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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un Vargas Llosa que j'ai trouvé très en-dessous des autres. Je n'ai pas retrouvé la plume facétieuse et créative de l'auteur de la tante Julia dans cette biographie qui se traine en longueur, avec de nombreuses et lassantes répétitions.
Le sujet, hélas, n'a pas aidé : j'ai eu du mal également à entrer en empathie avec Roger Casement, il m'a semblé que l'auteur ne parvenait pas à transcrire la flamme qui l'anime et peinait à convaincre de la cohérence du chemin de vie de cet humaniste irlandais ni du lien entre ses combats contre les atrocités de la colonisation au Congo et en Amazonie d'une part, pour l'indépendance de l'Irlande d'autre part, et contre ses démons intérieurs. La pluralité de cet homme se dilue sur les cinq cent pages du récit là où une biographie plus ramassée mais aussi plus « romancée » à partir de quelques angles porteurs aurait plus la mettre bien mieux en valeur.
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Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi , mais je n'ai pas trop aimé cette lecture dont je n'ai pourtant lu que des critiques positives .
Ce n'est pas l'écriture qui m'a déplu car elle est très belle mais le sujet .
Roger Casement a consacré la majeure partie de sa vie a enquêter au Congo ( alors Belge ) sur les exactions commises envers les noirs , puis en Amazonie .
Je n'ai pas ressenti d'empathie pour ce personnage qui va dénoncer les exactions toute sa vie au détriment de sa santé , coûte que coûte , sans plus jamais renoncer .
C'est lors de ses voyages qu'il se rend compte que son pays l' Irlande est colonisé par l' Angleterre .
C'est un portrait très humain car l'auteur nous fait un portrait sans complaisance ( c'est le moins qu'on puisse dire ) .
J'ai trouvé quelques longueurs mais passages préférés sont ceux qui se déroulent en Irlande , on ressent l'amour que Roger Casement porte à son pays .
Mais cet être intransigeant a été aveuglé par sa mission et va demander l'aide de l' Allemagne en pleine première guerre mondiale .
Donc avis assez mitigé et c'et avec difficulté que je note ce livre , je vais dire 3,5 .
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Maria Vargas Llosa ressuscite une figure du passé méconnue : Roger Casement né en Irlande alors anglaise en 1864 et qui va mourir exécuté en prison en 1916 à Londres.

Roger Casement, autrement dit « le Celte ». Et Maria Vargas Llosa choisit de le faire revivre en alternant les chapitres consacrés aux derniers mois de sa vie en prison – il a été pris dans un imbroglio entre l’Allemagne et l’Angleterre pendant la première guerre mondiale pour libérer sa chère Irlande – et ses explorations de jeunesse au Congo puis en Amazonie.

Trois périodes dans sa vie - trois parties dans le livre.

La première au Congo : fasciné très jeune par les exploits des explorateurs comme Docteur Livingstone, il rêve d’aventure en Afrique. Orphelin dès l’âge de dix ans, il est élevé par un grand-oncle en Uster, mais dès sa majorité il va s’embarquer pour son rêve : le continent africain.

Nous sommes en 1883. A cette époque le Roi des Belges, Léopold II, est en train d’annexer un très vaste territoire qui va devenir le futur Congo : sous prétexte de civiliser et d’évangéliser les peuples africains, les colons se livrent sur place à un véritable massacre des populations locales pour exploiter l’hévéa et produire le fameux caoutchouc.
Peu à peu la conscience de Roger s’éveille : en tant que consul britannique il peut parcourir les contrées sauvages. Ce qu’il va découvrir a de quoi faire dresser les cheveux sur la tête : quelques tortionnaires y exercent tellement d’atrocités - « raids » pour capturer des « sauvages », viols, torture comme l’horrible « cep » qui suspend les sauvages dans des cages en hauteur ou blessures graves à l’aide d’une « chicotte », suppression des mains ou du sexe en cas de récolte insuffisante … - que son Rapport sur le Congo fera date et contribuera à soulever l'opinion européenne contre l'administration directe de la colonie par Léopold ; une commission d'enquête va être formée. Suite aux conclusions de cette commission, le gouvernement de la colonie sera transféré à l'État belge.

« Tout le reste de sa vie, Roger Casement – il se disait une fois de plus maintenant, en 1902, au milieu de sa fièvre – avait regretté d’avoir consacré ses huit premières années en Afrique à travailler, comme un pion dans un jeu d’échecs, à la construction de l’Etat indépendant du Congo, y investissant son temps, sa santé, ses efforts, son idéalisme et croyant que, de la sorte, il œuvrait pour un but philanthropique. »

Deuxième période : le Pérou.

De retour en Angleterre sa mission humanitaire va se poursuivre : un temps consul au Brésil, il est envoyé à nouveau en mission par le Foreign Office pour enquêter en Amazonie, dans des contrées sauvages, entre Iquitos et Putumayo, entre le Pérou et la Colombie. Ici les scènes barbares qu’il découvre ressemblent étrangement aux monstruosités découvertes au Congo : au nom de la « Péruvian Amazon Company » et au nom encore d’une mission civilisatrice, quelques colons sanguinaires massacrent les populations locales en exploitant l’hévéa. Les tortures sont atroces, les « sauvages » marqués au fer de la Compagnie et décimés par les tâches inhumaines.
De la même manière son premier puis second rapport, Le rapport bleu crée un véritable scandale et va contribuer à ruiner définitivement ses principaux dirigeants, responsables des atrocités contre les sauvages.

Mais peu à peu, outre les souffrances physiques qu’il éprouve dans la jungle, c’est le découragement moral auquel Roger Casement est confronté : il n’en peut bientôt plus de ces horreurs africaines ou amazoniennes, il n’aspire qu’à rentrer chez lui. De retour en Angleterre il est acclamé pour son action, et même anobli par le Roi.

Et c’est une troisième période qui s’ouvre : la période irlandaise.

En effet Roger ne peut s‘empêcher d’assimiler la situation d’opprimés des peuples africains ou amazoniens qu’il a longuement côtoyés face à la puissance colonisatrice de l’Angleterre à celle du peuple de son enfance : les Irlandais. Une conscience d’opprimé naît en lui, et il se met à rêver d’un destin hors du commun comme libérateur de sa chère patrie. Mais rien ne va être simple à partir de ce moment-là.

Sa rencontre avec l’historienne irlandaise Alice Stopford Green va lui ouvrir les yeux : en lui faisant lire des contes et légendes celtiques, elle l’éduque petit à petit à la culture irlandaise et à l’oppression anglaise qui cherche à éliminer toute velléité d’indépendance. Tout d’abord soutien des mouvements pacifistes – le Home Rule – il se radicalise peu et à peu et épouse la thèse selon laquelle la seule solution d’indépendance passera par les armes. Mais il va commettre une erreur en imaginant qu’il faut s’allier à une autre puissance militaire pour renverser le régime anglais : il prend des contacts avec l’Allemagne dans l’idée de s’appuyer sur les Allemands pour combattre les Anglais pendant la première guerre mondiale, mais un imbroglio diplomatique fera que les armes ne parviendront jamais aux Irlandais et que l’insurrection « de Pâques sanglantes » sera sauvagement maîtrisée par les Anglais, et Roger emprisonné pour haute trahison.

Mais en matière de trahison, Roger en connut une personnelle bien amère.
Très tôt attiré par l’esthétique des corps, il découvre peu à peu son attirance pour les jeunes garçons. Plein de culpabilité – Roger réfléchit beaucoup aux questions de religion et finira par « retrouver » sa foi catholique héritée de sa mère – il s’échappe pourtant de temps en temps pour vivre des escapades coupables avec de jeunes africains ou amazoniens. Mais la plupart du temps c’est la solitude auquel il est le plus confronté : malgré des amitiés solides, Roger ne partagea jamais son quotidien avec un autre homme. Sauf à la fin. Lorsqu’il débarque aux Etats-Unis pour aller lever des fonds pour les « Ulster Volunteers », la force armée irlandaise, un jeune homme se présente à lui dès le premier jour, comme par enchantement. Il se dit norvégien. Et il est très beau. Pour Roger ce sera le « coup de foudre » et Eivind Adler Christensen va l’accompagner partout, jusqu’en Allemagne. Pas de chance pour Roger : cet Eivind est un agent secret à la solde du gouvernement britannique qui n’accorde aucun intérêt à Roger et ne s’intéresse qu’à l’argent.

Alors, un héros, Roger Casement ?

Ses coupables amours homosexuelles auront raison de son image finale : dans ses journaux intimes il décrit des scènes érotiques – vécues ou rêvées – : pain béni pour l’administration anglaise qui va s’en emparer et les faire publier pour contrecarrer le soutien et le crédit dont il bénéficie en Angleterre et en Europe comme humaniste qui a beaucoup fait pour les populations locales et ternir son image dans les journaux. Et la conséquence ne va pas tarder à tomber, malgré l’espoir cultivé pendant trois mois – le temps de ce récit de cinq cents pages - du recours en grâce : nous sommes en 1916 et Roger sera exécuté reconnu coupable de haute trahison contre sa patrie anglaise.


Après avoir évoqué l'assassinat de Leonidas Trujillo, dictateur de la République dominicaine, dans « La fête au Bouc » puis les derniers jours de la féministe Flora Tristan dans « Le paradis - un peu plus loin », le Prix Nobel de littérature 2010 ressuscite à nouveau une figure historique d'envergure, un personnage dont il sait mettre en valeur la grandeur humaniste, et les affres de travers aujourd’hui jugés banals – l’attirance homosexuelle. Or Roger souffre encore plus d’imaginer que la dernière image que les gens garderont de lui sera celle d’un homme « dépravé », quitte à oublier tout le reste de son action. Avec « le rêve du Celte » Vargas Llosa réhabilite l’humaniste.

« Avec la révolution des mœurs, principalement sur le plan sexuel, en Irlande, peu à peu, et presque toujours avec réticence et du bout des lèvres, le nom de Casement s’est frayé un chemin jusqu’à être accepté pour ce qu’il fut : l’un des grands combattants anticolonialistes et défenseurs des droits de l’homme et des cultures indigènes de son temps, et un artisan dévoué de l’émancipation de l’Irlande. »

Comme souvent dans ses romans, Mario Vargas Llosa aura donc posé des questions éternelles et universelles. Même si les conditions ont changé, la thématique du progrès, de la civilisation apportée par les blancs européens est toujours centrale dans de nombreuses régions du monde, à commencer par cette Amérique latine si chère à l’auteur, où la terre est à nouveau source de profits tentants et rapides, quitte à épuiser les sols…

« Si tu veux comprendre le mal, il y a un seul moyen, cesser de raisonner et s’en remettre à la religion : c’est ça le péché originel » , lançait-il à un ami au Congo.

Maîtrisé, efficace, passionnant, ce « Rêve du Celte » à travers Vargas Llosa rend ici un magnifique hommage à un personnage tombé injustement dans l’oubli.

Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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J'ai appris plein de choses graves
(histoire du Congo; destruction de l'Amazonie (et ses indiens) pour le caoutchouc)
C'est un livre à recommander absolument en tant que documentaire.
En revanche je n'ai jamais réussi à m'intéresser au héros et ses états d'âme, toute la partie "celtique" m'a plutôt ennuyée, je préfère lire Don Mario lorsqu'il est plus léger ...
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Un livre intéressant, mais avec des erreurs historiques

le Rêve du Celte est un livre intéressant, bien dans la veine des romans ou documents historiques de Vargas Llosa, même s'il n'atteint pas le niveau de ses oeuvres antérieures, par exemple La Fête au Bouc, relation épique de la terrifiante dictature de Trujillo en République Dominicaine.
En revanche, on trouve dans le Rêve du Celte un certain nombre d'erreurs historiques qui nuisent à la crédibilité du récit, concernant notamment les relations entre Casement et Stanley et les descriptions erronées de ce dernier.
Ainsi, il est écrit page 51 du livre que l'expédition de Stanley à la recherche de Livingstone en 1871-72 s'était livrée à de nombreuses exactions, notamment « des chefs de tribus décapités, leurs femmes et leurs enfants fusillés s'ils refusaient de nourrir les expéditionnaires… ». C'est inexact, et les relations de ce voyage n'ont jamais rapporté de tels faits, même venant des critiques les plus virulents de Stanley et de sa façon « d'explorer » en Afrique.
Plus ennuyeux encore, Vargas Llosa indique page 69 que Casement était retourné en 1888 (voir aussi p. 71) travailler « à nouveau sous les ordres de Henri Morton Stanley » à la construction du chemin de fer reliant Boma/Matadi au Stanley Pool. Encore une erreur de l'estimable écrivain péruvien, pour la bonne raison que Stanley n'est plus retourné travailler au Congo pour Lépold II à partir de la fin 1884, en ayant été plus ou moins écarté par le souverain belge depuis la conférence de Berlin (fin 84 début 85). Entre 1886 et 1888, l'explorateur anglo-américain était engagé dans sa fameuse expédition à la recherche d'Emin Pacha.
Autre petite erreur dans cette même page : le surnom donné à Stanley de « Bula Matadi » est erroné. Il s'agit en fait de « Bula Matari » (le briseur de rochers), surnom qui figure sur la tombe de Stanley au sud de Londres. Peut-être une coquille de l'éditeur, mais néanmoins révélatrice des approximations historiques de ce livre. C'est dommage, d'autant plus que Vargas Llosa avait annoncé qu'il avait longuement enquêté sur le sujet avant la publication de l'ouvrage.
A suivre

Globetrotter
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J'aime souvent les romans de Vargas Llosa mais là je suis déçue. Sur le fond j'ai appris des choses sur l'esclavage au Congo ou en Amazonie que j'ignorais totalement, sur l'Irlande mais ma lecture a été laborieuse, et j'ai fini par sauter des pages pour lire la fin. Des longueurs, des précisions qui ne m'intéressaient pas, peu d'empathie pour le héros. peut-être trop de choses dans un même roman. tant pis.
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Autant "La fête au bouc" m'avait subjugué, autant "Aux cinq rues, Lima" m'était resté croustillant, autant "Le rêve du Celte" m'a gravement ennuyé.
Ces lancinantes réflexions d'un janséniste torturé et naïf qui côtoie un attrait pour les petits garçons, et pour qui la justice n'a finalement rien à voir avec la politique, sont particulièrement lassantes.
Alors, est-ce vraiment l'histoire de quelqu'un ou bien un peu celle de celui qui la raconte?
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