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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un roman de la collection " Terres d' Amérique " de chez Albin Michel , c'est tentant . Je remercie donc cet éditeur et Babelio de me l'avoir offert.

Cette lecture, je l'ai abordée avec curiosité ,d'abord attirée par le côté vintage, l'Arizona et la promesse d'un road-trip.

Mais, très vite , le ton est donné : il faut subir une immersion totale dans la communauté mormone .
La première partie du roman nous en décrit le quotidien par le menu .
Au fil du récit, se dévoilent les moeurs : polygamie , pédophilie , maltraitances , cupidité , barbarie etc... le tout bien drapé dans le conformisme religieux .
Le sectarisme de l'endoctrinement préservant de tout sentiment de culpabilité , le chef de famille peut imposer toutes ses volontés . Ainsi, la jeune Loretta voit-elle ses rêves de liberté anéantis par un père puis un mari.

Elle va se retrouver embourbée dans une vie d'un autre âge , aux côtés de sa "soeur ", l'autre épouse , qu'elle devra relayer pour procréer tout en menant une vie de labeur, d'obéissance et de prières.
Mais, elle va côtoyer d'autres jeunes qui comme elle, rêvent de fuir ce milieu austère : ils aiment le rock ou la moto , les voitures . Mais , tout divertissement étant proscrit , que d'abnégation et de ruses il faudra pour arriver à leurs fins !

Et ainsi avance-t-on dans le récit à un rythme lent, lourd, pesant ; j'ai eu l'impression d'être moi-même engluée dans cette communauté et ce, pendant plus des deux tiers du roman .

Pourtant, l'auteur a sans doute voulu aérer le récit en ponctuant les différents chapitres de parenthèses bizarres : on a ainsi droit au feuilleton biographique d'un cascadeur, qu'un des jeunes mormons idolâtre en secret .J'avoue avoir fini par les survoler tant elles m'ennuyaient ces péripéties !

Alors, elle en a mis du temps pour bouger la Loretta !
Et, si road-trip il y a , on ne peut pas dire que l'aventure soit bien palpitante : ça manque de souffle !
C'est dommage , les personnages étaient plutôt bien campés.

Sinon, j'imagine que l'auteur a écrit ce roman pour dénoncer les dérives sectaires . Pourtant , parfois, j'ai eu une impression fugitive de condescendance : je préfère l'attribuer à des formules maladroites .
La fin aussi me laisse perplexe.

Je dirais que c'est un roman ténébreux , acide qui propose un regard désabusé sur une Amérique profonde des années 70 .
C' est un premier roman , voyons la suite.







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La vie de Loretta semble toute tracée, née dans une famille pauvre de Short Creek, bourgade de l'Arizona profond où les mormons imposent coutumes et règles de vie : comme d'autres avant elle, elle finira "soeur", c'est à dire énième épouse mariée de force avant sa majorité à un adulte mormon polygame.

Mais Loretta ne l'entend pas ainsi, découvrant très jeune que de simples escapades nocturnes depuis la fenêtre de sa chambre lui ouvrent les portes du monde et de la vraie vie avec Bradshaw. Ensemble, ils bâtissent des projets de fuite ; demain ; lorsqu'ils auront rassemblé un petit pécule.

Un demain qui n'arrive pas assez vite et Loretta est "confiée" à Dean dont elle devient après Ruth, la deuxième épouse. Et prend son mal en patience... gardant son rêve en tête. Car chassez le naturel, il revient au galop. Et si ce n'est avec Bradshaw, c'est avec Jason et Boyd que Loretta s'enfuira vivre son rêve, ou plutôt tenter de le vivre...

Goodbye Loretta se veut à la fois le portait d'une femme libre, un road trip désespéré dans l'ouest américain et une plongée détaillée autant qu'accablante dans la culture mormone.

Il m'aura toutefois manqué ce petit plus qui m'aurait permis de m'attacher davantage à Loretta qui ne dégage finalement pas autant d'empathie qu'on le penserait, qu'on a du mal à suivre dans ses orientations amoureuses, qui n'apparaît finalement ni si forte, ni si paumée pour vivre réellement tout ce qui lui arrive.

Mais comme pour tous les premiers romans, j'attendrai le suivant de Shawn Vestal pour un jugement plus définitif...

Merci enfin à Albin Michel - et à sa formidable collection Terres d'Amérique - ainsi qu'au Picabo River Book Club pour cette découverte.
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Dans l'Arizona des années 70, une jeune fille rêve de quitter sa communauté mormone et de vivre la vie d'une adolescente américaine.
Mais elle est mariée comme seconde épouse à un homme plus âgé et doit préparer sa fuite secrètement.

Pour cela, Loretta n'hésite pas à utiliser les hommes qu'elle rencontre. Mais l'auteur hésite à franchir le pas qui fait de Loretta un personnage farouchement épris d'indépendance et, du fait de sa situation , fondamentalement manipulateur. C'est pourtant bien ce qui se dessine lorsque l'on comprend les jeux de séduction qu'elle met en place, et les différents partenaires qui vont se succéder.
A mon sens, il ne s'agit nullement d'histoire d'amour, en tous cas de sa part. Elle veut seulement fuir cette communauté fondamentaliste et étouffante qui veut faire d'elle une servante et une mère.

Le livre aurait gagné à assumer ce désir d'émancipation qui aurait transformé Loretta de piètre victime en héroïne féministe.
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Voilà un livre très intéressant pour nous public français, puisqu'il nous ouvre les yeux sur deux "thèmes" très américains peu connus en France : le thème de fond, les mormons et un "thème pointillé",le cascadeur Evel Knievel.

Commençons par les mormons. Hasard de mes lectures, je venais de finir "Un long silence" de Mikal Gilmore, qui explique très bien les fondations de cette religion et m'a permis de bien comprendre cette mouvance.
L'auteur propose ici deux personnages principaux, nous faisant découvrir des mormons modérés et d'autres beaucoup plus intégristes et c'est très intéressant dans l'écriture cette confrontation.

Loretta est issue de la mouvance dur des mormons. Elle est mariée à 16 ans à un homme qui a déjà une épouse. C'est elle que l'on va suivre tout le long du livre. Elle qui a cru a 15 ans pouvoir s'échapper de cette vie rigide et que ce mariage enferme. Son époux étant déjà marié à Ruth, une femme dure, il est intéressant de voir le regard que Loretta porte sur elle. Cette femme est ce qu'elle pourrait être si elle décide de ne pas s'échapper.

Jason lui, est issu d'une communauté mormone qui est plus facilement identifiable à ce que l'on connaît en France, beaucoup plus modérée. Il cherche également à échapper à un avenir qui lui semble tout tracé.

Vous l'avez compris les deux se rencontrent et les rêves d'échappatoires se rencontrent. J'ai beaucoup aimé la première partie de ce livre, où l'histoire de l'un et de l'autre est racontée à tour de rôle.
De très jolis personnages secondaires, avec Dean et Ruth, les époux de Loretta, Boyd, le meilleur ami indien de Jason, rendent l'histoire encore plus touchante.

Un personnage secondaire important, que l'on retrouve dans la première partie en pointillé et qui est beaucoup plus présent dans la partie roadtrip, c'est Evel Knievel, un cascadeur qui doit être connu aux USA mais dont je n'avais jamais entendu parler. Et c'est là beaucoup plus déconcertant.

La partie roadtrip m'a moins séduit dans ce livre. L'écriture reste belle mais plus abstraite et comparé à la première partie j'ai été moins embarquée.

Un grand merci aux éditions Albin Michel pour cette lecture, et merci au Picabo River Book Club.
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Il semblerait que la plupart des lecteurs aient été attirés par l'aspect « road-trip » de ce roman. Pour ma part, c'est plutôt la consonance « religieuse » qui m'a poussée à accepter la proposition de Babelio : le résumé promettait une véritable immersion au coeur d'une communauté mormone intégriste et rigoriste, et je voyais là un bon moyen pour en apprendre un peu plus sur ce mouvement religieux, né du christianisme mais séparé de ce dernier. Mon objectif était donc, en premier lieu, de mieux comprendre l'origine du schisme théologique entre l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et le catholicisme, mais également de mieux saisir les différentes « formes » de ce courant religieux, car l'Eglise mormone est loin d'être unie et uniforme : elle est elle-même divisée en plusieurs branches, plus ou moins strictes et austères, et les divergences doctrinales elles-mêmes sont nombreuses.
Fin des années 70. Loretta, quinze ans, ne supporte plus son quotidien austère, fait de prières et d'étude des Saintes Ecritures, faite de silence et de restrictions. Alors, chaque nuit, elle se glisse hors de son lit, hors de chez elle, hors de cette communauté engluée dans les traditions et les interdits, pour rejoindre Bradshaw, son petit ami. L'espace de quelques heures, Loretta se glisse dans la peau d'une « gentille », d'une non-mormone, avant de se replonger dans l'immuabilité de son existence. Mais lorsque ses parents découvrent ses escapades nocturnes, ils craignent pour son âme, pour leur âme, et décident de la marier à Dean. Dean, qui dirige les Récoltes de Sion, Dean, qui a déjà une femme et sept enfants. Selon le Principe, celui du mariage plural, Loretta est désormais une « épouse-soeur », membre de cette famille céleste appelée à s'élever ensemble vers le salut. Loretta étouffe, mais ses rêves ne sont que cela : des chimères qui tournent et retournent dans son esprit sans qu'elle ne sache comment les faire basculer dans la réalité …
La première partie de ce roman, indéniablement la meilleure à mes yeux, nous offre donc une véritable plongée dans le morne quotidien de Loretta qui peine à s'adapter à son nouveau statut d'épouse-soeur au sein de cette communauté mormone fondamentaliste et polygame. Loretta n'a pas choisi cette existence, elle la subit, elle la hait. Mais pourtant, c'est la seule vie qu'elle connait. Il y a vraiment une dualité profonde dans le coeur de la Loretta de la première moitié du récit : d'un côté, elle rêve de s'enfuir, elle rêve de liberté, elle rêve d'une vie « normale », mais de l'autre, elle a peur de l'inconnu, peur de quitter tout ce qu'elle connait depuis toujours. Alors, Loretta accepte tout, sans se rebeller, sans se révolter, elle accepte tout, elle suit le chemin qu'on a tracé devant elle. Et elle s'enlise dans ce nouveau quotidien, aussi monotone, aussi pénible que celui qu'elle avait chez ses parents, avec la nouvelle obligation de « porter une glorieuse semence jusqu'au Seigneur » … Il ne se passe pas grand-chose d'exceptionnel dans les deux-cents premières pages, le rythme est trainant, languissant, pesant. Et cela correspond tout à fait à l'ambiance, à l'atmosphère, de ce roman : c'est oppressant, dérangeant. Mais clairement, cette partie est sans le moindre doute la plus intéressante, la plus instructive.
En effet, à partir du moment où Loretta rencontre Jason, le neveu de Dean, suite au décès du père de ce dernier, tout s'effondre. Déjà, les chapitres consacrés aux « discours » d'Evel Knievel, un motard cascadeur, faisaient tâches, s'incrustaient dans l'histoire sans avoir aucun lien avec elle et sans rien lui apporter. Mais alors, ce n'était rien comparé à ce que nous offre la dernière partie du roman ! Ça part dans tous les sens et n'a donc plus aucun sens. L'auteur voulait nous proposer une « ode à la liberté », un road-trip « mémorable » … Pourquoi pas, mais encore faudrait-il que cela soit cohérent avec le reste du roman. En l'espace de quelques pages, la personnalité même des personnages change du tout au tout, sans raison apparente, et ça ôte toute crédibilité au récit. Ce road-trip est invraisemblable, artificiel, illogique, irrationnel, aberrant. Il n'avait rien à faire, du moins sous cette forme, dans cette histoire. Quelle déception ! Je n'ai ressenti aucun intérêt pour cette seconde partie, je l'ai lu uniquement pour savoir le fin mot de l'histoire, parce que je n'aime pas abandonner une lecture, mais c'était plus par devoir que par envie. C'est tellement dommage, ce tournant pris par l'histoire, car tout était si intéressant jusqu'alors !
En bref, une lecture plus que mitigée. Après un début prometteur, captivant, porté par une plume extraordinaire, d'une force incroyable, qui vous prend aux tripes et vous transporte au coeur des Amériques des années 70, l'histoire prend une direction bien moins profonde, caractérisée par une bonne dose d'incohérence et d'invraisemblance. J'ai donc bien du mal à savoir si j'ai aimé ce roman ou non : le déséquilibre entre les deux parties, ainsi que l'insertion régulière de chapitres dédiés à un motard qui n'apporte rien à l'histoire, me laisse plus que perplexe. Ce n'est pas une déception totale, loin de là, j'ai vraiment terriblement apprécié la première partie, mais c'est clairement une promesse qui n'a pas été tenue, et c'est quelque chose qui a tendance à me frustrer légèrement. A conseiller donc à ceux que les changements brusques et aberrantes de personnalités ne dérangent pas, et qui aiment les road-trip improbables et invraisemblables … A noter toutefois : de magnifiques descriptions de paysages qui vous feront rêver et voyager !
Lien : http://lesmotsetaientlivres...
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Les grandes villes des côtes est et ouest peuvent donner l'illusion que les États-Unis sont un pays avancé, paradis technologique et gardien de la paix dans le monde. Je prends donc toujours plaisir à lire des récits qui dépeignent le diversité de populations qui vivent entre ces caricaturales extrémités.

C'est ainsi que je me suis volontiers laissé tenter par l'invitation à commenter "Goodbye Loretta", dans le cadre d'une Masse critique spécialement consacrée à ce premier roman de Shawn Vestal.

Nous sommes à la fin des années 1970 dans une communauté de Mormons fondamentalistes. Loretta, 15 ans, rêve de s'en échapper, avec son petit copain. Elle veut quitter ce monde austère et désuet pour découvrir le monde des magazines à la mode. Mais son père, considérant cette liaison d'adolescents comme un danger pour sa fille, décide rapidement de la donner en deuxième épouse à un homme bien plus âgé qu'elle. Car ces Mormons-là pratiquent encore le mariage plural. Comme on peut s'en douter, cela ne calme pas les envies de liberté de Loretta...

Je ne connaissais pas grand chose des Mormons et je me réjouissais d'en apprendre davantage au travers de cette fiction. Mais en me documentant un peu après ma lecture, j'ai appris que les « Mormons fondamentalistes » dont il est question ici sont une communauté d'environ 40.000 personnes, qui n'est pas reconnue par les réels Mormons de l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, laquelle a abolit le mariage plural aux Etats-Unis en 1890 et puis dans le monde entier en 1904. C'est donc d'une communauté relativement marginale qu'il est question ici.

Tableaux de vie dans la communauté, violence d'une jeunesse qui se cherche, conflits de générations et de cultures, voilà ce qui constitue le récit, qui se termine par une échappée en voiture à l'américaine.

Cela dit, j'ai eu de la peine à accrocher au texte, qui m'a ennuyé. Certes, le cadre de la communauté des Mormons fondamentalistes polygames est original; il m'a intéressé, mais sans me passionner. Pour le reste, ma foi, ce n'est pas la première histoire de jeunes qui rêvent d'une autre vie et rien ne m'a particulièrement ému ni tenu en haleine dans celle-ci (je serais curieux de voir comment Ian McEwan l'aurait écrite). Peut-être devrais-je relire ce livre: je ne trouve paradoxalement rien à redire à la belle critique positive qu'il a inspirée à Fandol sur Babelio le 05/04/2018. Mais je resterai honnête en livrant ici mes impressions, dans toute leur subjectivité, tout en ne parvenant pas à décider si je vais vous recommander ce livre ou vous le déconseiller...

Si vous le lisez, dites-moi donc, pour l'anecdote, comment vous imaginez l'épisode de la traque des lièvres. Moi, je ne visualise pas comment on peut parvenir à ainsi assommer ces bestioles, dont la vitesse n'est pas une légende ! Ou aurais-je loupé des filets, quelque part ?

Allez, ça me donne envie de relire John Irving, ça fait longtemps...
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Une étonnante plongée dans l'Amérique des années 70 et plus particulièrement dans la communauté mormone.
Je confesse au passage ne connaitre de cette religion que le cliché relatif à la polygamie.

L'auteur dépeint avec réalisme le quotidien de ces fondamentalistes mormons, une vie rurale régie par la rigueur morale, le labeur, le non-dit et la frugalité. Il ne force pas le trait et montre que de nombreux Mormons ont une pratique moins rigide de la religion.

Dans tous les cas, insatisfaction, questionnement et révolte se manifestent chez les plus jeunes de façon plus ou moins radicale.
Avec cette volonté d'émancipation de ses personnages issus d'une communauté religieuse particulière ou descendants de peuples autochtones, Shawn Vestal évoque un parallèle avec les nombreux mouvements contestataires de la jeunesse américaine des années 70 rejetant le puritanisme, le consumérisme , la ségrégation raciale et à la guerre du Vietnam.

Comme les jeunes mormons face à leur ainés arque-boutés sur leurs préceptes religieux anachroniques, les jeunes américains se heurtent à une société encore gangrenée par des relents de maccarthysme et la toute puissance de l'argent, où les droits civiques restent lettre morte dans de nombreux états et dont les minorités autochtones sont quasiment exclus.

Sur ces quelques points, écoutant le journal télévisé il me semble que les choses n'ont guère bougé depuis les années 70.
C'est sans doute aussi le constat que nous suggère ici Shawn Vestal.

A lire évidemment.

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Je suis assez mitigée en ce qui concerne ce roman. Même si j'ai apprécié ma lecture et toutes les informations qu'apporte l'auteur au sujet des communautés mormons aux États-Unis dans les années soixante-dix, il m'a manqué quelque chose. Après avoir lu le résumé, sa mention d'une « aventure mémorable aux allures de road trip », je m'attendais à plus d'action. Que cette aventure commencerait dans les 100 premières pages, ou peu après. Mais ça n'a pas été le cas.

Néanmoins, j'ai trouvé le sujet des communautés mormons intéressant. En particulier parce que l'auteur s'appuie sur des faits réels en les modifiants quelque peu. Connaître les croyances, les coutumes ou encore le passé de ces deux familles mormons très différentes l'une de l'autre m'a plu.

Ce roman regorge de détails, d'informations, d'explications ou encore de descriptions très variées, allant des personnages aux lieux en passant par les us et coutumes des communautés mormons. Ce qui le rend assez dense même si la plume de l'auteur est plutôt fluide. Et même si c'est quelque chose que j'aime beaucoup pendant mes lectures, j'avoue m'être un peu perdu dans certaines explications. Personnellement, je pense que c'est le genre de roman à lire sans distraction alentour.

On rencontre différents personnages et on alterne entre eux au fil des chapitres. Ils sont très bien développés, on en apprend beaucoup à leur sujet, aussi bien présent que passé. Même si il est surtout question de Loretta, j'ai préféré Jason et son côté passionné qui est touchant.

À choisir, j'ai préféré la fin du roman où il y a davantage de mouvement. Ce qui rend le récit moins dense et atténue les longueurs. En revanche je n'ai pas accroché aux chapitres concernant le cascadeur Evel Knievel. J'ai eu du mal à comprendre ce qu'il venait faire dans l'histoire, n'étant à mon sens, pas vraiment nécessaire.

« Goodbye, Loretta » n'est pas forcément à mettre dans toutes les mains, mais il ravira les amateurs de romans de ce genre. Les amateurs d'histoire, des États-Unis pendant les années soixante-dix, ou encore des différentes communautés qui ont pu s'y établir à cette époque.
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Loretta est éprise de liberté. Dès la première page, cette jeune fille de 15 ans s'extirpe de la maison de ses parents pour retrouver en cachette son petit ami, Bradshaw. A peine faisons-nous sa connaissance, elle cherche déjà à s'échapper. Nous sommes en 1974 en Arizona, dans une petite bourgade où vit une communauté de mormons. Les parents de Loretta en font partie et la jeune fille ne rêve que d'une chose : partir loin de Short Creek pour vivre la vie d'une jeune femme "normale", moderne.

"Loretta ne s'est jamais sentie à sa place ici. (...) Elle n'a pas envie de vivre dans une de ces familles étranges et tentaculaires, où les hommes sont entourés de constellations d'épouses et d'enfants. Elle s'imagine un avenir proche des publicités de magazines qu'elle entrevoit dans les boutiques, au salon de coiffure (...). Des vêtements modernes, des voitures rapides, du maquillage, des tours d'immeubles qui brillent dans la nuit, des cigarettes, des cocktails, et tout ce qui est interdit. Elle adore cette publicité pour du rouge à lèvres dans laquelle une belle fille en jean noir allongée sur le capot d'une Mustang rose sourit d'un air narquois à l'objectif. le nom du rouge à lèvres ressemble à un mot de passe : Tussy." (pages 20-21).

Son père apprend ses escapades nocturnes et convaincu que l'âme de sa fille est en "péril", il prend une décision radicale. A 15 ans, Loretta est donnée en mariage à Dean, la quarantaine, déjà marié et père de sept enfants... Loretta, séparée de ses parents, devient "épouse-soeur", sa deuxième épouse. Son avenir est désormais réduit à une vie terne, consacrée aux prières, aux corvées ménagères et à enfanter. Au coeur de cette communauté mormone polygame fondamentaliste, les femmes n'ont pas leur mot à dire. Ce mariage forcé avec un homme proche de la cinquantaine et ses conséquences sont terrifiants pour la jeune fille.

"Dean avait rougi, ses énormes oreilles étaient devenues écarlates, et, même si Loretta le connaissait à peine, même si elle n'avait que quinze ans, elle avait vu dans ses petits yeux de lapin que ce n'était pas le royaume céleste qu'il avait à l'esprit." (page 38)

Dean décide de séjourner chez son frère accompagné de Ruth - sa première épouse -, de ses enfants et de Loretta, suite au décès de son père. Son frère, sa femme et son fils Jason sont tous issus d'une communauté mormone ordinaire, c'est-à-dire monogame et somme toute assez tolérante envers la culture non-mormone. Même si Dean leur présente Loretta comme la nièce de Ruth, il ne trompe personne. "Ils ont l'air complètement terrifiés".

Jason est fan de Led Zeppelin, du Seigneur des Anneaux et vénère Evel Knievel, célèbre motard cascadeur (qui a réellement existé). le jeune homme se lasse de ce mode de vie strict et rêve lui aussi d'une vie meilleure, ailleurs.

"Ces derniers temps, à chaque amen, Jason ressent un point vide - les questions, les doutes et l'ennui qui l'assaillent depuis des mois le détachent de l'Eglise. Trois heures d'office le dimanche, soirée familiale le lundi, groupe de jeunesse le mercredi, cinq millions de prières par jour. (...) il voulait être différent, et il voulait que les autres sachent qu'il était différent et lorsqu'il avait fini par le reconnaître il était déjà différent." (page 67)

Lorsque Loretta rencontre Jason, elle reprend espoir. Pour elle, Jason est sa porte de sortie vers un avenir qu'elle voit à travers les magazines féminins. Pour le jeune homme, "Loretta doit être sauvée, de Dean et tout ce bazar, et il a le sentiment que cette mission lui incombe." Il ne faut pas oublier Boyd, ami de Jason et Indien, qui fera lui aussi partie du voyage. Un événement va précipiter les protagonistes à fuir cette communauté dans laquelle ils ne trouvent pas leur place. S'en suit un road-trip mémorable vers la liberté, mais aussi vers les désillusions de la vie telle qu'elle est réellement...

Shawn Vestal, à travers quelques monologues fictifs d'Evel Knievel, nous donne une critique acerbe des Etats-Unis à propos du rêve américain, de l'argent, du pouvoir et du monde du spectacle.

L'auteur nous transmet également de précieuses informations sur la communauté des mormons, qu'elle soit fondamentaliste, polygame ou monogame. Il nous rappelle le raid de Short Creek du 26 juillet 1953, dans lequel les fédéraux ont arrêté massivement des Mormons polygames. Il nous permet aussi de nous donner une idée précise des différences qui apparaissent entre ces deux communautés :

"Dean appelle Ruth "Mère" d'une voix sévère, ils s'habillent comme des pionniers et un air de privation délibérée flotte autour d'eux. Ils ne disent pas grand-chose, laissant volontiers la parole à Dean, ne regardent pas la télé, ne vont ni au cinéma ni aux soirées dansantes et mangent des choses bizarres." (page 126)

Mais Loretta, qui a été plongée dans ce monde si fermé depuis l'enfance, saura-t-elle se libérer complètement des principes qu'elle a appris ? Dès le début du road-trip, le récit change de structure et prend la forme d'un roman choral. Ainsi, le lecteur a accès aux impressions, aux sentiments de chaque personnage face à cette échappée, à cette quête de la liberté. Loretta atteindra-t-elle son objectif ? Devra-t-elle compter sur Jason pour être libre ? En tout cas, ce personnage doté d'un grand caractère et d'une ténacité sans faille ne laissera aucun lecteur indifférent.

"Elle s'interroge sur les démons et les hommes, se demande pourquoi elle croit aux démons, à des êtres au-delà du monde des hommes. Elle ne comprend pas pourquoi elle croit à leur existence, alors qu'elle a laissé derrière elle l'essentiel de son ancienne vie." (page 256)

En bref, Goodbye, Loretta est un très bon premier roman qui nous apprend énormément sur la communauté des Mormons, qu'elle soit fondamentaliste, monogame ou polygame, au sein de l'Amérique profonde des années 70. Ce roman est riche, avec un personnage féminin doté d'un fort caractère, une légende américaine égratignant son propre pays, des personnages épris de liberté et d'autres enfermés dans un milieu totalitaire et austère. Peut-on réellement s'extirper d'un milieu qui nous écoeure et dans lequel nous avons grandi ? Comment être libre ? Comment tourner le dos à son passé et avancer vers un avenir inconnu ? En tous cas, je suis certaine que Loretta et Jason resteront dans votre mémoire pendant un petit moment.
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« Good bye, Loretta », malgré ses ressemblances apparentes avec les romans de la Beat Generation comme « La route » de McCarthy pour ne citer que lui, va chercher ailleurs.

Plus qu'un voyage d'une jeunesse déboussolée dans le Midwest des années 70, c'est un coup de gueule contre les fondamentalistes, les mormons et autres membres de l'Eglise des Saints des derniers jours. Mais la dénonciation de l'auteur ratisse large, il s'en prend aussi à la vulgarité typiquement américaine, à cette société de consommation abject, à la population « redneck » décérébrée.

Pour appuyer ses accusations, l'auteur va placer trois protagonistes adolescents totalement perdus entre ces deux mondes dont les destins ne donnent que des choix binaires. Loretta d'un côté, seconde femme d'un chef de famille mormon évoquant Charles Ingals et dont les valeurs sont si douteuses qu'il doive cacher sa famille. D'un autre, Jason et Brad, deux adolescents immatures et révoltés, abrutis et fiers consommateurs des produits culturels de l'époque (musique de Led Zep, vidéos de cascades à motos, chasse au lapin à la batte de base-ball etc.).

Ce roman, c'est une fuite, le départ de ces 3 anti-héros. Mais loin de respecter les codes du road trip, Shawn Vestal les embarque dans une histoire glauque, sans morale ni respect, n'évitant aucune vulgarité, pire même, les grossissant ! Sans aucun doute, l'effet est voulu, c'est grossier et moche, mais ça dénonce.

C'est peut être ça la morale de ce livre : il n'y en as pas, il y a juste un rejet des deux pôles du Midwest américain de cette époque : le fondamentalisme et le consumérisme. Ou comment décrire une civilisation en pleine crise d'adolescence. Pour conclure, une lecture intéressante, une plume fine et facile, mais un fil directeur erratique et non maitrisé. Il fut très plaisant de découvrir les communautés précitées, mais l'aventure dans laquelle elles s'inscrivent se révèle un peu décevante.
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