C'est une question d'échelle. Plus le regard porte loin vers l'horizon, entre ciel et vallonnements, plus s'installe la peur de n'être rien, ou pas grand chose, comme une simple fragilité égarée dans un univers parfaitement indifférent. Et pourtant, il n'y a pas de vrai danger, si ce n'est de se retrouver seul face à d'anciennes peurs. Ni d'engagements très fort, style le grand erg de Mauritanie. C'est juste une envie floue de s'arracher, de ne pas niquer ici une nuit froide ou inconfortable, comme une tension qui pousse à rejoindre la facile quotidienneté des villages. Même les vaches portent ce regard indifférent sur les pèlerins qui ne font que passer. A se demander ce qu'elles pensent de leur entêtement à suivre les balises pour rejoindre le connu ? A se demander qui est de l'autre coté du barbelé ?
Ultréïa. Ce qui signifie : "Passe outre, va au bout, jusqu'au bout de ton chemin." Invitation du pèlerin à continuer, à ne pas se poser de question, à ne pas s'arrêter sur ses petits bobos et petits orgueils, à lever les yeux et à regarder plus loin.
Car le silence n'est pas une réponse à nos questions. Le silence n'est pas une question non plus. Le silence est, un point c'est tout. C'est un cadeau, un don gratuit à celui qui sait écouter.