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3,46

sur 371 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A 22 ans, Galen n'est pas encore un homme, tant il est opprimé par sa mère, il reste un grand enfant. Maladivement exclusive, elle le veut pour elle seule et l'isole du monde, l'empêchant de faire des études ou de voyager. Se défendant comme il peut contre cette relation toxique, il se réfugie dans la méditation et la chirurgie éthérique, s'imaginant tantôt être « une vieille âme » qui a traversé les temps, tantôt être le prophète de Khalil Gibran.
La spiritualité apporte un peu de paix dans sa vie, lui permettant d'échapper à la haine qui nourrit les relations entre sa mère, sa tante et sa cousine Jennifer. Seule sa grand-mère, pourtant à l'origine de ce dysfonctionnement familial, semble avoir gardé sa confiance.
Mais lorsque sa mère décide de le renier, il sombre doucement dans une psychose qui emporte son fragile équilibre. S'opère alors une lente et inexorable descente aux enfers qui va voir Galen perdre tous ses repères, mélangeant spiritualité et réalité, dans un tourbillon de violence et d'irresponsabilité.
David Vann sait bien nous entraîner dans la chute de ses personnages si noirs et l'on hésite entre la compassion et l'effroi, spectateur impuissant d'une folie dans laquelle le personnage se noie et que cette phrase de Nietzsche décrit bien : « Si tu regardes longtemps un abîme, l'abîme regarde aussi en toi ».
Assez surréaliste dans la quête de spiritualité, Impurs est moins percutant que les deux précédents romans, Sukkwan Island et Desolations, mais il reste néanmoins une exploration déroutante des mécanismes de la folie qui semble être racontée de l'intérieur.
Une lecture dans laquelle on ne se lance pas la fleur au fusil mais qui, si l'on aime cette écriture très sombre, devient vite addictive.
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« Cette terre n'était pas faite pour que l'on y vive ».

En une phrase, David Vann résume son obsession littéraire, guidée par le mal-être permanent de ses congénères et l'idéalisation d'un ailleurs introuvable. Un thème récurrent, omniprésent dans Impurs, un de derniers Vann qu'il me restait à lire. Et qui une fois refermé, me conforte dans l'idée que chez Vann, c'est l'oeuvre globale -work in progress- qui fait sens.

D'aucuns pointeront (ils se reconnaîtront…) tel ou tel de ses livres, plus faible qu'un autre. Et ils auront raison. Enfin partiellement. D'ailleurs Impurs -traduit par Laura Derajinsky- peut y figurer, souffrant de quelques longueurs et répétitions dans sa deuxième partie. À ceux-là je n'aurais qu'un conseil : lisez l'ensemble et vous constaterez combien les dix livres se répondent et se complètent.

Et de ce point de vue, Impurs apporte sa pierre à l'édifice, confrontant Galen, jeune homme d'une vingtaine d'année à sa gynécée familiale : mère castratrice, grand-mère alzheimer, tante aigrie et cousine aguicheuse et perverse. Dans ce monde sans hommes, sans père et sans repères, Galen tente en vain de créer le sien, par une méditation jamais aboutie. Sa frustration est à son comble, prête à exploser.

Un week-end qui se voulait apaisant va servir de déclencheur à l'expression d'une violence jusque-là rentrée chez tous les protagonistes : provocations verbales et sexuelles, appât du gain, vieilles rancoeurs révélées, frustrations éclatant au grand jour… tout est réuni pour que l'apparente cellule familiale vole en éclats.

Galen découvre alors la triste réalité de tous ces proches qui essayent en vain d'être une famille, de reporter sur l'absence des hommes leurs propres turpitudes, de se lamenter et se retourner là où il faudrait tellement avancer. Une famille qui enferme là où Galen n'aspire qu'à se libérer, lui qui détient la vérité.

Dans Impurs, Vann décrit à nouveau un personnage qui « tente de ralentir le mouvement du monde pour en percevoir la netteté », devenant punisseur pour trouver libération et rédemption dans une deuxième partie furieusement noire. Un personnage décidé à ne « plus jouer un rôle dans la société humaine » pour se « joindre au temps géologique », cherchant dans la nature et la terre une improbable fusion. Puisque définitivement, « cette terre n'était pas faite pour que l'on y vive ».

Une lecture forte et sombre, bloc complémentaire et indispensable de l'étude inachevée de la cellule familiale entreprise par Vann.
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le titre original en anglais est "DIRT" : très parlant je trouve.

Je suis restée un peu sous le choc après cette lecture mais finalement je pense avoir aimé.
C'est presque gênant d'apprécier ce genre de lecture tellement c'est malsain et c'est une véritable descente aux enfers.
Mais je retrouve le style et la plume de David Vann. L'écriture ne m'a pas semblé mauvaise, les dialogues sont ce qu'ils sont.
Parait-il qu'il s'est inspiré de la vie de ses grands parents où les échanges étaient violents.
On se retrouve donc sous la chaleur étouffante des déserts de l'ouest américain, un vrai huit-clos dans une ferme loin de tout. Une histoire de famille où Galen,un jeune garçon d'une vingtaine d'année ( pas vraiment équilibré... ) est entourée d'une famille 100% féminine où jalousies, amertumes, désillusions,rancunes, argent , sexe les ronge.
Au départ, on se trouve face à deux soeurs ( la mère et la tante de Galen ) qui se crêpent le chignon face à leur mère- qui perd la tête- à laquelle elles vont rendre visite en maison de retraite : des jalousies, des histoires d'argent... Les échanges verbaux sont assez violents. Bref, des familles comme on peut en croiser.... Au milieu de tout ça : Galen est face à sa jeune cousine à la libido débordante... Quelques scènes torrides mais malsaines car la jeune fille ne fait qu'exciter son cousin : aucun sentiment, ce n'est pas de l'amour !
Et puis peu à peu, la pression monte jusqu'à l'explosion de cette famille. Galen, élevé seul par sa mère qui l'étouffe va vraiment disjoncter et c'est la lente et irrémédiable descente aux enfers qui commence. A chaque page, on se dit : mais non, c'est impossible il ne peut pas faire ça. C'est psychologiquement insoutenable, même si on se doute de l'issue finale ( David Vann ne fait pas dans les Happy end mais pourquoi pas ! ), on essaie de se mettre à la place de Galen, de le comprendre. J'ai trouvé la construction du personnage très intéressante. le récit des dernières 24H est oppressant, il y a quelques longueurs, c'est affreux, glauque mais on n'est pas dans le gore, c'est bien plus subtil...

En tous cas, ce n'est pas une lecture pour les âmes sensibles. Je me demande vraiment jusqu'où David Vann ira dans son écriture ?

J'ai préféré ses romans précédents- plus abordables- mais j'ai quand même apprécié.
Lien : https://clubdesrats.1fr1.net..
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« Impurs » est le troisième roman de David Vann dans lequel je me plonge. Une troisième incursion dans l'univers glauque, flamboyant et dévorateur d'un auteur qui vit l'écriture comme une expérience cathartique. Chaque roman vous aspire comme dans un puits sombre et humide, et même si « Impurs » m'a déstabilisé dans les premières pages, me donnant l'impression que je naviguais dans des eaux bien différentes de celles de « Sukkwan Island » ou de « Goat Mountain », j'ai vite retrouvé la marque de l'auteur, comme des stigmates qui sans cesse réapparaissent dans son processus créatif. Ces stigmates sont ceux laissés par le dysfonctionnement familial, par le fardeau transgénérationnel, par la perpétuation des schémas destructeurs du père ou de la mère vers l'enfant.

La nature sauvage n'a pas ici la place qu'elle tenait dans les deux précédents romans que j'ai lus, même si elle apparaît ici et là par touches contrastées. Les paysages sauvages décrits dans « Impurs » relèvent davantage du monde intérieur du personnage principal. Galen est un garçon de vingt-et-un ans qui vit seul avec une mère oppressante d'amour et étourdissante de vanité. C'est un garçon frêle, perché très haut dans la spiritualité New Age, qui vénère les écrits de Kahlil Gibran et entretient avec la nourriture une relation troublée. Sa vie avec sa mère est ponctuée par les visites qu'ils rendent à sa grand-mère, dont la mémoire s'étiole irrémédiablement. C'est la mère de Galen qui gère l'argent de sa propre mère en fidéicommis, et cette situation rend malades de jalousie et de rancoeur sa soeur Helen et sa nièce. Cousine diaboliquement vicieuse à l'égard de Galen, qui se laisse volontiers entraîner vers des sommets de perversion dont aucun détail ne nous est épargné. Quelques jours de retraite passés tous ensemble dans une cabane sur les hauteurs mèneront toute cette petite famille jusqu'à des extrémités rédhibitoires. Quelle issue reste-t-il à Galen pour se libérer de cette malédiction familiale ?
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Que dire de ce livre " impurs" qui est pour le moins déstabilisant. Faire connaissance avec Galen, sa mère, sa tante et sa cousine n'apporte à aucun moment un instant de plaisir . Entrer dans cette famille, c'est entrer dans une sorte d'enfer, je me suis pourtant surprise au milieu du livre, une fois habituée à ce climat malsain, à avoir envie de retrouver Galen pour connaître l'évolution de leur relation. David Vann plante, une fois de plus, un décor loin des contes de fées,
mais dans "impurs", il n'a pas réussi à capter mon attention jusqu'à la fin qui, soit dit en passant, est d'une cruauté particulière. Il y a trop de longueurs. David Vann aurait pu économiser une bonne cinquantaine de pages même si je comprends bien que les descriptions autour et dans le hangar sont faites pour renforcer l'horreur. Loin d'être son meilleur livre pour moi et bien que je ne sois pas vraiment conquise il faut reconnaître que David Vann a une plume particulière et qu'il sait camper des atmosphères hors du commun.
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Galen est un jeune adulte épris de méditation mais à la libido envahissante. Il vit avec sa mère aux crochets de sa grand-mère qui est placée en maison de retraite. Il ne fait rien, sa mère ne pouvant (voulant ?) lui payer l'université. Sa tante Helen et sa cousine Jennifer viennent souvent manger à la maison mais l'atmosphère est tendue, explosive car Helen jalouse la mère de Galen et veut sa part de l'argent familial et Galen fantasme sur Jennifer qui le provoque effrontément. Les quatre femmes et Galen partent un week-end à la cabane familial. Galen, chauffé par sa cousine, couche avec elle mais il est surpris par sa mère. Au retour, celle-ci l'accuse de viol et lui promet la prison. Galen, déboussolé, l'enferme dans le hangar pour lui faire entendre raison. Mais le soleil de Californie est infernal et la mère de Galen refuse de revenir sur sa décision…
Impurs (Dirt en version originale) est un roman cru où l'absence des hommes est criante. La famille de Galen patauge dans un marécage de non-dits, de jalousie, de favoritisme, d'amour-haine pervers qui, mêlé à la chaleur écrasante de ce coin de l'Amérique et à la folie larvée de Galen, provoquera le drame final de cette histoire suffocante.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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Les mots sont crus, les instants sont violents et les personnages sont loin d'être de doux agneaux...
J'ai l'impression d'être passée à travers une tempête...
Des gifles puis des coups, la violence va crescendo.

La tension palpable tout le long du livre m'empêche de le lâcher.

Cet auteur sait comment nous emporter...

A lire mais pas trop souvent :D
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Je craignais un peu cette lecture souvent décrite comme absolument épouvantable. J'avais tort car non seulement ne me suis pas laissée impressionner par cette tragédie aux accents oedipiens mais je l'ai même trouvée comique par moments.
David Vann ne fait vraiment pas dans la dentelle avec la peinture de cette famille au bord de l'implosion. Deux soeurs qui se bagarrent pour un héritage, une cousine perverse, une grand-mère qui perd la boule et un garçon perturbé. Bienvenue chez les zinzins... Tellement zinzins qu'ils finissent par en devenir drôles: la bagarre entre les soeurs m'a fait éclater de rire et les délires new-âge m'auraient fait rire eux aussi s'ils n'avaient tant traîné en longueur.
Bref, même pas eu peur !
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Si j'étais quelqu'un d'autre, je dirais “Oh mon Dieu, mais dans quel monde vit David Vann ?!”, mais comme en fin de compte Dieu c'est pas trop mon truc je vais dire plutôt “Oh la vache, mais il lui est arrivé quoi à David Vann dans son enfance pour qu'il voit le monde de cette manière ?” et enfin, si j'étais Johnny Hallyday je chanterais “Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir” d'un air inspiré et convaincu. Et là, pour le coup, j'aurais bien raison ! Parce que question noirceur David Vann est un king et j'ai bien l'impression qu'il va défendre son titre bec et ongles un sacré bout de temps.
Impurs, ça commence comme un film d'horreur de série B, une petite famille bien white trash va séjourner quelques jours dans une cabane au fond des bois et vu les personnages qui nous ont été présentés, on pressent immédiatement que la situation ne peut que dégénérer. On se dit que forcément ou la soeur va tuer la soeur (ou l'inverse), ou la soeur va tuer la mère, ou le neveu va tuer la tante ou encore se taper sa cousine, voire sa mère, ou bien tuer sa mère, ou encore la petite-fille va tuer la grand-mère, bref, va savoir, avec ces gens là tout est envisageable et surtout le pire... D'ailleurs certaines de ces hypothèses vont se révéler exactes, mais je ne vais bien évidemment pas vous dire lesquelles, ce serait trop facile. Non, pour le savoir il vous faudra lire ce livre et boire la coupe jusqu'à la lie.
L'expression est bien choisie car justement, c'est ce que font les différents protagonistes dans cette histoire, ils boivent la coupe jusqu'à la lie, ils subissent jusqu'au bout une espèce de châtiment divin pour des crimes commis dans le passé, on ne saura jamais exactement lesquels, mais ce n'est pas important. Il s'agit d'une violence originelle à laquelle personne dans cette famille ne peut échapper car tout le monde y est borderline, chacun a sa noirceur, sa cassure, sa frustration, et il est inévitable que tout cela bascule dans la folie totale à un moment ou à un autre. Reste à savoir qui va y basculer le premier, entre la grand-mère qui perd la mémoire, la mère maniaco-possessive, la soeur jalouse et revancharde, le fils tiraillé entre masturbation et méditation et enfin la cousine délurée et déjà tellement aigrie du haut de ses dix-sept ans : les paris sont ouverts !
Impurs nous plonge dans un huis-clos qu'on traverse en apnée vers une issue fatale, c'est tellement oppressant que seule la mort peut être libératoire : on retrouvera son souffle uniquement en rendant le dernier souffle, c'est tragique mais c'est comme ça au pays magique des névroses de David Vann ! Lecture déconseillée aux âmes sensibles, et pour les autres, bienvenue dans les feux de l'enfer californien.
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Troisième roman de l'auteur, Impurs n'est pas situé en Alaska comme ces deux premiers romans mais en Californie : si la chaleur a remplacé le froid, le climat n'en reste pas moins hostile. Et s'il n'explore pas les relations père/fils, il s'intéresse cette fois-ci aux relations mère/fils, tout comme dans son essai Dernier jour sur terre – il explorera plus profondément les rapports mère/fille dans Aquarium.
La relation entre Galen et sa mère est toute aussi étouffante que le climat californien, et ce n'est pas peu dire. D'un côté, nous avons une mère qui a tout fait pour isoler son fils – fils, qui, il faut bien le dire, ne fait pas grand chose pour sortir de cette situation, si ce n'est méditer et vouloir se détacher des choses matérielles. Sans doute aussi est-il trop isolé pour pouvoir se sortir seul, et ce n'est pas sa tante, qui tend à déconstruire la vie soi-disant idéale de sa vie, à la pousser dans ses retranchements, ou sa cousine, qui multiplie les coups bas et les provocations, qui peuvent l'aider. IL faudrait déjà qu'elles puissent elles-mêmes sortir de la spirale étouffante dans laquelle elles se sont enfermées.
Curieuse famille, exclusivement féminine, à l'exception de Galen. Famille qui répète jour après jour, saison après saison les mêmes actes (le thé, les visites à la maison de retraire, les promenades à la cabane), remâchent les mêmes rancoeurs, jusqu'à ce que, finalement, le point de non-retour soit atteint. Et c'est là que la tragédie commence : toutes les tragédies ne prennent-elles pas naissance dans la famille ? Unité de lieu, unité de temps, confrontation – pas de règle de bienséance. Pas de belles tirades non plus mais un affrontement d'autant plus sanglant (métaphoriquement) que les mots sont truqués, qu'ils ne cherchent qu'à faire souffrir. La rhétorique, l'argumentation ? Oubliez-les, tout comme l'espoir.
Impurs est une lecture dont on ne sort pas indemne,à cause de la violence physique, psychologique difficilement soutenable.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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