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3,73

sur 681 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Irène et Gary sont un couple à l'aube d'une nouvelle étape: ils ont eu deux enfants, devenus adultes, ont mené une vie de couple avec ses hauts et ses bas, mais là, Gary a décidé de réaliser le rêve de sa vie: bâtir une cabane sur une île du lac au bord duquel ils vivent, en Alaska, et y habiter "à la dure". Irène le suit plutôt contrainte et forcée, affaiblie par d'étranges migraines. Un ressentiment mutuel va se manifester entre les époux, elle, car elle voit bien le manque de préparation dans ce projet, forcée d'obéir sans discuter, lui, frustré par la faiblesse de sa femme, à qui il reproche de ralentir son travail.
Un hiver précoce fragilise encore plus cette entreprise, et on se retrouve à assister, impuissant, à la dure prise de conscience de leurs limites.
En parallèle, on suit aussi les atermoiements des deux enfants du couple, car chez David Vann, on est quasi constamment dans le désespoir, et les rancoeurs. J'ai encore une fois beaucoup aimé la montée en tension très maîtrisée, les descriptions de la nature hostile qui nous laissent presque transis, la galerie de personnages désabusés, tourmentés par l'insatisfaction. L'univers de David Vann: un puits sans fond, noir, dans lequel je m'engouffre avec plaisir !
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Irene, épuisée par la vie monotone qu'elle partage avec Gary son mari, est soudainement affectée de mots de tête horrible. Ces derniers tombent mal puisqu'elle s'apprête à suivre son mari dans le rêve de sa vie : construire une cabane.

C'est un roman qui prend son temps et qui se passe presque uniquement dans la tête des personnages : Irene, Gary, leur fille et son conjoint, leur fils.
David Vann nous présente des personnages abîmés par la vie, en souffrance ou en déshérence. C'est un travail psychologique minutieux auquel il se livre.
J'ai tout de suite adoré le personnage d'Irène qui se transforme petit à petit, où l'on sent grandir la colère. Et j'ai détesté le personnage de Gary. C'est typiquement le genre de personne que je hais. Leur fille est complètement dans sa bulle, tout comme son mari. le frère est complètement désabusé. Les cinq personnes vont, chacune à leur manière, nous permettre de dresser le film de leur vie.

On suit deux "intrigues" en parallèle : si celle des enfants est intéressante, c'est de suivre Irène et Gary qui est absolument passionnant. Les maux de tête sont l'élément déclencheur d'une longue liste de réflexions qui vont amener à une chute incroyable, mettant en place une problématique chère à l'auteur.
Incroyablement mené ! Même si l'intrigue se place tranquillement, il n'y a pas de temps mort où de texte inutile. Mais ne vous attendait pas à trouver de l'action à toutes les pages : c'est un roman noir psychologique.

C'est donc une superbe découverte qui m'a clairement motivée à lire d'autres livres de l'auteur.
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Dès le premières phrases, les éléments mis en place sont ceux d'une mécanique dont, nous le pressentons, rien ne pourra détourner le récit. Nous l'espérons pourtant. Et s'il y avait des chances pour que, malgré le titre, les personnages s'en sortent !
A ce propos, je préfère le titre anglais « Caribou Island » qui présente l'intérêt de mettre en parallèle, très judicieusement, ce récit avec celui de « Sukkwan Island » puisqu'il s'agit ici, non plus d'un fils et son père enfermés sur une île mais d'une femme et son mari dans la même situation.
Dès le début, Irène transmet à sa fille ce qui peut apparaître comme un « destin », un « fatum » antique, la reproduction à l'infini d'un schéma de douleur, d'abandon et de perte.
David Vann écrit une tragédie. Nous suivons avec intérêt et angoisse le parcours d'Irène dans ce qu'il a d'inéluctable comme nous suivrions une enquête policière. Cette femme voit peu à peu toutes les échappatoires se refermer : elle souffre mais sa douleur n'a pas de réalité médicale, elle est même mise en doute ; son mari ne l'a jamais aimée mais cette confidence est rejetée par sa fille Rhoda. Peu à peu la solitude du personnage se fait enfermement.
David Vann nous parle de notre besoin d'amour et de son échec. de notre faiblesse et de notre lucidité. de notre capacité à nous mentir et nous illusionner.
Les personnages cherchent un sens à leur vie. D'où vient ce sentiment d'être passé à côté de soi et qu'est-ce qui constitue ce « soi-même » ? Pour le trouver, Gary va construire une cabane sur l'île de Caribou. En fait, il va rendre manifeste son échec à vivre.
David Vann met magnifiquement en scène l'Alaska, l'endroit où il pourrait être possible de revenir aux origines, à une vie simple et rude au sein de la nature sauvage, pense Gary. Cela se révèle être un mythe, un mensonge qu'il se fait à lui-même. En est-il réellement dupe ?
Longtemps après avoir terminé la lecture, nous sommes habités par les personnages, leurs obsessions. Longtemps, dans leurs pas, nous respirons l'air de l'Alaska.
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Irène, jeune retraitée, libérée de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagnon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Mère et fille sont liées, attentives, mais le père et le fils, comme les autres hommes du roman, se montrent egoïstes, lâches et travaillés par leurs pulsions. ChaqueIrène, jeune retraitée, libérés de ses enfants devenus adultes, tente de suivre son mari dans ses projets fous de Robinson du froid, et de garder ainsi un sens à sa vie.
Leur fille Rhoda veut croire qu'elle démarre une belle histoire avec son compagon, Jim, tout en s'inquiétant de plus en plus pour sa mère qu'elle voit souffrir.
Chaque membre de la famille devra finalement lutter avec les contradictions entre ses idéaux et la réalité.
Le froid et l'humidité de la nature grandiose de l'Alaska doublent de difficultés physiques les contraintes morales.
Une fois de plus le talent de David Vann m'a conquise et je n'ai pas pu lâcher ce roman une fois commencé
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Nous y sommes, voilà le deuxième roman de David Vann... Dès les premières pages on retrouve les thèmes chers à l'auteur : Une Alaska froide et sauvage, de grands espaces où la nature est maitre des lieux, à la fois hostile et attirante. Dans cet espace, on fait la connaissance de Gary et Irène, un couple de retraités et de leurs deux grands enfants Mark et Rhoda. Comme dans son premier roman, les relations familiales sont difficiles, tendues.
Gary veut faire l'expérience d'un hiver passé dans une cabane sur une île déserte ; habitation qu'il est en train de construire de ses propres mains, en piètre bricoleur qu'il se trouve être. Il espère l'aide de sa femme dans cette aventure mais cette dernière a de plus en plus de mal à supporter sa vie et son entourage. de terribles maux de tête ne la quittent plus et l'empêchent de dormir. Elle n'arrête pas de revivre son passé, le suicide de sa mère lorsqu'elle était enfant et se replie de plus en plus sur elle-même.
Leur fille Rhoda fait tout ce qu'elle peut pour aider ses parents, pour les comprendre et pour les apaiser. Mais elle a aussi envie de fonder sa propre famille et rêve d'un beau mariage à Hawaï avec Jim son compagnon. Mais est-il vraiment l'homme qu'elle aime ou est-il juste là pour la rassurer ? Et lui qu'éprouve-t-il pour elle ? de l'affection ? de l'amour ? Ont-ils les mêmes aspirations ?
Tous ces personnages semblent arriver au bout d'un chemin, ils semblent déçus par la vie passée ou à venir, frustrés. Que veulent-ils réellement ?
On passe un automne avec eux dans une Alaska pas très accueillante,humide et froide, pleines de légendes de saumons et d'ours. Certaines descriptions des iles et des glaciers sont grandioses. L'atmosphère est pesante, le temps semble s'arrêter. Les chapitres alternent entre l'histoire des retraités qui construisent avec peine leur cabane et celle de leur fille Rhoda, jeune femme très attachante. Leurs journées se passent lentement, ils semblent plutôt survivre que vivre, on sent que quelque chose va finir par arriver... mais chut !
Désolations est un titre explicite : des vies pleines d'amertume et de remords au milieu une nature automnale hostile.

J'ai apprécié cette lecture et sa lenteur. Je trouve l'écriture plus aboutie que dans son premier roman, les passages difficiles sont moins "gore" et mieux écrits ( selon moi ! ),
Les personnages sont attachants et plus complexes et, je me répète, certaines descriptions des paysages sont vraiment superbes, la balade sur le glacier est grandiose. Malgré cela, je suis un peu déçue par le manque de renouvellement de l'auteur en ce qui concerne le thème du livre : encore une cabane construite par un novice et qui entrainera un drame, encore le thème du suicide, encore des conflits familiaux entre des êtres fragiles et instables...

En fin de compte, après mûre réflexion, je ne sais plus si je préfère son premier ou deuxième roman... Attendons le troisième pour trancher.....




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Irène et Gary sont mariés depuis trente ans, la routine s'est installée après avoir élevé deux enfants, Rhoda et Michaël. Gary décide de construire une cabane sur une île au milieu d'un lac sans tenir compte de l'avis de sa femme Irène et sans se préoccuper des maux de tête de cette dernière qui semble de plus en plus affectée par ces douleurs qui la rendent insomniaque. S'ensuit une confrontation entre les époux et une escalade de tensions entre eux.

David Vann à le génie de nous montrer les différentes facettes du caractère de ses personnages. Il ne perd pas trop de temps sur des descriptions physiques de ses personnages préférant décrire leur caractère, leur psychologie, leurs conflits intérieurs. Ce roman nous démontre toute la force du non-dit, ses impacts, ses conséquences. Chacun se repliant sur lui-même, entretenant des pensées négatives, n'osant pas les formuler pour soi-disant ménager l'autre sans se rendre compte que finalement C'est soi-même qu'on veut ménager par crainte de la réplique qui ne manquerait pas de venir. C'est aussi la démonstration qu'on a souvent tort de ne pas écouter son intuition. Irène et Gary ne sont pas le seul couple dans cette situation dans ce roman, il y a d'autres couples qui sont dans le non-dit et dans l'abstraction de l'intuition. Ce n'est qu'en milieu de lecture que je me suis rendu compte que le titre était au pluriel et que ça impliquait que ce n'est pas que l'île qui soit désolation mais tous les couples impliqués.

Un autre aspect abordé dans ce roman est la cruauté. Cruauté de l'égoïsme, cruauté de l'entêtement, de la non-ecoute des signaux que notre partenaire nous envoie, cruauté du manque d'empathie, cruauté de l'abus, du chantage, de l'abandon.

C'est un roman très fort qui ne conviendra pas aux personnes

dépressives. C'est fort bien écrit, ça se lit sans qu'on puisse le lâcher même si C'est triste
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Une fois encore me voici en Alaska,, au pays des saumons et du froid, des eaux tumultueuses ( comme cela avait été le cas plus tôt cette année avec le magnifique livre d'Adam Weymouth «Les rois du Yukon – Trois mille kilomètres en canoë à travers l'Alaska »
Mais avec Vann, c'est nettement plus noir.. mais cela ne devrait étonner personne… Surtout les premiers Vann…
Je vous le dis de suite, j'ai à nouveau été fascinée par l'écriture, les paysages, les personnages, les relations ambigües et difficiles décrites par l'auteur.
On retrouve les paysages de son premier roman, « Sukkwan Island » : l'Alaska.
Dans ces lointaines contrées, on va suivre quatre couples : Irene et Gary (les parents et 30 ans de mariage), leur fille Rhoda et son compagnon Jim ( sur le point de se marier) , leur fils Mark et sa copine Karen et un couple de leurs amis en visite dans la région, Carl et Monique.
Le thème du suicide : le personnage principal de ce roman, Irene, a vécu avec le souvenir du souvenir du suicide de sa mère quand elle était petite.
Le thème des rapports de couple : les quatre couples ne vivent pas des relations tranquilles… Après 30 ans de mariage, l'insatisfaction règne en maître entre Gary – éternel insatisfait et toujours en situation d'échec – et Irene, persuadée que Gary ne l'aime plus et qu'il va la quitter et va tout faire pour ne pas le perdre. le couple Rhoda et Jim est branlant lui aussi : elle rêve de se faire épouser et de vivre une vie de rêve et lui n'a pas envie de se marier. Ce qui est certain c'est que la communication est loin d'être le point fort des personnages de David Vann..
Une ambiance glaciale, oppressante… toujours sous pression … Tant du point de vue des conditions climatiques, des projets qui ne se réalisent pas comme il le faudrait, les non-dits, les peurs viscérales, la peur de soi et des autres, les problèmes de santé, les mensonges, les rancoeurs, les échecs à répétition.
Une atmosphère irrespirable et anxiogène dans un environnement glacé et sauvage, une étude de la solitude et de et des comportements humains qui fait froid dans le dos… La folie destructrice de Vann a encore frappé, à la manière de son premier roman : et comme dans son précédent roman, l'isolement de deux personnes n'est pas la garantie d'un rapprochement, mais plutôt une aspiration vers le néant..
dans des décors magnifiquement décrits.
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Un livre d'une profondeur humaine exceptionnelle. Des personnages incroyablement humains, qui luttent contre leurs propres failles et les démons des autres. On connait David Vann, qui ne sait que trop bien écrire la noirceur en chacun.
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Wow... Je ne m'attendais pas à autant de profondeur dans ce bouquin, et ça faisait longtemps que je n'avais pas eu une aussi belle surprise avec un bouquin.
Depuis un moment, les romans de la collection Gallmeister me faisaient envie tant les nouvelles couvertures sont magnifiques, et j'étais curieux de découvrir les grands noms du nature writing américain. J'ai choisi ce titre de David Vann au hasard. Grand bien m'en a pris !
Je pensais trouver surtout de la description de la nature, et en profiter pour m'évader vers les grands espaces de l'Alaska. Bien sûr, il y a de ça. Sans jamais magnifier les lieux tant les descriptions abordent aussi les lieux urbains, bien moins magiques que l'immense nature qui les entoure.
Mais ce qu'il y a dans ce bouquin, surtout, c'est un puissant réalisme dans la description des personnages. Ces couples dont on se demande ce qui les soude, à l'aube de leur relation ou après trente ans de vie commune. Ces individus dont on se demande ce qui fait le sel de leur vie, ce qui définit leur bonheur, les pousse à avancer chaque jour. Quatre couples, huit personnages principaux et secondaires. Autant de formes de désolations illustrées, qui interrogent le lecteur sur son propre cas.
Livre dévoré en une journée, "malgré" les nombreuses fois où je l'ai reposé pour prendre le temps de réfléchir aux propos véhiculés et savourer la justesse des plus beaux passages.
Un gros coup de coeur !
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Après 30 ans passés dans la péninsule de Kenai, en Alaska, Irène et Gary, tout juste retraités, se lancent dans la construction d'une cabane en bois, sur l'île isolée de Caribou, dans lac de Skilake où ils ont vécu avec leurs deux enfants, Rhoda et Mark, maintenant adultes.
Mais avec David Vann qui nous a déjà éprouvés avec Sukkwan Island et sous un titre comme Désolations, on comprend vite que ce ne sera pas une simple partie de plaisir et l'expédition oscille entre dépassement de soi et bilan d'une vie, et finit par ressembler à un chemin de croix.
Cette histoire est avant tout une réflexion sur le couple et la vie à deux. On y retrouve des couples qui se construisent dans l'illusion et l'apparence, d'autres qui se délitent par manque d'amour ou par l'usure du temps. de promesses en faux espoirs, de trahisons en ruptures, seule la solitude semble émerger de toutes ces relations, et si le fond de l'histoire est émouvant, il est aussi très dérangeant.
De sa superbe écriture, hypnotique et poétique, David Vann livre un récit qui nous plonge dans l'abîme des relations humaines et nous entraine dans ses profondeurs, déconstruisant tout sur son passage, comme un tsunami émotionnel qui ne nous fera plus jamais voir le couple de la même façon.
Absolument passionnant, un très grand roman.
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