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EAN : 9782268057217
292 pages
Les Editions du Rocher (09/02/2006)
4.06/5   9 notes
Résumé :
Le lieutenant Robert Lavilhaud, jeune officier réserviste originaire d'Amiens, orphelin d'un père militaire de carrière mort en héros, est nommé en Algérie, où les circonstances le contraignent à pratiquer la torture, malgré ses convictions religieuses.
Pris dans l'engrenage de la situation politique et militaire de l'Algérie dans ce tout début des années 60, les manipulations de ses supérieurs le conduisent à passer en jugement pour les actes commis et couve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Last but not the least … ce roman posthume (Vladimir Volkoff est mort en le corrigeant en septembre 2005) apparait comme le testament de l'écrivain masqué ici derrière le Lieutenant Robert Lavilhaud, jeune homme natif d'Amiens, se destinant à l'enseignement de la littérature, engagé volontaire en Algérie au début des années 60.

Confronté au terrorisme, la police et la gendarmerie ont tendance à appliquer des méthodes d'interrogation « viriles » et notre officier est plongé dans ce drame sur le secteur de Bourmont. Fidèle à la mémoire de son père, mort pour la France en juin 1940 avec les cadets de Saumur, et à son éducation chrétienne il refuse d'appliquer la torture et interdit à ses hommes la moindre brutalité sur les prisonniers. Dans un premier temps sa méthode obtient des résultats positifs, mais cela demande du temps …

Un soir où Lavilhaud interroge un prisonnier, la maternité de Bourmont est attaquée et sept victimes sont égorgées : deux soldats, une infirmière, un obstétricien, deux musulmanes et la femme d'un capitaine avec les crânes des trois bébés fendus en deux. Lavilhaud n'a pas compris à temps que son prisonnier était le chef du commando. Torturé par le remords, « J'aurais peut être pu l'empêcher », Lavilhaud voit ses convictions ébranlées.

Quelques semaines plus tard, un comédien est arrêté par la police qui a découvert dans ses bagages une liste d'armes et de munitions destinées à être livré au FLN. Lavilhaud et ses hommes sont chargés de le faire parler et de découvrir quand et comment cet arsenal va être livré … Cet interrogatoire réussit et le cargo est identifié. Mais Lavilhaud a du abuser de la manière forte et des marins innocents sont morts lorsque le cargo a mystérieusement coulé avec sa cargaison. Lavilhaud est ravagé par cet épisode.

Arrive le putsch d'avril 1961 puis l'épuration de l'armée … Lavilhaud est lâché par ses supérieurs soucieux de leurs carrières. Poursuivi en justice, il se retrouve face au comédien torturé et à son avocat, un alias de Maitre Vergés, et est condamné par la justice et par la presse « bien-pensante ».

Ce verdict casse ses fiançailles. « J'étais né pour être pur et j'ai trahi mon destin » !

Magnifique roman qui met en scène un Lieutenant et d'autres acteurs aux personnalités fortes et contrastées, dans le contexte des derniers mois de la guerre d'Algérie, avec une intrigue riche en interrogatoires, en montages et en retournements (trois spécialités de notre romancier).
Interrogation morale remarquable qui interpelle le lecteur sur l'ordre, la violence, la morale et aborde la question taboue de la torture et rappelant que la fin ne peut jamais justifier les moyens.

Ce dernier ouvrage de Volkoff met en évidence le contraste avec son tout premier ouvrage « Opération barbarie », écrit 40 ans plus tôt et publié en 2001 avec une postface de 30 pages débutant par « s'il est vrai que seuls les imbéciles ne changent jamais d'avis, je dois être très intelligent, car ma conception de la guerre d'Algérie a beaucoup évolué ». Autant « Opération Barbarie » m'apparait être une oeuvre compliquée, tortueuse, ambiguë autant « Le tortionnaire » est un chef d'oeuvre d'un très grand classicisme « ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement ».

Cinq étoiles sans hésitation !
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Dans ce roman, Volkoff campe Lavilhaud, un lieutenant, fils posthume d'un héros de guerre 39-45, homme de foi et de prière, patriote convaincu, d'une grande culture, ce qui ne l'empêche pas d'aimer la vie militaire.
Il a atterri dans un service de renseignements.
À la surprise de ses subordonnés, et en « bon » chrétien qui voit en tout homme un frère et le visage du Christ, il s'est juré de faire du renseignement sans jamais recourir à la torture. Ce qu'il fait très bien jusqu'au jour où... les cartes lui échappent.
Devant quels cas de conscience ce jeune officier catholique plein de beaux principes va-t-il se trouver ?
C'est aussi l'occasion pour Volkoff de rendre hommage aux soldats dont la vie a été brisée par l'abandon de l'Algérie.
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Vladimir Volkoff a le génie de la surprise. En des temps de repentance obligatoire et de bonne conscience, il campe dans son dernier roman un officier de renseignements de la guerre d'Algérie, chrétien fervent et patriote, qui obtient des résultats sans brutaliser quiconque, à la grande surprise de ses supérieurs. Les complexités tortueuses de la guerre d'Algérie, la conscience du héros dans L Histoire, le style facile et allègre de ce roman qui ne tombe jamais dans la banalité, réjouiront le lecteur sans préjugés. Vladimir Volkoff écrit des romans de facture classique, sans jamais rien céder aux avant-gardes ni aux modes, et ce respect des codes romanesques est sa suprême ironie, son charme prenant, son souci de donner au lecteur le plaisir de lire une histoire extraordinaire. le dernier mot est au plaisir.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mais le plus impitoyable de ses juges, c'était lui-même, et l'idée de citer à décharge les cinquante-huit mille trois cents jeunes Français dont certains lui devraient peut-être la vie ne lui venait même pas, parce qu'il ne s'agissait pas pour lui d'une culpabilité qui se mesure - forte ou nulle ou mitigée - mais de l'irrémédiable qu'il avait commis deux fois en une seule nuit : jamais plus il ne serait un officier chrétien impollu, jamais plus il ne redeviendrait vierge. Les deux taches qu'il s'était faites à l'âme n'étaient pas seulement deux péchés (à tout péché mmiséricorde) : c'étaient deux transgressions qui ne pourraient jamais être défaites. C'était, en somme, un changement de nature : lui, qui se voulait, qui se croyait, différent des autres, supérieur aux autres, était devenu comme tout le monde. Quelle honte ! Il essayait de dire « Chef, aime-moi» et de nouveau il ne pouvait pas, ce qui était encore une autre honte, car il savait bien que Dieu l'aimait toujours : c'était lui qui, du fond de sa bassesse, n'était plus capable de répondre à cet amour, qui, pour tout dire, le rejetait.
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- Ça se prononce Lavilio, mon colonel, fit remarquer le lieutenant Robert Lavilhaud au colonel Roland Fauberge commandant le secteur de Bourmont, qui venait de lui dire «Asseyez-vous, Lavilo».

Depuis que l'archange Lucifer s'était rebellé contre Dieu le Père, il n'y avait guère eu pareil outrage à une autorité. Mais le colonel devait être de bon poil. Ses yeux bleus, pointés comme des caronades par-dessous les épis blonds des sourcils, ne firent que pétiller, et sa lèvre inférieure, charnue et luisante de salive - une lèvre de séducteur -, s'avança dans une moue bon enfant :

- Oui, oui, d'accord, ça va. Asseyez-vous.
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Guillemette se tut longtemps. Elle finit par dire :
- Moi, Robert, je t'admire depuis que je suis toute gosse. En fait depuis que je me rappelle être. Tu me racontais la mythologie. En expurgeant, je m'en doute. J'aimais surtout l'histoire de Narcisse qui s'est noyé dans son propre reflet. Mais tu sais quand tu m'as vraiment bluffée ? C'était au procès, et tu étais là entre deux pandores qui, je suppose, venaient de t'enlever les menottes, et tu avais tout le poids de la République sur le dos pour t'écraser, et un de ces juges couverts de décorations qui s'imaginaient qu'ils avaient le droit de te juger t'a dit une phrase, je ne sais plus laquelle, mais en t'appelant Lavilo. Alors toi, tu t'es dressé, et tu lui as lancé :
« Ça se prononce Lavilio, mon colonel »
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Il y eut un diner chez les Saint-Salvat où les Lavilhaud furent priés avec plusieurs notabilités. À la vue de l'uniforme que Robert ne quittait pas, certains faisaient des remarques flatteuses et banales, d'autres demandaient s'il ne courait pas trop de danger en Algérie et quand il serait libéré, mais personne se semblait conscient du Grand Rêve qui animait l'armée française, personne ne posait de question sur l'avenir ; il semblait que tout le monde eût déjà accepté la fatalité de l'indépendance et qu'on ne s'interrogeât plus que sur ses modalités.
- Mais enfin, il n'y aura jamais l'indépendance algérienne ! rageait Robert. L'Algérie, c'est la France. C'est la France de demain. Le chef de l'État lui-même l'a promis. C'est un soldat. Les soldats n'ont qu'une parole.
Alors les convives se détournaient de lui comme s'il avait prononcé une inconvenance (au reste excusable) ou une naïveté (dépassant les bornes).
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La cantine du rez-de-chaussée aux murs couverts de boiseries et au plafond légèrement voûté était bourrée de gens connus que Lavilhaud ne connaissait pas, mais que ses nouveaux amis lui désignaient : il y avait là Françoise Sagan et Simone de Beauvoir, Claude Bourdet et François Mauriac, c'est-à-dire, pour Lavilhaud, des traîtres qui auraient dû pour le moins moisir en prison, mais non, ils s'affichaient, ils paradaient, ils plastronnaient, ils oubliaient les rebelles dont ils avaient épousé la cause et ils riaient de gros rires de Parisiens nantis, gavés et imbibés, des rires de silènes et de bacchantes qui paraissaient obscènes à Lavilhaud : lui pensait à ses hommes en embuscade, mais aussi, avec estime, aux rebelles qui, pour leur cause, couchaient dehors, mangeaient à peine, buvaient de l'eau, tuaient bien sûr et quelquefois tranchaient des nez, mais au moins risquaient leur vie en permanence.
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Vidéo de Vladimir Volkoff
À l'occasion de la parution du premier tome des "Aventuriers de l'étrange", Bertrand Puard revient pour Hachette.fr sur cette toute nouvelle création de la Bibliothèque Verte. Une série notamment inspirée par les livres de cette mythique collection, d'Agathe Christie à Alfred Hitchcock en passant par Vladimir Volkoff, et dont le doublement primé à Cognac fut lui-même lecteur.
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