« Ça ne s'arrête jamais ici les vautours. Quelqu'un viendra toujours gratter jusqu'au sang la plaie du célèbre veuvage . » .
« La terre est mauvaise à Meudon, rien ne pousse ici » .
Et encore : « Tout est bon quand on a faim de Céline » .
Trois extraits de ce récit romanesque.
C'est avec curiosité que j'ai découvert par hasard à la médiathèque ce portrait ou plutôt ce récit des vingt dernières années de
Lucette Destouches la veuve de Céline , l'écrivain sulfureux, haï , solitaire , elle l'a épousé à Vingt ans , l'a accompagné jusqu'à sa mort en 1961.
L'auteure conte ses presque vingt - années passées auprès d'une vieille dame tout sauf « ordinaire » , comme assistante de vie , jusqu'à son décès le 8 novembre 2019 , à l'âge de 107 ans .
Lucette aura traversé le XX° siècle en côtoyant des personnalités illustres et en s'adonnant à son art ,la danse .
La lecteur plonge dans l'intimité de cette future centenaire dont la santé décline , au milieu de cette maison aux odeurs vieillottes , de fleurs passées ,—— imprégnée d'huiles essentielles au coeur des livres et des tissus —- , des tonnes de poussière , de très grandes toiles d'araignées, le jardin qui s'étendait à l'arrière , résistant à tout, décrépite, sentant le vieux , les époques mêlées, les influences bigarrées, mais surtout le lecteur croise le ballet des visites régulières des amis , de mystérieux personnages gris : un avocat , maître K , dit Jack pour les intimes , il portait en lui un monde désuet , romantique et provocateur , il distribue les billets …..Lola , la personne la plus aimée de madame d', pourtant rabrouée , insultée ,parfois méprisée, Pascaline … aussi , madame T,
Aznavour , venu en visite une fois , bien d'autres font partie de la faune venue VOIR LA DAME. ….l'entendre, l'approcher…toucher au mythe Céline…
LA DAME qui ne parlait jamais de l'écrivain mais de « Louis » ce solitaire , il y avait des photos de lui partout. …..
C'est aussi un livre à propos de la vieillesse et du grand âge , ses misères , sur le rapport de subordination au dominant sur le dominé , notamment sur « Les bonniches » écrit l'auteure ,,ce monde d'invisibles, ce personnel nomade et prisonnier des murs de la maison …..
Il faut parler aussi des animaux de compagnie adorés de madame d'et de Louis , les sépultures de ces bêtes tant aimées du couple ..
L'écriture est très imagée, chargée ,parfois pompeuse pour restituer ce climat très particulier, le style tarabiscoté , un peu trop flamboyant ….à mon sens , dommage ….
On se demande vraiment ce que venaient chercher tous ces visiteurs dans cette vieille maison écorchée ? .
Une attraction étrange à l'écart du monde pour cette ancienne danseuse et la réputation très écornée de son époux !
Un livre pas ordinaire pétri de spectres , de vie qui s'effondre , de désirs jamais satisfaits d'une ancêtre ……
C'est un premier roman.