Le silence de Marie

"Ma douce Marie,

Je suis là, allongée dans ce grand lit froid.

J’essaye en vain de m’accrocher à la beauté des mots de Geneviève Pastre, mais je n’y arrive pas.
Mes pensées sont ailleurs. Elles sont penchées vers toi. Toi et tes mots, ta présence dont tu me fais part chaque jour, depuis déjà plusieurs mois.

Je crois que je t’aime Marie. Je t’aime pour tout ce que tu es et pour tout ce que tu m’offres. Je suis moi aussi une femme comblée comme je ne l’ai jamais été. J’aimerais te rendre éternellement heureuse avec le peu que je possède. Te combler de tout l’amour que je ressens pour toi, et bien plus encore.

Dans le silence de la nuit, je ferme les yeux et je me devine ton souffle apaisé qui aborde les rêves étoilés. Je devine ton corps chaud tout contre le mien et qui me frissonne encore. J’ose respirer lentement ton odeur qui m’enivre tout entière. J’ose poser mes lèvres sur ta peau afin de me nourrir de toute sa douceur.

Il me semble te connaître depuis toujours ! Toi, belle inconnue dont j’ignore le visage. Toi, que je m’imagine, que je devine et qui m’enivre. Notre amour répond à l’art ! Celui qui peut nous mettre en transe ! Celui qui peut nous conduire jusqu’à la jouissance ! Celui que l’on frôle sans le toucher ! Celui que l’on regarde les paupières fermées ! C’est Comme Rodin qui pose ses mains tremblantes sur le visage de Camille. Il ferme les yeux et, en ces instants, son corps tout entier parle sous le poids de l’émotion. Il frôle chaque courbe, chaque creux, chaque ride. Beautés sans nom. Moment unique, intense.

Bonne et douce nuit Marie. Belle Marie. Etoile rare est précieuse.

Je rêve d’être Rodin. Je l’envie !

A l’aube de mes quarante ans, je me retrouve adolescente !


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