Un petit livre réjouissant et plein d'humour sur les dessous de l'écriture. L'auteur est un écrivain de polar contraint de courir les subventions et d'habiter dans des résidences d'écrivains pour payer la pension alimentaire de son ex-femme. C'est l'occasion pour lui de se moquer allègrement du petit milieu des écrivains et du mystère de la création. le tout en buvant du bon vin et en tentant de coucher avec tout ce qui bouge...
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Henri n'est pas au bout de ses peines, pas qu'il se foule trop non plus... mais cette résidence d'auteurs, faut se la cogner quand même. Humour mordant, vision (pas si totalement caricaturale que ça) du petit milieu des écrivains, aigris, prétentieux et fauchés. Faut l'admettre, ça sonne juste malgré l'outrance. Les pastiches du polar "littéraire" et de la poésie de terroir sonnent plus vrai que vrai. Lecture rapide, parfait pour le train.
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- Dis donc, Henri, le roi de la drague, c'est quoi ton idéal de femme ?
- Une petite chienne à qui je parlerais mal, à qui je pourrais mettre des baffes dans la gueule.
- On n'est jamais déçu avec toi. Et Lucien, l'homme des grands bois ?
- Euh... Moi, j'voudrais une femme qui me repasse mes chemises bien proprement.
- Ah oui, d'accord, dit Chloé. Une bonniche, quoi.
- Non, non, j'ai pas dit ça.
- Et toi, Le Tallec ? Insiste Tristane.
- Une apparition . Une femme diaphane qui lirait mes textes le soir à la veillée. Et toi, ton idéal masculin ?
- N'importe qui n'ayant rien à voir avec vous trois.
- Abrutie.
DIMANCHE 19
Le curé, Mimile, m'a coincé pour le sermon d'un prochain dimanche. Ça fait partie des servitudes de la résidence. Il me présentera aux fidèles et je prononcerai le sermon à sa place. Mimile me verrait bien parler de Dieu - c'est obligatoire, dit-il - mais pour le reste il envisage des mots forts sur la violence du monde et celle des quartiers défavorisés. Il faut pardonner, d'après lui. À part ça, il tient très bien le brouilly et le chablis, nous y reviendrons. Donc je relis la Bible et c'est génial : trente pages, dix morts. Ce livre est pour moi : j'adore ces mecs, les apôtres, tout ça.
Un chat dévore une souris sous le chêne près du garage. La queue de la souris frétille, dépassant de la gueule du greffier. Ce genre d'image m'évoque régulièrement le geste Waffen SS et je me sens habité d'un sentiment résistant très fort. Modeste mais résistant. J'arrache la faucille au râtelier et fais sauter la tête du minet.
Maintenant je cherche un coin pour enterrer le nazi décapité. C'est bien moi, ça : toujours à me mêler du monde en marche.
... je donne un coup de main à Lydia pour le café, dans la cuisine. Elle porte un haut bleu et un short jaune que j'ai du mal à quitter des yeux.
- Tu as réfléchi à l'orgasme dont je t'avais parlé ? dis-je.
- Henri, vous êtes fou. J'ai demandé à ma mère, putain l'engueulade.
- Tu sais toujours pas ce que c'est alors ?
- Ben si.
- comment ça ?
- C'est mon oncle qui m'a montré. Au début ça fait mal mais après c'est super.
- Je le fais très bien également.
- Ah oui ? Vous pouvez porter le café, c'est prêt.
J'adore la campagne, tout est simple.
La jeune Lydia qui nous livre les oeufs de la ferme des Lambert se tient dans la cuisine, scotchée à la petite radio d'Antoinette. Elle a quinze ans, les joues roses et une poitrine pharaonique.
- J'écris une étude sur l'orgasme, tu accepterais une interview ? Dis-je.
- Le quoi ?
- L'orgasme.
- c'est un truc médical, non ?
J'ai un peu de mal avec les adolescentes.
Marc Villard nous parle de ses influences, ses livres.