Soyons francs, je n'ai pas tout compris à cette histoire.
Il s'agit de la relation très difficile entre un père et son fils.
Je n'ai pas compris quelle était la part inventée par le père, sur son enfance notamment.
Je n'ai pas très bien compris où est passé le fils dans l'histoire avec Lena.
Je n'ai rien compris dans le dernier voyage en voiture entre le père et le fils.
Je n'ai pas compris où allait le fils.
Je n'ai pas compris ce qu'il advenait du père.
Bref, je n'ai pratiquement rien compris.
Mais étrangement, j'ai bien aimé quand même.
L'écriture est très belle, très poétique.
Bien que ne comprenant presque rien, je suis allée jusqu'au bout emportée par le style, pour le plaisir des mots et des phrases.
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Remarquable livre sur la paternité, la lignée paternelle, ses transmissions, ses "Complexes"... Comment continuer, se différencier, supporter, assumer, exécuter ses devoirs, aimer, se passionner, s'émanciper, outrepasser, sortir des rails et des clichés, faire mal et faire bien...
J'ai rarement lu un livre aussi déployé sur cette "thématique" "masculine". En balancier, l'écriture est poétique, fine, et sans mièvrerie. Floue et pourtant précise.
De la terre, aux fleurs, aux sons de piano... Des envolées de bouches fermées, aux lèvres qui s'ouvrent, tout ça fait mal. Très mal. Tout ça fait bien. Très bien.
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À 81 ans, Alain Veinstein accomplit une bien surprenante plongée aux racines de son oeuvre. En remaniant « L'Accordeur », premier roman paru en 1996, et en y adjoignant une « Léna » à la croisée de l'autobiographie et de la cavalcade poétique d'un Breton dans « Nadja », il livre un texte dont la poésie protéiforme vaut davantage qu'un simple détour.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Je n'aurais donc pas eu à cacher mon visage dans les bras d'un père. C'est peut-être pour cela que je n'ai pas eu de visage. Et c'est parce que je n'ai pas eu de visage que j'a voulu, à mon tour, avoir un fils. Mais que voit un fils qui fixe le visage d'un père sans visage ? Je raconte cette histoire dans l'espoir d'arracher le masque à tout jamais et découvre, stupéfait comme un innocent, qu'un masque ne fait qu'en cacher un autre. Si visage il a au bout du compte, ce ne peut être que la face écarlate de l'écorché.
Même un âne, m'a-t-on assuré, sait prendre un air de souffrance. Un homme qui porte un fardeau n'inspire pour ainsi dire jamais de pitié. Et de toute faon la pitié ne supprimerait pas le fardeau.
Je n'avais pas assisté à l'accouchement. Je n'avais pas entendu le cri du vivant. D'ailleurs, je n'avais jamais distingué ce cri du hurlement strident à faire frémir les os que poussait le lapin attrapé par les oreilles, quand mon grand-père l'assommait du tranchant de la main...
Les mots, j'ai pu m'en rendre compte, n'atténuent pas le désastre. J'avais longtemps espéré que, comme le laurier rose qui avait fleuri à Hiroshima, un an après l'explosion de la bombe, à quelques mètres du foyer, ils finiraient par triompher du silence et de la séparation.
J'avais supposé que l'enfant qu'elle réclamait à cor et à cri mettrait entre nous un peu d'air. C'était méconnaître que deux êtres grimaçant dans l'ombre d'une chambre n'étaient que deux solitudes incapables d'engendre un enfant de l'amour.
Alain Veinstein. Cent quarante quatre signes.