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EAN : 9782020847889
151 pages
Seuil (12/01/2006)
3.64/5   14 notes
Résumé :

L'éléphant s'appelle Wong, il parcourt la terre dépeuplée, et les femmes qu'il rencontre - les dernières représentantes de l'espèce humaine - le désirent... Le roi s'appelle Balbutiar, il est paralysé et seul sur une plage déserte, il ressemble à un crabe énorme, et ses sujets le laissent aux prises avec les maléfices ; il ne doit son salut qu'à ses rêves... Les sirènes s'appe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il suffirait d'écrire ceci :

« Une fois de plus, on a devant soi un exemple de l'insolence post-exotique, telle que depuis ses origines littéraires elle s'est affirmée : dire entre soi des histoires, murmurer ou gronder de violentes visions, habiter des terres parallèles, transmettre images et ambiances, provoquer l'exil et la transe, mais laisser à l'écart l'ennemi, toujours rôdant quelque part parmi les auditeurs, le laissant agacé et impuissant, le laisser ferrailler contre des cuirasses imperçables, derrière lesquelles rien d'important ne se dissimule ; construire entre soi des univers romanesques, une prose lyrique à plusieurs niveaux et chemins de lecture, dont au moins un passe par l'inconscient verrouillé des prisonniers et prisonnières qui disent, qui chuchotent, qui hurlent ou qui se taisent. L'insolence guerrière, le camouflage, la prudence et l'habileté se combinent et, pour les sympathisants, elles font l'image. »

Clair.
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Les fictions d'Antoine Volodine sont des objets d'ailleurs, et ce livre publié en 2006 aux Éditions du Seuil en est une illustration éclatante, sans doute car il se situe encore plus que d'autres de ses romans au-delà de l'Histoire.
L'extinction de l'humanité est quasiment achevée et on ne croisera ici - dans le premier et le dernier récit du livre - qu'une ou deux femmes qui voudraient s'accoupler pour assurer leur descendance, faute de mâle humain survivant, avec l'éléphant Wong. Les difficultés concrètes de la chose et l'attitude de l'éléphant, qui ressent de la compassion face une situation dont il est seul à saisir l'absurdité, rendent le récit humoristique malgré la disparition tragique et misérable de l'espèce humaine.

Avec une construction en miroir découpée en sept parties qui se font écho, «Nos animaux préférés» est à la fois extrêmement noir et drôle, comme si l'humour était une arme d'une puissance proportionnelle au désespoir, affûtée pour pouvoir dire l'inadmissible. Trois récits mettant en scène Balbutiar, souverain de type crustacé ou crabe, qui dénoncent et ridiculisent ici l'absurdité et la cruauté d'un pouvoir dérisoire, évoquent Éric Chevillard par la fantaisie animalière, le maniement de l'absurdité et la virtuosité d'une écriture classique, mises par Antoine Volodine au service du politique.

«Minesse avait un jour été remarquée par le roi, alors qu'incognito celui-ci flânait dans le quartier des boutiques obscures. Ses parents tenaient une échoppe d'herbes et de confiserie, et ils y végétaient, accablés par la dégradation de leurs marges commerciales. Ils ne fondaient aucun espoir sur leur fille. Celle-ci en effet traversait avec insouciance la conjoncture économique défavorable, ne vendait son corps à personne pour aider à boucler les fins de mois ; elle n'avait pas l'absence de scrupules qu'il faut pour réussir dans le capitalisme primitif, et elle se piquait d'être étudiante.»

L'avancée dans la lecture est une progression vers la noirceur, même si les histoires, comme des contes obscurs aux références bouleversées, résistent à toute lecture univoque, à toute certitude. La «Shaggå du ciel péniblement infini», récit crypté de l'épuisement et de l'abandon de tout espoir, projette ainsi le lecteur dans une atmosphère crépusculaire, dans un monde devenu factice jusqu'au ciel et aux nuages.

«Il y eut un temps où sur les surfaces de brique la peinture blanche servait à construire une histoire et à appeler à l'aide ou à la révolte, il y eut un temps où des hommes et des femmes niaient l'idée de la défaite, il y eut un temps où même les animaux savaient établir la différence entre l'envers et l'endroit du décor.»

Les images d'Antoine Volodine resteront ancrées dans nos vies et dans nos rêves.
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Vidéo de Antoine Volodine
Rencontre animée par Pierre Benetti
Depuis plus de trente ans, Antoine Volodine et ses hétéronymes (Lutz Bassmann, Manuela Draeger ou Eli Kronauer pour ne citer qu'eux), bâtissent le “post-exotisme”, un ensemble de récits littéraires de “rêves et de prisons”, étrangers “aux traditions du monde officiel”. Cet édifice dissident comptera, comme annoncé, quarante-neuf volumes, du nombre de jours d'errance entre la mort et la réincarnation selon les bouddhistes. Vivre dans le feu est le quarante-septième opus de cette entreprise sans précédent et c'est le dernier signé par Antoine Volodine. On y suit Sam, un soldat qui va être enveloppé dans les flammes quelques fractions de seconde plus tard, quelques fractions de seconde que dure ce livre, fait de souvenirs et de rêveries. Un roman dont la beauté est forcément, nécessairement, incandescente.
À lire – Antoine Volodine, Vivre dans le feu, Seuil, 2024.
Son : Axel Bigot Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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