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3,68

sur 596 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai adoré cette idée de nous faire découvrir le 14 juillet à travers ses véritables acteurs : les petites gens. Malheureusement pour que le récit prenne toute sa vigueur il aurait fallu un personnage central issu de la masse des anonymes qui eût permis de faire le lien (une petite histoire dans l'Histoire en partant par ex du soulèvement de la manufacture royale).
Certes, il y a bien quelques figures sommairement esquissées, mais dans un langage trop savant, voire parfois alambiqué, ce qui nuit considérablement au propos qui aurait mérité plus de simplicité.
Néanmoins, c'est une belle fresque qui nous fait toucher du doigt le fossé existant entre le peuple et ses représentants d'alors (députation, etc.) qui n'apparaissent que comme de misérables opportunistes, des pantins dont l'Histoire paradoxalement préservera la mémoire. Ce qui laisse pressentir (sans que l'auteur ait besoin de le dire) qu'il y a bien eu trahison...
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Éric Vuillard dit qu'il faut écrire ce qu'on ignore. Alors comme les historiens ont peu d'archives sur le déroulement de la prise de la Bastille à Paris le 14 Juillet 1789, il propose son "14 juillet" romancé, sorte de récit commenté qui n'apprend pas grand-chose sur la révolution française mais qui dresse le portrait passionnant d'une foule qui a fait l'histoire.
Son parti pris est d'incarner le peuple. Alors il cite des noms, des prénoms, des professions. Ils sont nommés les uns après les autres, un par un, une par une, les hommes, les femmes, les fils, les filles…. Il y a Aumassip, marchand de bestiaux, Bertheliez, journalier, Bezou dont on ne sait rien, Scribot le cul-terreux et bien d'autres. Celles et ceux qui l'ont faite, cette Révolution, qui l'ont prise, cette Bastille. Parce qu'ils avaient faim, parce que les récoltes avaient été mauvaises, parce qu'ils ne parvenaient plus à se nourrir.
Éric Vuillard raconte cette colère qui gronde dans Paris. Et la géographie va avoir de l'importance. D'ailleurs, j'ai bien aimé ses propos documentés sur la cartographie de Paris.
A l'époque, avant la prise de la Bastille, le roi avait besoin de faire cartographier les lieux pour construire un mur d'enceinte et contrôler la population. Mais la ville bougeait sans arrêt et les cartes étaient vite obsolètes. Ce mouvement, Vuillard le raconte dans la nuit du 13 au 14 juillet quand les Parisiens percent des brèches dans ce mur des fermiers généraux qui n'aura pas tenu plus longtemps que les cartes de la ville.


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J'ai eu la chance d'assister à la pièce de Joël Pommerat sur le début de la Révolution française. Les acteurs installés anonymement dans le public transforment chaque spectateur en protagoniste de l'Histoire. Ici, c'est le même mouvement qui emporte le lecteur jusqu'au 14 juillet 1789.
J'ai adoré les mouvements de foule, mais mon enthousiasme s'est dissipé lorsque Vuillard a tenté de recréer les vies minuscules des anonymes morts ce jour-là. Il imagine leur vie, leurs émotions mais que dire qui ne soit lieu commun? « Hier soir, avec sa femme, ils ont joué aux dés, au lieu de dîner. Les affaires iront mieux le mois prochain. Soudain, à travers je ne sais quelles migrations déchaînées d'images et de mots, le visage de sa femme lui apparaît, un peu inquiet, soucieux. Mais qu'a-t-il donc oublié de lui dire ? Il ne sait pas. Il la trouve belle, tout près de lui. le soir, dans le grenier, on se caresse ; le goût des lèvres, de la bouche, tout cela est si doux, si intérieur, qu'on ne sait le décrire. Chaque homme a son secret.
Il revoit leurs draps blancs. La petite fenêtre. La cour où les enfants jouent. Ah ! que c'est beau et calme la vie, à l'abri, derrière ses souvenirs. À présent, deux types le traînent comme un sac, près du mur. Il a perdu connaissance. L'un d'eux lui tient la jambe et retire ses souliers ; il les enfile très vite, il est pieds nus. L'autre arrache sa chemise et retourne ses poches. Alors, la placière qui se tient derrière nous en silence, notre vie durant, lève enfin la tête et lui demande de la suivre. » Est-ce que Sagault nous est plus proche d'avoir été un bon mari? Je ne pense pas. Ce qui fait de ces hommes et de ces femmes nos contemporains, c'est leur révolte et leur indignation. En en faisant de (piètres) personnages de roman, non seulement Vuillard ne parvient pas à les exalter mais il rendrait presque suspect son 14 juillet dont on n'est plus très sûr qu'il assoit son récit sur des sources rigoureuses. J'aurais apprécié une postface telle celle qui clôt « Au revoir là-haut » en donnant toutes les références dont Lemaître s'est inspiré.
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Y-a beaucoup mieux à faire que de regarder le défilé !
Ce jour, ce n'est pas le feu des armes qui parles, ni les paroles du pouvoir qui dictent. C'est le jour où la somme des enthousiasmes individuels font la force du peuple qui renverse l'ordre établi. Eric Vuillard nous donne l'envie de remettre ça.
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La fête Nationale du 14 juillet commémore chaque année la "Prise de la Bastille" par les Parisiens en 1789.
Mais qui étaient-ils vraiment? Comment l'ont-ils vécue?
C'est le défi relevé par Eric Vuillard dans ce "roman historique".
Prenant et surprenant.
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Le récit de la journée fondatrice de l'histoire de France à hauteur d'homme. On est plongé dans la foule, à l'image de ce chapitre qui nous énumère des noms de vainqueurs de la Bastille, en montrant le pouvoir évocateur des noms pour forger une ambiance, imaginer. On n'est pas dans l'épique romantique version Michelet, mais dans une histoire incarnée, qui a du souffle.
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C'est le dernier Goncourt qui m'a donné envie de regarder du côté de cet auteur, et ce que j'ai découvert de lui m'a convaincu de le lire. "14 juillet", comme "Une histoire populaire des États Unis" d'Howard Zin" raconte l'histoire du point de vue des lapins plutôt que de celui des chasseurs, car il n'y a pas plus d'Histoire que d'historiens objectifs. Il ne s'agit pas d'un livre d'histoire à proprement parler, mais d'histoire habillée dans un style romanesque, ledit style ne cédant rien à la véracité des faits. On assiste aux incroyables prises et dévastations de la Folie-Titon et des Tuileries, symboles d'un ordre abject et justement mis à bas par le peuple révolté. S'en suis la prise de la Bastille comme si on y était et le récit est entrecoupé de destins tragiques, de presque anonymes qui ont pourtant fait l'histoire.
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Écrire ce qui n'a jamais été dit, faire rentrer dans la grande histoire les petites gens, redonner la parole à ceux à qui on l'a confisquée en leur donnant ...des porte-parole, écrire l'histoire sans créer des premiers rôles, comme Michelet, écrire L Histoire en campant la frêle silhouette d'un Rousseau qui n'est pas Jean-Jacques, d'un Falaise, d'un Sagault, d'un Rossignol avec la même attention, le même respect, la même émotion qu'on a mise à restituer le coup de gueule formidable de Mirabeau, les bégaiements audacieux de Des moulins.

Voilà le pari -le Paris?- d'Éric Vuillard. Pari(s) réussi!

Ce 14 JUILLET ne ressemble pas à une page de manuel: c'est le poème d'un Rimbaud des barrières, la chanson d'une ribaude du port au Bled, c'est une courte épopée d'un jour dont le peuple de Paris, dont Paris est le héros.

En le lisant, j'ai retrouvé l'enthousiasme, l'émotion, la ferveur éprouvés autrefois, à Vincennes, quand, de tous les petits groupes qui se pressaient autour des comédiens du Soleil, partait , après un passionnant recit, en léger décalage, la même phrase saluée par nos acclamations successives: "Et c'est comme ça qu'on a pris la Bastille!''

J'en ai toujours la chair de poule, quand j'y pense. Et le livre de Vuillard m'a fait le même effet: comme si on m'avait rendu, enfin, après une longue confiscation, un peu de notre mémoire collective, un peu de notre solidarité - un morceau d'espérance.

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Puisque Eric Vuillard vient tout juste de recevoir le Prix Goncourt pour L'ordre du jour… il était temps d'ouvrir son roman précédent, qu'il t'avait dédicacé à Rennes en mars dernier.
Il est peu de dire que ce jour-là, lors de cette nouvelle session de Rue des livres, tu étais tombée sous le charme de cet orateur né. Finement interrogé, il avait longuement expliqué son travail sur ce livre, ses recherches, lu quelques extraits. Et au moment de la dédicace, tu étais à la fois admirative et intimidée, et pleine aussi de cet entretien. Tu n'as donc pas ouvert 14 juillet tout de suite…
Mais quand est-il donc du roman ? (Maintenant que tu l'as lu) Avec 14 juillet, nous rentrons de plein fouet dans l'histoire avec un grand H, mais à hauteur d'homme de la rue. Nous sommes à la veille de la prise de la Bastille, les esprits s'échauffent, le peuple a faim, et la France marche à deux vitesses. Eric Vuillard se fond dans la foule, suit le mouvement, d'abord pendant l'émeute provoquée par une proposition de Jean-Baptiste Réveillon de réduire les salaires, en avril 1789. Les ouvriers se révoltent, pillent la Folie Titon, la manufacture de papiers peints tenue par Jean-Baptiste Réveillon. Les gendarmes arrivent, les pilleurs sont massacrés ou maîtrisés. On raconte que ce fut la journée la plus meurtrière de la Révolution. Quelques mois plus tard, le 14 juillet, ces mêmes ouvriers, accompagnés du tout Paris, participent à la prise de la Bastille, à la porte du bourg de Paris, du côté de ce faubourg. Les badauds s'arment comme ils peuvent. Et Eric Vuillard les ressuscite, méthodiquement, en leur donnant à chacun leur nom, leur profession, en décrivant leurs vêtements, leurs conditions physiques. On suit leurs pas, jusqu'à l'assaut final. Et c'est sans doute cet effort (louable) de mémoire qui t'a un peu désarçonnée, car Eric Vuillard use énormément de répétition dans son roman, afin sans doute de ne rien oublier des détails qu'il voudrait livrer à la postérité. Et toi lectrice, tu t'es sentie partagée, entre le sentiment très fort d'avoir à faire à un grand texte (certains passages sont d'une beauté époustouflante) et un certain ennui devant ces répétitions. Tu garderas donc de cette lecture le souvenir de ton enthousiasme de Rennes face à l'éloquence contagieuse d'Eric Vuillard, et le souvenir aussi de ces très beaux passages (lyriques) que pour le coup tu as lu deux fois.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Tout a été dit déjà, que puis-je ajouter?
Malgré tout , dans ce récit au présent, mené tambour battant, d'une façon descriptive extraordinaire, nous revivons les heures fiévreuses, le bruit et la fureur au coeur de la tourmente.L'auteur offre un nom, un visage, un métier, une fonction aux "petits", aux " riens du tout", des héros , ces hommes et ces femmes, qui, dans un élan joyeux, la peur au ventre, dans le désordre, la fumée , la mitraille, la poussière , ont fait l'histoire "sans le savoir".
Ces gueux et ces gueuses , sans y croire, allaient faire basculer le destin d'un pays!

Comment s'appelaient t- ils d'ailleurs, ceux qui ont donné un coup de boutoir au régime et ébranlé un régime ô combien archaïque ? Aumassip, marchand de bestiaux, Béchamp le cordonnier, Bizot, charpentier, Bersin, ouvrier du tabac, Mammés Blanchot , dont on ne sait rien, des invisibles, des pauvres filles venues de Sologne et de Picardie, hantées par la misère et le dénuement , amères et révoltées.............

Un exercice mené de main de maître à toute allure, un récit à taille humaine et une multitude d'histoires dans la Grande histoire...cette prise de la Bastille , comme si on y était !
Comme si nous étions auprés de ce peuple en marche pour la révolution !
Bel hommage mérité à ces anonymes , leurs hésitations, leur trouille , leur générosité, le grain de folie qui fit avancer ces ci- devants, ces sans droits !
Lu dans le cadre "du prix historique Jean d'heurs" , spécifique à mon département .




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