ON A PERDU APOUTSIAK
Non ce n'est pas un chien, certes nous avons appelé notre chien moujik. Mais cette fois c'est bien un livre que l'on recherche, un livre mythique.
Le père Castor lui s'y retrouve, car il vient de rééditer
Apoutsiak, le petit flocon de neige écrit il y a fort longtemps par
Paul-Émile Victor, il y a plus de 50 ans. Reçu en cadeau par mon épouse, ce même livre je l'ai lu à mes enfants entre 6 et 10 ans.
Attention à la nuance, il y a plus de 50 années mon épouse avait entre 5 et 10 ans, et sa grand-mère une artiste orientaliste lui a offert ce livre qui n'a pas bougé depuis, sauf que : on a perdu....
Flammarion a réédité Apoutsiak et juste ajouté un petit CD lu par l'auteur
Paul-Emile Victor.
Le plus étrange c'est de vivre avec ce livre un dialogue inter-générations. C'est ma petite fille de 6 ans qui me l'a prêté parce que nous avions perdu le Nôtre.
Et par le plus grand des hasards l'autre grand-père de ma petite fille est le dépositaire de certaines archives de
Paul-Émile Victor notamment à travers les expéditions polaires que lui-même dirigeait.
Quel hasard ! le livre paraissait en août 1948, pour ma naissance.
Voici un livre merveilleusement dessiné un peu à la manière de
Henri Rivière, avec des lignes fines et des aplats de couleur, où les visages révèlent une profonde émotion, des émotions saisies à la façon des dessinateurs de BD.
Nous allons suivre la vie de ce jeune esquimau depuis sa naissance jusqu'à sa mort. Il porte comme tous les enfants un prénom qui signifie quelque chose de très fort : le sien sera petit flocon de neige.
On suivra sa vie, jusqu'au moment où il quittera un soir un territoire endormi, lui "en souriant comme chaque soir. Il était bien content de laisser là sa vieille carcasse toute usée, avec ses fossettes et son sourire". Plein d'étoiles dans les yeux, il partit au paradis.
Cette phrase est aussi celle de son réveil, à sa naissance. le petit flocon de neige était rond, doré, beau au réveil, il souriait tout frais comme un petit flocon et dans le fond de ses yeux noirs des étoiles brillaient.
Pas de débats, pas de problèmes, pas de sous entendus, pas d'à priori, les territoires sur lesquels se déroule l'histoire d'Apoutsiak, sont si âpres, si difficiles, et puisque tout s'y déroule sur la glace ou sur la neige.
Il faut pour vivre, chasser. La chasse est impérative, mais avec une économie de moyens, une économie de temps, une chasse à tous les gaspillages. le sentiment qu'il ne faut rien jeter, qu'il faut tout utiliser et ne rien perdre.
Paradoxalement la vie d'Apoutsiak est une très belle suite d'actes d'écologie même si pour survivre ils doivent tuer des animaux qu'ils vénèrent, ou qu'ils adorent.
Sur leurs kayaks comme sur leurs embarcations fragiles appelées, oumiaks, faites de bois et en bordées de peaux de phoque il est impératif de revenir chargé de nourritures.
C'est un terrain extraordinaire de beauté et dans le ciel on peut voir parfois plusieurs soleils. le soleil au milieu de quatre autres soleils sont des images qui se forment parfois quand l'air a une consistance particulière appelée parhélie. Ils devaient inventer des mots à la mesure des phénomènes observés
Merveilleux périple inséré dans un cercle arctique, qui touche notre humanité, la vie de ces couples au milieu d'autres animaux en est l'expression la plus visible. Il faut être habile certes mais surtout plein d'intelligence, l'intelligence du coeur, l'intelligence des mains, l'intelligence qui sait anticiper les difficultés de demain qui sait économiser son temps et sa hardiesse.
Magnifique livre écrit par Paul- Émile Victor, encore introuvable !