L'armée furieuse

J'ai renoué avec Vargas.
Je m'étais progressivement éloignée, ne retrouvant plus l'ambiance, regrettant les premiers livres.
Est-ce le fait d'avoir pris de la distance ?
J'ai hésité à commencer ce livre et puis je me suis laissée glisser...

Je pense pouvoir me venter d'avoir lu tous les romans de Fred Vargas. J'ai suivi ses héros récurrents au fil d'aventures plus ou moins haletantes, mais force est de constater que l'imagination de l'auteur a eu raison de mon appétit de polars. Les deux derniers opus, même s'ils ont été probablement de grands succès en librairie m'ont laissé sur ma fin : trop longs, trop tirés par les cheveux, c'est Adamsberg chez les pieds nickelés ou Adamsberg contre les vampires. Alors forcément, quand j'ai vu son dernier roman dans les bacs de mon libraire préféré, j'ai hésité. Mais bon, je lui laisse encore une chance. Et j'ai bien fait !

(la suite sur mon blog http://fanchic2011.blogspot.com/2011/11/le-bonjour-de-fred.html)
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Dès les premières pages de L'armée furieuse, j'ai su que cette histoire allait me plaire. J'ai retrouvé avec plaisir cette brigade parisienne terriblement attachante et cerise sur le gâteau, l'essentiel de l'intrigue se passe au coeur de la Normandie, dans un petit village du Calvados nommé Ordebec (qui rappelle étrangement Orbec, jolie bourgade du pays d'Auge...).
Adamsberg y combat la Mesnie Hellequin, seigneur d'une horde de revenants venus "saisir" des vivants. Lina, une jeune fille du village a eu une vision de cette armée furieuse mais elle n'a pu identifié que trois saisis sur quatre. Et bientôt, le premier saisi meurt...
J'ai aimé l'ambiance de cette enquête entre vieilles croyances et secrets de famille avec des personnages décalés comme le commissaire Emeri, descendant d'un maréchal de Napoléon ou la vieille Léo, attentive aux moindres détails. Bref, une intrigue d'une grande qualité avec un commissaire Adamsberg égal à lui-même et c'est tant mieux !


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Oui, je confirme, les normands sont bien tels qu'ils existent dans les deux romans de Fred Vargas, sorcellerie incluse. Et inclure de vieilles légendes dans une histoire contemporaine, même si elle navigue à la limite de la vraisemblance, est particulièrement jubilatoire pour le lecteur, et je l'espère pour l'écrivain.

La plume de Fred Vargas met toujours un peu de temps à me cueillir. Mais une fois dans l'histoire on est complètement accrochés. Les trois histoires évoluent en parallèle influençant les unes et les autres le raisonnement, toujours aussi complexe, d'Adamsberg.

Le commissaire Adamsberg, un personnage lunaire, non cartésien, évaporé, fonctionne par analogies et intuitions. Ces caractéristiques font de lui un personnage sympathique aux intuitions géniales dans les premiers romans, mais il s'efface progressivement, jusqu'à n'être plus qu'un rêveur inoffensif qui oublie tout et ne résout plus les énigmes que grâce à la providence. Voilà un peu ce qui fait le charme de cette auteure sympathique.

Toujours emporté dans le monde du commissaire adamsberg, qui gère son enquête avec intuition et réflexions très particulières. J'adore ! Des personnages secondaires hauts en couleurs le tout tinté de légendes fantastiques.

C'est toujours un plaisir de retrouver Fred Vargas. Elle nous emmène cette fois en Normandie, où une jeune femme a vu l'Armée Furieuse emmener quatre coupables, ce qui selon la légende annonce leur mort. Bien sûr les flics préfèrent les faits aux légendes. Mais on ne sait jamais, ça peut toujours donner des idées à un fêlé ...

420 pages à dévorer d'une traite.



Comme toujours, des expressions formidables :



"Avant que la Préfecture nous remplace [la voiture], on a le temps de voir tomber les pommes cinq fois."



"Le patron avait sa devise, comme il disait tout le temps : une assurance ne doit pas payer même si elle doit payer."



"Ce n'est pas de sa faute, sa grand-mère aimait Racine, elle lui en a récité chaque jour de son enfance, du Racine et rien d'autre. Parce qu'elle avait sauvé les volumes d'un incendie dans son pensionnat.

_ Elle aurait mieux fait de sauver des manuels de savoir-vivre".



"Ça ne se fait pas d'envoyer des fleurs cueillies à un enterrement. Il faut des fleurs payées.



"Si on ne peut plus pisser tranquille, dit-il simplement.

Une oraison funèbre un peu fruste, songea Adamsberg, mais non dénuée de justesse."

Un très bon Vargas. Un poil longue á se mettre en route, l'intrigue m'a captivé crescendo.

Histoire très originale, idées à foison, dialogues détonants, personnages atypiques, style inimitable : tout y est ! Un Vargas jouissif.