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Citations sur Le Paradis, un peu plus loin (54)

Non, il ne fallait pas fuir ce monde imparfait pour fonder une retraite céleste réservée à un petit groupe d'élus, là-bas au loin, où personne d'autre n'arriverait. Il fallait lutter contre les imperfections de ce monde dans ce monde même, l'améliorer, le changer jusqu'à en faire une patrie heureuse pour tous les mortels.
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Charles Poncy, le poète-maçon, auteur de l’hymne de l’Union ouvrière, sur qui Flora comptait pour la guider dans ses réunions avec les travailleurs marseillais, était parti à Alger en lui laissant une petite note : il était épuisé, et ses nerfs et ses muscles avaient besoin de repos. Que pouvait-on attendre des poètes, même s’ils étaient ouvriers ? C’étaient eux aussi des monstres d’égoïsme, aveugles et sourds au sort du prochain, des narcisses épris des souffrances qu’ils s’inventaient pour pouvoir les chanter. Tu devrais considérer, peut-être, Andalouse, la nécessité de proscrire dans la future Union ouvrière non seulement l’argent, mais aussi les poètes, comme l’avait fait Platon dans sa République.
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— J’étais agent de change, financier, banquier, dit Paul.[…] Si j’avais poursuivi dans cette voie, je serais peut-être millionnaire. Un grand bourgeois qui fume des cigares et entretient deux ou trois maîtresses. […] Le corrupteur, celui qui a foutu en l’air ma carrière de bourgeois, c’est le bon Schuff.
[…] ce collègue effacé et complexé abritait, sous son allure si peu flatteuse, deux passions, qu’il t’avait révélées au fur et à mesure que se tissait votre amitié : l’art et les religions orientales. […] Pour le bon Schuff, les artistes étaient des êtres d’une autre espèce, moitié anges, moitié démons, différents en essence des hommes communs. Les œuvres d’art constituaient une réalité à part, plus pure, plus parfaite, plus ordonnée, que ce monde sordide et vulgaire. Entrer dans l’orbite de l’art c’était accéder à une autre vie, où non seulement l’esprit, mais aussi le corps, s’enrichissait et jouissait à travers les sens.
— […] Il m’entraînait dans les galeries, les musées, les ateliers d’artistes. […] en cachette, je me suis mis à dessiner. Tout a commencé là. Mon vice tardif. Je me rappelle cette impression de faire quelque chose de mal, comme quand j’étais enfant, à Orléans chez l’oncle Zizi, et que je me masturbais ou épiais la bonne qui se déshabillait. […]
— C’est comme si j’avais été frappé par la foudre, comme si j’avais vu une apparition, expliqua Paul. L’Olympia d’Édouard Manet. Le tableau le plus impressionnant que j’aie jamais vu. J’ai pensé : « Peindre comme ça c’est être un centaure, un Dieu. » J’ai pensé : « Il faut que je devienne peintre moi aussi. »
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Et c’était précisément maintenant, quand ton mari avait le plus besoin de toi, que tu l’abandonnais ? Sa mère en avait les yeux pleins de larmes et la bouche tremblante.
— Ce qui est fait est fait, avait dit Flora. Je ne reviendrai jamais plus auprès de lui. Je n’aliénerai jamais plus ma liberté.
— Une femme qui abandonne son foyer tombe plus bas qu’une prostituée, l’avait récriminée sa mère, épouvantée. C’est un délit, condamné par la loi. Si André te dénonce, la police te cherchera, tu iras en prison comme une criminelle. Tu ne peux faire une folie pareille.
Tu l’avais faite, Florita, sans te soucier des risques encourus. C’est vrai, le monde était devenu hostile, ta vie des plus difficiles. Comme de convaincre cette nourrice d’Arpajon de garder tes trois enfants, tandis que tu chercherais du travail afin de payer ses services et l’entretien des petits. Et à quoi pouvais-tu travailler, alors que tu étais incapable d’écrire une phrase correctement. ?
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Sur le matelas, au ras du sol, nue, sur le ventre, ses fesses rondes dressées et le dos un peu courbe, tournant à moitié son visage vers lui, Teha’amana le regardait d’un air d’épouvante infinie […] Il avait encore au fond des yeux le spectacle ineffaçable de ces fesses froncées et soulevées par la peur. […] La fille nue serait obscène sans la peur qui se lit dans son regard et cette bouche qui commence à se tordre en grimace. Mais la peur ne diminuait pas sa beauté, elle l’accroissait plutôt, lui faisant serrer les fesses de façon si suggestive. Un autel de chair humaine sur lequel célébrer une cérémonie barbare. (*)
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Les paysans aussi sont des ouvriers, leur expliqua-t-elle. Ainsi que les artisans et les domestiques. Celui qui n'est pas propriétaire est ouvrier. Ils sont tous exploités par la bourgeoisie. Et parce que vous êtes les plus nombreux et ceux qui souffrent le plus, c'est vous qui sauverez l'humanité.
Ils se regardèrent, effrayés par semblable prophétie.
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Elle eut envie de lui dire, d'emblée, que onze ans plus tôt, alors qu'elle était une jeune femme inexpérimentée de trente ans, elle avait passé cinq mois sur un bateau, seule au milieu de dix-neuf hommes, sans se sentir le moins du monde impressionnée par tant de pantalons, de sorte que maintenant, à quarante et un ans et avec l'expérience acquise, ces sept larbins intellectuels, couards et calomniateurs, au lieu de l'effrayer, renforçaient sa combativité.
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- Je veux que ma peinture réconforte spirituellement les êtres humains, Paul. Comme les réconfortait la parole du Christ. Le " halo " suggérait l'éternel dans la peinture classique. Ce " halo ", c'est ce que maintenant je tente de remplacer par l'irradiation et la vibration de la couleur dans mes peintures. Dès lors, Paul, bien que tu n'aies jamais été emballé par ce spectacles de lumières aveuglantes, ces feux d'artifice qu'étaient les tableaux de Vincent, tu avais considéré ces couleurs démesurées et violentes avec plus de respect qu'auparavant. Il y avait chez le Hollandais fou une vocation de martyr qui te donnait, parfois des frissons.
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Tu avais peint ta meilleure toile non seulement avec tes mains, avec tes idées, avec ton imagination et ton métier, mais aussi avec ces forces obscures venues du fond de l'âme, le bouillonnement de tes passions, la fureur de tes instincts, ces impulsions qui surgissaient dans les tableaux exceptionnels. Les tableaux qui ne mouraient jamais, Koké. Comme l' "Olympia" de Manet.
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La ligne blanche de la côte, le lagon azuré, la lumière rose des récifs de corail, et, derrière, la mer confondue au ciel, il avait décidé : " C'est ici que je veux mourir." C'était un endroit magnifique. Tranquille, parfait, virginal.
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