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sur 3411 notes
Ma lecture de la guerre des mondes remonte à plus de trente années.
C'est mon père qui m'avait passé le roman, sous une forme brochée et splendidement illustrée d'images en noir et gris.
Et c'est ainsi que je me remémore cette belle découverte de l'oeuvre-mère de la science fiction, d'une anticipation dont le thème (L'invasion extra-terrestre) n'a jamais cessé d'alimenter la littérature de l'imaginaire et lui faire prendre des routes toujours plus lointaines avec des messages et paraboles renouvelées.
Ce récit fondateur, toujours réédité et adapté au cinéma et en bande dessiné, n' a pas su, à mes yeux, prendre une ride. L'excellente adaptation
cinématographique de Spielberg n'a fait qu'en moderniser le décor.
En 1946, le numéro 1 du nouvel hebdomadaire Tintin, débutait la publication en feuilleton,de La Guerre des mondes illustrée par Edgar-Pierre Jacobs, le père de Blake et Mortimer. Ces dernier démaraient leur première aventure en dernière page du même numéro 1 de Tintin!
Un livre mythique, donc, que cette histoire de la guerre des mondes... et qui doit beaucoup, aussi, à ces artistes qui l'illustrèrent et en augmentèrent ainsi l'agrément de la lecture.
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Un classique de la science-fiction : des Martiens qui attaquent l'Angleterre en détruisant tout sur leur passage.
Mais d'où venait cette idée de Martiens à la fin du dix-neuvième siècle? C'est que des astronomes avaient découvert des stries à la surface de Mars et l'imagination populaire aussi bien que scientifique s'étaient enflammées : ces « canaux » à la surface de la planète étaient sûrement des constructions d'êtres intelligents. le thème des Martiens faisait son entrée dans la littérature de science-fiction à travers des auteurs comme H.G. Wells.

Il ne s'agit cependant pas ici de petits hommes verts pacifiques, mais des créatures hautement dangereuses pour l'espèce humaine. Non pas qu'elles soient nécessairement belliqueuses, mais elles envahissent la planète pour y vivre et n'ont que faire de la vermine qui y habite.

Le texte n'est pas sans amener quelques réflexions philosophiques : malgré toutes les destructions qu'ils infligent, ces Martiens envahisseurs ne se comportent-ils pas comme nous les humains nous comportons envers les autres êtres vivants auxquels nous n'attribuons pas d'importance?

Une histoire effrayante, heureusement qu' on sait qu'elle finira bien, puisqu'on constate maintenant que les humains ont survécu jusqu'au vingt-et-unième siècle...
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Wells est un mythe vivant, un auteur que j'ai toujours voulu découvrir de par son oeuvre, je connaissais le film de Spielberg et c'est donc avec beaucoup d'envie que je me suis jeté sur La guerre des mondes, un roman écrit au XIXe, dur à imaginer !

En effet, même sans connaitre, dès le départ, le décor est posé : « Personne n'aurait cru, dans les dernières années du XIXè siècle, que les choses humaines fussent observées, de la façon la plus pénétrante et la plus attentive, par des intelligences supérieures aux intelligences humaines et cependant mortelles comme elles. ». Un roman traitant d'une vie extra-terrestre et même plus précisément Martienne. Cela peut nous faire sourire, mais replaçons nous dans le contexte, imaginez un contemporain écrire que nous pouvons aller sur Mars, développer une nouvelle civilisation tandis que dans 20 ans, lorsque nous y serons, l'équipe envoyée ne trouvera aucune trace d'eau sous le sol et donc une invasion impossible de cette planète morte. C'est la même chose ici, Wells, dans ce contexte scientifique en pleine expansion s'est vu à penser à des créatures peuplant des planètes proches ! Rien d'affolant la dedans et même rien de dépassé !

Oui c'est un livre moderne, j'ai même était frappé par la force de cette modernité, le cadre scientifique jouant un grand rôle dans cet étonnement. D'un côté, l'Angleterre du XIXe et ses omnibus et autres charrettes tirés par de bon vieux chevaux. de l'autre, l'acier, la technologie, la destruction, la force des envahisseurs devant lesquels la toute-puissance humaine est ridicule. Cette puissance humaine qui est d'ailleurs très critiquée durant cet ouvrage et même ridiculisée ! Wells traite de la relation Homme/Animaux dans ce temps où la colonisation est prospère faisant également penser à la domination de l'Homme sur l'Homme encore d'actualité. Il prend également du recul sur cette société et imagine de par ce dialogue de fin avec l'artilleur, particulièrement réussi, les fondements d'une nouvelle société, plus ou moins humaine ou animale.

Bref, une histoire qui nous est conté par un journaliste. Il y raconte son expérience suite à l'arrivée des martiens mais également le vécu de son frère au coeur de Londres lors de la panique générale. Une histoire passionnante bourrée de rebondissement de de voyages, impossible de s'ennuyer ! Les descriptions sont très complètes et permettent de visualiser parfaitement des choses impossible à se mettre en tête comme ces mains mécaniques ou encore ces larves de martiens sans corps, poussant la description jusqu'à l'anatomie comparée ! Comment peut-on rendre plus réelle cette invasion ?

Et puis le dénouement (attention spoiler!) que je connaissais déjà via le film de 2005, une fin qui ridiculise la toute-puissance des envahisseurs, de simples et minuscules unicellulaire au pouvoir tellement grand, mettent fin à tout cela. On connait trop bien l'effet des bactéries, virus et autres champignons sur notre organisme, menant parfois aux épidémies, comment peut-on imaginer que les martiens, au milieu de tous ces cadavres humains sur une terre inconnue, puissent survivre ? Et bien il fallait y penser et tout cela replace l'Homme dans l'évolution, se croyant supérieur, Darwin encore malmené à cette époque par une majorité de personne, restant figé sur la classification d'Aristote. Non les unicellulaires ne sont pas moins forts et moins évolués que nous pauvres humains, juste moins complexe et pourtant bien plus efficace.

Au final, un livre frappant de modernité, je le répète, qui se finit trop rapidement, faisant passé 200 pages de récits pouvant être résumé avec 5 fois moins de pages mais qui passe tout de même extrêmement vite et sans lourdeur. C'est bien là la force de ce livre. Une impression de livre très complet tandis qu'on en redemande !
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Incroyable roman qu'à écrit H .G. Wells. Avant de se plonger dans son oeuvre, il faut d'abord se mettre dans le contexte, il fut écrit et publié en 1898, sous le nom original de the War of eh Worlds, soit bien avant toutes les inventions qui ont révolutionné et pervertie notre vie. Il est vrai qu'avec le recul, il peut paraître risible lorsque l'on connaît maintenant que Mars est une planète morte, bien que l'on ait découvert de l'eau. Enfin, il faut savoir faire abstraction de ces quelques inepties qui, à l'époque était tout à fait plausible.

Ainsi, j'ai commencé à lire les premières pages et, un constat, c'est vraiment bien écrit, c'est fluide et prenant, même si le style à un peu vieillit. Un récit condensé où il y a très peu de dialogue, un récit qui se veut d'avantage profond. Il est découpé en deux parties. La première est d'avantage axée sur la guerre, les êtres-humains tentent de se battre avec leurs propres armes. En 1898, l'aviation n'était pas créé, le gaz fut employé durant la première guerre mondiale tout comme le tank. Et bien, les martiens ont développé des armes similaires. La deuxième partie est orienté sur la survie.

Ce qui était très intéressant dans ce livre, c'était les thèses scientifiques. Comme la pesanteur sur Mars moins importante, les martiens ne peuvent pas se mettre debout au risque de voir leurs os se fracturer. J'ai bien aimé aussi, la réflexion, que les martiens pouvait-être une évolution de notre espèce. Pour finir, que je trouve farfelus, mais c'est ce qui fait le charme de ce livre, vu que Mars est rouge, les végétaux qui poussent sont de la même couleur, ces mêmes plantes se sont installés et ont colonisé la Terre. Quand on sait que le feuillage d'un végétal ne peut-être toujours rouge, lié aux fréquences lumineuses, hormis dans les fonds marins où là ces autres fréquences ne sont pas présente.

En tout, cas, c'est un chef-d'oeuvre de la littérature science-fiction. Un très vieux roman précurseur où l'auteur aura eu une vision étonnante, voir avant-gardiste du monde qu'il l'aura précédé.
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Une lecture émotionnellement forte 💝
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H. G. Wells voyait dans la littérature un moyen de changer le monde. C'était une âme noble, il était farouchement opposé à toute sorte de colonisation. Ce grand Monsieur a dit "il n'y a pas de pire chose dans le monde actuel que les préjugés raciaux [...] ils justifient et maintiennent plus de bassesse, de cruauté et d'abomination que toute autre sorte d'abus ".
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Au début de ce roman, dont le sujet est une invasion de martiens, il est écrit "Avant de les juger trop sévèrement [les martiens], il faut nous remettre en mémoire quelles entières et barbares destructions furent accomplies par notre propre race, non seulement sur des espèces animales, comme le bison et le dodo, mais sur les races humaines [...]. Les Tasmaniens, en dépit de leur ressemblance humaine, furent entièrement balayés du monde dans une guerre d'extermination engagée par les immigrants européens, en l'espace de cinquante ans. Sommes-nous de tels apôtres de miséricorde que nous puissions nous plaindre de ce que les Martiens aient fait la guerre dans ce même esprit ?".
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Dans une optique égalitaire, j'ai lu ce roman en pensant à tous les peuples opprimés, également aux animaux sauvages, éliminés par les humains, après avoir envahi et supprimé leur espace vital. J'ai été très émue tout du long de ma lecture.
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Un passage qui m'a particulièrement touchée est celui-ci : "Ce n'était pas une marche disciplinée, mais une fuite affolée, une terreur panique gigantesque et terrible, sans ordre et sans but, six millions de gens sans armes et provisions, allant de l'avant à corps perdu. C'était le commencement de la déroute de la civilisation, du massacre de l'humanité."
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C'est le second livre que H. G. Wells que je lis, cette oeuvre magistrale m'a confirmé que j'aime la plume de ce grand écrivain.
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Belles lectures à vous !
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Voici un roman qui ne date pas : imaginez vous tranquillement dans votre maison, un matin, et on vous annonce le débarquement, une invasion de martiens!
Incrédulité, curiosité, le narrateur passe par toutes ces phases avant d'assister à l'élimination pure et simple de curieux par ces aliens.
C'est prenant et j'imagine très bien la réaction affolée des américains quand Orson Welles a adapté ce roman à la radio.
Bref publié en 1898 certes mais très bon!
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« La guerre des mondes » est un roman passionnant, effrayant, foisonnant d'idées d'une force peu commune.
Wells, homme de gauche aurait voulu écrire une dénonciation du colonialisme ou des hommes (souvent blancs) asservissaient des populations entières de gens qu'ils considéraient comme des animaux.
Il y a aussi une captivante interrogation sur la prétendue supériorité de l'homme sur l'espèce animale.
Mais plus que ces grands thèmes de fond, j'ai apprécié les réflexions au vitriol contre les hommes attachés à leurs biens personnels, contre la religion, avec la présence d'un vicaire complètement dépassé par les évènements qui ne voit que dans l'invasion que l'accomplissement d'un châtiment divin et qui basculant dans la folie contraint le héros à un assassinat.
Il y a aussi une charge inouïe contre la bureaucratie, ces employés à la vie minable qui accepteront très vite la nouvelle loi du plus fort et de devenir du bétail pour Martiens avant d'être placidement saignés.
Encore plus intéressant est le personnage du soldat survivant, rêvant de fonder une nouvelle société souterraine, alors qu'on pourrait penser le héros (et donc Wells ?) séduit par ses idées, ce dernier se détourne en le qualifiant d'utopiste, de rêveur.
On serait donc tenté d'y voir une forme de condamnation de la révolution …
Au résumé si j'avais trouvé le film intéressant, le livre est comme souvent encore plus passionnant et constitue un des meilleurs livres de science fiction que j'ai lus de ma vie.
On pourra donc reprocher au film de Spielberg d'avoir changé le lieu de l'action, délaissant la Grande Bretagne pour les Etats-Unis et d'avoir quelque peu gommé le discours de gauche Wellsien.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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La Guerre des mondes (The War of the worlds), de Herbert Georges Wells, est un roman de science-fiction paru en 1898. Précurseur dans le sens où il fut le premier à imaginer l'humanité affrontant une invasion d'extraterrestres.
Grande-Bretagne, un cylindre d'origine inconnue, contenant une machine plus qu'étrange, s'est écrasé en pleine campagne. Les hommes se préparent à réagir quand sans crier gare, d'autres cylindres se mettent à tomber, et les tripodes qu'ils contenaient déglinguent tout sur leur passage, d'affrontements sanglants en affrontements sanglants.
Écrit révolutionnaire à cette époque, on en a vu d'autres depuis, me direz-vous, mais c'est celui-ci le premier. D'aucuns disent qu'il a vieilli... Bah oui, un petit peu, forcément, mais moi je lui trouve toujours une certaine saveur. Je l'ai relu il y a donc peu de temps, nostalgie de mes premières lectures d'ado, et cétait avec grand plaisir. Alors moi je dirais plutôt que c'est un livre intemporel.
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Etats-Unis. le 30 octobre 1938. Sur le réseau CBS, une dramatique basée sur le roman « La Guerre des mondes » d'Herbert-George Wells, et mise en ondes par Orson Welles, commence à être diffusée, interrompue de temps à autre, comme il se doit (malheureusement) par des coupures publicitaires ou des bulletins météos. Au cours d'une de ces coupures, un speaker intervient en « voix off » : « Mesdames et Messieurs, nous sommes bien contraints de ne pas poursuivre notre retransmission musicale car une nouvelle d'importance doit vous être donnée... ». de façon insidieuse et progressive, le présentateur distille des informations inquiétantes (gaz étranges à la surface de Mars, etc.), fait intervenir, à distance, des spécialistes, et finit par décrire « en direct » une invasion d'extra-terrestres.
Tout le monde connaît cette histoire et le gigantesque coup de bluff d'Orson Welles qui a mis la panique dans une bonne partie de la population américaine (peut-être pas autant qu'on l'a dit, mais bon). En faisant cela, il mettait le doigt sur une des peurs primaires de l'être humain : la fin du monde, et il s'inscrivait dans le pas de cet écrivain qui le premier lui avait donné une apparence crédible, ou du moins plausible : Herbert-Georges Wells (le presque homonyme d'Orson).
« La guerre des mondes » (1898) raconte une invasion martienne sur la planète Terre en 1894, et, pas de chance pour les Anglais, sur le territoire de Sa Gracieuse Majesté (la reine Victoria). Un premier cylindre s'écrase dans le Surrey et libère des monstres mécaniques à trois pieds, appelés avec un certain bon sens des « tripodes ». Ces espèces de droïdes destructeurs sont armés d'un « rayon ardent », (ancêtre du laser ?), d'un gaz particulièrement toxique appelé « fumée noire » et de plus ils sèment derrière eux une herbe rouge qui supprime toute végétation. Les humains sont impuissants, les Tommies sont atomisés, tout n'est que ruine et désolation, et tristesse et folie. Ce n'est pas divulgacher de dire que tout finit bien (puisqu'on est encore là) : je vous laisse juste le plaisir de découvrir comment on s'en est sorti.
Wells est le premier qui a mis en mots et en phrases cette hantise qui étreint les hommes depuis la nuit des temps : la fin du monde, ou plus exactement la fin de notre monde, qu'elle soit cataclysmique (tremblements de terre, explosions de volcans, inondations planétaires) ou bien guerrière (utilisation de l'arme absolue entre terriens, ou agression extra-terrestre). Très intéressé par la planète rouge depuis qu'il a lu un article sur les canaux asséchés de Mars, Wells mûrit l'idée d'une invention martienne, et le militant pacifiste et gauchiste qu'il est, se régale d'avance de faire débarquer ses « tripodes » dans cette Angleterre victorienne où l'absolutisme colonialiste règne en maître sur une grande partie du monde.
En 1976, Christopher Priest, l'écrivain de SF bien connu, (bien connu des amateurs de SF, les autres c'est moins sûr), écrivit un curieux ouvrage : « La machine à explorer l'espace » où l'intrigue s'inspire à la fois de « La guerre des mondes » et de « La machine à explorer le temps ». A la fois hommage et parodie, tout en étant un roman profondément original, ce livre étonnant est une belle curiosité à découvrir.
« La guerre des mondes » a ouvert au cinéma tout un pan de space opéras d'où on peut retenir au moins deux titres : « La guerre des mondes » de Byron Haskin, en 1953, avec Gene Barry et Ann Robinson, et « La guerre des mondes » de Steven Spielberg (l'enchanteur Steven) en 2005, avec Tom Cruise et Dakota Fanning. Quant à répertorier la filmographie des extra-terrestres au cinéma, c'est une autre histoire, comme dirait… Kipling !
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La Guerre des Mondes, c'est d'abord un texte fondateur de la science-fiction. Ce sont ensuite des films mondialement connus, surtout ceux réalisés par Byron Haskin en 1953 et Steven Spielberg en 2005 ; le même Spielberg qui, des années auparavant, avait brisé l'image cinématographique d'extraterrestres forcément mauvais en les présentant sous un aspect moins belliqueux à travers deux films : Rencontre du Troisième Type et E.T. Enfin, La Guerre des Mondes renvoie au coup de maître du jeune Orson Welles qui, en 1938, en offrit une version radiophonique mémorable.

Il s'agit surtout d'un roman dystopique, écrit à l'époque victorienne, une époque où la littérature peut s'avérer particulièrement oppressante, voire angoissante, dans un empire britannique sur lequel le soleil ne se couche jamais. Dans deux registres distincts, Les Hauts de Hurlevent, d'Emily Brontë, ou Dracula, de Bram Stoker, attestent ce climat d'angoisse.

Angoisse prémonitoire, en ce qui concerne La Guerre des Mondes, et qui deviendra une réalité à travers les deux guerres mondiales à venir, particulièrement la Seconde, lorsque Londres sera effectivement bombardée par les Allemands en lieu et place de Martiens, pendant le Blitz, c'est-à-dire le bombardement systématique de la capitale anglaise. de ce point de vue, ces passages sont édifiants : « Toute la ville semblait me regarder avec des yeux de spectre. Les fenêtres des maisons blanches étaient des orbites vides dans des crânes, et mon imagination m'entourait de mille ennemis silencieux. » Même si la volonté de renaître prend le dessus : « À la soudaine et impitoyable destruction qui avait menacé tout cela, quand je compris nettement que la menace n'avait pas été accomplie, que de nouveau les hommes allaient parcourir ces rues et que cette vaste cité morte, qui m'était si chère, retrouverait sa vie et sa richesse, je ressentis une émotion telle que je me mis à pleurer. »
Mais, au-delà des destructions, H. G. Wells décrit un effondrement moral. de ce le chapitre XVI, « La panique », est à ce propos édifiant, où s'exprime violemment l'individualisme, parmi des foules agressives, des pillards, voire des meurtriers. La nature humaine est soudain rendue à ses instincts les plus sauvages dès lors que la société ordonnée et rassurante s'effondre : « Des coups de revolver furent tirés, des gens furent poignardés. […] La grand-route était un flot bouillonnant de gens, un torrent d'êtres humains s'élançant vers le nord, pressés les uns contre les autres. » La folie gagne aussi ce monde en plein chaos, folie incarnée par le personnage du vicaire, « accessible à aucune raison ».

En filigrane, se profile aussi la critique de la société anglaise de la fin du XIXe siècle : « Avant de les [les Martiens] juger trop sévèrement, il faut nous remettre en mémoire quelles entières et barbares destructions furent accomplies par notre propre race. Non seulement sur des espèces animales, comme le bison et le dodo, mais sur les races humaines inferieures. » Pour cette dernière remarque, rappelons que Wells est un homme de son temps et qu'il a donc une vision ethnocentrique du monde. Pour autant, l'auteur était anticolonialiste.

Dans son roman, Wells développe aussi son goût pour l'eugénisme, par la voix du personnage de l'artilleur, qui prépare théoriquement le monde de demain, comme il l'explique au narrateur : « Il ne nous faut ni incapables ni imbéciles. La vie est redevenue réelle, et les inutiles, les encombrants, les malfaisants succomberont. Ils devraient mourir, oui, ils devraient mourir de bonne volonté. Après tout, il y a une sorte de déloyauté à s'obstiner à vivre pour gâter la race. »

On peut donc avoir plusieurs lectures du roman, indiscutablement prodigieux, de Wells. Mais il serait stupide, comme le font certains imbéciles ignares de nos jours, de calquer notre société sur celle de l'auteur. Un auteur qui préconisait la fin des armes et l'éducation pour tous, par ailleurs. Ce qui, au moment où j'écris ces lignes, revêt un sens particulier puisque je viens d'apprendre qu'un énième tueur de masse, âgé de dix-huit ans, a massacré plusieurs enfants dans une école du Texas. Avec de l'éducation et sans arme, il n'aurait peut-être pas commis cette abomination. Ceci est un autre débat…

(Pour ce qui est de la présente édition, c'est un plaisir de voir ressusciter ces volumes d'autrefois qui faisaient du livre un objet de valeur et non un mouchoir jetable !)
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