Bernard Werber est un auteur dont la Pentalogie du Ciel me fait de l'oeil depuis mes années collège. Et pourtant, je n'ai, jusqu'à présent, jamais osé faire plus que de feuilleter les ouvrages et lire les quatrièmes de couverture. Et bien je décrète cette époque révolue ! J'ai enfin franchi le cap et jeté mon dévolu sur le premier tome du diptyque des anges :
Les Thanatonautes.
L'histoire suit les aventures de Michael Pinson et de son entourage dans la découverte du continent ultime : le domaine des morts. J'étais particulièrement curieux de l'approche que l'auteur allait employer, de la représentation de la mort qu'il allait vouloir offrir au monde. Allait-il choisir et donner raison à une religion précise ou bien créer quelque chose de complètement nouveau ? Il se targue de mêler culture scientifique et spiritualité dans ce qu'il a nommé la « philosophie-fiction ». Quelle allait être la saveur de cet étrange cocktail ? En un mot ? Décevant.
Concernant la forme,
Bernard Werber est un auteur assez renommé que ce soit en France ou à l'étranger. Je m'attendais donc à une certaine empreinte, une patte. Si cette dernière existe très certainement et ne me sera visible qu'après avoir lu plusieurs de ses ouvrages, je peux d'ors et déjà affirmer que cette impression ne réside pas dans le style d'écriture. Ce dernier est particulièrement froid, je n'y ai pas trouvé de personnalité et je pense que l'expression la plus adéquate pour le décrire est « simple et efficace ». La structure du livre renforce cette impression « d'absence de style ». Exit les chapitres classiques, place à de simples petites parties donnant plus une impression de liste de course entrecoupée d'extraits de dictionnaires, c'est perturbant.
Le fond m'a, lui aussi, assez déçu. L'histoire est vendue comme la recherche du continent des morts à travers des sources d'inspiration regroupant toutes les mythologies et religions qui ont façonné l'humanité à travers
L Histoire. Et pourtant, ces aspects n'ont que très, très peu d'impacts sur le développement de la trame. Des extraits sont distribués à intervalles réguliers uniquement à l'attention du lecteur, ils ne sont pas incorporés à l'histoire et cette dissociation fait qu'il manque un quelque chose pour créer une ambiance ésotérique et prenante.
De plus, nous suivons le travail de scientifiques, et là aussi, le bas blesse. Qui se lance dans des expérimentations random sans un minimum de travail de recherche au préalable ? Dans le jargon, on appelle ça faire sa bibliographie ! le point de départ étant les NDE (Near Death Experience), il aurait été sympathique d'avoir, ne serait-ce que quelques paragraphes, pour nous montrer que les chercheurs ne partent pas à l'aveuglette. Même chose à propos de la procédure anesthésiante, le scientifique en moi a été outré. En revanche, là où le lecteur a pu avoir un bon aperçu de ce qu'est la recherche scientifique, c'est à travers la structure du récit. La recherche, c'est long, décourageant, répétitif et soldé de beaucoup d'échecs. Cela peut sembler assez rébarbatif, mais l'impression globale est plutôt représentative. Là où ça l'est moins, c'est qu'ils vont, pour des raisons scénaristiques, dans la bonne direction dès le départ, ce qui serait risible pour tout chercheur du monde réel.
J'évoquerai également l'absence d'identification et d'attachement aux personnages. On tombe même dans le ridicule quand les histoires de coeurs sont évoquées, j'ai plusieurs fois levé les yeux au ciel. Et que dire du continent des morts ? Sans spoiler, je dirais que j'ai apprécié la partie géographique et le parcours imposé aux âmes. En revanche, qu'est-ce que c'est que cette dernière étape ? J'ai beaucoup de mal avec la suffisance et les attitudes moralisatrices, disons donc que la fin m'a laissé un arrière-goût aigre dans la bouche.
Un bilan plutôt négatif pour ma part donc. Je pense que j'irais au bout de mon objectif et laisserai sa chance à «
L'empire des anges » et à la trilogie des Dieux, mais, sous réserve d'amélioration, je ne pousserai pas forcément plus en avant l'étude de l'oeuvre de cet auteur.