un des livres que j'ai le plus offert....et donc ..racheté..
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Je suis là. Devant cette feuille blanche. Seule face à moi-même. Seule avec une histoire ; celle qui est mienne. Unique. Avec ses blessures, ses écorchures, ses silences. Dieu que c'est dur de se mettre à nu. Mais il le faut. Il faut crier ces choses, les vomir, les jeter là, quelque part.
J'écoute Sarah de Serge Reggiani et je pense à cette femme, à toutes ces femmes qui ont été blessées, torturées, déchirées, humiliées. A toutes celles qui ont souffert et qui souffrent encore. Elles sont belles ces femmes, fortes, riches, précieuses. Je les respecte. J'ai envie de les voir rire et de partager ces rires avec elles. "Traînant dans le ruisseau, un talon déchaussé et la tête et l'œil bas comme un oiseau blessé. Ne crachez pas de jurons ni d'ordures au visage fardé de cette pauvre femme impure, que Déesse famine a, par un soir d'hiver, contrainte à relever ses jupons en plein air. Ne riez pas, n'y touchez pas. Gardez vos larmes et vos sarcasmes ".
Je me sens un peu comme ces femmes. Prostituée. Offerte aux autres, à mes parents par obligation. M'accusant d'être là ; de trop. Trouvant que c'est normal, que je ne mérite que ça. Me nourrissant de toutes ces choses. Une façon de leur appartenir, de vivre pour eux, à travers eux.
Il faut jeter le voile. Monter sur la scène de la vie. S'exposer aux autres, ne plus avoir peur.
Ecrire. Panser (penser) ses blessures, mettre des mots sur des maux. C'est un acte d'exploration, une errance d'abord, puis une quête. On tisse son histoire. On tire le fil, le fil de soi(e).
Ce long voyage intérieur est la continuité d'un travail psychanalytique. Il est vrai que c'est difficile, tortueux. On trouve cela injuste de s'allonger sur un divan ou de se retrouver devant cette feuille avec ses mots, ses pensées, ses souffrances, ses douleurs... mais il donne vie à une grande richesse intérieure.
L'écriture agit sur les couches profondes de la mémoire et de l'inconscient. On donne forme à ce qui n'a jamais été dit. Des fragments de miroir où son existence se réfléchit par bribes indéfiniment. Une façon de parvenir à sa voix propre ; celle qui dormait depuis toujours dans l'arrière cœur, la voix d'enfance, pour dire l'enfant que j'ai été et que je suis.
Au moment où j'écris, je suis en lien avec quelqu'un. Ce lien c'est vous. Madame Gillet. Ma psychanalyste. Vous m'accompagnez tout au long de ce voyage dans chacun de mes silences, de mes soupirs.
Il ne s'agit pas de " bien écrire ", mais d'écrire au plus près de moi, de mes ressentis, de mon histoire. Jeter les mots comme ils viennent. Ne plus les fuir.
http://www.livresboibel.com/-nina-vivien,fr,3,178.cfm