Cet été 2011, il fallait vraiment passer ses vacances sans lunettes au fin fond de la Creuse pour manquer le dernier
Fred Vargas, promis au statut de polar de l'été, objet d'un battage médiatique soutenu.
Mais le succès étant ce qu'il est, cette Armée furieuse allait-elle tenir ses promesses ?
Reconnaissons que l'amie Vargas démarre très fort.
Grâce à Tavernier,
James Lee Burke et Dave Robicheaux, on avait découvert il y a peu les brumes électriques des marais de Louisiane, propres à faire surgir du néant toute une armée de confédérés.
Avec
Fred Vargas, ce sont maintenant les sous-bois du bocage normand qui laissent entrevoir, à la nuit tombée, la Mesnie Hellequin,
l'Armée Furieuse.
Une ‘vraie' légende qui veut que depuis l'an mille, de Suède en Touraine, en passant par l'Allemagne et la Lorraine, et jusqu'en Normandie donc, les nuits de pleine lune voient défiler
l'Armée furieuse du sieur Hellequin, une chevauchée d'esprits guerriers dont les âmes ne trouvent jamais le repos. Ces fantômes bruyants et caracolants viennent “se saisir” ici-bas de nouveaux compagnons malfaisants qui ne méritent pas, eux non plus, le repos éternel.
Malheur à vous, si l'on vous voit chevaucher et hurler en compagnie de la meute du sieur Hellequin : vous voici, à votre tour, condamné pour d'inavouables fautes commises ici-bas. Et condamné à très court terme : tout au plus vous reste-t-il quelques jours pour plier vos bagages avant le grand voyage.
Alors bien sûr quand Lina, une jeune fille du village normand, affirme avoir vu trois ou quatre de ses concitoyens chevaucher à bride abattue un soir de pleine lune ... c'est la panique. D'autant qu'un premier cadavre est vite découvert.
Est-ce
l'Armée furieuse qui les emporte ? Est-ce un voisin “bien intentionné” qui a jugé bon de répondre à l'invitation de la Mesnie Hellequin et a voulu rendre lui-même “vraye justice” ?
De toute évidence ce mystère est de ceux auxquels Jean-Baptiste Adamsberg ne peut résister bien longtemps ! Et nous non plus !
Alors au final, le succès annoncé ?
Et bien c'est sans doute l'un des Vargas les plus solides, les mieux construits. L'intrigue policière (ou plutôt les intrigues car il y en a deux, presque trois, qui s'entrecroisent) est bien maîtrisée. On sent que Vargas a choisit de plaire à un plus large public.
Les dialogues savoureux, délicieux, onctueux, dont elle est coutumière, sont au rendez-vous. Les petites histoires débarquent sans prévenir, on n'y comprend goutte, et puis voilà, cinquante pages plus loin, ça resurgit et ça fait plop.
Mais tout cela semble trop raisonnable, trop sage. de belles explosions de ci, de là, mais le feu d'artifice n'est pas aussi délirant que, par exemple, dans un récent Lieu incertain.
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