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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est en Normandie que nous suivons le commissaire Adamsberg qui est lui-même sur les traces de l'armée furieuse. Celle-ci fait partie des croyances populaires de Ordebec - région de Lisieux. L'objectif macabre de cette armée est de décimer quatre personnes dont le point commun est d'avoir quelque chose de grave à se reprocher.
Fidèle à ses habitudes le commissaire va se glisser dans les pas des habitants, les écouter, sympathiser avec certains du village pour humer l'ambiance générale.
Parmi les personnages qui viennent à la rencontre du commissaire il y a la mère Vendermot et ses quatre enfants. Leur héritage est lourd: le père très violent a été assassiné à la hache. L'aîné Hyppolite, qui a la particularité d'avoir inventé son propre idiome en inversant les lettres "roujnob" pour bonjour ou "drannoc" pour connard, est né avec six doigts à chaque main. Après avoir été la risée de ses camarades d'école la tendance s'est inversée et il a acquis la réputation d'un jeteur de sorts. Lina, la fille, a vu à plusieurs reprises l'armée furieuse du Seigneur Hellequin et a reconnu trois des quatre personnes « saisies ». L'avant-dernier passe pour un farfelu; il est passionné par les insectes qu'il cuisine et mange. le plus jeune est fragile car « fait d'argile »; bébé, son père l'a jeté dans les escaliers provoquant quatorze fractures. La mère, dans son coin, ne dit pas grand-chose, elle a dû forcer sa nature en allant à Paris confier ses craintes au commissaire.
On passe un moment aussi en compagnie de Léo l'octogénaire fantasque qui vit seule avec Flem son chien, avec un habile ostéopathe et avec les adjoints d'Adamsberg. Écoutez-le, il vous les présente:
- "Parmi mes hommes, capitaine, il y a un hypersomniaque qui s'écroule sans crier gare, un zoologue spécialiste des poissons, de rivière surtout, une boulimique qui disparaît pour faire ses provisions, un vieux héron versé dans les contes et légendes, un monstre de savoir collé au vin blanc, et le tout à l'avenant. Ils ne peuvent pas se permettre d'être très formalistes.
- Et ça travaille là-dedans ?
- Beaucoup".

Tout est réussi dans l'investigation de Fred Vargas: deux enquêtes qui se croisent, des morts violentes - meurtres ou suicides, un chien futé, du vieux calva millésimé et du porto premier prix, des taches de naissance, un pigeon aux pattes liées, un fils nouvellement arrivé dans la vie d'Adamsberg mais déjà capable de seconder son père. Des adjoints fiers et jaloux qui veulent la jouer perso. Un digne descendant de Napoléon qui entretient la légende et le décor de ses glorieux aïeux. Une solide Rétancourt qui fait office d'intendante pour les besoins de l'enquête.
Et un article de bric et de broc à l'image de la brigade dirigée par un pelleteur de nuages. Il y avait à l'origine quelques bémols mais je les ai oubliés, envolés avec le nom de l'assassin!


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L'univers de Fred Vargas

On ne lit pas un roman de Fred Vargas, on le vit. Attaquer un "Vargas", c'est ouvrir une porte sur un monde à part, un autre univers qui nous propulse gracieusement - mais avec force - dans une ambiance décalée. L'auteur, munie de sa plume aérienne, débordante d'ironie, d'humour pertinent et subtil, plonge le lecteur dans un polar digne d'un conte, un récit peuplé de légendes et de mythes. Un polar atypique avec des personnages totalement atypiques aussi et puissants au niveau de leurs dimensions et de leurs intensités. Fred Vargas nous donne une bonne leçon sur les rapports humains!

Ouvrir un livre de Fred Vargas, c'est faire connaissance avec des personnages remarquablement vivants, attachants et relativement énigmatiques pour certains. le lecteur restera fasciné et séduit par une telle réussite, à savoir apporter une réelle épaisseur, une âme considérable aux protagonistes d'un roman. Fred Vargas, avec ce côté caustique, vif et dégagé, est totalement parvenue à accomplir ce tour de force.

La qualité, la fantaisie et le style des dialogues sont une vraie marque de savoir-faire dans les oeuvres de Fred Vargas. le lecteur ne peut que se retrouver agrippé, emporté et immergé dans l'histoire avec de tels échanges. Toute l'intensité des personnages se retrouve là, lors de ces remarquables conversations perçantes, adroites, incisives et magiques; un défi qui n'est, j'imagine, pas facile à réaliser. Mais Fred Vargas semble très à l'aise pour faire parler ses héros, avec habilité, légèreté et beaucoup d'esprit. L'auteur soigne le dialogue, semble y attacher une importance majeure et offre au lecteur un rendu débordant de finesse et de sagacité. Je pense que l'auteur serait capable d'écrire un roman uniquement composé de dialogues, tout en gardant le lecteur scotché du début à la fin.

Les enquêtes menées par le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg sont un réel régal, un menu complet composé d'intrigues bien ficelées, astucieuses et délurées, aussi dégantées que les personnages qui y évoluent. Beaucoup de morts, de morts violentes bien évidemment - c'est un polar! - mais paradoxalement jamais de douleurs, de deuil ou de souffrance.

Les victimes sont souvent des personnes seules ou sans vraiment d'attaches - je dis "souvent" mais je crois bien que c'est même toujours le cas - et du coup l'auteur arrive à céder au lecteur une histoire avec des faits violents et brutaux, tout en le ménageant d'un point de vue émotionnel. Et il ne faut pas me faire croire que c'est un hasard; bien trop brillant pour être une coïncidence. C'est une sensibilité appréciable de la part de l'auteur, un détail respectable et honorable.

L'évolution de l'intrigue est ponctuée de rebondissements et de contrecoups - autant que dans le cerveau d'Adamsberg d'ailleurs - mais aussi marquée de rencontres atypiques, surprenantes et émouvantes, comme ces fameux trois historiens surnommés "Les Évangélistes", trois personnages puissamment forts en caractère, totalement inclassables, et qu'il faut absolument accoster un jour en ouvrant un Vargas. L'enquête en elle-même se tient bien et suit une logique implacable. Donc pas de place au hasard! Fred Vargas nous achève enfin avec un dénouement souvent bluffant, totalement inattendu et imprévisible. Et c'est souvent à ce moment-là que nous nous rendons compte de l'ingéniosité ahurissante du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.

Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg... C'est tout une histoire à lui seul! Personnage infiniment humain, simple et complexe à la fois. Il aime tout ce qui l'entoure, il le respecte, l'emmagasine et le vie pleinement. Cet homme s'accroche férocement et parfois même sans le savoir aux détails anodins que personne ne voit et qui échappe à un cerveau ordinaire. Oui car Adamsberg n'est pas ordinaire. C'est un flic qui fonctionne au feeling, sans vraiment de méthodes, qui suit ses intuitions déraisonnées et extravagantes qui le mène toujours - étonnement! - sur la bonne piste. Car Adamsberg observe, explore, se perd, se retrouve, se perd encore pour finalement aboutir. Sa contemplation et son errance le pousse parfois à s'enfermer dans sa bulle pour ne plus y ressortir. du moins, pas avant d'avoir mis de l'ordre dans son cerveau encombré, chaotique et embouteillé. Mais notre homme arrive toujours à démêler les ficelles qui engorgent son esprit, petits bouts par petits bouts, consciencieusement. Car Adamsberg est lent. Efficace mais lent, et ça énerve tout le monde.

Doté d'une grande sensibilité, Jean-Baptiste Adamsberg est aussi une personne qui apprécie les gens, qui prend le temps de les comprendre - de les aimer? - et surtout de les cerner. Allant peut-être même parfois jusqu'à se mettre à leur place. Car pour comprendre les gens il faut inévitablement les connaître, détecter leurs défauts, leurs qualités, comprendre leurs motivations, deviner leurs secrets; et là notre flic excelle et le démontre brillamment. Toujours avec calme et sérénité, bien entendu, car Adamsberg n'avance pas vite, et oui. Pour cet homme, le comportement, l'expression et l'attitude des suspects ne sont pas un élément, mais tout simplement une preuve.

"S'il y avait une chose que Danglard réprouvait plus que tout chez Adamsberg, c'était cette façon de considérer ses sensations comme des faits avérés. Adamsberg rétorquait que les sensations étaient des faits, des éléments matériels qui avaient autant de valeur qu'une analyse de laboratoire. Que le cerveau était le plus gigantesque des labos, parfaitement capable de sérier et d'analyser les données reçues, comme par exemple un regard, et d'en extraire des résultats quasi certains. Cette fausse logique insupportait Danglard."

Adamsberg - je vous l'ai dit - est très respectueux, mais semble avoir du mal à se plier aux directives, aux ordres ou même aux lois. Ses intuitions et ses méthodes ne lui permettent pas de suivre les chemins préfabriqués qu'il serait peut-être censé emprunter. Ce qui compte, c'est de savoir ce qui s'est passé, pourquoi, comment et par qui. le reste suivra son cours... A se demander finalement si c'est vraiment le flic qui choisi sa route ou si c'est elle-même qui se place sous ses pieds, guidée par l'instinct de celui qui y déambule.

Mais les faits et gestes du commissaire ne sont pas cautionnés par tous le monde, par-exemple par son adjoint Adrien Danglard. Très complémentaire, cet homme marié et père de cinq enfants est quant à lui très méthodique et doté d'un savoir immense. Toujours là pour tenter de raisonner Adamsberg, mais cela reste incessamment qu'une tentative qui se heurte contre la fermeté de son chef. Danglard, c'est aussi celui qui cherche constamment des planques dans le commissariat pour... ses bouteilles de blancs.

Il y a aussi Violette Retancourt, celle qui sait tout faire et qui est toujours là quand il faut. Énormément appréciée par Jean-Baptiste Adamsberg, cette femme d'une corpulence hors-norme garde pas mal d'atouts en main. Nous évoluons aussi aux côtés de bien d'autres personnages, tous d'une épaisseur remarquable, dotés d'un caractère bien spécifique, soit des gens du cru!

"L'armée furieuse"

Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg reçoit un jour la visite d'une femme venant tout droit d'un petit village appelé Ordebec, en Normandie. Cette femme visiblement effrayée et peu bavarde a fait le déplacement jusqu'à Paris uniquement pour parler à Adamsberg, et rien qu'à lui. Visiblement, elle ne fait pas confiance à la police de sa région. Mais pourquoi? Voilà la question qui taraude notre commissaire, intrigué face à cette petite personne qui en dit juste assez pour l'intéresser mais bien trop peu pour y comprendre quelque chose. Cette dame semble avoir très peur de parler.

Finalement, un peu rassurée, elle lui explique tout. Mais pour Adamsberg cela n'a aucun sens. Valentine Vendermot lui raconte qu'un homme, Herbier - c'est son nom -, a disparu depuis quelques temps. Plus personne ne l'a vu dans le village. Un homme mauvais, un sale type. Mais alors pourquoi s'en faire? Valentine lui explique alors qu'une nuit, sa fille Lina a vu passer L'Armée Furieuse sur le chemin De Bonneval. Herbier y était aussi, il criait, accompagné de trois autres hommes. L'Armée Furieuse... le commissaire se demande bien ce que cela peut-être. Il se renseigne auprès de Danglard, son adjoint qui sait tout sur tout.

Il lui apprend alors que L'Armée Furieuse, ou "La Mesnie Hellequin" est une troupe maléfique, des chevaliers, qui saisissent des criminelles impunis qui supplient pour qu'une bonne âme répare leurs forfaits immondes pour être sauvés du tourment. Mais le problème est le suivant et il est de taille pour Adamsberg. Il s'agit d'une légende datant du 11ème siècle et les chevaliers en question sont des morts! Mais Lina, la fille de Valentine Vendermot, les a vus emporter Herbier et trois autres hommes du village. Selon elle, Herbier est mort, ou va mourir bientôt, et les autres hommes aussi. C'est L'Armée Furieuse qui veut ça, on ne peut rien contre elle.

Adamsberg, suivant son instinct et son intuition légendaire, va tout de même décider de se rendre dans ce petit village de Normandie, juste pour voir, juste pour se faire une idée... C'est en se promenant sur le chemin De Bonneval qu'il va faire une rencontre intéressante, bouleversante, et c'est surtout à ce moment qu'il va apprendre la mort violente d'Herbier. L'Armée Furieuse? Non.. Quoi que... Une grande aventure semée de morts, de psychoses et de peurs, sur un fond de légendes normande, va débuter pour Adamsberg et son équipe. le commissaire va tenter de faire la lumière sur ces assassinats surprenants, barbares, qui affolent les villageois d'Ordebec, très imprégnés par cette fameuse légende qui refait surface après tant d'années.

Jean-Baptiste Adamsberg sera également occupé sur une autre affaire, à Paris. Une enquête délicate qui suscite l'intérêt des hautes sphères par sa sensibilité. Un homme respecté, puissant et influent dans le domaine économique a été découvert brûlé dans sa voiture. Un acte criminel, cela ne fait aucun doute. Un jeune délinquant, pyromane à ses heures perdues, est rapidement soupçonné et arrêté. Jean-Baptiste Adamsberg, qui connaît bien ce gamin, n'y crois pas et va utiliser ses méthodes peu orthodoxes pour le prouver. Une mise en scène des plus subtiles mais terriblement risquée! C'est le prix de la vérité.

Sans oublier ce fameux pigeon - un vrai, l'oiseau - condamné à mort, qui est retrouvé devant le commissariat, avec les pattes attachées par de la ficelle. Bien entendu, Adamsberg va également s'en occuper, avec autant d'énergie que s'il s'agissait d'un crime commis sur une personne. Car Adamsberg, il aime les gens, mais pas lorsqu'ils commettent des cruautés!

Méfiez-vous de l'Armée Furieuse qui risque de passer une nuit sur le chemin qui passe près de chez vous, surtout si vous avez commis des crimes odieux, impunis jusqu'à ce jour... Bonne lecture.
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L'armée Furieuse, Série: Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg Tome 7/10 publié en 2013.
A nouveau une enquête magistrale ou plutôt deux enquêtes extrêmement complexes et fouillées qui s'emmêlent et se croisent jusqu'au dénouement qui n'éclate bien sûr qu'à la toute fin du livre. Celui-ci débute par une petite enquête de deux pages, un véritable bijou comme un amuse bouche délicat pour nous mettre en appétit, et puis arrive ce pigeon ligoté qui ne s'envolera lui aussi qu'à la fin du livre. Un grand talent et une grande habileté pour faire vivre tous ces personnages-certains bien connus des lecteurs- et cette histoire incroyable qui s'appuie sur la terreur de « L'armée Furieuse », cette troupe hideuse de morts-vivants apparue en 1777 sur les sentiers isolés, perdus dans la nuit et pourchassant les hommes malfaisants … Encore une fois du très grand Vargas !
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Au coeur de la Brigade criminelle, le commissaire Adamsberg vaque à ses occupations. Même si Veyrenc, son ancien rival des Pyrénées, hésite encore à revenir, le reste de l'équipe évolue paisiblement : Rettancourt reste la grande « génératrice d'énergie », le chat dit « La Boule » dort toujours sur la photocopieuse, Danglard avec son verre de vin blanc développe un immense savoir, Mercadet est toujours à moitié endormi, Froissy fait des allers-retours entre sa réserve de nourriture et son bureau. Une petite dame âgée attend le commissaire sur le trottoir, elle vient de Normandie. Ils n'ont pas rendez-vous, mais il n'y a qu'à lui qu'elle veut parler. Une nuit, dans son village, sa fille a vu « l'Armée furieuse », c'est-à-dire une cohorte de morts vivants qui vient enlever les pires personnes des environs. Meurtriers, voleurs, tous ceux qui n'ont pas la conscience tranquille se sentent menacés. Cette vieille légende est le signe que de multiples assassinats vont se produire. Loin de sa circonscription, Adamsberg va pourtant accepter d'aller enquêter sur place, dans le village terrorisé de superstitions et de rumeurs sauvages. Aidé de la police locale, de son fils (qu'il a découvert dans Un lieu incertain), et de quelques complices, il tentera de protéger les mauvaises personnes contre le mauvais sort
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Adamsberg (l'inspecteur), Danglard (le commandant), Veyrenc et toute l'indescriptible troupe sont emportés dans une enquête démarrée par le désir de punition de crapules de bourgades par l'Armée Furieuse dans un village de Normandie. D'autre part, ils doivent se soucier de retrouver un incendiaire de jolies voitures parisiennes, qui cette fois-ci n'aurait pas raté le coche en tuant par la même occassion le PDG d'une des entreprises pilier de l'économie française.

Toujours avec un filtre d'humour descriptif très particulier, on méandrera ici dans l'arrière-pays du pouvoir. Des ficelles sont tirées une fois par ici, une fois par-là, les bras des marionnettes bougent, changeant telles des girouettes au vent le cours de l'histoire. Les Nuages s'accumulent à l'Ouest, ralentissant les mouvements, quand cet orage va-t-il donc enfin éclater ?

J'aime toujours autant cette façon si particulière d'écrire des romans policiers de Mme VARGAS.
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Adamsberg aux prises avec trois énigmes : qui a martyrisé un pigeon , qui a immolé par le feu un grand patron, et qui exécute des criminels impunis conformément à une légende moyenâgeuse ? de Paris à Ordebec dans le bocage normand il mènera de front , à sa manière lunaire, les trois enquêtes avec l'aide de sa brigade mettant , ce faisant , en danger sa carrière et sa vie . On croisera outre ses séides habituels , un incendiaire en baskets , un descendant de maréchal d'Empire, une fratrie de gentils diables j'en passe et des plus bizarres .Quel plaisir de retrouver l'ambiance si particulière des polars de Vargas et son langage inimitable !
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L'enquête policière est basée sur une légende médiévale (la Mesnie Hellequin), doublée d'une seconde enquête simultanée dans la haute société. Cette seconde enquête est menée à distance par une collaboratrice (Rettancourt) et perçue par bribes par le lecteur, au fil des rapports successifs de la policière. Elle a un caractère secondaire et sert, par rebonds, à pimenter certains traits caractériels et décalés des personnages clefs. L'enquête principale est non conventionnelle en ce sens qu'elle tire son intérêt des comportements erratiques et de la faiblesse psychologique des protagonistes, davantage que de la recherche d'indices en quête du coupable sur des péripéties bien invraisemblables. L'humour est toujours sous-jacent par la description caustique des personnages, par les traits cocasses (telles les élucubrations des donneurs de leçon, etc.); le style est direct au travers de phrases brèves et nerveuses.
Le microcosme d'Adamsberg est présent, pour ceux qui ont lu des ouvrages précédents; les lecteurs inédits le découvrent aisément, mais la référence répétée à des romans antérieurs (même si c'est en bas de page) est irritante.
La lecture est très agréable, la trame originale et passionnante dans un style incomparable. C'est hautement savoureux.
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La première fois que j'ai croisé Adamsberg, il pistait des rats, enfin il avait les puces, il cherchait les rats. La peste. Il avait parlé aussi d'un diamant qui illuminait un sourire et de galettes à la peau de lait.
Il me semble qu'il voyait encore Camille, à cette époque.
On était revenu sur d'anciennes histoires, un type qui se déguisait en femme et qui sentait la pomme séchée, on a pas mal tourné autour de Danglard, un peu Camille. J'ai su qu'il avait croisé un loup-garou aussi.
Je me suis souvent retrouvée dans ses parages, je ne suis pas sûre qu'il m'ait remarquée, mais je me souviens d'un cerf, gigantesque, en Normandie. Et tant d'autres choses.
Cette fois, j'ai vraiment compris qu'il ne pelletait jamais les nuages sans raison. Qu'il était devenu un vrai "papa-pigeon", et qu'il ne craignait absolument rien, ni la Mesnie Hellequin, ni de risquer sa peau pour les justes. Je m'en doutais déjà. Cette fois c'est sûr.
Je passerais bien un moment à regarder les vaches avec lui.
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Oyez, oyez, gentes dames et gentils messieurs, Fred Vargas est revenue, dans une forme étincelante, et jamais la langue de la reine du Rompol français n'a été aussi précise, poétique, savoureuse, intrigante, que dans L'armée furieuse, qui pourrait bien être, les avis divergeront forcément là-dessus, son meilleur livre, en tous cas le plus maîtrisé et le plus délectable. Son titre donne le ton, c'est une légende médiévale normande qui constitue le principal argument du roman. Mais, d'une certaine façon, c'est aussi un leurre, car il n'y a pas une mais trois enquêtes qui se croisent dans ce nouvel ouvrage, dont l'aspect fantastique n'est pas l'élément le plus significatif. Trois enquêtes donc, l'une normande, une autre parisienne, dans le monde politico-financier, assez traditionnelle, celle-ci, et une dernière, accessoire, certainement, mais très sérieuse, en fin de compte, sur la recherche du sale individu qui a ligaturé les pattes d'un pigeon, au point de mettre en danger la vie d'icelui. Inutile de dire que Fred Vargas est comme un poisson dans l'eau dans ces différents univers et qu'elle nous balade à sa guise de l'un vers les autres, avec une facilité qui frise le génie. A cela, il faut ajouter ses portraits psychologiques, toujours aussi brillants, d'individus friables, dont les failles nous sont décrites avec un art de la compassion âpre et tendre à la fois. A commencer par le commissaire Adamsberg, balourd et lent, dont l'intelligence moyenne est compensée par un caractère intuitif très développé et une connaissance non moins aigüe de l'âme humaine. Et que dire de sa fine équipe, dont chaque composante fait l'objet d'un portrait haut en couleurs ? Enfin, les témoins ou suspects de l'affaire normande sont autant de personnages étonnants, chacun affecté d'un particularisme qui ne le rend jamais banal. Fred Vargas est aussi une experte dans l'écriture de dialogues surréalistes, ironiques, d'une drôlerie bizarre qui donne une teinte supplémentaire à son roman, sans créer une quelconque dissonance. Dans L'armée furieuse, les vaches sont immobiles, comme statufiées, un homme croit qu'une partie de son corps est constitué d'argile, un vieil homme assassine son épouse à la mie de pain ... Etrange ? Même pas, c'est le petit monde de Vargas qui va son petit bonhomme de chemin et à laquelle on emboîte le pas, sans état d'âme et avec un plaisir non dissimulé, hypnotisés à la manière des rats et des enfants qui suivaient le joueur de flûte d'Hamelin. Essayer de se soustraire aux sortilèges de la romancière, c'est se priver d'un immense bonheur de lecture.
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Trois ans déjà que j'attendais un nouvel opus de Fred Vargas (Un lieu incertain en 2008). Et c'est toujours avec le même plaisir que j'entre dans l'univers du "pelleteur de nuages". Certains personnages ont disparu comme Camille, d'autres apparaissent (Léo, femme âgée qui devine avant tout le monde le coupable) et d'autres s'imposent comme Zerk, le fils d'Adamsberg, découvert dans le roman précédent.

Comme pour Pars vite et reviens tard, c'est du Moyen Age que surgit l'intrigue mais pire que la peste, c'est la Mesnie Hellequin, une armée chargée de "saisir" des "crapules, des âmes noires, des exploiteurs, des juges indignes ou des assassins."
Adamsberg se retrouve en Normandie, à Ordebec, le pays où les vaches paissent immobile, à la poursuite de la Grande chasse (l'armée furieuse) mais surtout de l'assassin qui exécute les "saisis".

Un excellent Vargas et à mon avis de la valeur de "L'homme à l'envers" ou de "Pars vite et reviens tard". Adamsberg mène son enquête sans en avoir l'air et c'est toujours un bonheur que d'écouter l'érudition de Danglard, la versification de Veyrenc et la puissance de feu de Retancourt. Et un commissaire qui se préoccupe de retrouver le coupable des tortures portées à un pigeon vous réconcilie avec les gens d'armes.
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