ».
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Ça sent l'urine, celle qui a mariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l'Étoile, dans le 17e, l'ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s'accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti de son boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l'odeur de la pisse fraîche et le parfum d'un cigare cubain.
Toussaint Galea se rajuste et grimpe dans son Audi Q7. Au volant, Idris Koroma attend silencieux, l'ordre de départ, alors que Toussaint Galea fustige la saleté des parkings, laquelle encourage les gens à se soulager dès qu'ils en ont l'envie. Plus tôt dans la soirée, aux environs de vingt-trois heures, Claude et Jean-Luc ont accompagné leur patron dans les salons luxueux d'un cercle de jeu voisin, à la rencontre d'un Corse ami et associé de longue date. Beaucoup d'argent était en jeu, il s'agissait de ne pas dissoudre l'amitié dans d'inutiles tentations. Les deux partenaires avaient préparé la rencontre avec soin. Flanqués chacun de leurs porte-flingues, il n'y eut aucun tiraillement entre eux et une pleine bouteille de Cristal Roederer fut vidée en l'honneur du nouveau projet ajaccien.
On y va. Putain, les gonzesses passent leur vie à se retenir et elles n'ont pas de problème de prostate. La vie est mal faite.
Idris Koroma démarre le puissant moteur V8. Le SUV quitte les niveaux inférieurs du parking Wagram Arc de Triomphe. » (p. 13-14)
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Le chef d’entreprise se présente accompagné d’Élisa, Cécile ne se lève pas et sent qu’elle vexe le petit homme noueux. Aucun bijou sur ses mains calleuses mais plusieurs chaînes se devinent à son cou sous une chemise impeccablement blanche. Il est très bronzé et son crâne pèle très légèrement. En un coup d’œil, Cécile voit qu’Ottavi quitte ses bureaux pour travailler en mer, elle pense que sa vie personnelle doit être fonctionnelle, voire inexistante, qu’il n’a pas de temps à perdre et qu’il est furieux. Son regard est noir comme le bleu mort des jours d’orage.
– Je peux fumer ?
Sa cigarette est déjà allumée. Tout en Georges Ottavi est fermé. Les exhalaisons de fumée sont ses uniques signaux d’appel.
– Cette exploitation, c’est ma vie. Je suis tout le temps par monts et par vaux et, quand je suis ici, je me transporte sur les sites. Je plonge encore avec les équipes techniques. Ce matin, elles ont trouvé sept cages à loups complètement éventrées. j’ai perdu dix-huit mois de travail sur plusieurs tonnes de poissons qualitatifs. Le loup, c’est ce que je vends le mieux au détail et que j’expédie sur le continent. J’aurais pu envoyer mon adjoint pour le dépôt de plainte mais je tenais à venir moi-même parce qu’ensuite je traverse la rue et je vais voir le préfet. Un cendrier, s’il vous plaît.
La façon servile qu’a Bonnard de poser une tasse sale devant Ottavi écœure Cécile.
– Tant que tu y es, ouvre la porte du couloir et la fenêtre derrière moi, Dominique, merci.
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Ça sent l’urine, celle qui a mariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l’Étoile, dans le 17e, l’ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s’accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti du boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l’odeur de la pisse fraîche et le parfum d’un cigare cubain.
Toussaint Galea se rajuste et grimpe dans son Audi Q7. Au volant, Idris Koroma attend, silencieux, l’ordre du départ, alors que Toussaint Galea fustige la saleté des parkings, laquelle encourage les gens à se soulager dès qu’ils en ont l’envie. Deux autres hommes patientent à l’arrière. Plus tôt dans la soirée, aux environs de vingt-trois heures, Claude et Jean-Luc ont accompagné leur patron dans les salons luxueux d’un cercle de jeu voisin, à la rencontre d’un Corse ami et associé de longue date. Beaucoup d’argent était en jeu, il s’agissait de ne pas dissoudre l’amitié dans d’inutiles tentations. Les deux partenaires avaient préparé la rencontre avec soin. Flanqués chacun de leurs porte-flingues, il n’y eut aucun tiraillement entre eux et une pleine bouteille de Cristal Roederer fut vidée en l’honneur du nouveau projet ajaccien.
– On y va. Putain, les gonzesses passent leur vie à se retenir et elles n’ont pas de problème de prostate. La vie est mal faite.
Idris Koroma démarre le puissant moteur V8. Le SUV quitte les niveaux inférieurs du parking Wagram Arc de Triomphe.
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Ça sent l’urine, celle qui amariné longtemps. Au pied de ce pilier du parking souterrain de la rue de l’Etoile, dans le 17e, l’ammoniaque collée au béton répand son âcreté, s’accroche aux jambes de pantalon, vole autour du pénis sorti du boxer, repousse les assauts des principaux ennemis, l’odeur de pisse fraîche et le parfum d’un cigare cubain.
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Petite louve - Marie Van Moere - LTL # 144
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